Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne Au détour de recherches - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Au détour de recherches - Antoine Vigne

Au détour de recherches, je lis sur Mauriac, puis sur Jouhandeau.
Je reconnais chez eux les tortures de la sensualité qui ne peut pas se libérer du carcan où elle a été enfermée, soumise à une vérité dominatrice, totalitaire, aux préceptes, à l’idée de Dieu, engoncée dans le vocabulaire de la faute, de la pureté, et qui s’invente, dans le mysticisme, une voie de salut. De survie serait sans doute plus juste. Elle cherche l’incarnation dans les entre-deux, le soleil perçant aveuglément dans les nuages, c’est un vol qui ne trouve jamais le grand bleu mais des éblouissements rassurants, réconfortants après les nuits d’orage, après les grêles intenses, le désir et l’amour ne les lâchent jamais.

Cette citation de Jouhandeau :

“Je ne devrais plus penser qu’à Dieu et quelqu’un me dispute à Lui, comme si l’Océan sortait de son lit pour l’amour d’un rocher contre lequel il ne saurait que se briser ou comme si mon regard oubliait le Ciel pour suivre un nuage”.

C’est déchirant.

et puis cette phrase aussi:

“On ne peut adorer l’Éternel sans laisser d’être sensible aux idoles qu’il est permis de toucher.”

D’autres passages fabuleux dans la correspondance entre Leiris et Jouhandeau qui ont été amants
Leiris dans une lettre à Jouhandeau en 1926:

“le silence – image de l’absolu – pouvait seul donner une idée de la façon dont m’avaient frappé tes paroles. Je n’ai pas cru devoir, par des vocables humains, essayer d’exprimer mon émotion, profonde comme un filet de sang dans la blancheur d’un os, liquide vivant serré entre les ais rigides de l’éternel. […] Notre amitié est située hors des lieux et des temps, sur la plage immense de l’absolu. Il y a des épaves, des albatros, des ossements de noyés. Il y a des trésors sortis des galions défoncés. Il y a des galets durs et polis comme des crânes, des vagues douces et monstrueuses”.

La poésie les sauve sans les racheter.
Impossible de ne pas penser aux ravages de la religion aujourd’hui encore. Derrière les atours de ce que réussit à extirper la souffrance à l’être.

#écrire #homosexualité #jouhandeau #journauxintimes #leiris #littérature #mauriac
23 mai 2025
Joli séjour à Porto Vecchio, des ateliers d’é… - Antoine Vigne

Joli séjour à Porto Vecchio, des ateliers d’écriture pendant trois jours à l’Animu, la médiathèque de Porto Vecchio, et, par deux fois, avec les classes Segpa, ces classes d’éducation prioritaires dont les élèves sont en difficulté d’apprentissage, notamment quant à la lecture et l’écriture. Un temps béni, je sens le désir, je me dresse devant eux, je raconte ce que je fais, mon chemin, les méandres, l’absence de linéarité dans mon parcours, les succès et les échecs, je cherche des mots simples parce qu’on m’a prévenu que le deuxième degré, la métaphore, constituaient des obstacles, mais je réalise que les obstacles sont ceux de l’offrant autant que ceux des élèves, des recevants, que les mots les touchent, c’est comme une pulsation, le chahut puis le silence, l’attention puis le désordre. Je les invite à écrire, tâche immense de prime abord, mais je leur propose de ne choisir qu’un titre, un personnage, un désir (expliquer le mot désir, le remplacer par le mot envie). Certains grattent le papier, d’autres attendent, le visage penché, surtout lorsque je m’approche pour les accompagner, la peur de dire, la peur de formuler, on ne leur demande sans doute pas assez ce qu’ils ont en eux. Je me sens bien dans ce rôle de passeur, d’accompagnant, même si je sais que c’est facile de ne l’être que pour un jour. Merci en tous cas à Pierre-Xavier, Céline, Donastrella, et aussi à Sandrine, professeur extraordinaire, et à Vincent.

