Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne
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Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre, fantôme d’une politique culturelle, d’un désir et d’un élan possible, fantômes de ceux qui ont chanté là et dont Nathalie nous raconte les concerts, Goldman, Voulzy, Miles Davis, et, au milieu de ces fantômes, le collectif Awtis Rezistans qui prend en charge les lieux, agace le béton, le torture, le pétrit, le transforme, l’anime le bâtiment est ouvert à tout, à tous, au brutalisme de l’Hôtel de ville – de 1973, MA date évidemment, avec ses architectes: Raymond Crevaux et Jacques Tessier, les mêmes qui construiront la CAF-Centre de Sécurité Sociale un peu plus loin, avec un angle qui trompe la perspective, l’anime aussi… tout le monde ici, tous les amis que nous présentent Pascal, Rémy ou Nathalie semblent détester ce deuxième bâtiment, je l’adule pourtant, je le vois comme un joyau débile, rugueux, fragile avec sa face qui parle du Corbusier à Cambridge/Boston, de Prouvé, les pare-soleils de l’architecture ingénieriste du XXe siècle. Tout cela sur le Boulevard Faidherbe qui tranche la ville, la vieille, le quartier historique que les touristes évitent souvent mais où nous trouvons la sensation électrique qui vient de l’hyper-urbain mal maîtrisé, la collision des genres, des énergies (une rencontre rapide avec Marc Jalet au Jardin Béguine, me donne envie de beaucoup plus pour discuter de cet urbanisme en attente qu’est Pointe-à-Pitre et tout le territoire de la Guadeloupe, alors je lis son livre aussi – l’urgence, l’échéance, la durée, un beau titre). Mais Faidherbe, j’y reviens, quel nom pour LE boulevard de Pointe-à Pitre, (à changer, évidemment ?, retirer l’aberration de ce nom qui ne vient rien dire ici sinon imposition du colonial – malgré l’année passée ici, 1848, symbolique évidemment mais un administrateur du Sénégal puis député du Nord quand même…). Beaucoup d’images (Maryse Condé, Sony Rupaire en graffiti sur la façade du CAC aussi), un ondoiement, des ronds dans l’eau quand le caillou tombe dans l’eau.

#1973 #architecturemoderne #carnetsdevoyage #colonialisme #faidherbe #guadeloupe #jacquestessier #lecorbusier #marcjalet #marysecondé #modernisme #poèmesenbéton #pointeàpitre #prouvé #raymondcrevaux #urbanisme
8 janvier 2023
Un jour. Descendre la côte jusqu’à Basse-Terre… - Antoine Vigne
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Un jour. Descendre la côte jusqu’à Basse-Terre, passer Pointe Noire puis Malendure sous une pluie battante qui s’assèche aussitôt. Ensuite Bouillante et sa rivière d’eau chaude qui se jette dans la baie. Pas d’installations balnéaires particulières, des baigneurs se regroupent là où la température est la plus chaude. Images qui me rappellent des photos d’URSS dans les années 70 sans que je sache vraiment pourquoi, sans doute la simplicité du lieu, l’absence de foule alors que la plage est belle, la route toute droite traverse la bourgade face à la centrale géothermique, la juxtaposition des mondes industriel et de tourisme local. J’aime cette impression de bout du monde. Plus tard, Basse-Terre, la préfecture qui n’a pas de sens, qui semble désertée en ce 25 décembre, nous alignons les bâtiments d’Ali Tur avec leur lignes entre modernisme, style international, quelques touches d’Art Déco. Et puis des pans de béton qui s’offrent face à la mer. Mon matériau, celui qui se désagrège, vieillit, parle d’un XXe siècle fatigué, de fantasmes sociétaires, orgueil battu en brèche, dépareillé, l’élément gagne. Toujours. D’autres relents me reviennent, Marseille, des stores sur vérandas, l’image d’un Tante Nini qui nous reçoit dans un appartement très sombre car les persiennes doivent protéger de la chaleur. Même impression ici. Retour aux contes qui hantent les terres, la côte. Le cri de Césaire dans son Carnet du retour au pays natal avec l’introduction de Breton.

