Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne Pedro Lemebel - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
En lisant (saint) Augustin, hier : - Antoine Vigne

En lisant (saint) Augustin, hier :

comment puis-je en le lisant à la fois percevoir ce qui m’a construit, le jeune, la prière, la contemplation,
et en rejeter tout ce qui m’a abîmé, les injonctions, le rejet de la chair, la haine de la sensualité

pourquoi cette incapacité chez lui d’accepter qu’on ne contrôle pas tout, ni ses désirs, ni ses pensées, pourquoi penser que cette incapacité, plutôt qu’être une richesse, le siège de l’élan, de l’intuition, des émotions, du rapport au monde, est un dysfonctionnement qu’il faut mater? pourquoi ce refus de l’être?

Il entraine à sa suite des siècles d’abus commis par l’Eglise et une part immense de la tradition chrétienne envers des générations d’êtres humains auxquels on dit : ne vivez pas ce que vous êtes. Exactement comme on bandait les pieds des femmes à certaines époques de la civilisation chinoise: cultures de mort donc qui se prétendent être la vie. Renversement de la réalité, celui qui s’en extrait dit qu’il est la réalité. Chatoiement du mensonge. Le même dispositif est à l’oeuvre aujourd’hui dans les tendances réactionnaires de nos pays.

pourquoi avoir laissé un homme qui apparemment n’aimait pas sa sexualité ni sa vie nous expliquer qu’il fallait que nous abandonnions tous nos vies, nos corps?

ne pourrions-nous pas l’enterrer une bonne fois pour toutes… laisser sa voix mourir dans le désert? choisir ceux qui aiment plutôt que ceux qui disent aimer mais se détournent du seul amour qui existe, du seul désir qui compte.

choisir Pélage contre Augustin

(Retourne toi, Augustin, Antoine Vigne, 2025)

#homosexualité #religion
23 juin 2025
Star Wars hier soir… et je me réveille en pensa… - Antoine Vigne

Star Wars hier soir… et je me réveille en pensant à la valeur des grandes histoires épiques de notre époque, aux discours politiques qui se radicalisent, le bien et le mal comme deux camps opposés, deux camps entre lesquels on nous demande de choisir sans cesse, on n’appartient forcément à l’un ou à l’autre, Jedi ou Starship Trooper, fasciste ou allié, universaliste ou communautariste, pro et anti (avortement, trans, écologie, etc.). Même les immigrants sont classés entre bons et mauvais (légaux et illégaux). Et cela me ramène à héritage de l’idée de sainteté, l’idée de pureté, que toute demi-mesure nous rejette du côté de la tiédeur, qu’on doit être entier, certain de ses convictions, engagé dans le grand combat qui se joue pour rejoindre le camp des élus, des alliés (la même terminologie revient sans cesse dans les conflits contemporains). Alors que nous sommes l’inverse d’un roc, alors que nous vivons dans le temps qui nous pétrit et nous change en permanence, que nos émotions et nos jugements sont aussi la proie de nos états physiques, de la météo, de tant et tant de facteurs évolutifs. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de gouverne, de cap, de vérités, de convictions, de bien. Je dis simplement que, dans un monde où la radicalisation politique tient aussi à une conception du bien et du mal comme deux camps irréconciliables, il serait bon de ne pas se gaver de narrations qui abreuvent notre besoin de nous sentir “LE/LA” juste, de revenir à cette idée plus grecque de la tragédie où personne n’est véritablement bon, pas même les dieux. Qu’il n’y a pas de résolution finale, juste la poursuite d’une aventure chaotique où les moments d’illumination et d’apaisement coexistent avec des aspects plus sombres et nécessaires. Accepter ces aspects sombres en nous plutôt que chercher à les éradiquer, c’est mieux les contrôler, mieux vivre, moins mettre en danger l’autre de notre aspiration illusoire a une pureté qui n’existe pas. C’est refuser la guerre qui est toujours une manière de penser qu’il y a un bien et un mal évidents. Revenir à une échelle humaine, celle des vies à sauver plutôt que des camps à défendre.