#accompagner #animuportovecchio #ateliersdecriture #carnetsdevoyage #conte #écrire #editionscourtesetlongues #larbrequirevaitdetreunavion #livres #rencontrer #segpa
6 octobre 2023
Des jours, des semaines, le clapot de deux mois sa… - Antoine Vigne
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Des jours, des semaines, le clapot de deux mois sans véritable calme, la succession de pleins qui m’empêchent de trouver l’espace mental qui me convient le mieux. J’essaie de garder le rythme sans vraiment y parvenir mais en continuant d’aligner des mots, des phrases, des idées, des lieux qui changent sans cesse. Je cherche l’endroit de la narration, les visions qui emportent les mots, qui donnent corps à l’histoire. J’entends plus que je n’écoute le brame des cerfs depuis le jardin (un symptôme), je parle à Jonathan mais nous aurions besoin d’être ensemble. Les amplificateurs de peurs et d’anxiété que sont devenus les médias parlent de punaises de lit, d’élections en Slovénie, de coupe du monde de rugby (l’élan, le seul peut-être, un peu forcé tout de même, rapiécé d’images nationales qui ne fonctionnent plus tout à fait même si les gens le refusent, se dressent si on essaie de le leur dire), de planification écologique qu’abime le jeu du politique, de l’hyper-présence emballée du président, des troubles en Amérique, d’une guerre dont les ressorts semblent chaque jour plus éloignés, dont les idéaux s’effacent parce qu’ils se perdent dans un temps que nous n’avons plus l’habitude d’accepter. Je vole vers la Corse pour quelques jours, pour y parler de mon Arbre, d’un conte sans merveilleux qui dit le doute de soi, le combat au quotidien pour se trouver, se retrouver, ne plus se méfier de l’ancrage. Puis tout s’apaisera. Un autre mirage.

 

#carnetsdesaintlaurent #doutequelelendemainvaarriver #écrire #lesgrandscourantsdéquinoxe #meragitée #poursuivre #septembre2023
2 octobre 2023
Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre…. - Antoine Vigne
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Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre. Continuer à écrire. Reprendre ses marques, ses lieux, la Porte Dorée, mon roc dans le bois, courir sous la pluie, des heures au café des Cascades où la musique est trop forte mais les conversations me rappellent immédiatement les différences avec New York, le temps qui passe moins vite, tout ne s’offre pas à emporter. Écrire quand même. Hier, la tension palpable, évidente, triste. Démocratie abîmée par l’usage du pouvoir, un conte classique. L’évidence: nombre de ceux qui avaient voté contre Marine Le Pen à la dernière élection, ne le feront pas à la prochaine… le vaisseau fou s’emballe. Besoin d’un autre modèle de toute façon mais lequel? Hommage aux syndicats. Aux manifestants. Question de la violence, de la non violence aussi qui protège trop souvent l’ordre établi, son mythe. Trouver une voie qui reconnaisse d’abord la violence établie, celle qui écrase au quotidien.

Hier soir, Koltès a l’espacé Cardin du théâtre de la ville. Avec un beau Xavier Gallais. Mais le texte n’est pas servi par l’intrusion de la mise en scène. Un texte compliqué au départ dont je crois qu’il faut pouvoir l’entendre, créer l’espace qui le libère plutôt que d’ajouter des niveaux de sens (l’araméen, le Styx, Cain et Abel, la mort, le trou qui aspire le client à la fin). Mais belle petite soirée quand même. Marcher longtemps pour le métro ensuite au milieu d’une foule qui suit le tracé de la ligne 1 Rue de Rivoli au-dessus des stations fermées.

