à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne
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à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux chaussés de baskets Vuitton, le sac Vuitton, lui râle, il ne veut pas embarquer, pas rentrer aux États-Unis,
tu as ton expo demain , « your art show », ce sera bien
et puis elle ajoute:
tu leur diras que tu as vu l’expo Hockney en personne.. .
petit orgueil qui cherche à se propager,
je me rends compte que la femme aux cheveux blancs devant eux, dans un pantalon ultra large, est la mère de la mère, elles échangent des mots rapides, durs

par la fenêtre, je note Air Mali

dans la file d’embarquement du vol pour Washington à la porte suivante, une autre femme échange quelques mots avec un jeune mec, elle sans doute la soixantaine joyeuse, dynamique mais un peu défraichie, l’allure est imparfaite, lui la vingtaine souriante, il est poli, il répond puis il attend de passer à autre chose, on sent la gêne rapide qui flotte dans l’air puis ils se tournent l’un l’autre vers les grandes baies vitrées derrière lesquelles les avions décollent

je lis Denis Gombert, beau texte, léger et grave et gai dans le même temps, la vie en roue libre, les instants qui défilent à toute allure et les reflets qui changent à chaque mouvement, ça scintille de vie, comme lui

les images du pape Léon s’affichent sur les écrans, il s’est rendu sur la tombe de François, de bons échos jusqu’ici, une continuité sur la défense des plus démunis, le refus de la puissance, le front contre la stupidité des nationalismes arrogants

survolé Londres, tout était clair, limpide
envoyé un message à Danny

#carnetsdevoyage #carnetsintermittents #friends #littérature #notretemps #volderetour
14 mai 2025
Le Barbican, le béton toujours, une oasis en forte… - Antoine Vigne
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Le Barbican, le béton toujours, une oasis en forteresse au milieu de la ville. Je (re)-découvre Londres avec Danny, des jours joyeux, ensoleillés, les goûts communs pour les matériaux, l’architecture, la sensualité de l’espace et des rencontres. Danny en guide donc. Derek Jarman revient sans cesse, la référence à sa maison de Dungeoness, à son journal, le lien avec la quarantaine du Mpox pendant laquelle Danny lit ces textes, je me mets à lire le même récit de 1989, impossible de ne pas penser à d’autres journaux intimes, les Guibert, Lagarce, Keith Haring et tous les autres, tous écrits dans les années 80/90.

(J’écris ces mots samedi matin:
le sida = la mort gay, la mort sacrificielle du Christianisme, le poids des fautes présumées, à la fois celles de la promiscuité, de Sodome et du paradis perdu, et par ailleurs le péché d’indifférence de la société. En ce sens, les morts du sida achètent la bonne conscience d’une foule anxieuse de son confort moral. )

Le Barbican donc, comment n’étais-je jamais venu ici ? les coursives, les perspectives, les bassins, la fontaine, les murs romains qui veillent sur le côté. Je pourrais passer des heures à regarder, à aller d’un point de vue à l’autre, prendre des photos, il y a une perfection de la perspective enfermée, des lignes droites que neutralisent les voutes en berceau (l’anglais dit barrel vault donc voute en baril, c’est moins doux) surmontant le tout et se répétant dans divers éléments.

Pourquoi cet amour du béton: Danny répète qu’il est un matériau solide, brut, je le vois comme un matériau qui se désagrège aussi, je vois le sable qui le constitue, je vois les fers qui ressurgissent, je vois les bunkers que les plages puis l’océan enfouissent et engloutissent, je vois la couleur qui se fond dans le paysage, les lierres qui dégringolent sur la surface qui n’avait jamais été parfaitement lisse, je vois les aspérités tout autant que la matière qui résiste aux radiations.

