En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne
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En rentrant de Mother Disco, les lumières des rues.
Une certaine quiétude sensuelle, mon corps encore dansant, encore heureux de l’énergie accumulée pendant les heures de grâce sur le dance-floor, les corps, les visages, les sourires échangés, la complicité d’un instant avec les yeux qu’on croise.
Et trouver à ce moment là la nouvelle des frappes sur l’Iran (que personne n’aura le courage de condamner). Et les injonctions de l’imbécile orange demandant une capitulation totale.
Collision des monde, des émotions.
Alors je pense à la phrase de Gandhi: “it’s always been a mystery how men can feel themselves honored by the humiliation of their fellow beings”. 
L’humiliation ne mène qu’à la haine et la rancoeur.
On ne construit rien de bon dessus.
Et j’abhorre l’hypocrisie de nos nations qui continuent de vouloir se réserver le droit de la force atomique et le refuser aux autres. Ne pas comprendre ce que cela représente aux yeux d’autres pays (j’allais dire «d’autres peuples» mais je n’aime pas ce que cela révèle de nos habitudes de séparer les êtres en catégories de population…)
Se justifier d’être le seul garant de la bonne conduite du monde reste arrogant. Un refus de l’autre.
Une vieille logique de colonisation.
Il faut le/la dénoncer partout.
Abolir ce droit qui en est pas un.
Ironie tragique que ceux qui disent croire au «tu ne tueras pas» de leurs Commandements soient aussi ceux qui accumulent les armes dont le seul but est de tuer.
Ou de dominer, ce qui est la même chose: tuer la liberté qu’a l’autre d’être.
Seule idée humaine: la dénucléarisation totale.
Prélude à une désarmement plus général.
Si plus d’armes nous protégeaient des conflits, nous devrions être en paix et c’est le contraire qui se produit.
De la même manière, si plus de profit et d’argent devaient conduire à l’abolition de la pauvreté, nous serions dans un autre monde.
Les armes et le profit ne sont que des instruments de domination. Rien d’autre.

#3dollarbill #collisiondesmondes #dautreschemins #denuclearization #logiquededomination #mesnuits #motherdisco #notretemps
23 juin 2025
0417-2 Saint-Laurent. Hier soir, je regarde sur A… - Antoine Vigne

0417-2

Saint-Laurent. Hier soir, je regarde sur Arte le documentaire sur le procès Klaus Barbie. Mai 1987. Je me demandais pourquoi je n’avais aucun souvenir de ce moment, ou simplement des images floues, le nom mais rien de précis. La date pourtant, deux semaines après la mort de mon père, nous avons dû suivre cela à la télé dans la grand salon, fantômes que nous étions
je ne revivrai qu’à la fin mai ou début juin, devant Scapin, la cour de la rue Franklin, mes camarades qui jouent (Laurent surtout), je les envie, mon corps me dit qu’ils vivent, le Rondo Veneziano emplit le soir qui tombe, je suis seul, adolescent, on m’a laissé venir (on=ma mère sans doute), si j’étais parti ce soir-là, je crois que j’aurais vécu
point
ce que je raconte là, c’est d’abord l’histoire de ma sensualité

tous ceux qui parlent de Barbie parlent de ses yeux
aujourd’hui je vois Rubio, je vois Taylor Greene, je vois tous ceux qui collaborent
Steven Miller a le visage d’un sadique, aucune humanité sur ses traits

des visages pourtant, émergent, c’est toujours par les visages que l’histoire se fait: celui de Mohsen Mahdawi, l’étudiant palestinien arrêté
un autre, il n’est pas le premier mais il illumine la perversion du langage, des mots, on le nomme traitre et danger alors qu’il plaide l’entente, l’écoute, ne pas dire un mot plus haut que l’autre, voir les douleurs, entendre les souffrances, placer l’être avant l’idée, revenir à ce que nous sommes
fondamentalement :
des écorchés

la Palestine et son drapeau, un bout de tissu qui souffre mais les drapeaux ne sont rien d’autres que des chiffons qu’on agite dans le vent, ils disent nos peurs, notre besoin de communauté, la solitude
l’anglais sépare loneliness de solitude, l’une est subie, l’autre choisie
mais le français n’a pas ces pôles, tous deux contenus dans le même mot
le drapeau, emblème des solitudes donc, j’adule celui de ce pays qui n’existe pas, il trahit nos trahisons, les promesses non tenues, l’universalité des droits que l’on piétine
allègrement

 

#2025 #2025et1933 #absurditédelaguerre #carnetsintermittents #inanition1 #klausbarbiestevenmiller #logiquededomination #mohesnmahdawi #notretemps
17 avril 2025
il n’y a pas de frontières parce qu’elles sont tou… - Antoine Vigne

il n’y a pas de frontières parce qu’elles sont toutes inventées, parce qu’elles ont toutes bougées au cours de l’histoire, parce qu’elles relèvent de logique d’appropriations qui nient ce que nous sommes, des nomades qui passent dans ce monde,
l’accumulation (de terres, de biens), c’est la mort, la grande promesse du capitalisme et des nationalismes, des patriotismes, c’est l’appartenance mais l’appartenance inversée, ce ne sont pas les choses qui nous appartiennent, ce sont les choses qui nous possèdent, qui dictent nos conduites, nos peurs (de la dépossession)
le plus drôle, c’est que toutes les religions mettent en garde contre cela, contre la possession, et que tous les conservatismes se servent des religions pour définir exactement le contraire, pour définir l’élection (divine) par la possession, comme s’il pouvait y avoir élection lorsque l’existence du monde repose sur l’interpénétration du tout, sur l’idée contenue dans ces mêmes religions que le tout n’existe pas sans ses parties
alors oui, j’écoute Glissant quand il dit
“je n’aime pas l’idée que celui qui dirige le monde a le droit de dire le monde“
et, dans un moment, où la tentation pour l’Europe et tous les pays qui assistent à la folie trumpienne de se réarmer, entrer dans une course à la puissance se fait plus forte chaque jour, je dis que nous pouvons prendre d’autres chemins, proposer d’autres manières de faire corps, accepter enfin ce qui est : penser la lenteur contre la rapidité, penser la justice contre la violence, penser, la poésie contre l’explication rigide, impérative (comme les frontières, qu’elles miment, nos pensées changent, avancent, n’existent que comme un dialogue avec ce qui nous entoure,
il faut penser la pensée comme un chemin et non pas comme une grille, rejeter les territoires conquis parce qu’il n’existe pas de conquête, chaque jour ramène le même levant dont la clarté s’efface progressivement), penser l’union contre le morcellement et le morcellement contre l’union mais jamais l’un sans l’autre, revenir à la fragilité, protéger la lenteur qui seule donne sens à l’exaltation de la rapidité. ré-ingénier le tout-monde. savoir que ne pas participer c’est aussi vivre.