 

#atterrissage #carnetsbiographiques #danslasolitudedeschampsdecoton #démocratieendanger #écrire #espacecardin #home #koltès #littérature #mesancrages #mouvementsocial #performingarts #poèmesenbéton #rocherduzoo #sentirlaville #tensionetdétente #théâtre #theatredelavilleparis
24 mars 2023
Tant de choses compliquées pendant ce voyage à M… - Antoine Vigne

Tant de choses compliquées pendant ce voyage à Miami. Comme une tempête qui se déploie, the perfect storm, le déséquilibre permanent, l’incapacité de me concentrer, de me libérer du désir, des applis. Avec une forme de violence dans l’intensité du besoin qui mange les heures les unes après les autres, des bouts de nuit dont je sais que je ne les rattraperai pas, qu’elles empièteront sur mon travail la lendemain parce que je me réveillerai à la même heure, toujours. Je travaille quand même, je sais qu’une partie de la difficulté vient de cela, de ce moment de réécriture compliqué où je m’emmêle, je me sens fragile, menacé. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’atmosphère générale de mon voyage, l’impression d’être perdu sans cesse, l’impression de solitude, l’impression de courir après les fantômes tropicaux de mes nuits sur la plage pendant Art Basel quand je travaillais pour Blue Medium, quand mes journéessur les stands et dans les foires se terminaient dans la demi-obscurité près des chaises longues empilées, des cahutes fermées face à la mer autour desquelles se glissaient des formes mouvantes, des corps cherchant et désirant, que je regardais les nuages filer en pensant à Hemingway, en rêvant à cette Floride fantasmée, celle de Julia Tuttle et des Brickell, celles d’un avant engloutissant aussi bien le temps des pionniers que celui des années 30 ou des années 50 ou 70, de l’Art Déco aux grosses voitures, des Juifs de l’après-guerre aux gays de la renaissance sud-floridienne. Mais avant l’argent bourgeois, grossier, stupide de ce maintenant que je ne réussis pas à saisir. Des heures donc, perdues. Essoufflées. Je regarde la mer et la lagune depuis le balcon de l’appartement de Steve. Je contemple les immeubles qui se multiplient, celui qui monte de l’autre côté de la rue, sur Alton Road, je tente trois mots, je m’arrête. Mais rien ne vient. Rien ne vient. Et impossible à ce moment-là de continuer à travailler, les quelques phrases que je jette sur l’écran ne signifient rien, elles sont une tentative de mon esprit de se convaincre que tout va bien, je maitrise, j’avance quand même, allez, un deuxième café pour continuer, mais non, NON, rien, je ne suis pas là.

#autoportraitsfragmentés #carnetsdevoyage #écrire
25 février 2023
Au détour de recherches que je fais pour l’écr… - Antoine Vigne
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Au détour de recherches que je fais pour l’écriture d’un texte pour la Poste sur l’enluminure, ces scènes de l’Apocalypse de Lambert de Saint-Omer et celles de l’Apocalypse de Saint-Sever. Parler de la modernité des œuvres anciennes est un poncif. C’est la notion de modernité qu’il faut questionner, celle qui renvoie à l’image que nous avons de nous-même, de l’histoire, de l’aventure de l’humanité et de l’esthétique, celle de la permanence de l’être aussi, d’une certaine universalité (même si je n’aime pas trop ce mot, ses dangers, ses travers), une certaine élasticité à travers le temps, remettant en cause le fantasme de l’unicité des êtres, de leurs émotions. Nous sentons et voyons le monde si souvent de la même manière. Les réseaux sociaux et la répétition des émerveillements en images toujours similaires en sont la preuve. Si unicité il y a, elle est parfais dans notre expérience, le tohu-bohu de la mise en scène de ce qui nous fait, nous construit singulièrement. Mais, face au monde, nous revivons ce que tant d’autres vivent, ont vécu, de la fragmentation et de l’atomisation du quotidien, de l’expression. D’où le surgissement de ces images du XIe et XIIIe siècle qui semblent des bandes dessinées contemporaines. Et qui m’envoûtent.