 

#architecture #barbican #béton #carnetsdevoyage #friends #homosexualité #london #poèmesenbéton #sida
7 mai 2025
Lisbonne donc. Jours bénis avec Jonathan. Sinusit… - Antoine Vigne
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Lisbonne donc. Jours bénis avec Jonathan. Sinusite pourtant, qui m’empêche violemment de dormir, de me lever tôt, de profiter comme je le voudrais. La ville se dévoile au fil des rues, des collines, la Praça dos flores en bas de l’appartement, et puis les installations et les performances de la saison contemporaine japonaise Engawa conçue par Emmanuelle. Course autour du ballon sans cesse évasif du collectif Mê (au lever du jour sur la Praça do Commercio, près de la tour de Belem face à l’embouchure du Tage, mais nous le ratons toujours). Nous marchons, Jonathan et moi, heureux d’être là ensemble, je l’écoute me dire que ce n’est pas grave de flâner, d’aller à son rythme, nous rentrons dans les galeries de design autour de Sao Bento, le LisbonMobler, puis nous remontons les quais, nous trouvons le musée des arts antiques recommandé par Steve pour la Tentation de Saint Antoine de Bosch. Elle est là, sans foule, sans personne en fait, relativement petite de taille mais envoutante comme tous les Bosch. Le flou sur la signification, la prolixité des chimères, des associations folles, des corps torturés, juxtaposés, les visions dont on ne sait pas si elles sont fabuleuses ou monstrueuses mais toujours délicatement peintes, offertes, proposées comme des délices. Et le saint, le saint au milieu qui observe le monde, qui ne garde qu’un doigt mollement pointé vers la minuscule chapelle où un Christ solitaire montre un Christ en Croix sans qu’on sache vraiment ce qui restera de ce petit bout de divinité auréolée perdue dans un réel qui prolifère, qui ne cesse d’inventer de nouvelles possibilités. Nous restons longtemps puis nous continuons, trouvons une autre tentation de saint Antoine, de David Téniers cette fois, puis des apôtres de Murillo. Le jardin qui surplombe l’un des ports industriels du Tage est une petite oasis de terrasse où nous nous installons rapidement avant la fermeture, avant de poursuivre vers Belem et le musée maritime fermé mais dont nous longeons les bassins, la halle en béton qui laisse entrevoir des nefs de gala.

#art #emmanuelledemontgazon #flâner #friends #jonathan #lisboa #lisbonne #minirécit
28 juillet 2023
Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’expos… - Antoine Vigne
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Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’exposition de Gego, les sculptures qui habitent l’espace sans l’habiter, la simplicité de l’objet qui se perçoit et qui s’efface dans le même temps, des tapisseries insaisissables dessinent des graphes, des courbes de niveau, des chutes (d’eau?), la pesanteur, une sphère dans une sphère, cheminement vers un abstrait qui joue avec la forme, avec le fantôme du volume, une géométrie qui ne contraint plus. Certains élans me rappellent ceux des dessins de Lebbeus Woods. Mais je crois que la juxtaposition avec le travail de Sarah Sze dessert l’exposition, son exubérance devient chaotique et incontrôlée, à la différence de la sophistication simple des oeuvres de Gego. En toile de fond, l’image de Caracas, de la modernité de Villanueva et le béton, encore, toujours.

Deux films sur Baldwin regardés hier soir avec Jonathan sur le Criterion Channel, l’un à Paris, l’autre à Istanbul, des entretiens dont la prescience fascine, la ligne s’annonce toute droite entre son insistance que le dialogue est impossible avec son interviewer qui ne peut pas penser l’enfermement noir et les mouvements contemporains, Black Lives Matter, la décolonisation de nos cultures, la fin d’une civilisation occidentale en perspective. Il avait déjà tout vu, tout pensé. Son refus de se laisser entraîner dans un dialogue dont le présupposé est biaisé est prophétique. Même si cela en agacera certains.

Aussi, traverser la ville puis Central Park à vélo. Soirée chez Bénédicte et Keith, rencontres, lectures de Racine que j’entreprends de relire in extenso. Violaine Bérot aussi, et Audrey Lorde.

Et film époustouflant de Sam Green vendredi soir au Film Forum avec Steve et Michael: 32 Sounds. En émerge la figure d’Anna Lockwood et la recherche de la musique. Lien à Bernie Krause aussi évidemment. Et puis le 4’33 de John Cage. Pensé à Philip Glass et Terry Riley dont je ne réussissais plus à me rappeler le nom. Vision d’In C. Toutes les recherches expérimentales sur la musique se chevauchent.

