Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne
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Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtre des Champs Elysées la semaine dernière.
La musique de Poulenc d’abord. Des accents qui vont d’un mysticisme qui me rappelle Nadia Boulanger quand elle dirige le requiem de Fauré, les arches sombres des églises de la fin du XIXe et du début du XXe, de Montmartre au Saint-Esprit, des voutes en béton, la matière pèse, une école française de la musique, et jusqu’à Aaron Copland ou aux musiques d’Hollywood.
Le texte sublime mais je ne comprends pas pourquoi la première scène est-elle si plate, si pauvre dans l’écriture, elle n’ouvre à rien, elle se donne sans relief quand le reste du texte s’envole, manie le vide, le plein, le désir, la mortification, la violence – du temps, du corps, le refus de la sensualité,…
La voix de Véronique Gens (Madame Lidoine), Manon Lamaison (soeur Constance) et de Sathy Ratia (Chevalier de la Force).
La mise en scène d’Olivier Py, la justesse de la dernière scène malgré le son défaillant de la guillotine dans les hauts-parleurs qui nous surplombent et qui abime le moment, mais le mouvement des corps qui dansent leur mort et l’envolée mystique fonctionne. D’autres moments sont plus ambigus, notamment dans le rapport de Blanche avec son frère.
Mais l’ensemble est saisissant. Un monument encore. Le mysticisme de Poulenc me fascine dans sa relation troublée par l’homosexualité, la tension de l’émotion corporelle qui se sait ne pas pouvoir vivre l’intensité qui émane d’elle. Encore plus fasciné lorsque je pense aux discussions entre Poulenc et Samuel Barber, mêmes désirs, même élans, même secret douloureux que la musique exprime.

 

#dialoguedescarmélites #georgesbernanos #homosexualité #mysticisme #olivierpy #opera #performingarts #poulenc #religion #samuelbarber
17 décembre 2024
Hier soir, au Festival de Little Island, le Day fo… - Antoine Vigne
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Hier soir, au Festival de Little Island, le Day for night de Pam Tanowitz. Toujours le cadre, la rivière, le bruit des nuits d’été, les avions qui passent dans le couchant, juste au-dessus de nous, les mouettes attendent sur les piles à moitié submergées, réveillées par moment par les jeux de lumière qui se succèdent, rouge, bleu, vert, de grands à-plats qui font ressortir le blanc de leurs corps endormis. Comme dans un spectacle de Stockhausen, la représentation commence avant, sur les pelouses de l’île, et se poursuit après, dans un petit théâtre d’extérieur au son du Lay all your love on me d’Abba que reprend lentement Caroline Shaw sous les percussions de Sô. Entre les deux, Marc Crousillat et les autres danseurs trottent sur la piste comme des groupes de chevaux, deux personnages habillés de tulle noir reviennent hanter la narration, les costumes jouent sur les corps qu’ils révèlent autant qu’ils les habillent et les déparent, on entend le rapport journalier sur les vents marins, je vois le Cocteau du Sang d’un poète, je vois le Médée d’Irène Pappas, le mouvement qui tend au mythe jusqu’à la limite de la désincarnation, mais je reste aussi sur l’image première des deux corps qui regardent la rivière pendant l’espace d’un instant fugace. Belle nuit avec Nick, Matt, Jonathan avant un verre à Nat’s. Soirée d’été.

#dance #dansecontemporaine #littleislandfestival #musicanddance #nuitdété #pamtanowitz #performingarts
20 juillet 2024
Vendredi soir, la pièce de Capdevielle au T2G de … - Antoine Vigne
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Vendredi soir, la pièce de Capdevielle au T2G de Gennevilliers. Caligula. Le mots de Camus, la densité, deux heures et demi de chute vertigineuse, le décor en forme de promontoire sur des rochers face à la mer, le vide derrière, devant, dans le couloir, bouche de béton en jaune comme l’émergence de la modernité, le costume, le maillot de bain, l’attente des tables de DJs qui troublent le rapport au temps mais ce n’est pas grave, évidemment, le mouvement d’ensemble est un mouvement d’abolition (des limites, des peurs, de l’autre, du sens… aller toujours pour loin, le réel s’oppose à la pensée qui s’enivre de son accélération sans fin). Étrange sentiment à la sortie, la submersion dans un trop plein. J’aime le chevauchement, le texte et le monde de Capdevielle, le travestissement qui ronge le corps plus qu’il ne l’habille, le surgissement du camp, du queer, des tables de DJs, de l’italien comme langue qui brouille le texte puis les hurlements derrière la butte – même le langage se travestit. Le temps s’allonge, épuise, on veut la mort, on veut la fin de ce spectacle qui n’a plus de sens. Le texte s’emballe en fait, il ne sait plus lâcher, «je suis encore vivant» n’est pas qu’une prophétie, l’actualité qui ronge le week-end lui donne raison, toutes les violences nourries de la misère rejoignent le fou de l’Empire. Pleurer n’a plus de sens.