#religion #sainteté #sauverdesvies
29 décembre 2024
Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne
x
x
x
x

Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtre des Champs Elysées la semaine dernière.
La musique de Poulenc d’abord. Des accents qui vont d’un mysticisme qui me rappelle Nadia Boulanger quand elle dirige le requiem de Fauré, les arches sombres des églises de la fin du XIXe et du début du XXe, de Montmartre au Saint-Esprit, des voutes en béton, la matière pèse, une école française de la musique, et jusqu’à Aaron Copland ou aux musiques d’Hollywood.
Le texte sublime mais je ne comprends pas pourquoi la première scène est-elle si plate, si pauvre dans l’écriture, elle n’ouvre à rien, elle se donne sans relief quand le reste du texte s’envole, manie le vide, le plein, le désir, la mortification, la violence – du temps, du corps, le refus de la sensualité,…
La voix de Véronique Gens (Madame Lidoine), Manon Lamaison (soeur Constance) et de Sathy Ratia (Chevalier de la Force).
La mise en scène d’Olivier Py, la justesse de la dernière scène malgré le son défaillant de la guillotine dans les hauts-parleurs qui nous surplombent et qui abime le moment, mais le mouvement des corps qui dansent leur mort et l’envolée mystique fonctionne. D’autres moments sont plus ambigus, notamment dans le rapport de Blanche avec son frère.
Mais l’ensemble est saisissant. Un monument encore. Le mysticisme de Poulenc me fascine dans sa relation troublée par l’homosexualité, la tension de l’émotion corporelle qui se sait ne pas pouvoir vivre l’intensité qui émane d’elle. Encore plus fasciné lorsque je pense aux discussions entre Poulenc et Samuel Barber, mêmes désirs, même élans, même secret douloureux que la musique exprime.

 

#dialoguedescarmélites #georgesbernanos #homosexualité #mysticisme #olivierpy #opera #performingarts #poulenc #religion #samuelbarber
17 décembre 2024
la pauvreté, le dépouillement, la sobriétéév… - Antoine Vigne

la pauvreté, le dépouillement, la sobriété
évangéliques évidemment ces mots
mais où sont-ils dans le faste
où sont-ils dans l’invitation des puissants,
où sont-ils sous la lumière, les grands vitraux, les remerciements aux donateurs, aux riches,
où sont-ils face aux tenues de marque, celles des Brigitte Macron et autres, où sont-ils ces mots lorsque la cathèdre pèse des centaines de kilos pour asseoir l’autorité de l’évêque,
où est la réalité du monde, la faim, la guerre, les migrations, les morts en Méditerranée, le long du Rio Grande, où sont-ils, tous, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice ? qu’on ne me dise pas qu’il faut bien ceci cela, qu’il faut bien se plier à la loi du monde, qu’il faut bien remercier les riches, qu’il faut bien savoir se réjouir… ce n’est pas comme cela que je me réjouis, pas dans un faste imbécile qui nie le moment, qui nie la vérité, qui place aux premier rang les haineux et la représentation caricaturale de l’égoïsme (oui, l’imbécile orange mais il n’est pas le seul, il est simplement le fou qui révèle le reste, la marque de la bête, de l’orgueil, de la vanité, de la stupidité de ceux qui s’avachissent), ce n’est pas l’Eglise qu’on m’a promise, pas l’Eglise qu’on m’a enseignée, j’ai bien compris qu’elle n’existait pas, ou de manière si infime dans les rangs de ceux qu’on appelle les croyants, si invisible, si mal défendue par ses paires et ses pères et ses Pères, mais qu’attentez-vous pour reprendre le message? qu’attendez-vous pour vivre selon vos prêches, qu’attendez-vous pour vider ces bancs des beaux manteaux, qu’attendez-vous pour vous souvenir du message
de l’amour, la pauvreté, l’humilité
ce n’est pas Notre-Dame qu’il faut rebâtir, ce n’est pas elle qui est en feu… le miroir est déformant et vous riez.