#art #friends #littérature
12 juin 2023
Belle semaine en fait, dense et compliquée par ce… - Antoine Vigne
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Belle semaine en fait, dense et compliquée par certains aspects, le retour – je dirais la rentrée comme on parle d’une rentrée dans l’atmosphère – à New York est toujours compliqué, dense, fait de mondes qui s’entrechoquent, un désir que l’ajustement se fasse sans vagues mais les ondulations concentriques continuent de se faire sentir généralement pendant des jours qui deviennent parfois semaines… gérer le débordement d’un monde sur l’autre donc.

Conversation avec Azu Nwagbogu pour un article/entretien à venir dans L’Architecture d’aujourd’hui. Bel échange, la notion de scène africaine compliquée, la question des restitutions comme manière de penser l’humanité, la perte d’une intelligence, dit-il, cela me fait penser au Rêve mexicain de Le Clezio, l’idée d’une pensée interrompue dont nous avons mal conscience mais dont la trace pourrait se retrouver enfin dans la création, la photographie contemporaine notamment. Des noms, des images – Thierry Oussou, Moufouli Bello, Joana Choumali, et puis évidemment Zanele Muholi, Ibrahim Mahama), envie de creuser comme toujours dans ces moments-là, comment garder le cap et chercher dans les méandres qui s’offrent ?

Cécile à la maison une partie de la semaine. Marches longues. Échanges sur le manque, le deuil. Hier soirée à San Pedro Tavern à Red Hook autour d’Anthony et Sammy qui partent pour Berlin pour trois mois. Conversation longue avec Eric de narchitects, à propos Giono étonnamment puisque je viens de relire la Naissance de l’Odyssée… mais à propos de son père aussi, de son rapport à l’écriture. Dans une librairie sur le chemin, trouvé La Seconde de Colette et ses Lettres au petit corsaire, ainsi qu’un Naomi Klein et livre à la couverture de 73 qui m’attire évidemment.

 

#art #friends #jonathan #littérature #minirécit #ondulationsconcentriques #rentréedanslatmosphère #sanpedrotavern #semainederetour
15 mai 2023
Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de … - Antoine Vigne
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Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de la musique partout. Pas un où j’ai vraiment trouvé le calme depuis un mois alors que, chaque fois, avant d’entrer, j’espère. Bouchons d’oreilles donc, pour m’enfermer dans un espace qui convient et travailler. Le silence comme un luxe inaccessible. Mais la Porte Dorée reste un havre où je me retrouve, et cela englobe le café des Cascades et sa musique… parce que baucoup d’histoires mêlées s’y croisent, parlent de Charenton, de ma grand-mère, ma tante, mon parrain et Danièle, la Foire du Trône, ma mère évidemment et mes séjours contemporains.

Rennes avec Arthur, deux jours seulement, journée à Saint-Malo, la foule des grands jours dans les rues minérales qui manquent de charme. Peut-être est-ce la promiscuité, je ne m’identifie pas à ces couleurs, mais la grandeur refaite dans les années 1940-1950 par Louis Arretche incarne l’un des fantômes de la reconstruction qui me suivent et qui racontent un monde où j’ai eu l’impression de grandir. Envie de chercher plus loin l’histoire de ces villes entièrement réinventées après la guerre, la signification de l’urbanisme social, le conflit de l’identique et de la modernité, le béton qui sauve.

Belle marche ensuite sur le Sillon depuis les rochers sculptés de Rothéneuf. Histoire étrange de l’abbé Fouré et ses oeuvres d’art brut qui échappent complètement à la sphère religieuse. Cet espace vide entre sa vie spirituelle et sa pratique artistique m’intrigue.

Rennes, les Horizons, la ville moderne. Mon oeil se réfugie toujours dans ces lignes droites.