#bandedessinée #bd #création #écrire #enluminure #enpensantàjoandidion #fantasmedeluniversalité #fragmentationetatomisation #jourderecherche #littérature #livres #nypl #tohubohudesémotions
22 février 2023
Quelques notes lors de l’exposition Wolfgang Til… - Antoine Vigne
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Quelques notes lors de l’exposition Wolfgang Tillmans au MoMA: une forme d’exubérance immédiate et chaotique, rhyzomique. L’intimité des petits formats qui font pendant aux grands tirages. Une exposition dans laquelle il faut flotter, le rapport à l’œuvre est différent, moins symbiotique, moins unilatéral. Il se projette dans la multiplicité (des images, des supports, des formats) qui définissent autant de rapports au réel, à l’image, à l’intimité qu’on entretient avec elle, intimité intellectuelle, affective, sensorielle. Il y a quelque chose qui me rend heureux. Les gens passent dans l’exposition, ils marchent souvent sans s’arrêter, sans savoir ce qu’il faut regarder. Assez étrange et jouissif (triste aussi?).

Submersion dans l’intime, le quotidien, l’image qui pause sur un moment puis repart. S’accroche à tout. Sans suite logique nécessaire.

Le portrait d’époques (années 90, 2000, 2010, je suis en parfait symbiose, c’est mon monde), visions de moments simplement incarnés dans leur matérialité (celle des personnes, celles des objets dans leur présence autour des personnes, celle de la photographie), et d’autres où émergent les intuitions relationnelles, qui ont trait à des renvois, des passages vers d’autres univers, des fils qui se tissent (la vidéo des petits pois qui cuisent sur le fond de voix entendues par la fenêtre de l’appartement).

L’astronomie et les limites du visible (boundaries of the visible), la question de la réception de l’information comme vérité dans nos sociétés, la présomption de la vérité écrite qui nous incite à croire autant qu’à défier. Je pense alors: méfiance et confiance coexistent sans cesse. La photo au cœur de cette problématique évidente.

Fascination pour le papier (l’autorité métaphysique des FreiSchwimmer). J’aime cette obsession.

Je comprends cette démarche de tout vouloir intégrer, image, son, visions, intuitions, sensations. J’ai le même désir dans l’écriture. Recherche ultra sensorielle.

 

#art #artcontemporain #écrire #écriture #homosexualité #moma #photographie #ultrasensoriel #wolfgangtillmans
5 décembre 2022
Au détour de recherches - Antoine Vigne

Au détour de recherches, je lis sur Mauriac, puis sur Jouhandeau.
Je reconnais chez eux les tortures de la sensualité qui ne peut pas se libérer du carcan où elle a été enfermée, soumise à une vérité dominatrice, totalitaire, aux préceptes, à l’idée de Dieu, engoncée dans le vocabulaire de la faute, de la pureté, et qui s’invente, dans le mysticisme, une voie de salut. De survie serait sans doute plus juste. Elle cherche l’incarnation dans les entre-deux, le soleil perçant aveuglément dans les nuages, c’est un vol qui ne trouve jamais le grand bleu mais des éblouissements rassurants, réconfortants après les nuits d’orage, après les grêles intenses, le désir et l’amour ne les lâchent jamais.

Cette citation de Jouhandeau :

“Je ne devrais plus penser qu’à Dieu et quelqu’un me dispute à Lui, comme si l’Océan sortait de son lit pour l’amour d’un rocher contre lequel il ne saurait que se briser ou comme si mon regard oubliait le Ciel pour suivre un nuage”.

C’est déchirant.

et puis cette phrase aussi:

“On ne peut adorer l’Éternel sans laisser d’être sensible aux idoles qu’il est permis de toucher.”

D’autres passages fabuleux dans la correspondance entre Leiris et Jouhandeau qui ont été amants
Leiris dans une lettre à Jouhandeau en 1926:

“le silence – image de l’absolu – pouvait seul donner une idée de la façon dont m’avaient frappé tes paroles. Je n’ai pas cru devoir, par des vocables humains, essayer d’exprimer mon émotion, profonde comme un filet de sang dans la blancheur d’un os, liquide vivant serré entre les ais rigides de l’éternel. […] Notre amitié est située hors des lieux et des temps, sur la plage immense de l’absolu. Il y a des épaves, des albatros, des ossements de noyés. Il y a des trésors sortis des galions défoncés. Il y a des galets durs et polis comme des crânes, des vagues douces et monstrueuses”.