#absurditédelaguerre #carnetsdevoyage #littérature #logiquededomination
12 mars 2025
belle conversation hier chez Julius avec Guillaume… - Antoine Vigne

belle conversation hier chez Julius avec Guillaume L et Agnes K, des retrouvailles de longue date, nous parlons des inégalités, Guillaume dit qu’elles sont inévitables, consubstantielles aux sociétés humaines, j’avance l’idée qu’on confond inégalités et différence, que l’on peut effectivement penser nos différences (de talents, de capacités, de désir, d’âge, de rôles, de besoins), mais que les inégalités sociales ne représentent pas du tout ces différences comme on veut trop souvent nous le faire croire, que les inégalités sont aussi et justement le résultat de notre incapacité à penser la différence, le privilège accordé à la rigidité logique qu’on confond avec l’intelligence mais qui oublie la malléabilité de l’esprit, de nos perceptions, de nos élans comme de nos inquiétudes,
il faudrait ouvrir notre compréhension de la réalité, nos systèmes scolaires à d’autres aptitudes que la mécanique des connaissances, des dates, du calcul, de l’ambition (qui ronge et qui abime parce qu’elle est toujours peur de l’avenir qui pourrait ne pas tenir sa promesse), laisser une place à l’intuition, la compréhension du corps dans tous nos processus de décision, de la sensualité, la fatigue, l’excitation, le cerveau et sa chimie,
le rôle du récit aussi, son rôle de vecteur de la connaissance et son danger, celui de la sente étroite, trop étroite pour prendre en compte toute la réalité du monde, le risque de ne favoriser qu’un aspect au détriment des autres #inégalitésetdifférence #lerécitetsabeautéetsesdangers #hoyandtoday #carnetsintermittents

#carnetsintermittents #hoyandtoday #inégalitésetdifférence #lerécitetsabeautéetsesdangers #logiquededomination
5 mars 2025
pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de… - Antoine Vigne

pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de tout ce qui se passe, nos peurs qui sont le vrai visage de ce dont on nous abreuve au quotidien,
combien de discours sur le danger de l’autre, le danger d’être submergés, d’être dépossédés, d’être dépassés, d’être emportés économiquement, technologiquement, territorialement, culturellement, la peur qui revient en négatif dans toutes les analyses, les postures diplomatiques, qui se change en monstre évidemment chez ceux auxquels on donne trop de pouvoirs, les Trump, les Poutine, les Xi, les Musk, mais qui déteint sur les autres, sur nous, aucun n’avouera qu’il a peur mais c’est pourtant bien la réalité sinon pourquoi toutes ces obsessions, l’imposition des solutions de la dernière chance, du sauvetage, l’héroïsation de comportements imbéciles,
pourquoi ne se trouve-t-il pas de personne politique pour reconnaitre cette peur, la reconnaitre vraiment, la dire, l’expliciter, nous avons peur et c’est normal, c’est humain, faire ce premier pas, plutôt que de bomber le torse toujours, la même logique qui ne conduit qu’à des catastrophes,
parce qu’accepter sa peur, c’est savoir la reconnaître dans l’autre, c’est savoir que la peur nous relie tout autant si ce n’est plus que d’autres émotions dans une époque de grand bouleversement et de penser l’autre comme ayant aussi peur que nous en fait un allié plus évident que lorsque tous jouent à un jeu de miroirs réfléchissant,
un éclat fantôme,
il y a une beauté à la peur, elle est une relation profonde à la réalité, elle est primaire, elle est l’oeil qui s’étonne de l’immensité,
mais, ravalée. elle s’insinue, elle se transforme en névrose, en besoin de domination, en guerre,
la peur vécue seule, c’est aussi l’armement, la défiance, l’incompréhension, une marche à la confrontation dont on finit toujours par revenir blessé
on peut rejoindre l’autre par nos peurs, il s’agit de reconnaître nos intimités liées, c’est un chemin beaucoup plus sûr, beaucoup plus fécond, le socle du dialogue
#lapeur #direnospeurs #carnetsintermittents #hoyandtoday

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5 mars 2025
La résistance au capitalisme actuel et toutes ses… - Antoine Vigne

La résistance au capitalisme actuel et toutes ses dérives et ses sécheresses (dont les ruptures démocratiques, le populisme, les tentations fascistes) passe par le marronnage intérieur, par la créativité intérieure. Le conte, la musique, l’exil, l’invention d’imaginaires relationnels. Patrick Chamoiseau à Albertine hier soir, lumineux sur les stratégies d’échappement, de contournement, de lutte, de résistance au monde actuel, aux tentations de la haine et de l’autocratie. Il parle des détours du marronnage intérieur, le marronnage de ceux qui ne quittent pas nécessairement la plantation mais vivent leur opposition dans un quotidien qu’ils réussissent à dépasser. Le marronnage devient alors un espace du détour, un exil intérieur qui compose les nouvelles formes de création. Et une exubérance en nait, ainsi que les fraternités (plus que les solidarités, dit-il), trouver des frères et soeurs d’âme, des partageurs d’expérience dans ce monde, des compagnons/lecteurs de signes. Il parle de ce vortex relationnel créé par la rencontre violente des cultures et des imaginaires dans un monde à la fois colonial, esclavagiste, capitaliste, leur collision créant des espaces que le capitalisme ne sait pas intégrer et qu’il ne contrôle pas. Et, en cela il offre une voix. Comme Tiago Rodrigues. Comme tant d’autres. Temps de la résistance donc.

#albertinebookstore #littérature #logiquededomination #marronnage #patrickchamoiseau #resistance
15 novembre 2024
Il n’y a pas de problème migratoire. Il y a un … - Antoine Vigne

Il n’y a pas de problème migratoire. Il y a un problème de répartition des richesses dans le monde dont découlent les guerres, les migrations forcées, l’exil, la détresse.

Je ne vais pas prêcher, nous le faisons tous trop. Mais : nous ne sortirons de ces spirales qu’en inventant un chemin qui redéfinisse les priorités de nos sociétés, une seule d’ailleurs, celle de la justice qui se décline sous toutes ses formes, sociale, financière, écologique, pénale aussi, y compris et surtout pour ceux qui, étant les plus privilégiés devraient être les plus redevables. Surtout au moment où le faux discours sur les périls migratoires se développent partout, où l’on fait croire à ceux qui se sentent les plus fragiles dans nos sociétés riches, que la menace vient des plus pauvres qu’eux.

Le plein emploi n’est pas un idéal, pas plus que le PIB, et l’idée qu’ils pourraient l’un et l’autre se stabiliser de manière durable, est une aberration. En revanche, oeuvrer à une société qui protège, qui délivre, qui entraîne, qui sauve, qui se réjouit du capital humain et naturel de notre monde, est un projet fédérateur, le seul qui puisse aujourd’hui ramener la démocratie, la foi dans nos institutions et dans une destinée commune.

Je n’ai pas de certitudes politiques pour cette élection sinon la colère contre ceux qui utilisent la misère et pensent les choses en termes de puissance, d’influence, de place de la France dans le monde ou de manière “nationale” alors qu’il y a tant de vrais sujets d’humanité commune.

J’ajouterai, pour ceux qui restent attachés aux “idées nationales”: il n’y plus de nation autre qu’affective (et je ne nie pas l’importance de cet aspect affectif mais je crains ce qu’il porte de danger de sclérose, d’enfermement, d’oubli de l’autre). J’ai pleuré mes nations moi aussi, les mythes mal dégrossis qui m’enfermaient. Mais la vie m’a appris qu’on n’apprend que dans l’incertitude, l’ouverture à l’indéfini, à ce qui dérange, ce qui déplace les lignes. On m’a suffisamment dit qu’on pouvait appartenir à une communauté sans qu’elle ait besoin de vous définir pour que je ne retourne pas le compliment…

 

#autoportraitsfragmentés #cequiderange #logiquededomination #migrations #notretempsdincertitude #toutsecoule
24 juin 2024
On parle beaucoup d’extrêmes ces temps-ci, on p… - Antoine Vigne