#aimécésaire #alitur #années70 #architecture #béton #cahierdunretrouraupaysnatal #carnetsdevoyage #dec22 #guadeloupe #impressionsvoyageuses #modernisme #poèmesenbéton #promenadesarchurecturales #urss
29 décembre 2022
D’autres rencontres, d’autres moments: la visi… - Antoine Vigne
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D’autres rencontres, d’autres moments: la visite du jardin botanique (des noms qui s’insèrent dans la promenade: euphorbes candélabres, cactus clergé, le Bakoua aux racines tentaculaires, le Gommier rouge, le figuier pleureur) et des histoires encore, celle de l’arbre qu’on appelle fromager autour duquel rodent des esprits troubles liés à l’esclavage, aux tortures infligées contre son écorce en épines drues. Le soir, nous retrouvons Nathalie et ses amis sur la plage de la Perle puis nous allons chercher un coucher de soleil qui se pose juste au bout d’une pointe rocheuse à Grande Anse. Mathis (autre rencontre de notre premier soir au Paradise Café) nous rejoint, me parle de danse Lewoz et de maitre Ka. Mais la conversation repart sur l’histoire politique de la Guadeloupe, le rhum, les défis agricoles de l’île, le Bumindom ou Bureau des migrations d’outre-mer dont il me faut un moment pour retrouver la mémoire enfouie dans de vieux souvenirs des cours à Sciences-Po. Là encore, un fil à tirer, une histoire à aller chercher. Mais la rencontre la plus inattendue : celle de Sabine qui voyage seule depuis Munich et nous raconte ses étés d’enfance à suivre sa grand-mère en Inde sur les traces de Schopenhauer et du védanta. Les histoires se croisent, défilent comme les vagues qu’on aperçoit se former sur la barrière de corail, au large, et qui n’arrivent jamais complètement jusqu’à la plage parce qu’elles replongent et se fondent dans l’onde. J’ai mis en pause les relectures du roman qui me posent problème après m’avoir donné des illusions électrifiantes. Dans les supermarchés, l’excitation joyeuse des fêtes approchantes est palpable et Kenny nous emmène dans une kassaverie. Galettes de manioc, jus de canne à sucre. Un panneau dit “la santé d’abord”…

#arbrefromager #botanique #bumindom #carnetsdevoyage #colonialisme #colonialismeetplantarions #écriture #euphorbecandélabre #friends #guadeloupe #histoiredelesclavage #histoiresglanées #minirécit #nomsquisinsèrent #rencontresétagées #schopenhauer #vedanta
24 décembre 2022
Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres,… - Antoine Vigne
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Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres, une soirée avec Pascal et Rémy, le tour de Pointe-à-Pitre dans l’obscurité du jour le plus court de l’année, des ombres qui se dressent, les façades créoles et coloniales qui jouxtent les balcons en béton d’un modernisme indéterminé puis la silhouette illuminée de l’intérieur de l’église Saint-Pierre Saint-Paul avec ses poutrelles de fer qui répercutent une répétition de chants de Noël très classique, proche ou semblable à celles de mon enfance dans les quartiers de l’ouest parisien. La ville semble vide. De l’autre côté de la place, un le Palais de Justice abandonné d’Ali Tur, architecte du ministère des colonies pendant les années 30 dont je connaissais pas encore le nom mais que je découvre le lendemain dans un ouvrage acheté au Jardin Botanique de Deshaies. C’est généralement par l’architecture que je rencontre l’histoire des villes, des pays, par les bâtiments qui dorment, marqués du passage du temps, par les blessures, les injures, l’indifférence. Pointe-à-Pitre semble pleine de cette indifférence suspicieuse vis-à-vis de ses bâtiments, la vie s’est projetée ailleurs, écartelée entre ses jumeaux territoriaux, sa Grande et sa Basse Terre. J’écris tout cela sans vraiment savoir encore, à partir des bribes d’histoire que me livre Pascal, les textes parcourus ici et là, dans les guides trouvés au gite de Valérie, ailleurs: l’histoire de l’aéroport du Raizet, par exemple, dont la piste d’atterrissage est la plus longue des Caraïbes parce qu’il lui a fallu accueillir l’une des bombes atomiques utilisées dans les essais atomiques de Mururoa en 1967 (conduisant, par effet secondaire étrange, à la répression violente d’émeutes locales). Je suis des pistes, des traces dirait Chamoiseau quand il cite Glissant. J’attends qu’elles me racontent une terre, des gens.

#aéroportduraizet #alitur #architecturemoderne #artdéco #carnetsdevoyage #écouterlevent #histoiresdarchitecture #histoirestournéesetdétournées #minirécit #pointeàpitre
24 décembre 2022
Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous e… - Antoine Vigne
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Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous entoure. Je ne réussis plus à préparer les voyages. C’est en arrivant que je commence à prendre mes marques, lire les guides, chercher ce que je veux voir. Nous atterrissons tout près de Deshaies, une cabane accrochée dans les eucalyptus (sont-ce des eucalyptus d’ailleurs? Pas de certitude encore) en face de l’hôtel Fort Royal. Matinée à lire, envoyer quelques e-mails encore, préparer à la coupure, la suspension des habitudes pour les dix jours qui viennent. Valérie et son ami nous racontent longuement les manières locales, des histoires de luttes syndicales, de rapport à la métropole, de développements avortés, les noms fusent, des anecdotes. Je retiens celle de la trace du Boeing qui court juste au-dessus de nous, les restes de l’accident de 707 en 1962 dont on peut encore voir l’épave. Je retiens aussi le nom des vroum-vroums, ces gros insectes piscivores qui volent autour de nous en bourdonnant, celui de Coluche évidemment parce que sa maison était là. Jonathan travaille, nous déjeunons tranquillement. Plus tard je descends la trace qui part du gîte vers le Fort Royal, une longue barre blanche classique des années 60, des balcons alignés, là peinture qui s’écaille, l’odeur qui temps qui a terni la splendeur de l’époque mais qui laisse planer la nostalgie (pour moi) du fantasme. Je revois un monde de bande dessinée, les silhouettes d’immeubles dans des Achille Talon ou Tif et Tondu, mes premiers voyages vraiment… La houle bat la côte, Montserrat ne se devine dans le lointain que si l’on sait que l’île est là, avec sa soufrière que nous avons survolée en arrivant. Je suis bien.