 

#architecture #architecturedelarecontruction #art #arthur #carnetsdevoyage #friends #louisarretche #minirécit #rennes #saintmalo
25 avril 2023
D’autres rencontres, d’autres moments: la visi… - Antoine Vigne
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D’autres rencontres, d’autres moments: la visite du jardin botanique (des noms qui s’insèrent dans la promenade: euphorbes candélabres, cactus clergé, le Bakoua aux racines tentaculaires, le Gommier rouge, le figuier pleureur) et des histoires encore, celle de l’arbre qu’on appelle fromager autour duquel rodent des esprits troubles liés à l’esclavage, aux tortures infligées contre son écorce en épines drues. Le soir, nous retrouvons Nathalie et ses amis sur la plage de la Perle puis nous allons chercher un coucher de soleil qui se pose juste au bout d’une pointe rocheuse à Grande Anse. Mathis (autre rencontre de notre premier soir au Paradise Café) nous rejoint, me parle de danse Lewoz et de maitre Ka. Mais la conversation repart sur l’histoire politique de la Guadeloupe, le rhum, les défis agricoles de l’île, le Bumindom ou Bureau des migrations d’outre-mer dont il me faut un moment pour retrouver la mémoire enfouie dans de vieux souvenirs des cours à Sciences-Po. Là encore, un fil à tirer, une histoire à aller chercher. Mais la rencontre la plus inattendue : celle de Sabine qui voyage seule depuis Munich et nous raconte ses étés d’enfance à suivre sa grand-mère en Inde sur les traces de Schopenhauer et du védanta. Les histoires se croisent, défilent comme les vagues qu’on aperçoit se former sur la barrière de corail, au large, et qui n’arrivent jamais complètement jusqu’à la plage parce qu’elles replongent et se fondent dans l’onde. J’ai mis en pause les relectures du roman qui me posent problème après m’avoir donné des illusions électrifiantes. Dans les supermarchés, l’excitation joyeuse des fêtes approchantes est palpable et Kenny nous emmène dans une kassaverie. Galettes de manioc, jus de canne à sucre. Un panneau dit “la santé d’abord”…

#arbrefromager #botanique #bumindom #carnetsdevoyage #colonialisme #colonialismeetplantarions #écriture #euphorbecandélabre #friends #guadeloupe #histoiredelesclavage #histoiresglanées #minirécit #nomsquisinsèrent #rencontresétagées #schopenhauer #vedanta
24 décembre 2022
à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne
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à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux chaussés de baskets Vuitton, le sac Vuitton, lui râle, il ne veut pas embarquer, pas rentrer aux États-Unis,
tu as ton expo demain , « your art show », ce sera bien
et puis elle ajoute:
tu leur diras que tu as vu l’expo Hockney en personne.. .
petit orgueil qui cherche à se propager,
je me rends compte que la femme aux cheveux blancs devant eux, dans un pantalon ultra large, est la mère de la mère, elles échangent des mots rapides, durs

par la fenêtre, je note Air Mali

dans la file d’embarquement du vol pour Washington à la porte suivante, une autre femme échange quelques mots avec un jeune mec, elle sans doute la soixantaine joyeuse, dynamique mais un peu défraichie, l’allure est imparfaite, lui la vingtaine souriante, il est poli, il répond puis il attend de passer à autre chose, on sent la gêne rapide qui flotte dans l’air puis ils se tournent l’un l’autre vers les grandes baies vitrées derrière lesquelles les avions décollent

je lis Denis Gombert, beau texte, léger et grave et gai dans le même temps, la vie en roue libre, les instants qui défilent à toute allure et les reflets qui changent à chaque mouvement, ça scintille de vie, comme lui

les images du pape Léon s’affichent sur les écrans, il s’est rendu sur la tombe de François, de bons échos jusqu’ici, une continuité sur la défense des plus démunis, le refus de la puissance, le front contre la stupidité des nationalismes arrogants

survolé Londres, tout était clair, limpide
envoyé un message à Danny

#carnetsdevoyage #carnetsintermittents #friends #littérature #notretemps #volderetour
14 mai 2025
Le Barbican, le béton toujours, une oasis en forte… - Antoine Vigne
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Le Barbican, le béton toujours, une oasis en forteresse au milieu de la ville. Je (re)-découvre Londres avec Danny, des jours joyeux, ensoleillés, les goûts communs pour les matériaux, l’architecture, la sensualité de l’espace et des rencontres. Danny en guide donc. Derek Jarman revient sans cesse, la référence à sa maison de Dungeoness, à son journal, le lien avec la quarantaine du Mpox pendant laquelle Danny lit ces textes, je me mets à lire le même récit de 1989, impossible de ne pas penser à d’autres journaux intimes, les Guibert, Lagarce, Keith Haring et tous les autres, tous écrits dans les années 80/90.