#logiquesdedomination #notretemps #religion
9 décembre 2024
un moment sombre 
“je n’ai aucune illusion sur… - Antoine Vigne

un moment sombre
“je n’ai aucune illusion sur ce qui vient”
le Sabbath Queen de Sandi Dubowski et la complexité de la réaction actuelle au monde qui se désagrège devant nos yeux
il dresse un portrait tortueux, tendre, ouvert, incertain de la spiritualité pour ceux qui se découvrent queer, qui cherchent un autre chemin, qui sont obligés de l’inventer parce que les modèles n’existent pas, parce que les religions se sont historiquement rigidifiées, codifiées, trahissant par là-même l’évanescent, le dieu de la brise, le feu du buisson, l’insaisissable. Amichai Lau-Lavie incarne le fleuve qui charrie les tempêtes, les berges, les sédiments accumulés, qui passe tous les barrages, qui s’infiltre dans les brèches causées par la douleur des injonctions, des rétrécissements imposés par le dogme, la loi, la lecture calcifiée des textes.
Pendant les questions/réponses qui suivent la séance à IFC, il navigue l’incertitude et la prudence (sagesse) avec une bonne dose d’humour, il choisit la tradition comme cadre tout en acceptant de le dilater sans cesse, de le torturer pour qu’il laisse de la place à l’humanité, ses humeurs, ses travers, ses émotions, l’errement comme une erreur et comme un chemin
beau film
belle figure
beau récit
l’intersection de l’histoire et du temps individuel, des nuages noirs qui s’accumulent sur nos démocraties,
et la collision du changement radical de prisme qu’amène/qu’impose l’époque avec la réaction/l’autoritaire qui cherche à préserver ce qui ne peut pas l’être: un monde passé et mort
“je choisis d’espérer quand même mais je n’ai aucune illusion sur ce qui vient, nous allons devoir survivre”
#sabbathqueen #amichailalavie #sandidubowski #religion #traditionetfanatisme #errer

#amichailalavie #errer #religion #sabbathqueen #sandidubowski #traditionetfanatisme
2 décembre 2024
Au Colorado, des associations catholiques dépense… - Antoine Vigne

Au Colorado, des associations catholiques dépensent des millions pour obtenir les données privées de téléphone de prêtres, de religieux pour les traquer sur les sites gay, jeter l’opprobre, détruire des vies déjà souffrantes sans doute, à l’étroit, servantes dans la douleur. Aberration. Des millions de dollars? Qu’on aurait pu utiliser contre la pauvreté, la faim, le froid. Mais non, l’homosexualité, la sexualité en général, beaucoup plus grave… Combat des combats de l’Eglise qui se ratatine.

Article étrange aussi, retrouvé dans mes pérégrinations inquiètes, irrépressibles, sur les stigmates et leur histoire, fantasme hallucinant promu et adulé par l’église en fait. Un signe dont la place semble disparaître aujourd’hui parce que la science, l’observation n’autorisent plus l’aberration?

Aberration aussi, au détour de lectures, le curé d’Ars qui ne voulait pas que les jeunes dansent dans son village, le curé d’Ars donc, l’exemple donné, vénéré, comme Bernard de Clairvaux d’ailleurs, même veine, même rigidité cadavérique… plus la chair souffre…Même principe que les stigmates au final, le sang de l’impureté, des règles devenu objet de redemption, de grâce sublime, de purification, annulation, renversement de la chute, du corps, mouvement ascensionnel. Le même mouvement ascensionnel qui contredit toute l’expérience humaine, la pousse, la chahute, la dégrade, profondément, il n’y a plus de place pour l’être, l’être incarné, d’où la fusion totale, nécessaire, et les aberrations, toutes les aberrations de purification, le feu, le bûcher, le confessional, forme adoucie de bûcher mais qui demande le reniement, la renonciation, la même, au mal qui règne, qui endolorit la chair. Dolorosa, mère de douleur, mère des douleurs, tout se tient, si bien que le cadre rigide écrase, abîme, comprime le corps, tout ce qui est corps, mais le cadre craque, son bois est mort, quand il lâchera, le vide qu’il contenait se répandra. Dans le feu. Consummation. De l’absolu. Qui n’était pas.