#architectureetbandedessinée #architecturemoderne #carnetsdevoyage #deshaies #guadeloupe #laisserleshistoiresveniràsoi #poèmesenbéton #récitsdeslieux #tracedutemps
21 décembre 2022
D’autres images de Madrid: les grands musées, l… - Antoine Vigne
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D’autres images de Madrid: les grands musées, le Prado, les salles qui n’en finissent pas, le trop-plein, l’excès qui nous empêche de voir. Oui, il y a Bosch, la salle sublime du Jardin des délices, et l’illumination de Fra Angelico, et l’ange sensuel de l’Annonciation de Greco, et les détails qui se perdent dans l’infini des toiles du Tintoret, la femme à barbe de Ribera qu’il faudrait revisiter avec notre oeil qui voit la possibilité de la transsexualité, puis les apôtres de Ribera aux yeux profondément noirs, le mystère des corps de la Forge de Vulcain de Velasquez, le Vol des sorcières de Goya et ses accents qui rappellent MacBeth. Mais, comme tant d’autres, le musée est trop grand pour l’art qu’il contient, il reste trop attaché à l’idée que nous nous faisons de la puissance passée d’une nation. Il dessert l’art qu’il abrite. Il faut changer nos musées, les réduire, les sauver de la consommation culturelle qui nous gangrène, qui tue les oeuvres. Il faut redéployer l’intimité de l’expérience de l’art, envoyer des oeuvres dans de petits musées où ils retrouveront leur unicité. On ne voit pas dans un musée comme le Prado, on souffre de l’accumulation que l’esprit ne peut englober. Et l’universalisme est, comme souvent, un alibi à notre refus de voir l’image de la puissance qui a abimé le monde.

#art #carnetsdevoyage #elbosco #goya #jardindesdelices #jeromebosch #logiquededomination #macbeth #muesodelprado #musées #pourunrenouveaumuséal #redéployerlintimitédelart #Ribera #tintoret #transsexualité
27 septembre 2022
Lumineuse surprise à la biennale de Bonifacio où… - Antoine Vigne
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Lumineuse surprise à la biennale de Bonifacio où les œuvres parlent de mer, de tempêtes – naturelles et intérieures – d’exil, du retour permanent de la violence au cœur de toute rencontre (l’histoire coloniale n’est jamais loin, ni celle des drames migratoires contemporains qui surgissent dans la vidéo d’Isaac Julien ou dans celle de Laetitia Echakhch – on devine l’innocence ou l’inconscience de l’histoire dans les sauts des enfants dans l’eau du port depuis murs de la forteresse Al Jadid). Mais l’on oscille aussi, et c’est la beauté de ce parcours, entre les portraits fragiles d’adolescents de Rineke Dijkstra et la tentation – le désir, le besoin ? – de revenir à l’unité du discours, de la perception – il y a l’arbre fantomatique et multi-centenaire de Matt Colishaw et les vagues sublimées d’Ange Leccia qui s’accordent aux orbes suspendus de Mao Tao. Les questions du monde contemporain sont là, dans le vieux cinéma et la caserne abandonnée où sont présentées les œuvres. On voit la Sardaigne qui émerge de l’autre côté de l’eau juste au sortir de l’exposition, inaccessible comme toutes les rencontres. C’est assez envoutant.

#angeleccia #anishkapoor #art #artcontemporain #biennalebonifacio #carnetsdevoyage #colonisation #contemporaryart #corse #derenava #été2022 #exil #innocenceetviolence #isaacjulien #karawalker #laetitiaechakhch #maotao #mattcolishaw #minirécit #priscameslier #rencontredesmondes #videoart #violence
25 août 2022
Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1… - Antoine Vigne
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Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1988 sur le Rêve Mexicain, sur la pensée interrompue d’un continent dont nous apprenons de manière de plus en plus brutale qu’il contenait en lui des réponses à tous les abus et les matérialismes de la civilisation judéo-chrétienne: l’équilibre nécessaire entre les forces du monde, l’intégration de l’humanité à un destin plus vaste de la vie, la perception du rôle des rêves et de l’inconscient, la compréhension de la dualité (y compris sexuelle des dieux) et de la multiplicité, le refus de la propriété qui divise tout et met tout en esclavage, l’importance du cycle et du chaos qui annoncent ce que seront les découvertes scientifiques beaucoup plus tardives de l’Occident (sur l’atome, le Big Bang, la physique quantique), la perception que l’homme a besoin, pour sa survie, de se réintégrer à une communauté qui le dépasse. Tant de fils et de possibilités que la conquête a coupés nets, annihilant ainsi une part de notre héritage. C’est un livre qui pleure et qui médite, qui s’arrête pour contempler le destin tragique d’une humanité prisonnière du matérialisme européen issu (étrangement) du christianisme rationaliste ou de ce que nous avons voulu faire du christianisme. C’est une somme qui résonne, qui énumère les noms pour que leur écho habite la terre. Et c’est une ode à tous ceux qui ont perçu ce message lors de leurs contacts avec le Mexique, de Bernardino de Sahagun à Antonin Artaud.