La poésie les sauve sans les racheter.
Impossible de ne pas penser aux ravages de la religion aujourd’hui encore. Derrière les atours de ce que réussit à extirper la souffrance à l’être.

#écrire #homosexualité #jouhandeau #journauxintimes #leiris #littérature #mauriac
23 mai 2025
Joli séjour à Porto Vecchio, des ateliers d’é… - Antoine Vigne

Joli séjour à Porto Vecchio, des ateliers d’écriture pendant trois jours à l’Animu, la médiathèque de Porto Vecchio, et, par deux fois, avec les classes Segpa, ces classes d’éducation prioritaires dont les élèves sont en difficulté d’apprentissage, notamment quant à la lecture et l’écriture. Un temps béni, je sens le désir, je me dresse devant eux, je raconte ce que je fais, mon chemin, les méandres, l’absence de linéarité dans mon parcours, les succès et les échecs, je cherche des mots simples parce qu’on m’a prévenu que le deuxième degré, la métaphore, constituaient des obstacles, mais je réalise que les obstacles sont ceux de l’offrant autant que ceux des élèves, des recevants, que les mots les touchent, c’est comme une pulsation, le chahut puis le silence, l’attention puis le désordre. Je les invite à écrire, tâche immense de prime abord, mais je leur propose de ne choisir qu’un titre, un personnage, un désir (expliquer le mot désir, le remplacer par le mot envie). Certains grattent le papier, d’autres attendent, le visage penché, surtout lorsque je m’approche pour les accompagner, la peur de dire, la peur de formuler, on ne leur demande sans doute pas assez ce qu’ils ont en eux. Je me sens bien dans ce rôle de passeur, d’accompagnant, même si je sais que c’est facile de ne l’être que pour un jour. Merci en tous cas à Pierre-Xavier, Céline, Donastrella, et aussi à Sandrine, professeur extraordinaire, et à Vincent.

#accompagner #animuportovecchio #ateliersdecriture #carnetsdevoyage #conte #écrire #editionscourtesetlongues #larbrequirevaitdetreunavion #livres #rencontrer #segpa
6 octobre 2023
Des jours, des semaines, le clapot de deux mois sa… - Antoine Vigne
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Des jours, des semaines, le clapot de deux mois sans véritable calme, la succession de pleins qui m’empêchent de trouver l’espace mental qui me convient le mieux. J’essaie de garder le rythme sans vraiment y parvenir mais en continuant d’aligner des mots, des phrases, des idées, des lieux qui changent sans cesse. Je cherche l’endroit de la narration, les visions qui emportent les mots, qui donnent corps à l’histoire. J’entends plus que je n’écoute le brame des cerfs depuis le jardin (un symptôme), je parle à Jonathan mais nous aurions besoin d’être ensemble. Les amplificateurs de peurs et d’anxiété que sont devenus les médias parlent de punaises de lit, d’élections en Slovénie, de coupe du monde de rugby (l’élan, le seul peut-être, un peu forcé tout de même, rapiécé d’images nationales qui ne fonctionnent plus tout à fait même si les gens le refusent, se dressent si on essaie de le leur dire), de planification écologique qu’abime le jeu du politique, de l’hyper-présence emballée du président, des troubles en Amérique, d’une guerre dont les ressorts semblent chaque jour plus éloignés, dont les idéaux s’effacent parce qu’ils se perdent dans un temps que nous n’avons plus l’habitude d’accepter. Je vole vers la Corse pour quelques jours, pour y parler de mon Arbre, d’un conte sans merveilleux qui dit le doute de soi, le combat au quotidien pour se trouver, se retrouver, ne plus se méfier de l’ancrage. Puis tout s’apaisera. Un autre mirage.