 

#autoportraitsfragmentés #changerlelogociel #disparitionlenteetviolenteducatholicisme #fighthate #homosexualité #moralerestrictive #religion #stupiditédesreligions
11 mars 2023
2 janvier: retour, l’année commence. Les nouvel… - Antoine Vigne

2 janvier: retour, l’année commence. Les nouvelles qui reprennent, des disparitions surtout, l’une après l’autre, qui tracent des images indélébiles, celle d’Anita Pointer des Pointer Sisters (Jean danse, dansera toujours sur “I’m So Excited”, le post-disco rejoint la dance et le R&B mais j’entends surtout le disco, mon corps s’y retrouve, celui de Jonathan aussi – regardé hier soir toutes les vidéos que nous pouvons trouver en ligne… électricité qui passe dans la pièce), celle d’Arata Isozaki dont la City in the Air projette une ombre longue sur mes images de la ville, de l’urbanisme, d’un avenir fantasmé entre cauchemar et féérie (impossible de séparer la ville des désirs et des peurs qui s’entrechoquent), et puis celle de l’ancien pape Benoit dont les panégyriques m’agacent tout particulièrement dans leur superfluité, l’emphase diplomatique stupide des communiqués officiels courant après un temps qui leur échappe toujours: non, Benoit XVI n’était pas un grand théologien, un grand pape, c’est un homme qui n’a pas compris son époque, qui a vécu hier et avant-hier, qui a perpétué une vision rétrograde de l’Eglise, de l’humanité, de la sexualité, de la prêtrise, c’était un doctrinaire plus soucieux de ce qu’il pensait le texte et la tradition que la vie, la souffrance, la complexité de l’être. Un pape aussi qui a refusé de redevenir cardinal pour satisfaire la partie la plus réactionnaire de l’Eglise, un dirigeant qui n’a su gérer ni la crise de la pédophilie ni les réformes nécessaires ni l’ouverture aux victimes. Et ce corps qu’on expose dans ses habits comme un gisant est indécent dans ce qu’il signale d’idolâtrie latente dans une institution en perdition. Agacement donc. Mais il me reste Anita Pointers…

#2janvier2023 #aberration #agacement #anitapointer #arataisozaki #architecture #architecturemoderne #atterissage #benoitxvi #cityintheair #disco #minirécit #modernarchitecture #pointersisters #postdisco #religion #retour
2 janvier 2023
En lisant (saint) Augustin, hier : - Antoine Vigne

En lisant (saint) Augustin, hier :

comment puis-je en le lisant à la fois percevoir ce qui m’a construit, le jeune, la prière, la contemplation,
et en rejeter tout ce qui m’a abîmé, les injonctions, le rejet de la chair, la haine de la sensualité

pourquoi cette incapacité chez lui d’accepter qu’on ne contrôle pas tout, ni ses désirs, ni ses pensées, pourquoi penser que cette incapacité, plutôt qu’être une richesse, le siège de l’élan, de l’intuition, des émotions, du rapport au monde, est un dysfonctionnement qu’il faut mater? pourquoi ce refus de l’être?

Il entraine à sa suite des siècles d’abus commis par l’Eglise et une part immense de la tradition chrétienne envers des générations d’êtres humains auxquels on dit : ne vivez pas ce que vous êtes. Exactement comme on bandait les pieds des femmes à certaines époques de la civilisation chinoise: cultures de mort donc qui se prétendent être la vie. Renversement de la réalité, celui qui s’en extrait dit qu’il est la réalité. Chatoiement du mensonge. Le même dispositif est à l’oeuvre aujourd’hui dans les tendances réactionnaires de nos pays.

pourquoi avoir laissé un homme qui apparemment n’aimait pas sa sexualité ni sa vie nous expliquer qu’il fallait que nous abandonnions tous nos vies, nos corps?

ne pourrions-nous pas l’enterrer une bonne fois pour toutes… laisser sa voix mourir dans le désert? choisir ceux qui aiment plutôt que ceux qui disent aimer mais se détournent du seul amour qui existe, du seul désir qui compte.

choisir Pélage contre Augustin

(Retourne toi, Augustin, Antoine Vigne, 2025)

#homosexualité #religion
23 juin 2025
Star Wars hier soir… et je me réveille en pensa… - Antoine Vigne