#books #carnetsdevoyage #gallimard #leclezio #lerevemexicain #littérature #logiquededomination #mexique
12 juin 2022
Les grandes peintures murales de Rivera, Orzoco, S… - Antoine Vigne
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Les grandes peintures murales de Rivera, Orzoco, Siqueiros et Camarena au Palacio de Bellas Artes qui racontent la puissance d’une histoire toujours prise entre ses racines mésoaméricaines et la conquête qui l’annihile, et l’impossible réconciliation qui se cherche toujours, comme une image de ce que nous sommes aussi, pris entre des identités contraires, des mythes qui n’ont pas de sens, des religions qui disent toujours le besoin d’inventer un dieu, même moderne. Je lis le Rêve mexicain de Le Clezio, j’y trouve les mêmes histoires, celles de Moctezuma et de Cuauhtémoc, celle de Bernal Diaz et de Bernadino de Sahagun qui racontent le monde qu’ils viennent de détruire, celle de la civilisation magique qui s’effondre dans l’instant où elle se livre. J’aime plonger plus profond dans cette culture que j’ai mis longtemps à comprendre, que j’ai abordée pas à pas, depuis les cours de l’école du Louvre où je lui préférais les mondes de l’Islam, jusqu’aux premiers voyages dans le Yucatan puis à la question de la frontière et du désert qui traverse mon écriture, s’accroche à ma réalité, l’appelle. Revenir à Mexico, c’est descendre à chaque fois un peu plus dans ces mythes, ces figures, les images figées qui se mettent à bouger.

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5 juin 2022
Un dimanche à CDMX, l’excitation palpable dans … - Antoine Vigne
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Un dimanche à CDMX, l’excitation palpable dans les cafés pour la victoire de Sergio Perez au Grand Prix de Monaco, les rues que nous traversons en taxi et les sons de feux d’artifice pour les saints qu’on fête. Les marches dans Roma, le calme qui s’installe, les conversations avec Jonathan sur ce qu’est le calme à deux, le doute permanent sur la présence de l’autre qu’il faut surmonter. Les retrouvailles avec l’Avenida Amsterdam. Un mezcal a Baltra où nous nous dessinons l’un l’autre. Et puis la découverte excitée que Total Recall à été filmé ici (l’architecture ici raconte partout un monde à venir, impossible de ne pas y voir des visions de science-fiction). La fatigue aussi de la soirée a Tom’s Leather Bar ou nous avons rencontré Sergio. Et les lectures qui ponctuent la journée, apportent des images d’ailleurs: l’histoire de l’orque qui meurt dans la Seine, l’interview de Dominique Schnapper qui parle de la définition de l’homme normal selon Freud, celui qui aime et qui travaille, qui trouve l’ancrage dans son essentiel. Quelques pages du Goncourt de Mbougar Sar. D’autres marches plus tard. Coyoacan et un mauvais restaurant, puis le Tres Tonala décevant aussi mais émouvant parce que nous y parlons de ce que nous recherchons l’un et l’autre.

#architecture #architectureetsciencefiction #carnetsdevoyage #cdmx #dominiqueschnapper #film #freud #lectures #lecturesdevacances #littérature #marcher #mbougarsarr #minirécit #pluralitédunjour #unejournéeàMexico
30 mai 2022
A CDMX depuis deux jours. Hier, la visite du musé… - Antoine Vigne
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A CDMX depuis deux jours. Hier, la visite du musée Anahuacalli de Diego Rivera, la collection d’idoles et de sculptures méso-américaines, notamment aztèques et mayas. La puissance du lieu construit dans la roche volcanique avec de gros morceaux de pierre noire brute et constellée de cavités. Les salles sont caverneuses, mystérieuses, pleines d’autels sur lesquelles se présentent ces visages souvent figés dans la représentation des émotions sombres, dans le mystère de la vie, de la mort, de la souffrance, de la pluie, des moissons, des phénomènes cosmiques, de la continuité des cycles. J’aime les histoires qui les accompagnent, celle des vaisseaux conçus par les dieux pour récolter puis répandre les différents types de pluie (celle qui fait pousser, celle qui abîme, celle qui amène le gel,…), celle des serpents qui s’emmêlent et racontent la dualité inhérente à toutes choses (et la géméllité de Rivera), celle des ères qui ont précédé celle de l’homme et de la civilisation. J’imagine que la version moderne du musée imaginaire de Malraux serait de rêver à un monde dans lequel la civilisation occidentale n’aurait pas effacé ces cultures, dans lequel elles resteraient vivantes, porteuses de cette autre compréhension du vivant et de l’humanité. Un musée qui réinventerait l’histoire, effacerait notre impérialisme, tous les impérialismes culturels et religieux. Fantasme évidemment, notamment face à des idoles qui racontent aussi la violence des émotions humaines, la destruction permanente, la réinvention. Dans les salles supérieures du musée, on aperçoit la ville qui s’étend aux alentours, les tours, les montagnes, la lumière bleue et grise qui est celle de Mexico City. Et puis on retrouve le Diego des muraux, de Detroit, de la fascination compliquée pour la modernité et la technologie, l’élan qui se sait pouvoir être néfaste mais qui emporte tout.