On parle beaucoup d’extrêmes ces temps-ci, on parle d’extrémisme comme s’il n’y avait pas d’alternative, comme s’il n’y avait qu’une seule voie, comme si la démocratie s’était soudain réduite à un passage minuscule où seul un groupe a raison. Pourtant, il y a de l’extrémisme aux inégalités, il y a de l’extrémisme à la richesse, à la non-taxation des profits, à la non-taxation des transactions financières, au refus de penser l’urgence climatique comme on aurait pensé l’urgence de l’équlibre financier des retraites par exemple… il y a de l’extrémisme à ne penser le monde qu’en terme d’influence, de puissance, de compétitivité, de ratios économiques. Il y a de l’extrémisme à abandonner les migrants en mer tandis que nos groupes industriels continuent de piller les pays qui sont maintenant en guerre, de négocier avec des dirigeants corrompus des contrats pour des minerais dont les ressources ne serviront pas à financer leur développement. Il y a de l’extrémisme dans notre vision des relations internationales qui défendent des idéaux que nous ne savons souvent pas vivre lorsque nos intérêts sont menacés. Il y a de l’extrémisme dans le refus d’appliquer les principes d’une convention citoyenne qui pouvait générer l’espoir d’un autre mode de dialogue et de démocratie, il y a de l’extrémisme à renouveler les autorisations de pesticide dont on sait qu’ils tuent la planète. Il y tant et tant d’extrémismes dans notre monde. Rester dans un chemin qui a montré sa puissance de destruction en arguant du fait qu’il n’y a pas d’autre choix est un extrémisme. C’est aussi un manque de courage, un manque de vision, un esclavage et une soumission. Il y a un autre chemin. Il y a même d’autres chemins. Le mien est choisi pour cette élection, avec toutes les nuances et tous les doutes que je garde sur certains éléments d’une possible majorité de gauche, toutes les divergences possibles. Je regarde les idées, les programmes, je sais où je me retrouve.

#àgauche #batirdenouveauxhorizons #desdoutesquandmemeetcestnormal #humanismeetecologie #justice #logiquededomination #nonalahaine #nonalastupiditecapitaliste #notretemps #nouveaufrontpopulaire
18 juin 2024
Peut-on abandonner les impérialismes de toutes so… - Antoine Vigne

Peut-on abandonner les impérialismes de toutes sortes, l’idée qu’on peut décider pour l’autre, qu’on possède la terre, peut-on ouvrir Gaza, laisser la population sortir plutôt que de durcir un blocus qui n’a pas de sens, arrêter tout, oui tout, la machine économique, les projets pharaoniques de nations qui s’entrechoquent, attendre, pleurer ensemble, les morts, nos morts, les autres, toutes les souffrances, nous regarder, nous toucher, s’asseoir dans le sable, ne plus rien faire que d’attendre, laisser les nuits nous emporter jusqu’à ce que les blessures, les deuils, les haines n’aient plus de sens, que nous voyions nos peurs, nos traumatismes, que nous acceptions de les vivre ensemble plutôt que de les vivre séparément. il y a une erreur dans l’idée d’État, de tout État, celle d’imaginer que la terre nous appartient alors qu’elle doit être partagée, et le plan de partage de 1947 portait en lui cette énième erreur qui était de panser les plaies impansables/impensables par l’érection de lignes, de limites, d’appartenances qui nous séparent plutôt qu’elles nous rassemblent. Nous mourons tous, certains beaucoup plus que d’autres, mais nous mourons tous de notre besoin de définir ce qui est nôtre quand ce nôtre devient un mien qui s’oppose au tien. Toutes nos frontières contemporaines contiennent en elles la peur de l’autre, la peur de manquer, d’être dilués, d’être niés, d’être confronté à ce qui n’est pas nous parce que notre nous est trop étroit, parce qu’il oublie sa dimension universelle, cosmique, le détachement nécessaire d’avec toutes choses, y compris le passé, quelque glorieux ou malheureux, tragique qu’il soit. La réconciliation passe par l’oubli de ce que nous sommes, non pas un oubli absolu, non pas un oubli linéaire mais la capacité d’oubli qui est une capacité d’accueil de l’autre, sa différence et sa proximité, accepter que nous ne sommes rien absolument, ni Français, ni Palestiniens, ni Israéliens, ni arabes, ni Juifs, ni catholiques évidemment, ni gays, nous sommes tout cela et pourtant capable d’être le monde entier dans le même temps. Les corps qu’on emporte dans le désert enterrent l’idée de notre pluralité qui sauve.

#gaza #logiquededomination #penserlimpossible
10 octobre 2023
Retrouver la lumière de Miami, les tons azuréens… - Antoine Vigne
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Retrouver la lumière de Miami, les tons azuréens des tropiques qui virent au pastel le matin et le soir, qui emportent la blancheur des bâtiments et les formes modernistes que j’aime. Le béton partout, sublime quand il est peint. Ou non. Tout autour la Floride et la richesse toujours plus visible, indécente, arrogante, contente d’elle même, insensible parce qu’incapable de sensibilité, les immeubles s’élèvent, les routes se couvrent chaque année de plus de voitures de sport, les bars, les restaurants changent. Le Miami Beach de l’entre-deux, des projects/HLM bon marché côtoyant les maisons de luxe disparaît peu à peu (ou brutalement selon l’échelle de temps qu’on choisit) mais les parcs, les palmiers, les raisiniers de mer reconquièrent aussi l’espace. Transforment les plages, annoncent la fin d’un abandon qui avait duré des décennies. Nostalgie évidemment de cet ensemble urbain qui disparaît dans la forme où je l’avais découvert dans les années 2000, accompagnée de la vision étrangement séduisante et effrayante de ce monde qui se croit invincible, qui refuse de voir les crises présentes et à venir. On sent des frémissements de changement comme partout: la mangrove qui reprend ses droits et ré-arrime le sable, les véhicules électriques qui se multiplient, mais si peu. Si peu face aux défis du monde contemporain. Et cet oubli absolu de l’insolence de la richesse, de l’absurdité de cette fausse prospérité heureuse dont les prémisses sont faussés parce qu’aveugles aux inégalités, à l’impossibilité de vivre dans cette opulence dispendieuse, folle, incontrôlée. Je pense étrangement et dans le même temps à la réforme des retraites, à l’incapacité du gouvernement de comprendre qu’aucune réforme n’est possible, souhaitable sans s’attaquer d’abord et avant tout aux inégalités flagrantes, à la pauvreté, à l’injustice généralisée. Miami est un conte de la folie de ceux qui croient que tout est argent. Elle s’enfoncera dans l’eau. Sous des tons azurs.

#carnetsdevoyage #changementclimatique #floride #folieetaberration #indécenceselarichesse #injusticesociale #logiquededomination #miami #richesseetinégalités #séductiondelablancheur #tropiques
14 février 2023
Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des … - Antoine Vigne
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Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des attaques contre le Qatar alors que nos pays occidentaux ont une dette colossale à payer au monde pour l’héritage que nous lui léguons et alors que nous n’avons pas su aller au bout de la logique des droits humains dans nos pays, que les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes, qu’on assassine des gays dans un bar du Colorado, que les inégalités rampent, que nous consommons (consumons) aussi la terre, que tant reste à faire. Mais le noeud de l’histoire de ce Mondial est l’argent, l’argent qui corrompt tout, qui abîme, qui dessèche, qui ruine, l’argent immonde, l’argent traître, l’argent aveugle, l’argent complice. L’argent qui tue. Et la coupe du monde au Qatar n’est qu’une histoire d’argent, cynique, banale, abjecte, le symbole d’une rupture, d’un modèle qui n’a plus de sens. À l’heure du climat, à l’heure de la réalité qui brûle, on nous vend un ballon sale, on nous assomme de messages, on veut nous rassurer que non, c’est bien le sport qui compte, la fraternité, le dépassement, mais ce sport et toutes ses illusions débiles ploie dans sa génuflexion au dieu pétrole, dans sa soumission au conservatisme religieux, à la logique des riches, de la télévision qui abrutit, dans son oubli de tout ce qui compte, justement, dans notre époque. Et oui, je pleure le confort que nous n’avons plus de regarder ces matchs comme s’il était encore possible d’oublier, comme si on avait le droit au repos, juste là, quelques instants, quelques heures. Mais non, Il est trop tard. Et il est temps. D’inventer le monde. Alors s’il me reste une arme, c’est celle des faibles justement, celle de ne pas regarder les matchs, celle de refuser l’argent de la publicité, celle du grain de sable qui fait dérayer le train. Ou pas. Mais qui essaie. Et qui refuse.