Dans les cahiers Camus, le “dépasser la vie banale”, le lien à Grenier, Cheskov, Nietzsche. L’illusion tient à la linéarité. Le dépassement peut se penser comme des explosions solaires qui ne durent pas. Une succession d’états qui se répètent et se surprennent toujours de leur violence.

Aussi, la rencontre de Virginie et Marguerite quelques minutes avant le spectacle, le partage inattendu heureux.

 

#caligula #camus #dépasserlaviebanale #jonathancapdevielle #lesmotsetlesens #littérature #performingarts #submersion #t2g #texte #théâtre #théâtredegennevilliers
9 octobre 2023
Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre…. - Antoine Vigne
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Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre. Continuer à écrire. Reprendre ses marques, ses lieux, la Porte Dorée, mon roc dans le bois, courir sous la pluie, des heures au café des Cascades où la musique est trop forte mais les conversations me rappellent immédiatement les différences avec New York, le temps qui passe moins vite, tout ne s’offre pas à emporter. Écrire quand même. Hier, la tension palpable, évidente, triste. Démocratie abîmée par l’usage du pouvoir, un conte classique. L’évidence: nombre de ceux qui avaient voté contre Marine Le Pen à la dernière élection, ne le feront pas à la prochaine… le vaisseau fou s’emballe. Besoin d’un autre modèle de toute façon mais lequel? Hommage aux syndicats. Aux manifestants. Question de la violence, de la non violence aussi qui protège trop souvent l’ordre établi, son mythe. Trouver une voie qui reconnaisse d’abord la violence établie, celle qui écrase au quotidien.

Hier soir, Koltès a l’espacé Cardin du théâtre de la ville. Avec un beau Xavier Gallais. Mais le texte n’est pas servi par l’intrusion de la mise en scène. Un texte compliqué au départ dont je crois qu’il faut pouvoir l’entendre, créer l’espace qui le libère plutôt que d’ajouter des niveaux de sens (l’araméen, le Styx, Cain et Abel, la mort, le trou qui aspire le client à la fin). Mais belle petite soirée quand même. Marcher longtemps pour le métro ensuite au milieu d’une foule qui suit le tracé de la ligne 1 Rue de Rivoli au-dessus des stations fermées.

 

#atterrissage #carnetsbiographiques #danslasolitudedeschampsdecoton #démocratieendanger #écrire #espacecardin #home #koltès #littérature #mesancrages #mouvementsocial #performingarts #poèmesenbéton #rocherduzoo #sentirlaville #tensionetdétente #théâtre #theatredelavilleparis
24 mars 2023
Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirba… - Antoine Vigne
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Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirball de NYU, mis en scène par Yngvoid Aspeli. Fabuleusement poétique, dense, humide de l’obscurité des confins de l’océan et des fantasmes d’Ahab dans le récit d’Ishmael. La scène est sobre, illuminée de reflets qui traversent le pont du navire, les flots au-dessous, au-dessus, la perspective s’inverse souvent, les marionnettes prennent des proportions qui nous rappellent qu’on est dans un conte, dans les méandres d’une folie qui n’aura de fin que dans l’anéantissement, elles sont extraordinairement vivantes, évocatrices, celle d’Ahab surtout, celle de Starbuck aussi, accompagnées par les marionnettistes qui apparaissent/disparaissent comme s’ils étaient des ombres, des esprits, des voix aussi, et le décor continue de se mouvoir sans cesse, la mer, le navire, l’espace se creuse comme des flots qui s’agitent, et les monstres se rapprochent, les cachalots qu’on chasse, qu’on harponne, la mise en scène réussit ce tour de force de nous faire changer d’échelle, de nous transporter au-dessus des embarcations, de survoler ce qui doit l’être avant de revenir à l’individualité des corps dans une eau qui les enserre autant qu’elle les attire. Cette attirance est un vertige. Et la musique est dense, captivante, trois musiciens produisent tous les sons, la mer, les vagues, la tempête, au bord de la scène comme s’ils racontaient l’histoire aux côtés d’Ishmael. Sublime, sublime.