#anahuacalli #art #carnetsdevoyage #cdmx #cycles #destructionpermamente #diegorivera #impérialismes #malraux #mesoamerica #mesoamericanart #mexico #mexique #muséeomaginaire #museoanahuacalli
30 mai 2022
Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne
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Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre, fantôme d’une politique culturelle, d’un désir et d’un élan possible, fantômes de ceux qui ont chanté là et dont Nathalie nous raconte les concerts, Goldman, Voulzy, Miles Davis, et, au milieu de ces fantômes, le collectif Awtis Rezistans qui prend en charge les lieux, agace le béton, le torture, le pétrit, le transforme, l’anime le bâtiment est ouvert à tout, à tous, au brutalisme de l’Hôtel de ville – de 1973, MA date évidemment, avec ses architectes: Raymond Crevaux et Jacques Tessier, les mêmes qui construiront la CAF-Centre de Sécurité Sociale un peu plus loin, avec un angle qui trompe la perspective, l’anime aussi… tout le monde ici, tous les amis que nous présentent Pascal, Rémy ou Nathalie semblent détester ce deuxième bâtiment, je l’adule pourtant, je le vois comme un joyau débile, rugueux, fragile avec sa face qui parle du Corbusier à Cambridge/Boston, de Prouvé, les pare-soleils de l’architecture ingénieriste du XXe siècle. Tout cela sur le Boulevard Faidherbe qui tranche la ville, la vieille, le quartier historique que les touristes évitent souvent mais où nous trouvons la sensation électrique qui vient de l’hyper-urbain mal maîtrisé, la collision des genres, des énergies (une rencontre rapide avec Marc Jalet au Jardin Béguine, me donne envie de beaucoup plus pour discuter de cet urbanisme en attente qu’est Pointe-à-Pitre et tout le territoire de la Guadeloupe, alors je lis son livre aussi – l’urgence, l’échéance, la durée, un beau titre). Mais Faidherbe, j’y reviens, quel nom pour LE boulevard de Pointe-à Pitre, (à changer, évidemment ?, retirer l’aberration de ce nom qui ne vient rien dire ici sinon imposition du colonial – malgré l’année passée ici, 1848, symbolique évidemment mais un administrateur du Sénégal puis député du Nord quand même…). Beaucoup d’images (Maryse Condé, Sony Rupaire en graffiti sur la façade du CAC aussi), un ondoiement, des ronds dans l’eau quand le caillou tombe dans l’eau.

#1973 #architecturemoderne #carnetsdevoyage #colonialisme #faidherbe #guadeloupe #jacquestessier #lecorbusier #marcjalet #marysecondé #modernisme #poèmesenbéton #pointeàpitre #prouvé #raymondcrevaux #urbanisme
8 janvier 2023
Un jour. Descendre la côte jusqu’à Basse-Terre… - Antoine Vigne
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Un jour. Descendre la côte jusqu’à Basse-Terre, passer Pointe Noire puis Malendure sous une pluie battante qui s’assèche aussitôt. Ensuite Bouillante et sa rivière d’eau chaude qui se jette dans la baie. Pas d’installations balnéaires particulières, des baigneurs se regroupent là où la température est la plus chaude. Images qui me rappellent des photos d’URSS dans les années 70 sans que je sache vraiment pourquoi, sans doute la simplicité du lieu, l’absence de foule alors que la plage est belle, la route toute droite traverse la bourgade face à la centrale géothermique, la juxtaposition des mondes industriel et de tourisme local. J’aime cette impression de bout du monde. Plus tard, Basse-Terre, la préfecture qui n’a pas de sens, qui semble désertée en ce 25 décembre, nous alignons les bâtiments d’Ali Tur avec leur lignes entre modernisme, style international, quelques touches d’Art Déco. Et puis des pans de béton qui s’offrent face à la mer. Mon matériau, celui qui se désagrège, vieillit, parle d’un XXe siècle fatigué, de fantasmes sociétaires, orgueil battu en brèche, dépareillé, l’élément gagne. Toujours. D’autres relents me reviennent, Marseille, des stores sur vérandas, l’image d’un Tante Nini qui nous reçoit dans un appartement très sombre car les persiennes doivent protéger de la chaleur. Même impression ici. Retour aux contes qui hantent les terres, la côte. Le cri de Césaire dans son Carnet du retour au pays natal avec l’introduction de Breton.