Star Wars hier soir… et je me réveille en pensant à la valeur des grandes histoires épiques de notre époque, aux discours politiques qui se radicalisent, le bien et le mal comme deux camps opposés, deux camps entre lesquels on nous demande de choisir sans cesse, on n’appartient forcément à l’un ou à l’autre, Jedi ou Starship Trooper, fasciste ou allié, universaliste ou communautariste, pro et anti (avortement, trans, écologie, etc.). Même les immigrants sont classés entre bons et mauvais (légaux et illégaux). Et cela me ramène à héritage de l’idée de sainteté, l’idée de pureté, que toute demi-mesure nous rejette du côté de la tiédeur, qu’on doit être entier, certain de ses convictions, engagé dans le grand combat qui se joue pour rejoindre le camp des élus, des alliés (la même terminologie revient sans cesse dans les conflits contemporains). Alors que nous sommes l’inverse d’un roc, alors que nous vivons dans le temps qui nous pétrit et nous change en permanence, que nos émotions et nos jugements sont aussi la proie de nos états physiques, de la météo, de tant et tant de facteurs évolutifs. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de gouverne, de cap, de vérités, de convictions, de bien. Je dis simplement que, dans un monde où la radicalisation politique tient aussi à une conception du bien et du mal comme deux camps irréconciliables, il serait bon de ne pas se gaver de narrations qui abreuvent notre besoin de nous sentir “LE/LA” juste, de revenir à cette idée plus grecque de la tragédie où personne n’est véritablement bon, pas même les dieux. Qu’il n’y a pas de résolution finale, juste la poursuite d’une aventure chaotique où les moments d’illumination et d’apaisement coexistent avec des aspects plus sombres et nécessaires. Accepter ces aspects sombres en nous plutôt que chercher à les éradiquer, c’est mieux les contrôler, mieux vivre, moins mettre en danger l’autre de notre aspiration illusoire a une pureté qui n’existe pas. C’est refuser la guerre qui est toujours une manière de penser qu’il y a un bien et un mal évidents. Revenir à une échelle humaine, celle des vies à sauver plutôt que des camps à défendre.

#religion #sainteté #sauverdesvies
29 décembre 2024
Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne
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Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtre des Champs Elysées la semaine dernière.
La musique de Poulenc d’abord. Des accents qui vont d’un mysticisme qui me rappelle Nadia Boulanger quand elle dirige le requiem de Fauré, les arches sombres des églises de la fin du XIXe et du début du XXe, de Montmartre au Saint-Esprit, des voutes en béton, la matière pèse, une école française de la musique, et jusqu’à Aaron Copland ou aux musiques d’Hollywood.
Le texte sublime mais je ne comprends pas pourquoi la première scène est-elle si plate, si pauvre dans l’écriture, elle n’ouvre à rien, elle se donne sans relief quand le reste du texte s’envole, manie le vide, le plein, le désir, la mortification, la violence – du temps, du corps, le refus de la sensualité,…
La voix de Véronique Gens (Madame Lidoine), Manon Lamaison (soeur Constance) et de Sathy Ratia (Chevalier de la Force).
La mise en scène d’Olivier Py, la justesse de la dernière scène malgré le son défaillant de la guillotine dans les hauts-parleurs qui nous surplombent et qui abime le moment, mais le mouvement des corps qui dansent leur mort et l’envolée mystique fonctionne. D’autres moments sont plus ambigus, notamment dans le rapport de Blanche avec son frère.
Mais l’ensemble est saisissant. Un monument encore. Le mysticisme de Poulenc me fascine dans sa relation troublée par l’homosexualité, la tension de l’émotion corporelle qui se sait ne pas pouvoir vivre l’intensité qui émane d’elle. Encore plus fasciné lorsque je pense aux discussions entre Poulenc et Samuel Barber, mêmes désirs, même élans, même secret douloureux que la musique exprime.