#argentimmonde #boycottqatar2022 #fuckcapitalism #graindesable #laplanètebrûle #logiquededomination #mensongedusport #notretemps #nouveaurécit #revolution #rupture
22 novembre 2022
Nuit chaude. 22 degrés à 21h le 6 novembre quand… - Antoine Vigne

Nuit chaude. 22 degrés à 21h le 6 novembre quand je quitte l’Eagle, que je prends la bateau pour rentrer. Étrange douceur, toujours la même impression que nos récits ne capturent pas toute la réalité du moment, que la COP27 qui s’ouvre est à la fois la continuation d’un espoir et une tragédie, que nos villes illuminées sont sublimes et des monuments à nos échecs collectifs, que l’aberration du capitalisme et du consumérisme conduisent à la faillite, que nos démocraties et nos nations ne survivront pas en l’état mais que seront inventés d’autres chemins de chaos, d’autres itinéraires de résilience. Mais comment le dire, comment le penser, comment penser les instances internationales qui devront enfin partager les richesses et les détresses, mettre à bas la domination imbécile du profit, réinventer les solidarités, la compréhension du vivant, de l’histoire des peuples, en finir avec l’aberration des religions instituées qui ne produisent qu’hypocrisie et obscurantisme sans jamais remplir le vide qu’on ne peut pas remplir. Les élections arrivent, ici et partout et le seul discours audible est celui de la peur, évidemment, parce qu’il faut avoir peur, parce que le monde créé par la domination du libéralisme arrogant n’a tenu aucune de ses promesses, il a trompé, il a abîmé, rendu sourd, compromis ceux même qui devait le combattre, qui aurait dû voir les dangers. Je comprends aujourd’hui qu’on verse de la soupe sur des Van Gogh dont la valeur marchande n’a aucun sens. Parce que ce monde n’a pas de sens. Et que notre recherche d’un modèle universel, compréhensible, rationnel, prélude à notre besoin de l’imposer, n’a peut-être pas de sens non plus. J’avance comme tout le monde dans la nuit chaude qui nous effraie et nous rassure.

#capitalismfailed #changerdemodèle #cop27 #destindelhumanité #endthedictatorshipofprofit #logiquededomination #mesnuits #nouveaurécit #nouvellessolidarités #nuitdenovembre #toutchanger #tragédiedelareligion #tragédieetsublime
7 novembre 2022
D’autres images de Madrid: les grands musées, l… - Antoine Vigne
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D’autres images de Madrid: les grands musées, le Prado, les salles qui n’en finissent pas, le trop-plein, l’excès qui nous empêche de voir. Oui, il y a Bosch, la salle sublime du Jardin des délices, et l’illumination de Fra Angelico, et l’ange sensuel de l’Annonciation de Greco, et les détails qui se perdent dans l’infini des toiles du Tintoret, la femme à barbe de Ribera qu’il faudrait revisiter avec notre oeil qui voit la possibilité de la transsexualité, puis les apôtres de Ribera aux yeux profondément noirs, le mystère des corps de la Forge de Vulcain de Velasquez, le Vol des sorcières de Goya et ses accents qui rappellent MacBeth. Mais, comme tant d’autres, le musée est trop grand pour l’art qu’il contient, il reste trop attaché à l’idée que nous nous faisons de la puissance passée d’une nation. Il dessert l’art qu’il abrite. Il faut changer nos musées, les réduire, les sauver de la consommation culturelle qui nous gangrène, qui tue les oeuvres. Il faut redéployer l’intimité de l’expérience de l’art, envoyer des oeuvres dans de petits musées où ils retrouveront leur unicité. On ne voit pas dans un musée comme le Prado, on souffre de l’accumulation que l’esprit ne peut englober. Et l’universalisme est, comme souvent, un alibi à notre refus de voir l’image de la puissance qui a abimé le monde.

#art #carnetsdevoyage #elbosco #goya #jardindesdelices #jeromebosch #logiquededomination #macbeth #muesodelprado #musées #pourunrenouveaumuséal #redéployerlintimitédelart #Ribera #tintoret #transsexualité
27 septembre 2022
Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1… - Antoine Vigne
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Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1988 sur le Rêve Mexicain, sur la pensée interrompue d’un continent dont nous apprenons de manière de plus en plus brutale qu’il contenait en lui des réponses à tous les abus et les matérialismes de la civilisation judéo-chrétienne: l’équilibre nécessaire entre les forces du monde, l’intégration de l’humanité à un destin plus vaste de la vie, la perception du rôle des rêves et de l’inconscient, la compréhension de la dualité (y compris sexuelle des dieux) et de la multiplicité, le refus de la propriété qui divise tout et met tout en esclavage, l’importance du cycle et du chaos qui annoncent ce que seront les découvertes scientifiques beaucoup plus tardives de l’Occident (sur l’atome, le Big Bang, la physique quantique), la perception que l’homme a besoin, pour sa survie, de se réintégrer à une communauté qui le dépasse. Tant de fils et de possibilités que la conquête a coupés nets, annihilant ainsi une part de notre héritage. C’est un livre qui pleure et qui médite, qui s’arrête pour contempler le destin tragique d’une humanité prisonnière du matérialisme européen issu (étrangement) du christianisme rationaliste ou de ce que nous avons voulu faire du christianisme. C’est une somme qui résonne, qui énumère les noms pour que leur écho habite la terre. Et c’est une ode à tous ceux qui ont perçu ce message lors de leurs contacts avec le Mexique, de Bernardino de Sahagun à Antonin Artaud.

#books #carnetsdevoyage #gallimard #leclezio #lerevemexicain #littérature #logiquededomination #mexique
12 juin 2022
Fabuleuse présentation d’une Tempête d’Aimé… - Antoine Vigne

Fabuleuse présentation d’une Tempête d’Aimé Césaire au FIAF ce soir, en lecture scénique. Il n’y avait pas besoin d’une mise en scène plus complexe, les mots parlaient d’eux mêmes, portés par Isaiah Johnson en Caliban et par Jay O Sanders en Prospero. Tout était là, l’impossibilité d’être de Caliban, l’impossibilité d’avoir un nom, de trouver l’être, et puis la haine qui clôt le tout, la haine qui est à la fois la résolution et son absence dans le moment final de la piece. On sent tout le reste, les années 1960, Malcom X, les combats des droits et de la décolonisation, le désir qui brûle mais qui ne peut rien face au désastre de l’impérialisme et de son corollaire, le capitalisme. Quand tout a été pris, il ne reste rien, pas même un nom, “appelle-moi x”, dit Caliban et on sait qu’on est dans des combats qui sont ceux de toutes les générations qui suivront, ceux qui essaieront de combler le vide laissé béant, l’exil forcé, la déshumanisation. On trouve aussi les prémisses d’une idée environnementale dans le texte de Césaire, l’idée de féminisme aussi. Tant de choses. Et ce refus de Prospero de se laisser emporter par l’idée qu’il a pu être un tyran, ce refus de regarder son histoire. Que de parallèles avec ce qui advient maintenant. L’abime est terrifiant à contempler.