#aimécésaire #alitur #années70 #architecture #béton #cahierdunretrouraupaysnatal #carnetsdevoyage #dec22 #guadeloupe #impressionsvoyageuses #modernisme #poèmesenbéton #promenadesarchurecturales #urss
29 décembre 2022
D’autres rencontres, d’autres moments: la visi… - Antoine Vigne
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D’autres rencontres, d’autres moments: la visite du jardin botanique (des noms qui s’insèrent dans la promenade: euphorbes candélabres, cactus clergé, le Bakoua aux racines tentaculaires, le Gommier rouge, le figuier pleureur) et des histoires encore, celle de l’arbre qu’on appelle fromager autour duquel rodent des esprits troubles liés à l’esclavage, aux tortures infligées contre son écorce en épines drues. Le soir, nous retrouvons Nathalie et ses amis sur la plage de la Perle puis nous allons chercher un coucher de soleil qui se pose juste au bout d’une pointe rocheuse à Grande Anse. Mathis (autre rencontre de notre premier soir au Paradise Café) nous rejoint, me parle de danse Lewoz et de maitre Ka. Mais la conversation repart sur l’histoire politique de la Guadeloupe, le rhum, les défis agricoles de l’île, le Bumindom ou Bureau des migrations d’outre-mer dont il me faut un moment pour retrouver la mémoire enfouie dans de vieux souvenirs des cours à Sciences-Po. Là encore, un fil à tirer, une histoire à aller chercher. Mais la rencontre la plus inattendue : celle de Sabine qui voyage seule depuis Munich et nous raconte ses étés d’enfance à suivre sa grand-mère en Inde sur les traces de Schopenhauer et du védanta. Les histoires se croisent, défilent comme les vagues qu’on aperçoit se former sur la barrière de corail, au large, et qui n’arrivent jamais complètement jusqu’à la plage parce qu’elles replongent et se fondent dans l’onde. J’ai mis en pause les relectures du roman qui me posent problème après m’avoir donné des illusions électrifiantes. Dans les supermarchés, l’excitation joyeuse des fêtes approchantes est palpable et Kenny nous emmène dans une kassaverie. Galettes de manioc, jus de canne à sucre. Un panneau dit “la santé d’abord”…

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24 décembre 2022
Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres,… - Antoine Vigne
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Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres, une soirée avec Pascal et Rémy, le tour de Pointe-à-Pitre dans l’obscurité du jour le plus court de l’année, des ombres qui se dressent, les façades créoles et coloniales qui jouxtent les balcons en béton d’un modernisme indéterminé puis la silhouette illuminée de l’intérieur de l’église Saint-Pierre Saint-Paul avec ses poutrelles de fer qui répercutent une répétition de chants de Noël très classique, proche ou semblable à celles de mon enfance dans les quartiers de l’ouest parisien. La ville semble vide. De l’autre côté de la place, un le Palais de Justice abandonné d’Ali Tur, architecte du ministère des colonies pendant les années 30 dont je connaissais pas encore le nom mais que je découvre le lendemain dans un ouvrage acheté au Jardin Botanique de Deshaies. C’est généralement par l’architecture que je rencontre l’histoire des villes, des pays, par les bâtiments qui dorment, marqués du passage du temps, par les blessures, les injures, l’indifférence. Pointe-à-Pitre semble pleine de cette indifférence suspicieuse vis-à-vis de ses bâtiments, la vie s’est projetée ailleurs, écartelée entre ses jumeaux territoriaux, sa Grande et sa Basse Terre. J’écris tout cela sans vraiment savoir encore, à partir des bribes d’histoire que me livre Pascal, les textes parcourus ici et là, dans les guides trouvés au gite de Valérie, ailleurs: l’histoire de l’aéroport du Raizet, par exemple, dont la piste d’atterrissage est la plus longue des Caraïbes parce qu’il lui a fallu accueillir l’une des bombes atomiques utilisées dans les essais atomiques de Mururoa en 1967 (conduisant, par effet secondaire étrange, à la répression violente d’émeutes locales). Je suis des pistes, des traces dirait Chamoiseau quand il cite Glissant. J’attends qu’elles me racontent une terre, des gens.

#aéroportduraizet #alitur #architecturemoderne #artdéco #carnetsdevoyage #écouterlevent #histoiresdarchitecture #histoirestournéesetdétournées #minirécit #pointeàpitre
24 décembre 2022
Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous e… - Antoine Vigne
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Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous entoure. Je ne réussis plus à préparer les voyages. C’est en arrivant que je commence à prendre mes marques, lire les guides, chercher ce que je veux voir. Nous atterrissons tout près de Deshaies, une cabane accrochée dans les eucalyptus (sont-ce des eucalyptus d’ailleurs? Pas de certitude encore) en face de l’hôtel Fort Royal. Matinée à lire, envoyer quelques e-mails encore, préparer à la coupure, la suspension des habitudes pour les dix jours qui viennent. Valérie et son ami nous racontent longuement les manières locales, des histoires de luttes syndicales, de rapport à la métropole, de développements avortés, les noms fusent, des anecdotes. Je retiens celle de la trace du Boeing qui court juste au-dessus de nous, les restes de l’accident de 707 en 1962 dont on peut encore voir l’épave. Je retiens aussi le nom des vroum-vroums, ces gros insectes piscivores qui volent autour de nous en bourdonnant, celui de Coluche évidemment parce que sa maison était là. Jonathan travaille, nous déjeunons tranquillement. Plus tard je descends la trace qui part du gîte vers le Fort Royal, une longue barre blanche classique des années 60, des balcons alignés, là peinture qui s’écaille, l’odeur qui temps qui a terni la splendeur de l’époque mais qui laisse planer la nostalgie (pour moi) du fantasme. Je revois un monde de bande dessinée, les silhouettes d’immeubles dans des Achille Talon ou Tif et Tondu, mes premiers voyages vraiment… La houle bat la côte, Montserrat ne se devine dans le lointain que si l’on sait que l’île est là, avec sa soufrière que nous avons survolée en arrivant. Je suis bien.