 

#carnetsdesaintlaurent #doutequelelendemainvaarriver #écrire #lesgrandscourantsdéquinoxe #meragitée #poursuivre #septembre2023
2 octobre 2023
Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre…. - Antoine Vigne
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Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre. Continuer à écrire. Reprendre ses marques, ses lieux, la Porte Dorée, mon roc dans le bois, courir sous la pluie, des heures au café des Cascades où la musique est trop forte mais les conversations me rappellent immédiatement les différences avec New York, le temps qui passe moins vite, tout ne s’offre pas à emporter. Écrire quand même. Hier, la tension palpable, évidente, triste. Démocratie abîmée par l’usage du pouvoir, un conte classique. L’évidence: nombre de ceux qui avaient voté contre Marine Le Pen à la dernière élection, ne le feront pas à la prochaine… le vaisseau fou s’emballe. Besoin d’un autre modèle de toute façon mais lequel? Hommage aux syndicats. Aux manifestants. Question de la violence, de la non violence aussi qui protège trop souvent l’ordre établi, son mythe. Trouver une voie qui reconnaisse d’abord la violence établie, celle qui écrase au quotidien.

Hier soir, Koltès a l’espacé Cardin du théâtre de la ville. Avec un beau Xavier Gallais. Mais le texte n’est pas servi par l’intrusion de la mise en scène. Un texte compliqué au départ dont je crois qu’il faut pouvoir l’entendre, créer l’espace qui le libère plutôt que d’ajouter des niveaux de sens (l’araméen, le Styx, Cain et Abel, la mort, le trou qui aspire le client à la fin). Mais belle petite soirée quand même. Marcher longtemps pour le métro ensuite au milieu d’une foule qui suit le tracé de la ligne 1 Rue de Rivoli au-dessus des stations fermées.

 

#atterrissage #carnetsbiographiques #danslasolitudedeschampsdecoton #démocratieendanger #écrire #espacecardin #home #koltès #littérature #mesancrages #mouvementsocial #performingarts #poèmesenbéton #rocherduzoo #sentirlaville #tensionetdétente #théâtre #theatredelavilleparis
24 mars 2023
Tant de choses compliquées pendant ce voyage à M… - Antoine Vigne

Tant de choses compliquées pendant ce voyage à Miami. Comme une tempête qui se déploie, the perfect storm, le déséquilibre permanent, l’incapacité de me concentrer, de me libérer du désir, des applis. Avec une forme de violence dans l’intensité du besoin qui mange les heures les unes après les autres, des bouts de nuit dont je sais que je ne les rattraperai pas, qu’elles empièteront sur mon travail la lendemain parce que je me réveillerai à la même heure, toujours. Je travaille quand même, je sais qu’une partie de la difficulté vient de cela, de ce moment de réécriture compliqué où je m’emmêle, je me sens fragile, menacé. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’atmosphère générale de mon voyage, l’impression d’être perdu sans cesse, l’impression de solitude, l’impression de courir après les fantômes tropicaux de mes nuits sur la plage pendant Art Basel quand je travaillais pour Blue Medium, quand mes journéessur les stands et dans les foires se terminaient dans la demi-obscurité près des chaises longues empilées, des cahutes fermées face à la mer autour desquelles se glissaient des formes mouvantes, des corps cherchant et désirant, que je regardais les nuages filer en pensant à Hemingway, en rêvant à cette Floride fantasmée, celle de Julia Tuttle et des Brickell, celles d’un avant engloutissant aussi bien le temps des pionniers que celui des années 30 ou des années 50 ou 70, de l’Art Déco aux grosses voitures, des Juifs de l’après-guerre aux gays de la renaissance sud-floridienne. Mais avant l’argent bourgeois, grossier, stupide de ce maintenant que je ne réussis pas à saisir. Des heures donc, perdues. Essoufflées. Je regarde la mer et la lagune depuis le balcon de l’appartement de Steve. Je contemple les immeubles qui se multiplient, celui qui monte de l’autre côté de la rue, sur Alton Road, je tente trois mots, je m’arrête. Mais rien ne vient. Rien ne vient. Et impossible à ce moment-là de continuer à travailler, les quelques phrases que je jette sur l’écran ne signifient rien, elles sont une tentative de mon esprit de se convaincre que tout va bien, je maitrise, j’avance quand même, allez, un deuxième café pour continuer, mais non, NON, rien, je ne suis pas là.