#aimécésaire #décolonisation #esclavage #fiaf #isaiahjohnson #jayosanders #kimberlyexum #laniseantoineshelley #littérature #logiquededomination #martinique #performingarts #theater #théâtre #unetempete
1 mars 2022
En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne
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En rentrant de Mother Disco, les lumières des rues.
Une certaine quiétude sensuelle, mon corps encore dansant, encore heureux de l’énergie accumulée pendant les heures de grâce sur le dance-floor, les corps, les visages, les sourires échangés, la complicité d’un instant avec les yeux qu’on croise.
Et trouver à ce moment là la nouvelle des frappes sur l’Iran (que personne n’aura le courage de condamner). Et les injonctions de l’imbécile orange demandant une capitulation totale.
Collision des monde, des émotions.
Alors je pense à la phrase de Gandhi: “it’s always been a mystery how men can feel themselves honored by the humiliation of their fellow beings”. 
L’humiliation ne mène qu’à la haine et la rancoeur.
On ne construit rien de bon dessus.
Et j’abhorre l’hypocrisie de nos nations qui continuent de vouloir se réserver le droit de la force atomique et le refuser aux autres. Ne pas comprendre ce que cela représente aux yeux d’autres pays (j’allais dire «d’autres peuples» mais je n’aime pas ce que cela révèle de nos habitudes de séparer les êtres en catégories de population…)
Se justifier d’être le seul garant de la bonne conduite du monde reste arrogant. Un refus de l’autre.
Une vieille logique de colonisation.
Il faut le/la dénoncer partout.
Abolir ce droit qui en est pas un.
Ironie tragique que ceux qui disent croire au «tu ne tueras pas» de leurs Commandements soient aussi ceux qui accumulent les armes dont le seul but est de tuer.
Ou de dominer, ce qui est la même chose: tuer la liberté qu’a l’autre d’être.
Seule idée humaine: la dénucléarisation totale.
Prélude à une désarmement plus général.
Si plus d’armes nous protégeaient des conflits, nous devrions être en paix et c’est le contraire qui se produit.
De la même manière, si plus de profit et d’argent devaient conduire à l’abolition de la pauvreté, nous serions dans un autre monde.
Les armes et le profit ne sont que des instruments de domination. Rien d’autre.

#3dollarbill #collisiondesmondes #dautreschemins #denuclearization #logiquededomination #mesnuits #motherdisco #notretemps
23 juin 2025
0417-2 Saint-Laurent. Hier soir, je regarde sur A… - Antoine Vigne

0417-2

Saint-Laurent. Hier soir, je regarde sur Arte le documentaire sur le procès Klaus Barbie. Mai 1987. Je me demandais pourquoi je n’avais aucun souvenir de ce moment, ou simplement des images floues, le nom mais rien de précis. La date pourtant, deux semaines après la mort de mon père, nous avons dû suivre cela à la télé dans la grand salon, fantômes que nous étions
je ne revivrai qu’à la fin mai ou début juin, devant Scapin, la cour de la rue Franklin, mes camarades qui jouent (Laurent surtout), je les envie, mon corps me dit qu’ils vivent, le Rondo Veneziano emplit le soir qui tombe, je suis seul, adolescent, on m’a laissé venir (on=ma mère sans doute), si j’étais parti ce soir-là, je crois que j’aurais vécu
point
ce que je raconte là, c’est d’abord l’histoire de ma sensualité

tous ceux qui parlent de Barbie parlent de ses yeux
aujourd’hui je vois Rubio, je vois Taylor Greene, je vois tous ceux qui collaborent
Steven Miller a le visage d’un sadique, aucune humanité sur ses traits

des visages pourtant, émergent, c’est toujours par les visages que l’histoire se fait: celui de Mohsen Mahdawi, l’étudiant palestinien arrêté
un autre, il n’est pas le premier mais il illumine la perversion du langage, des mots, on le nomme traitre et danger alors qu’il plaide l’entente, l’écoute, ne pas dire un mot plus haut que l’autre, voir les douleurs, entendre les souffrances, placer l’être avant l’idée, revenir à ce que nous sommes
fondamentalement :
des écorchés

la Palestine et son drapeau, un bout de tissu qui souffre mais les drapeaux ne sont rien d’autres que des chiffons qu’on agite dans le vent, ils disent nos peurs, notre besoin de communauté, la solitude
l’anglais sépare loneliness de solitude, l’une est subie, l’autre choisie
mais le français n’a pas ces pôles, tous deux contenus dans le même mot
le drapeau, emblème des solitudes donc, j’adule celui de ce pays qui n’existe pas, il trahit nos trahisons, les promesses non tenues, l’universalité des droits que l’on piétine
allègrement

 

#2025 #2025et1933 #absurditédelaguerre #carnetsintermittents #inanition1 #klausbarbiestevenmiller #logiquededomination #mohesnmahdawi #notretemps
17 avril 2025
il n’y a pas de frontières parce qu’elles sont tou… - Antoine Vigne

il n’y a pas de frontières parce qu’elles sont toutes inventées, parce qu’elles ont toutes bougées au cours de l’histoire, parce qu’elles relèvent de logique d’appropriations qui nient ce que nous sommes, des nomades qui passent dans ce monde,
l’accumulation (de terres, de biens), c’est la mort, la grande promesse du capitalisme et des nationalismes, des patriotismes, c’est l’appartenance mais l’appartenance inversée, ce ne sont pas les choses qui nous appartiennent, ce sont les choses qui nous possèdent, qui dictent nos conduites, nos peurs (de la dépossession)
le plus drôle, c’est que toutes les religions mettent en garde contre cela, contre la possession, et que tous les conservatismes se servent des religions pour définir exactement le contraire, pour définir l’élection (divine) par la possession, comme s’il pouvait y avoir élection lorsque l’existence du monde repose sur l’interpénétration du tout, sur l’idée contenue dans ces mêmes religions que le tout n’existe pas sans ses parties
alors oui, j’écoute Glissant quand il dit
“je n’aime pas l’idée que celui qui dirige le monde a le droit de dire le monde“
et, dans un moment, où la tentation pour l’Europe et tous les pays qui assistent à la folie trumpienne de se réarmer, entrer dans une course à la puissance se fait plus forte chaque jour, je dis que nous pouvons prendre d’autres chemins, proposer d’autres manières de faire corps, accepter enfin ce qui est : penser la lenteur contre la rapidité, penser la justice contre la violence, penser, la poésie contre l’explication rigide, impérative (comme les frontières, qu’elles miment, nos pensées changent, avancent, n’existent que comme un dialogue avec ce qui nous entoure,
il faut penser la pensée comme un chemin et non pas comme une grille, rejeter les territoires conquis parce qu’il n’existe pas de conquête, chaque jour ramène le même levant dont la clarté s’efface progressivement), penser l’union contre le morcellement et le morcellement contre l’union mais jamais l’un sans l’autre, revenir à la fragilité, protéger la lenteur qui seule donne sens à l’exaltation de la rapidité. ré-ingénier le tout-monde. savoir que ne pas participer c’est aussi vivre.