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21 décembre 2022
D’autres images de Madrid: les grands musées, l… - Antoine Vigne
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D’autres images de Madrid: les grands musées, le Prado, les salles qui n’en finissent pas, le trop-plein, l’excès qui nous empêche de voir. Oui, il y a Bosch, la salle sublime du Jardin des délices, et l’illumination de Fra Angelico, et l’ange sensuel de l’Annonciation de Greco, et les détails qui se perdent dans l’infini des toiles du Tintoret, la femme à barbe de Ribera qu’il faudrait revisiter avec notre oeil qui voit la possibilité de la transsexualité, puis les apôtres de Ribera aux yeux profondément noirs, le mystère des corps de la Forge de Vulcain de Velasquez, le Vol des sorcières de Goya et ses accents qui rappellent MacBeth. Mais, comme tant d’autres, le musée est trop grand pour l’art qu’il contient, il reste trop attaché à l’idée que nous nous faisons de la puissance passée d’une nation. Il dessert l’art qu’il abrite. Il faut changer nos musées, les réduire, les sauver de la consommation culturelle qui nous gangrène, qui tue les oeuvres. Il faut redéployer l’intimité de l’expérience de l’art, envoyer des oeuvres dans de petits musées où ils retrouveront leur unicité. On ne voit pas dans un musée comme le Prado, on souffre de l’accumulation que l’esprit ne peut englober. Et l’universalisme est, comme souvent, un alibi à notre refus de voir l’image de la puissance qui a abimé le monde.

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27 septembre 2022
Lumineuse surprise à la biennale de Bonifacio où… - Antoine Vigne
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Lumineuse surprise à la biennale de Bonifacio où les œuvres parlent de mer, de tempêtes – naturelles et intérieures – d’exil, du retour permanent de la violence au cœur de toute rencontre (l’histoire coloniale n’est jamais loin, ni celle des drames migratoires contemporains qui surgissent dans la vidéo d’Isaac Julien ou dans celle de Laetitia Echakhch – on devine l’innocence ou l’inconscience de l’histoire dans les sauts des enfants dans l’eau du port depuis murs de la forteresse Al Jadid). Mais l’on oscille aussi, et c’est la beauté de ce parcours, entre les portraits fragiles d’adolescents de Rineke Dijkstra et la tentation – le désir, le besoin ? – de revenir à l’unité du discours, de la perception – il y a l’arbre fantomatique et multi-centenaire de Matt Colishaw et les vagues sublimées d’Ange Leccia qui s’accordent aux orbes suspendus de Mao Tao. Les questions du monde contemporain sont là, dans le vieux cinéma et la caserne abandonnée où sont présentées les œuvres. On voit la Sardaigne qui émerge de l’autre côté de l’eau juste au sortir de l’exposition, inaccessible comme toutes les rencontres. C’est assez envoutant.

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25 août 2022
Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1… - Antoine Vigne
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Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1988 sur le Rêve Mexicain, sur la pensée interrompue d’un continent dont nous apprenons de manière de plus en plus brutale qu’il contenait en lui des réponses à tous les abus et les matérialismes de la civilisation judéo-chrétienne: l’équilibre nécessaire entre les forces du monde, l’intégration de l’humanité à un destin plus vaste de la vie, la perception du rôle des rêves et de l’inconscient, la compréhension de la dualité (y compris sexuelle des dieux) et de la multiplicité, le refus de la propriété qui divise tout et met tout en esclavage, l’importance du cycle et du chaos qui annoncent ce que seront les découvertes scientifiques beaucoup plus tardives de l’Occident (sur l’atome, le Big Bang, la physique quantique), la perception que l’homme a besoin, pour sa survie, de se réintégrer à une communauté qui le dépasse. Tant de fils et de possibilités que la conquête a coupés nets, annihilant ainsi une part de notre héritage. C’est un livre qui pleure et qui médite, qui s’arrête pour contempler le destin tragique d’une humanité prisonnière du matérialisme européen issu (étrangement) du christianisme rationaliste ou de ce que nous avons voulu faire du christianisme. C’est une somme qui résonne, qui énumère les noms pour que leur écho habite la terre. Et c’est une ode à tous ceux qui ont perçu ce message lors de leurs contacts avec le Mexique, de Bernardino de Sahagun à Antonin Artaud.