#autoportraitsfragmentés #carnetsdevoyage #écrire
25 février 2023
Au détour de recherches que je fais pour l’écr… - Antoine Vigne
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Au détour de recherches que je fais pour l’écriture d’un texte pour la Poste sur l’enluminure, ces scènes de l’Apocalypse de Lambert de Saint-Omer et celles de l’Apocalypse de Saint-Sever. Parler de la modernité des œuvres anciennes est un poncif. C’est la notion de modernité qu’il faut questionner, celle qui renvoie à l’image que nous avons de nous-même, de l’histoire, de l’aventure de l’humanité et de l’esthétique, celle de la permanence de l’être aussi, d’une certaine universalité (même si je n’aime pas trop ce mot, ses dangers, ses travers), une certaine élasticité à travers le temps, remettant en cause le fantasme de l’unicité des êtres, de leurs émotions. Nous sentons et voyons le monde si souvent de la même manière. Les réseaux sociaux et la répétition des émerveillements en images toujours similaires en sont la preuve. Si unicité il y a, elle est parfais dans notre expérience, le tohu-bohu de la mise en scène de ce qui nous fait, nous construit singulièrement. Mais, face au monde, nous revivons ce que tant d’autres vivent, ont vécu, de la fragmentation et de l’atomisation du quotidien, de l’expression. D’où le surgissement de ces images du XIe et XIIIe siècle qui semblent des bandes dessinées contemporaines. Et qui m’envoûtent.

#bandedessinée #bd #création #écrire #enluminure #enpensantàjoandidion #fantasmedeluniversalité #fragmentationetatomisation #jourderecherche #littérature #livres #nypl #tohubohudesémotions
22 février 2023
Quelques notes lors de l’exposition Wolfgang Til… - Antoine Vigne
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Quelques notes lors de l’exposition Wolfgang Tillmans au MoMA: une forme d’exubérance immédiate et chaotique, rhyzomique. L’intimité des petits formats qui font pendant aux grands tirages. Une exposition dans laquelle il faut flotter, le rapport à l’œuvre est différent, moins symbiotique, moins unilatéral. Il se projette dans la multiplicité (des images, des supports, des formats) qui définissent autant de rapports au réel, à l’image, à l’intimité qu’on entretient avec elle, intimité intellectuelle, affective, sensorielle. Il y a quelque chose qui me rend heureux. Les gens passent dans l’exposition, ils marchent souvent sans s’arrêter, sans savoir ce qu’il faut regarder. Assez étrange et jouissif (triste aussi?).

Submersion dans l’intime, le quotidien, l’image qui pause sur un moment puis repart. S’accroche à tout. Sans suite logique nécessaire.

Le portrait d’époques (années 90, 2000, 2010, je suis en parfait symbiose, c’est mon monde), visions de moments simplement incarnés dans leur matérialité (celle des personnes, celles des objets dans leur présence autour des personnes, celle de la photographie), et d’autres où émergent les intuitions relationnelles, qui ont trait à des renvois, des passages vers d’autres univers, des fils qui se tissent (la vidéo des petits pois qui cuisent sur le fond de voix entendues par la fenêtre de l’appartement).

L’astronomie et les limites du visible (boundaries of the visible), la question de la réception de l’information comme vérité dans nos sociétés, la présomption de la vérité écrite qui nous incite à croire autant qu’à défier. Je pense alors: méfiance et confiance coexistent sans cesse. La photo au cœur de cette problématique évidente.

Fascination pour le papier (l’autorité métaphysique des FreiSchwimmer). J’aime cette obsession.

Je comprends cette démarche de tout vouloir intégrer, image, son, visions, intuitions, sensations. J’ai le même désir dans l’écriture. Recherche ultra sensorielle.

 

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5 décembre 2022