#absurditédelaguerre #carnetsdevoyage #littérature #logiquededomination
12 mars 2025
belle conversation hier chez Julius avec Guillaume… - Antoine Vigne

belle conversation hier chez Julius avec Guillaume L et Agnes K, des retrouvailles de longue date, nous parlons des inégalités, Guillaume dit qu’elles sont inévitables, consubstantielles aux sociétés humaines, j’avance l’idée qu’on confond inégalités et différence, que l’on peut effectivement penser nos différences (de talents, de capacités, de désir, d’âge, de rôles, de besoins), mais que les inégalités sociales ne représentent pas du tout ces différences comme on veut trop souvent nous le faire croire, que les inégalités sont aussi et justement le résultat de notre incapacité à penser la différence, le privilège accordé à la rigidité logique qu’on confond avec l’intelligence mais qui oublie la malléabilité de l’esprit, de nos perceptions, de nos élans comme de nos inquiétudes,
il faudrait ouvrir notre compréhension de la réalité, nos systèmes scolaires à d’autres aptitudes que la mécanique des connaissances, des dates, du calcul, de l’ambition (qui ronge et qui abime parce qu’elle est toujours peur de l’avenir qui pourrait ne pas tenir sa promesse), laisser une place à l’intuition, la compréhension du corps dans tous nos processus de décision, de la sensualité, la fatigue, l’excitation, le cerveau et sa chimie,
le rôle du récit aussi, son rôle de vecteur de la connaissance et son danger, celui de la sente étroite, trop étroite pour prendre en compte toute la réalité du monde, le risque de ne favoriser qu’un aspect au détriment des autres #inégalitésetdifférence #lerécitetsabeautéetsesdangers #hoyandtoday #carnetsintermittents

#carnetsintermittents #hoyandtoday #inégalitésetdifférence #lerécitetsabeautéetsesdangers #logiquededomination
5 mars 2025
pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de… - Antoine Vigne

pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de tout ce qui se passe, nos peurs qui sont le vrai visage de ce dont on nous abreuve au quotidien,
combien de discours sur le danger de l’autre, le danger d’être submergés, d’être dépossédés, d’être dépassés, d’être emportés économiquement, technologiquement, territorialement, culturellement, la peur qui revient en négatif dans toutes les analyses, les postures diplomatiques, qui se change en monstre évidemment chez ceux auxquels on donne trop de pouvoirs, les Trump, les Poutine, les Xi, les Musk, mais qui déteint sur les autres, sur nous, aucun n’avouera qu’il a peur mais c’est pourtant bien la réalité sinon pourquoi toutes ces obsessions, l’imposition des solutions de la dernière chance, du sauvetage, l’héroïsation de comportements imbéciles,
pourquoi ne se trouve-t-il pas de personne politique pour reconnaitre cette peur, la reconnaitre vraiment, la dire, l’expliciter, nous avons peur et c’est normal, c’est humain, faire ce premier pas, plutôt que de bomber le torse toujours, la même logique qui ne conduit qu’à des catastrophes,
parce qu’accepter sa peur, c’est savoir la reconnaître dans l’autre, c’est savoir que la peur nous relie tout autant si ce n’est plus que d’autres émotions dans une époque de grand bouleversement et de penser l’autre comme ayant aussi peur que nous en fait un allié plus évident que lorsque tous jouent à un jeu de miroirs réfléchissant,
un éclat fantôme,
il y a une beauté à la peur, elle est une relation profonde à la réalité, elle est primaire, elle est l’oeil qui s’étonne de l’immensité,
mais, ravalée. elle s’insinue, elle se transforme en névrose, en besoin de domination, en guerre,
la peur vécue seule, c’est aussi l’armement, la défiance, l’incompréhension, une marche à la confrontation dont on finit toujours par revenir blessé
on peut rejoindre l’autre par nos peurs, il s’agit de reconnaître nos intimités liées, c’est un chemin beaucoup plus sûr, beaucoup plus fécond, le socle du dialogue
#lapeur #direnospeurs #carnetsintermittents #hoyandtoday

#carnetsintermittents #direnospeurs #hoyandtoday #lapeur #logiquededomination #notretemps
5 mars 2025
La résistance au capitalisme actuel et toutes ses… - Antoine Vigne

La résistance au capitalisme actuel et toutes ses dérives et ses sécheresses (dont les ruptures démocratiques, le populisme, les tentations fascistes) passe par le marronnage intérieur, par la créativité intérieure. Le conte, la musique, l’exil, l’invention d’imaginaires relationnels. Patrick Chamoiseau à Albertine hier soir, lumineux sur les stratégies d’échappement, de contournement, de lutte, de résistance au monde actuel, aux tentations de la haine et de l’autocratie. Il parle des détours du marronnage intérieur, le marronnage de ceux qui ne quittent pas nécessairement la plantation mais vivent leur opposition dans un quotidien qu’ils réussissent à dépasser. Le marronnage devient alors un espace du détour, un exil intérieur qui compose les nouvelles formes de création. Et une exubérance en nait, ainsi que les fraternités (plus que les solidarités, dit-il), trouver des frères et soeurs d’âme, des partageurs d’expérience dans ce monde, des compagnons/lecteurs de signes. Il parle de ce vortex relationnel créé par la rencontre violente des cultures et des imaginaires dans un monde à la fois colonial, esclavagiste, capitaliste, leur collision créant des espaces que le capitalisme ne sait pas intégrer et qu’il ne contrôle pas. Et, en cela il offre une voix. Comme Tiago Rodrigues. Comme tant d’autres. Temps de la résistance donc.

#albertinebookstore #littérature #logiquededomination #marronnage #patrickchamoiseau #resistance
15 novembre 2024
Il n’y a pas de problème migratoire. Il y a un … - Antoine Vigne

Il n’y a pas de problème migratoire. Il y a un problème de répartition des richesses dans le monde dont découlent les guerres, les migrations forcées, l’exil, la détresse.

Je ne vais pas prêcher, nous le faisons tous trop. Mais : nous ne sortirons de ces spirales qu’en inventant un chemin qui redéfinisse les priorités de nos sociétés, une seule d’ailleurs, celle de la justice qui se décline sous toutes ses formes, sociale, financière, écologique, pénale aussi, y compris et surtout pour ceux qui, étant les plus privilégiés devraient être les plus redevables. Surtout au moment où le faux discours sur les périls migratoires se développent partout, où l’on fait croire à ceux qui se sentent les plus fragiles dans nos sociétés riches, que la menace vient des plus pauvres qu’eux.

Le plein emploi n’est pas un idéal, pas plus que le PIB, et l’idée qu’ils pourraient l’un et l’autre se stabiliser de manière durable, est une aberration. En revanche, oeuvrer à une société qui protège, qui délivre, qui entraîne, qui sauve, qui se réjouit du capital humain et naturel de notre monde, est un projet fédérateur, le seul qui puisse aujourd’hui ramener la démocratie, la foi dans nos institutions et dans une destinée commune.

Je n’ai pas de certitudes politiques pour cette élection sinon la colère contre ceux qui utilisent la misère et pensent les choses en termes de puissance, d’influence, de place de la France dans le monde ou de manière “nationale” alors qu’il y a tant de vrais sujets d’humanité commune.