 

#dialoguedescarmélites #georgesbernanos #homosexualité #mysticisme #olivierpy #opera #performingarts #poulenc #religion #samuelbarber
17 décembre 2024
la pauvreté, le dépouillement, la sobriétéév… - Antoine Vigne

la pauvreté, le dépouillement, la sobriété
évangéliques évidemment ces mots
mais où sont-ils dans le faste
où sont-ils dans l’invitation des puissants,
où sont-ils sous la lumière, les grands vitraux, les remerciements aux donateurs, aux riches,
où sont-ils face aux tenues de marque, celles des Brigitte Macron et autres, où sont-ils ces mots lorsque la cathèdre pèse des centaines de kilos pour asseoir l’autorité de l’évêque,
où est la réalité du monde, la faim, la guerre, les migrations, les morts en Méditerranée, le long du Rio Grande, où sont-ils, tous, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice ? qu’on ne me dise pas qu’il faut bien ceci cela, qu’il faut bien se plier à la loi du monde, qu’il faut bien remercier les riches, qu’il faut bien savoir se réjouir… ce n’est pas comme cela que je me réjouis, pas dans un faste imbécile qui nie le moment, qui nie la vérité, qui place aux premier rang les haineux et la représentation caricaturale de l’égoïsme (oui, l’imbécile orange mais il n’est pas le seul, il est simplement le fou qui révèle le reste, la marque de la bête, de l’orgueil, de la vanité, de la stupidité de ceux qui s’avachissent), ce n’est pas l’Eglise qu’on m’a promise, pas l’Eglise qu’on m’a enseignée, j’ai bien compris qu’elle n’existait pas, ou de manière si infime dans les rangs de ceux qu’on appelle les croyants, si invisible, si mal défendue par ses paires et ses pères et ses Pères, mais qu’attentez-vous pour reprendre le message? qu’attendez-vous pour vivre selon vos prêches, qu’attendez-vous pour vider ces bancs des beaux manteaux, qu’attendez-vous pour vous souvenir du message
de l’amour, la pauvreté, l’humilité
ce n’est pas Notre-Dame qu’il faut rebâtir, ce n’est pas elle qui est en feu… le miroir est déformant et vous riez.

#logiquesdedomination #notretemps #religion
9 décembre 2024
un moment sombre 
“je n’ai aucune illusion sur… - Antoine Vigne

un moment sombre
“je n’ai aucune illusion sur ce qui vient”
le Sabbath Queen de Sandi Dubowski et la complexité de la réaction actuelle au monde qui se désagrège devant nos yeux
il dresse un portrait tortueux, tendre, ouvert, incertain de la spiritualité pour ceux qui se découvrent queer, qui cherchent un autre chemin, qui sont obligés de l’inventer parce que les modèles n’existent pas, parce que les religions se sont historiquement rigidifiées, codifiées, trahissant par là-même l’évanescent, le dieu de la brise, le feu du buisson, l’insaisissable. Amichai Lau-Lavie incarne le fleuve qui charrie les tempêtes, les berges, les sédiments accumulés, qui passe tous les barrages, qui s’infiltre dans les brèches causées par la douleur des injonctions, des rétrécissements imposés par le dogme, la loi, la lecture calcifiée des textes.
Pendant les questions/réponses qui suivent la séance à IFC, il navigue l’incertitude et la prudence (sagesse) avec une bonne dose d’humour, il choisit la tradition comme cadre tout en acceptant de le dilater sans cesse, de le torturer pour qu’il laisse de la place à l’humanité, ses humeurs, ses travers, ses émotions, l’errement comme une erreur et comme un chemin
beau film
belle figure
beau récit
l’intersection de l’histoire et du temps individuel, des nuages noirs qui s’accumulent sur nos démocraties,
et la collision du changement radical de prisme qu’amène/qu’impose l’époque avec la réaction/l’autoritaire qui cherche à préserver ce qui ne peut pas l’être: un monde passé et mort
“je choisis d’espérer quand même mais je n’ai aucune illusion sur ce qui vient, nous allons devoir survivre”
#sabbathqueen #amichailalavie #sandidubowski #religion #traditionetfanatisme #errer

#amichailalavie #errer #religion #sabbathqueen #sandidubowski #traditionetfanatisme
2 décembre 2024
Au Colorado, des associations catholiques dépense… - Antoine Vigne

Au Colorado, des associations catholiques dépensent des millions pour obtenir les données privées de téléphone de prêtres, de religieux pour les traquer sur les sites gay, jeter l’opprobre, détruire des vies déjà souffrantes sans doute, à l’étroit, servantes dans la douleur. Aberration. Des millions de dollars? Qu’on aurait pu utiliser contre la pauvreté, la faim, le froid. Mais non, l’homosexualité, la sexualité en général, beaucoup plus grave… Combat des combats de l’Eglise qui se ratatine.