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12 juin 2022
Les grandes peintures murales de Rivera, Orzoco, S… - Antoine Vigne
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Les grandes peintures murales de Rivera, Orzoco, Siqueiros et Camarena au Palacio de Bellas Artes qui racontent la puissance d’une histoire toujours prise entre ses racines mésoaméricaines et la conquête qui l’annihile, et l’impossible réconciliation qui se cherche toujours, comme une image de ce que nous sommes aussi, pris entre des identités contraires, des mythes qui n’ont pas de sens, des religions qui disent toujours le besoin d’inventer un dieu, même moderne. Je lis le Rêve mexicain de Le Clezio, j’y trouve les mêmes histoires, celles de Moctezuma et de Cuauhtémoc, celle de Bernal Diaz et de Bernadino de Sahagun qui racontent le monde qu’ils viennent de détruire, celle de la civilisation magique qui s’effondre dans l’instant où elle se livre. J’aime plonger plus profond dans cette culture que j’ai mis longtemps à comprendre, que j’ai abordée pas à pas, depuis les cours de l’école du Louvre où je lui préférais les mondes de l’Islam, jusqu’aux premiers voyages dans le Yucatan puis à la question de la frontière et du désert qui traverse mon écriture, s’accroche à ma réalité, l’appelle. Revenir à Mexico, c’est descendre à chaque fois un peu plus dans ces mythes, ces figures, les images figées qui se mettent à bouger.

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5 juin 2022
Un dimanche à CDMX, l’excitation palpable dans … - Antoine Vigne
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Un dimanche à CDMX, l’excitation palpable dans les cafés pour la victoire de Sergio Perez au Grand Prix de Monaco, les rues que nous traversons en taxi et les sons de feux d’artifice pour les saints qu’on fête. Les marches dans Roma, le calme qui s’installe, les conversations avec Jonathan sur ce qu’est le calme à deux, le doute permanent sur la présence de l’autre qu’il faut surmonter. Les retrouvailles avec l’Avenida Amsterdam. Un mezcal a Baltra où nous nous dessinons l’un l’autre. Et puis la découverte excitée que Total Recall à été filmé ici (l’architecture ici raconte partout un monde à venir, impossible de ne pas y voir des visions de science-fiction). La fatigue aussi de la soirée a Tom’s Leather Bar ou nous avons rencontré Sergio. Et les lectures qui ponctuent la journée, apportent des images d’ailleurs: l’histoire de l’orque qui meurt dans la Seine, l’interview de Dominique Schnapper qui parle de la définition de l’homme normal selon Freud, celui qui aime et qui travaille, qui trouve l’ancrage dans son essentiel. Quelques pages du Goncourt de Mbougar Sar. D’autres marches plus tard. Coyoacan et un mauvais restaurant, puis le Tres Tonala décevant aussi mais émouvant parce que nous y parlons de ce que nous recherchons l’un et l’autre.

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30 mai 2022
A CDMX depuis deux jours. Hier, la visite du musé… - Antoine Vigne
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A CDMX depuis deux jours. Hier, la visite du musée Anahuacalli de Diego Rivera, la collection d’idoles et de sculptures méso-américaines, notamment aztèques et mayas. La puissance du lieu construit dans la roche volcanique avec de gros morceaux de pierre noire brute et constellée de cavités. Les salles sont caverneuses, mystérieuses, pleines d’autels sur lesquelles se présentent ces visages souvent figés dans la représentation des émotions sombres, dans le mystère de la vie, de la mort, de la souffrance, de la pluie, des moissons, des phénomènes cosmiques, de la continuité des cycles. J’aime les histoires qui les accompagnent, celle des vaisseaux conçus par les dieux pour récolter puis répandre les différents types de pluie (celle qui fait pousser, celle qui abîme, celle qui amène le gel,…), celle des serpents qui s’emmêlent et racontent la dualité inhérente à toutes choses (et la géméllité de Rivera), celle des ères qui ont précédé celle de l’homme et de la civilisation. J’imagine que la version moderne du musée imaginaire de Malraux serait de rêver à un monde dans lequel la civilisation occidentale n’aurait pas effacé ces cultures, dans lequel elles resteraient vivantes, porteuses de cette autre compréhension du vivant et de l’humanité. Un musée qui réinventerait l’histoire, effacerait notre impérialisme, tous les impérialismes culturels et religieux. Fantasme évidemment, notamment face à des idoles qui racontent aussi la violence des émotions humaines, la destruction permanente, la réinvention. Dans les salles supérieures du musée, on aperçoit la ville qui s’étend aux alentours, les tours, les montagnes, la lumière bleue et grise qui est celle de Mexico City. Et puis on retrouve le Diego des muraux, de Detroit, de la fascination compliquée pour la modernité et la technologie, l’élan qui se sait pouvoir être néfaste mais qui emporte tout.

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30 mai 2022