#conte #hermanmelville #littérature #marionnettes #mobydick #performingarts #plexussolaire #publictheater #skirball #tale #theater #théâtre #undertheradarfestival #yngvildaspeni
14 janvier 2023
Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel … - Antoine Vigne
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Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel Gat. Un plateau vide, des ouvertures qui coulissent en hauteur sur le fond noir de la scène, des corps qui entrent, se placent, attendent, se regardent, puis la musique qui ouvre l’espace, entraîne les corps. De grands mouvements de l’ensemble comme un flot qui va et vient, les costumes sont riches, baroques, pleins d’étoffes, certaines moirées, certaines sombres, toutes comme des collages, qui tombent comme des guenilles mais volent, accompagnent les corps. Les mouvements de groupe alternent avec les duos, les solos, la musique (de Tears for Fears, entêtante, envahissante parfois parce qu’on la connait trop) habite la scène puis s’en retire de manière abrupte, revient. La lumière tombe parfois, blanche, éblouissante, mêlée à la fumée comme dans les clubs d’un autre temps, version 85-86, elle tombe, rebondit sur les dos, les corps. Margo et moi sommes sur le côté à BAM, les premiers rangs mais dans des sièges comme des alcôves, sous le plafond bas des loges, et c’est parfait, comme un théâtre contenu, un clip sur un écran, intime, une ode, l’offrande, électrisante, euphorique, chaque moment de la narration qui passe, ouvrant sur l’autre, d’autres rencontres, des corps qui bougent très vite, qui suivent le rythme, inventent des turbulences, l’ondulation, l’effervescence des bras, des jambes, des torses cherchant tous les possibles, l’essoufflement, tout attraper, ne rien laisser au temps qui passe, surtout. Dans la fluidité des identités (qui déborde sur celle des genres), je retrouve les sensations d’images (la lumière trouble sur les visages de Deneuve et Bowie dans The Hunger peut-être, tant d’autres…). Et la fièvre gagne la salle, on ne sait plus très bien, à un moment si c’est un concert ou un spectacle, mais c’est dans cette ambigüité aussi que se loge l’exubérance contagieuse, hypnotique qui lève la salle. Beau moment de vie.

#brooklynacademyofmusic #danse #dansecontemporaine #emmanuelgat #lovetrain2020 #performingarts #tearsforfears
3 décembre 2022
Un week-end d’octobre, l’exposition des Becher… - Antoine Vigne
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Un week-end d’octobre, l’exposition des Becher au Met dont les images sont incroyablement satisfaisantes visuellement – je sais, c’est un anglicisme, la traduction littérale de “hugely satisfying visually” mais l’anglais est plus évident ici – et un spectacle de Trajal Harell au Skirtball de NYU – assez émouvant, finalement, le voguing et la créativité de l’oubli, de l’abandon s’invitant dans les interstices du texte de Tennessee Williams, Cat on a hot tin roof, avec une exubérance des gestes, des démarches, des draps et des coussins utilisés pour mimer les atours de la classe dominante. Puis un diner improvisé chez Japonica sur University Place avec David, Helen et Margo à discuter des monuments publics, de la nécessité de les réinventer ou d’en abandonner complètement la pratique, avec un détour par la question sur le bannissement d’ouvrages dans le sud des États-Unis. Nous évoquons des parallèles, la cancel-culture qui rejoint l’absolutisme des ultra-conversateurs mais je distingue aussi une porte de sortie aux tensions contemporaines dans la compréhension des colères qui émergent dans notre monde, nos sociétés. L’action passe parfois par l’inaction. L’entendre. Le lendemain, après un déjeuner avec Steve et Michael où nous parlons de son livre, de nos étés, nous tombons sur Trajal sur la 16e rue, quelques mots échangés, l’étonnement des univers qui se croisent et se recroisent.