J’ajouterai, pour ceux qui restent attachés aux “idées nationales”: il n’y plus de nation autre qu’affective (et je ne nie pas l’importance de cet aspect affectif mais je crains ce qu’il porte de danger de sclérose, d’enfermement, d’oubli de l’autre). J’ai pleuré mes nations moi aussi, les mythes mal dégrossis qui m’enfermaient. Mais la vie m’a appris qu’on n’apprend que dans l’incertitude, l’ouverture à l’indéfini, à ce qui dérange, ce qui déplace les lignes. On m’a suffisamment dit qu’on pouvait appartenir à une communauté sans qu’elle ait besoin de vous définir pour que je ne retourne pas le compliment…

 

#autoportraitsfragmentés #cequiderange #logiquededomination #migrations #notretempsdincertitude #toutsecoule
24 juin 2024
On parle beaucoup d’extrêmes ces temps-ci, on p… - Antoine Vigne

On parle beaucoup d’extrêmes ces temps-ci, on parle d’extrémisme comme s’il n’y avait pas d’alternative, comme s’il n’y avait qu’une seule voie, comme si la démocratie s’était soudain réduite à un passage minuscule où seul un groupe a raison. Pourtant, il y a de l’extrémisme aux inégalités, il y a de l’extrémisme à la richesse, à la non-taxation des profits, à la non-taxation des transactions financières, au refus de penser l’urgence climatique comme on aurait pensé l’urgence de l’équlibre financier des retraites par exemple… il y a de l’extrémisme à ne penser le monde qu’en terme d’influence, de puissance, de compétitivité, de ratios économiques. Il y a de l’extrémisme à abandonner les migrants en mer tandis que nos groupes industriels continuent de piller les pays qui sont maintenant en guerre, de négocier avec des dirigeants corrompus des contrats pour des minerais dont les ressources ne serviront pas à financer leur développement. Il y a de l’extrémisme dans notre vision des relations internationales qui défendent des idéaux que nous ne savons souvent pas vivre lorsque nos intérêts sont menacés. Il y a de l’extrémisme dans le refus d’appliquer les principes d’une convention citoyenne qui pouvait générer l’espoir d’un autre mode de dialogue et de démocratie, il y a de l’extrémisme à renouveler les autorisations de pesticide dont on sait qu’ils tuent la planète. Il y tant et tant d’extrémismes dans notre monde. Rester dans un chemin qui a montré sa puissance de destruction en arguant du fait qu’il n’y a pas d’autre choix est un extrémisme. C’est aussi un manque de courage, un manque de vision, un esclavage et une soumission. Il y a un autre chemin. Il y a même d’autres chemins. Le mien est choisi pour cette élection, avec toutes les nuances et tous les doutes que je garde sur certains éléments d’une possible majorité de gauche, toutes les divergences possibles. Je regarde les idées, les programmes, je sais où je me retrouve.

#àgauche #batirdenouveauxhorizons #desdoutesquandmemeetcestnormal #humanismeetecologie #justice #logiquededomination #nonalahaine #nonalastupiditecapitaliste #notretemps #nouveaufrontpopulaire
18 juin 2024
Peut-on abandonner les impérialismes de toutes so… - Antoine Vigne

Peut-on abandonner les impérialismes de toutes sortes, l’idée qu’on peut décider pour l’autre, qu’on possède la terre, peut-on ouvrir Gaza, laisser la population sortir plutôt que de durcir un blocus qui n’a pas de sens, arrêter tout, oui tout, la machine économique, les projets pharaoniques de nations qui s’entrechoquent, attendre, pleurer ensemble, les morts, nos morts, les autres, toutes les souffrances, nous regarder, nous toucher, s’asseoir dans le sable, ne plus rien faire que d’attendre, laisser les nuits nous emporter jusqu’à ce que les blessures, les deuils, les haines n’aient plus de sens, que nous voyions nos peurs, nos traumatismes, que nous acceptions de les vivre ensemble plutôt que de les vivre séparément. il y a une erreur dans l’idée d’État, de tout État, celle d’imaginer que la terre nous appartient alors qu’elle doit être partagée, et le plan de partage de 1947 portait en lui cette énième erreur qui était de panser les plaies impansables/impensables par l’érection de lignes, de limites, d’appartenances qui nous séparent plutôt qu’elles nous rassemblent. Nous mourons tous, certains beaucoup plus que d’autres, mais nous mourons tous de notre besoin de définir ce qui est nôtre quand ce nôtre devient un mien qui s’oppose au tien. Toutes nos frontières contemporaines contiennent en elles la peur de l’autre, la peur de manquer, d’être dilués, d’être niés, d’être confronté à ce qui n’est pas nous parce que notre nous est trop étroit, parce qu’il oublie sa dimension universelle, cosmique, le détachement nécessaire d’avec toutes choses, y compris le passé, quelque glorieux ou malheureux, tragique qu’il soit. La réconciliation passe par l’oubli de ce que nous sommes, non pas un oubli absolu, non pas un oubli linéaire mais la capacité d’oubli qui est une capacité d’accueil de l’autre, sa différence et sa proximité, accepter que nous ne sommes rien absolument, ni Français, ni Palestiniens, ni Israéliens, ni arabes, ni Juifs, ni catholiques évidemment, ni gays, nous sommes tout cela et pourtant capable d’être le monde entier dans le même temps. Les corps qu’on emporte dans le désert enterrent l’idée de notre pluralité qui sauve.

#gaza #logiquededomination #penserlimpossible
10 octobre 2023
Retrouver la lumière de Miami, les tons azuréens… - Antoine Vigne
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Retrouver la lumière de Miami, les tons azuréens des tropiques qui virent au pastel le matin et le soir, qui emportent la blancheur des bâtiments et les formes modernistes que j’aime. Le béton partout, sublime quand il est peint. Ou non. Tout autour la Floride et la richesse toujours plus visible, indécente, arrogante, contente d’elle même, insensible parce qu’incapable de sensibilité, les immeubles s’élèvent, les routes se couvrent chaque année de plus de voitures de sport, les bars, les restaurants changent. Le Miami Beach de l’entre-deux, des projects/HLM bon marché côtoyant les maisons de luxe disparaît peu à peu (ou brutalement selon l’échelle de temps qu’on choisit) mais les parcs, les palmiers, les raisiniers de mer reconquièrent aussi l’espace. Transforment les plages, annoncent la fin d’un abandon qui avait duré des décennies. Nostalgie évidemment de cet ensemble urbain qui disparaît dans la forme où je l’avais découvert dans les années 2000, accompagnée de la vision étrangement séduisante et effrayante de ce monde qui se croit invincible, qui refuse de voir les crises présentes et à venir. On sent des frémissements de changement comme partout: la mangrove qui reprend ses droits et ré-arrime le sable, les véhicules électriques qui se multiplient, mais si peu. Si peu face aux défis du monde contemporain. Et cet oubli absolu de l’insolence de la richesse, de l’absurdité de cette fausse prospérité heureuse dont les prémisses sont faussés parce qu’aveugles aux inégalités, à l’impossibilité de vivre dans cette opulence dispendieuse, folle, incontrôlée. Je pense étrangement et dans le même temps à la réforme des retraites, à l’incapacité du gouvernement de comprendre qu’aucune réforme n’est possible, souhaitable sans s’attaquer d’abord et avant tout aux inégalités flagrantes, à la pauvreté, à l’injustice généralisée. Miami est un conte de la folie de ceux qui croient que tout est argent. Elle s’enfoncera dans l’eau. Sous des tons azurs.

#carnetsdevoyage #changementclimatique #floride #folieetaberration #indécenceselarichesse #injusticesociale #logiquededomination #miami #richesseetinégalités #séductiondelablancheur #tropiques
14 février 2023
Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des … - Antoine Vigne
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Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des attaques contre le Qatar alors que nos pays occidentaux ont une dette colossale à payer au monde pour l’héritage que nous lui léguons et alors que nous n’avons pas su aller au bout de la logique des droits humains dans nos pays, que les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes, qu’on assassine des gays dans un bar du Colorado, que les inégalités rampent, que nous consommons (consumons) aussi la terre, que tant reste à faire. Mais le noeud de l’histoire de ce Mondial est l’argent, l’argent qui corrompt tout, qui abîme, qui dessèche, qui ruine, l’argent immonde, l’argent traître, l’argent aveugle, l’argent complice. L’argent qui tue. Et la coupe du monde au Qatar n’est qu’une histoire d’argent, cynique, banale, abjecte, le symbole d’une rupture, d’un modèle qui n’a plus de sens. À l’heure du climat, à l’heure de la réalité qui brûle, on nous vend un ballon sale, on nous assomme de messages, on veut nous rassurer que non, c’est bien le sport qui compte, la fraternité, le dépassement, mais ce sport et toutes ses illusions débiles ploie dans sa génuflexion au dieu pétrole, dans sa soumission au conservatisme religieux, à la logique des riches, de la télévision qui abrutit, dans son oubli de tout ce qui compte, justement, dans notre époque. Et oui, je pleure le confort que nous n’avons plus de regarder ces matchs comme s’il était encore possible d’oublier, comme si on avait le droit au repos, juste là, quelques instants, quelques heures. Mais non, Il est trop tard. Et il est temps. D’inventer le monde. Alors s’il me reste une arme, c’est celle des faibles justement, celle de ne pas regarder les matchs, celle de refuser l’argent de la publicité, celle du grain de sable qui fait dérayer le train. Ou pas. Mais qui essaie. Et qui refuse.