(J’écris ces mots samedi matin:
le sida = la mort gay, la mort sacrificielle du Christianisme, le poids des fautes présumées, à la fois celles de la promiscuité, de Sodome et du paradis perdu, et par ailleurs le péché d’indifférence de la société. En ce sens, les morts du sida achètent la bonne conscience d’une foule anxieuse de son confort moral. )

Le Barbican donc, comment n’étais-je jamais venu ici ? les coursives, les perspectives, les bassins, la fontaine, les murs romains qui veillent sur le côté. Je pourrais passer des heures à regarder, à aller d’un point de vue à l’autre, prendre des photos, il y a une perfection de la perspective enfermée, des lignes droites que neutralisent les voutes en berceau (l’anglais dit barrel vault donc voute en baril, c’est moins doux) surmontant le tout et se répétant dans divers éléments.

Pourquoi cet amour du béton: Danny répète qu’il est un matériau solide, brut, je le vois comme un matériau qui se désagrège aussi, je vois le sable qui le constitue, je vois les fers qui ressurgissent, je vois les bunkers que les plages puis l’océan enfouissent et engloutissent, je vois la couleur qui se fond dans le paysage, les lierres qui dégringolent sur la surface qui n’avait jamais été parfaitement lisse, je vois les aspérités tout autant que la matière qui résiste aux radiations.

 

#architecture #barbican #béton #carnetsdevoyage #friends #homosexualité #london #poèmesenbéton #sida
7 mai 2025
Lisbonne donc. Jours bénis avec Jonathan. Sinusit… - Antoine Vigne
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Lisbonne donc. Jours bénis avec Jonathan. Sinusite pourtant, qui m’empêche violemment de dormir, de me lever tôt, de profiter comme je le voudrais. La ville se dévoile au fil des rues, des collines, la Praça dos flores en bas de l’appartement, et puis les installations et les performances de la saison contemporaine japonaise Engawa conçue par Emmanuelle. Course autour du ballon sans cesse évasif du collectif Mê (au lever du jour sur la Praça do Commercio, près de la tour de Belem face à l’embouchure du Tage, mais nous le ratons toujours). Nous marchons, Jonathan et moi, heureux d’être là ensemble, je l’écoute me dire que ce n’est pas grave de flâner, d’aller à son rythme, nous rentrons dans les galeries de design autour de Sao Bento, le LisbonMobler, puis nous remontons les quais, nous trouvons le musée des arts antiques recommandé par Steve pour la Tentation de Saint Antoine de Bosch. Elle est là, sans foule, sans personne en fait, relativement petite de taille mais envoutante comme tous les Bosch. Le flou sur la signification, la prolixité des chimères, des associations folles, des corps torturés, juxtaposés, les visions dont on ne sait pas si elles sont fabuleuses ou monstrueuses mais toujours délicatement peintes, offertes, proposées comme des délices. Et le saint, le saint au milieu qui observe le monde, qui ne garde qu’un doigt mollement pointé vers la minuscule chapelle où un Christ solitaire montre un Christ en Croix sans qu’on sache vraiment ce qui restera de ce petit bout de divinité auréolée perdue dans un réel qui prolifère, qui ne cesse d’inventer de nouvelles possibilités. Nous restons longtemps puis nous continuons, trouvons une autre tentation de saint Antoine, de David Téniers cette fois, puis des apôtres de Murillo. Le jardin qui surplombe l’un des ports industriels du Tage est une petite oasis de terrasse où nous nous installons rapidement avant la fermeture, avant de poursuivre vers Belem et le musée maritime fermé mais dont nous longeons les bassins, la halle en béton qui laisse entrevoir des nefs de gala.