Article étrange aussi, retrouvé dans mes pérégrinations inquiètes, irrépressibles, sur les stigmates et leur histoire, fantasme hallucinant promu et adulé par l’église en fait. Un signe dont la place semble disparaître aujourd’hui parce que la science, l’observation n’autorisent plus l’aberration?

Aberration aussi, au détour de lectures, le curé d’Ars qui ne voulait pas que les jeunes dansent dans son village, le curé d’Ars donc, l’exemple donné, vénéré, comme Bernard de Clairvaux d’ailleurs, même veine, même rigidité cadavérique… plus la chair souffre…Même principe que les stigmates au final, le sang de l’impureté, des règles devenu objet de redemption, de grâce sublime, de purification, annulation, renversement de la chute, du corps, mouvement ascensionnel. Le même mouvement ascensionnel qui contredit toute l’expérience humaine, la pousse, la chahute, la dégrade, profondément, il n’y a plus de place pour l’être, l’être incarné, d’où la fusion totale, nécessaire, et les aberrations, toutes les aberrations de purification, le feu, le bûcher, le confessional, forme adoucie de bûcher mais qui demande le reniement, la renonciation, la même, au mal qui règne, qui endolorit la chair. Dolorosa, mère de douleur, mère des douleurs, tout se tient, si bien que le cadre rigide écrase, abîme, comprime le corps, tout ce qui est corps, mais le cadre craque, son bois est mort, quand il lâchera, le vide qu’il contenait se répandra. Dans le feu. Consummation. De l’absolu. Qui n’était pas.

 

#autoportraitsfragmentés #changerlelogociel #disparitionlenteetviolenteducatholicisme #fighthate #homosexualité #moralerestrictive #religion #stupiditédesreligions
11 mars 2023
2 janvier: retour, l’année commence. Les nouvel… - Antoine Vigne

2 janvier: retour, l’année commence. Les nouvelles qui reprennent, des disparitions surtout, l’une après l’autre, qui tracent des images indélébiles, celle d’Anita Pointer des Pointer Sisters (Jean danse, dansera toujours sur “I’m So Excited”, le post-disco rejoint la dance et le R&B mais j’entends surtout le disco, mon corps s’y retrouve, celui de Jonathan aussi – regardé hier soir toutes les vidéos que nous pouvons trouver en ligne… électricité qui passe dans la pièce), celle d’Arata Isozaki dont la City in the Air projette une ombre longue sur mes images de la ville, de l’urbanisme, d’un avenir fantasmé entre cauchemar et féérie (impossible de séparer la ville des désirs et des peurs qui s’entrechoquent), et puis celle de l’ancien pape Benoit dont les panégyriques m’agacent tout particulièrement dans leur superfluité, l’emphase diplomatique stupide des communiqués officiels courant après un temps qui leur échappe toujours: non, Benoit XVI n’était pas un grand théologien, un grand pape, c’est un homme qui n’a pas compris son époque, qui a vécu hier et avant-hier, qui a perpétué une vision rétrograde de l’Eglise, de l’humanité, de la sexualité, de la prêtrise, c’était un doctrinaire plus soucieux de ce qu’il pensait le texte et la tradition que la vie, la souffrance, la complexité de l’être. Un pape aussi qui a refusé de redevenir cardinal pour satisfaire la partie la plus réactionnaire de l’Eglise, un dirigeant qui n’a su gérer ni la crise de la pédophilie ni les réformes nécessaires ni l’ouverture aux victimes. Et ce corps qu’on expose dans ses habits comme un gisant est indécent dans ce qu’il signale d’idolâtrie latente dans une institution en perdition. Agacement donc. Mais il me reste Anita Pointers…

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2 janvier 2023