#argentimmonde #boycottqatar2022 #fuckcapitalism #graindesable #laplanètebrûle #logiquededomination #mensongedusport #notretemps #nouveaurécit #revolution #rupture
22 novembre 2022
Nuit chaude. 22 degrés à 21h le 6 novembre quand… - Antoine Vigne

Nuit chaude. 22 degrés à 21h le 6 novembre quand je quitte l’Eagle, que je prends la bateau pour rentrer. Étrange douceur, toujours la même impression que nos récits ne capturent pas toute la réalité du moment, que la COP27 qui s’ouvre est à la fois la continuation d’un espoir et une tragédie, que nos villes illuminées sont sublimes et des monuments à nos échecs collectifs, que l’aberration du capitalisme et du consumérisme conduisent à la faillite, que nos démocraties et nos nations ne survivront pas en l’état mais que seront inventés d’autres chemins de chaos, d’autres itinéraires de résilience. Mais comment le dire, comment le penser, comment penser les instances internationales qui devront enfin partager les richesses et les détresses, mettre à bas la domination imbécile du profit, réinventer les solidarités, la compréhension du vivant, de l’histoire des peuples, en finir avec l’aberration des religions instituées qui ne produisent qu’hypocrisie et obscurantisme sans jamais remplir le vide qu’on ne peut pas remplir. Les élections arrivent, ici et partout et le seul discours audible est celui de la peur, évidemment, parce qu’il faut avoir peur, parce que le monde créé par la domination du libéralisme arrogant n’a tenu aucune de ses promesses, il a trompé, il a abîmé, rendu sourd, compromis ceux même qui devait le combattre, qui aurait dû voir les dangers. Je comprends aujourd’hui qu’on verse de la soupe sur des Van Gogh dont la valeur marchande n’a aucun sens. Parce que ce monde n’a pas de sens. Et que notre recherche d’un modèle universel, compréhensible, rationnel, prélude à notre besoin de l’imposer, n’a peut-être pas de sens non plus. J’avance comme tout le monde dans la nuit chaude qui nous effraie et nous rassure.

#capitalismfailed #changerdemodèle #cop27 #destindelhumanité #endthedictatorshipofprofit #logiquededomination #mesnuits #nouveaurécit #nouvellessolidarités #nuitdenovembre #toutchanger #tragédiedelareligion #tragédieetsublime
7 novembre 2022
D’autres images de Madrid: les grands musées, l… - Antoine Vigne
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D’autres images de Madrid: les grands musées, le Prado, les salles qui n’en finissent pas, le trop-plein, l’excès qui nous empêche de voir. Oui, il y a Bosch, la salle sublime du Jardin des délices, et l’illumination de Fra Angelico, et l’ange sensuel de l’Annonciation de Greco, et les détails qui se perdent dans l’infini des toiles du Tintoret, la femme à barbe de Ribera qu’il faudrait revisiter avec notre oeil qui voit la possibilité de la transsexualité, puis les apôtres de Ribera aux yeux profondément noirs, le mystère des corps de la Forge de Vulcain de Velasquez, le Vol des sorcières de Goya et ses accents qui rappellent MacBeth. Mais, comme tant d’autres, le musée est trop grand pour l’art qu’il contient, il reste trop attaché à l’idée que nous nous faisons de la puissance passée d’une nation. Il dessert l’art qu’il abrite. Il faut changer nos musées, les réduire, les sauver de la consommation culturelle qui nous gangrène, qui tue les oeuvres. Il faut redéployer l’intimité de l’expérience de l’art, envoyer des oeuvres dans de petits musées où ils retrouveront leur unicité. On ne voit pas dans un musée comme le Prado, on souffre de l’accumulation que l’esprit ne peut englober. Et l’universalisme est, comme souvent, un alibi à notre refus de voir l’image de la puissance qui a abimé le monde.

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27 septembre 2022
Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1… - Antoine Vigne
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Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1988 sur le Rêve Mexicain, sur la pensée interrompue d’un continent dont nous apprenons de manière de plus en plus brutale qu’il contenait en lui des réponses à tous les abus et les matérialismes de la civilisation judéo-chrétienne: l’équilibre nécessaire entre les forces du monde, l’intégration de l’humanité à un destin plus vaste de la vie, la perception du rôle des rêves et de l’inconscient, la compréhension de la dualité (y compris sexuelle des dieux) et de la multiplicité, le refus de la propriété qui divise tout et met tout en esclavage, l’importance du cycle et du chaos qui annoncent ce que seront les découvertes scientifiques beaucoup plus tardives de l’Occident (sur l’atome, le Big Bang, la physique quantique), la perception que l’homme a besoin, pour sa survie, de se réintégrer à une communauté qui le dépasse. Tant de fils et de possibilités que la conquête a coupés nets, annihilant ainsi une part de notre héritage. C’est un livre qui pleure et qui médite, qui s’arrête pour contempler le destin tragique d’une humanité prisonnière du matérialisme européen issu (étrangement) du christianisme rationaliste ou de ce que nous avons voulu faire du christianisme. C’est une somme qui résonne, qui énumère les noms pour que leur écho habite la terre. Et c’est une ode à tous ceux qui ont perçu ce message lors de leurs contacts avec le Mexique, de Bernardino de Sahagun à Antonin Artaud.

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12 juin 2022
Fabuleuse présentation d’une Tempête d’Aimé… - Antoine Vigne

Fabuleuse présentation d’une Tempête d’Aimé Césaire au FIAF ce soir, en lecture scénique. Il n’y avait pas besoin d’une mise en scène plus complexe, les mots parlaient d’eux mêmes, portés par Isaiah Johnson en Caliban et par Jay O Sanders en Prospero. Tout était là, l’impossibilité d’être de Caliban, l’impossibilité d’avoir un nom, de trouver l’être, et puis la haine qui clôt le tout, la haine qui est à la fois la résolution et son absence dans le moment final de la piece. On sent tout le reste, les années 1960, Malcom X, les combats des droits et de la décolonisation, le désir qui brûle mais qui ne peut rien face au désastre de l’impérialisme et de son corollaire, le capitalisme. Quand tout a été pris, il ne reste rien, pas même un nom, “appelle-moi x”, dit Caliban et on sait qu’on est dans des combats qui sont ceux de toutes les générations qui suivront, ceux qui essaieront de combler le vide laissé béant, l’exil forcé, la déshumanisation. On trouve aussi les prémisses d’une idée environnementale dans le texte de Césaire, l’idée de féminisme aussi. Tant de choses. Et ce refus de Prospero de se laisser emporter par l’idée qu’il a pu être un tyran, ce refus de regarder son histoire. Que de parallèles avec ce qui advient maintenant. L’abime est terrifiant à contempler.

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1 mars 2022