#art #emmanuelledemontgazon #flâner #friends #jonathan #lisboa #lisbonne #minirécit
28 juillet 2023
Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’expos… - Antoine Vigne
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Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’exposition de Gego, les sculptures qui habitent l’espace sans l’habiter, la simplicité de l’objet qui se perçoit et qui s’efface dans le même temps, des tapisseries insaisissables dessinent des graphes, des courbes de niveau, des chutes (d’eau?), la pesanteur, une sphère dans une sphère, cheminement vers un abstrait qui joue avec la forme, avec le fantôme du volume, une géométrie qui ne contraint plus. Certains élans me rappellent ceux des dessins de Lebbeus Woods. Mais je crois que la juxtaposition avec le travail de Sarah Sze dessert l’exposition, son exubérance devient chaotique et incontrôlée, à la différence de la sophistication simple des oeuvres de Gego. En toile de fond, l’image de Caracas, de la modernité de Villanueva et le béton, encore, toujours.

Deux films sur Baldwin regardés hier soir avec Jonathan sur le Criterion Channel, l’un à Paris, l’autre à Istanbul, des entretiens dont la prescience fascine, la ligne s’annonce toute droite entre son insistance que le dialogue est impossible avec son interviewer qui ne peut pas penser l’enfermement noir et les mouvements contemporains, Black Lives Matter, la décolonisation de nos cultures, la fin d’une civilisation occidentale en perspective. Il avait déjà tout vu, tout pensé. Son refus de se laisser entraîner dans un dialogue dont le présupposé est biaisé est prophétique. Même si cela en agacera certains.

Aussi, traverser la ville puis Central Park à vélo. Soirée chez Bénédicte et Keith, rencontres, lectures de Racine que j’entreprends de relire in extenso. Violaine Bérot aussi, et Audrey Lorde.

Et film époustouflant de Sam Green vendredi soir au Film Forum avec Steve et Michael: 32 Sounds. En émerge la figure d’Anna Lockwood et la recherche de la musique. Lien à Bernie Krause aussi évidemment. Et puis le 4’33 de John Cage. Pensé à Philip Glass et Terry Riley dont je ne réussissais plus à me rappeler le nom. Vision d’In C. Toutes les recherches expérimentales sur la musique se chevauchent.

#art #friends #littérature
12 juin 2023
Belle semaine en fait, dense et compliquée par ce… - Antoine Vigne
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Belle semaine en fait, dense et compliquée par certains aspects, le retour – je dirais la rentrée comme on parle d’une rentrée dans l’atmosphère – à New York est toujours compliqué, dense, fait de mondes qui s’entrechoquent, un désir que l’ajustement se fasse sans vagues mais les ondulations concentriques continuent de se faire sentir généralement pendant des jours qui deviennent parfois semaines… gérer le débordement d’un monde sur l’autre donc.

Conversation avec Azu Nwagbogu pour un article/entretien à venir dans L’Architecture d’aujourd’hui. Bel échange, la notion de scène africaine compliquée, la question des restitutions comme manière de penser l’humanité, la perte d’une intelligence, dit-il, cela me fait penser au Rêve mexicain de Le Clezio, l’idée d’une pensée interrompue dont nous avons mal conscience mais dont la trace pourrait se retrouver enfin dans la création, la photographie contemporaine notamment. Des noms, des images – Thierry Oussou, Moufouli Bello, Joana Choumali, et puis évidemment Zanele Muholi, Ibrahim Mahama), envie de creuser comme toujours dans ces moments-là, comment garder le cap et chercher dans les méandres qui s’offrent ?

Cécile à la maison une partie de la semaine. Marches longues. Échanges sur le manque, le deuil. Hier soirée à San Pedro Tavern à Red Hook autour d’Anthony et Sammy qui partent pour Berlin pour trois mois. Conversation longue avec Eric de narchitects, à propos Giono étonnamment puisque je viens de relire la Naissance de l’Odyssée… mais à propos de son père aussi, de son rapport à l’écriture. Dans une librairie sur le chemin, trouvé La Seconde de Colette et ses Lettres au petit corsaire, ainsi qu’un Naomi Klein et livre à la couverture de 73 qui m’attire évidemment.

 

#art #friends #jonathan #littérature #minirécit #ondulationsconcentriques #rentréedanslatmosphère #sanpedrotavern #semainederetour
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Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de … - Antoine Vigne
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Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de la musique partout. Pas un où j’ai vraiment trouvé le calme depuis un mois alors que, chaque fois, avant d’entrer, j’espère. Bouchons d’oreilles donc, pour m’enfermer dans un espace qui convient et travailler. Le silence comme un luxe inaccessible. Mais la Porte Dorée reste un havre où je me retrouve, et cela englobe le café des Cascades et sa musique… parce que baucoup d’histoires mêlées s’y croisent, parlent de Charenton, de ma grand-mère, ma tante, mon parrain et Danièle, la Foire du Trône, ma mère évidemment et mes séjours contemporains.

Rennes avec Arthur, deux jours seulement, journée à Saint-Malo, la foule des grands jours dans les rues minérales qui manquent de charme. Peut-être est-ce la promiscuité, je ne m’identifie pas à ces couleurs, mais la grandeur refaite dans les années 1940-1950 par Louis Arretche incarne l’un des fantômes de la reconstruction qui me suivent et qui racontent un monde où j’ai eu l’impression de grandir. Envie de chercher plus loin l’histoire de ces villes entièrement réinventées après la guerre, la signification de l’urbanisme social, le conflit de l’identique et de la modernité, le béton qui sauve.

Belle marche ensuite sur le Sillon depuis les rochers sculptés de Rothéneuf. Histoire étrange de l’abbé Fouré et ses oeuvres d’art brut qui échappent complètement à la sphère religieuse. Cet espace vide entre sa vie spirituelle et sa pratique artistique m’intrigue.

Rennes, les Horizons, la ville moderne. Mon oeil se réfugie toujours dans ces lignes droites.

 

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25 avril 2023
D’autres rencontres, d’autres moments: la visi… - Antoine Vigne
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D’autres rencontres, d’autres moments: la visite du jardin botanique (des noms qui s’insèrent dans la promenade: euphorbes candélabres, cactus clergé, le Bakoua aux racines tentaculaires, le Gommier rouge, le figuier pleureur) et des histoires encore, celle de l’arbre qu’on appelle fromager autour duquel rodent des esprits troubles liés à l’esclavage, aux tortures infligées contre son écorce en épines drues. Le soir, nous retrouvons Nathalie et ses amis sur la plage de la Perle puis nous allons chercher un coucher de soleil qui se pose juste au bout d’une pointe rocheuse à Grande Anse. Mathis (autre rencontre de notre premier soir au Paradise Café) nous rejoint, me parle de danse Lewoz et de maitre Ka. Mais la conversation repart sur l’histoire politique de la Guadeloupe, le rhum, les défis agricoles de l’île, le Bumindom ou Bureau des migrations d’outre-mer dont il me faut un moment pour retrouver la mémoire enfouie dans de vieux souvenirs des cours à Sciences-Po. Là encore, un fil à tirer, une histoire à aller chercher. Mais la rencontre la plus inattendue : celle de Sabine qui voyage seule depuis Munich et nous raconte ses étés d’enfance à suivre sa grand-mère en Inde sur les traces de Schopenhauer et du védanta. Les histoires se croisent, défilent comme les vagues qu’on aperçoit se former sur la barrière de corail, au large, et qui n’arrivent jamais complètement jusqu’à la plage parce qu’elles replongent et se fondent dans l’onde. J’ai mis en pause les relectures du roman qui me posent problème après m’avoir donné des illusions électrifiantes. Dans les supermarchés, l’excitation joyeuse des fêtes approchantes est palpable et Kenny nous emmène dans une kassaverie. Galettes de manioc, jus de canne à sucre. Un panneau dit “la santé d’abord”…

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24 décembre 2022