#31octobre2022 #art #berndandhillabecher #catonahottinroof #dansecontemporaine #lactionetlinaction #maggiethecat #metmuseum #monuments #performingarts #photographie #tenesseewillliams #trajalharrell #voguing #weekenddoctobre
31 octobre 2022
Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Fré… - Antoine Vigne
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Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Frédérique Aït-Tourati hier soir au FIAF. Duncan Evennou dit le texte, il le raconte, il utilise la scène comme un conteur, il remplace les mythes, les mythes récents de notre fascination pour les étoiles, l’ailleurs, le cosmos avec celui de Gaïa, avec la zone critique, le vivant qui n’est jamais un plan mais toujours un assemblage complexe, multiple dont la profondeur est infinie, peuplée, mêlée. Toute l’histoire du monde est là, le présent et l’avenir, nos sociétés dont nous pensions qu’elles avaient une histoire mais qui en ont en fait des millions entremêlées et que nous n’avons jamais appris à dire, à penser, obsédé que nous étions par la définition de ce que nous sommes. La scéno invite, elle laisse pénétrer dans le discours, elle juxtapose les temps et les visions. On suit le texte, on suit Lovelock et Margulies, on se demande comment tout cela n’est pas partout, dans toutes les écoles, sur toutes les places, publiques ou privées. Y compris l’idée d’abandonner l’image envoûtante de la planète bleue, la boule qui se lève sur le fond noir de l’espace et qui nous parle d’une unité que nous n’avons pas, que nous n’aurons pas, pas dans ce modèle de civilisation. Faire le deuil des grandes images, des émotions qui nous ont faits, reconstruire. Penser ailleurs et autrement.

#abandonnernosmythes #brunolatour #conte #crossingtheline #duncanevennou #fiaf #frederiqueaittouati #gaia #galileogalilei #levivantcomplexe #littérature #nouveaurécit #performingarts #texte #theater #théâtre #trilogieterrestre #zonecritique
28 octobre 2022
Sublime sublime spectacle de Meg Stuart à Beaubou… - Antoine Vigne
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Sublime sublime spectacle de Meg Stuart à Beaubourg la semaine dernière. Le cosmos à moitié accroché qui ouvre la scène peuplée de blobs sur lesquels marchent des corps dont l’individualité est marquée, étrange, surtout l’athlète de bobsleigh qui se tient au haut de la rampe de combiné avec son casque à la Daft Punk. La musique est un objet, elle est physique, une matière sombre qui porte les corps, les fait se mouvoir, puis les textes parlent, du temps qui s’est ouvert, de l’étonnement presque presque joyeux de la survie, puis des puzzles qu’il faut remettre en place, le temps avant le temps, le vide qui vient de nous engouffrer. Les corps se cherchent, montent et descendent, jouent de leur ambigüité. Un autre texte, puis le moment où le spectacle s’achève sans s’achever. On veut applaudir mais on sait qu’il n’est pas temps, les danseurs nous regardent, le silence. Puis le bruit, le cosmos s’effondre, on l’arrache dans la cacophonie, la rave, la rage, le mouvement robotique, il ne reste que cela. La répétition parce que le temps cosmologique nous rattrape, intellectuellement il nous rattrape parce que nous le dépassons dès lors que nous le pensons. Tout n’ira pas si mal, non, tout ne va pas si mal, on se retrouve, on a passé le gouffre, il reste le corps qui vrille, qui enferme mais qui vrille et dans sa vrille crée l’illusion du mouvement.

#avecvirginieetmarguerite #beaubourg #brendandougherty #cascade #danse #dansecontemporaine #festivaldautomne #megstuart #performingarts #philippequesne #timetchels
18 octobre 2022
Quelques marqueurs des semaines qui passent: Wozze… - Antoine Vigne
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Quelques marqueurs des semaines qui passent: Wozzek dans une version scénique à Carnegie Hall avec Nicholas (l’économie de mots au service de l’intensité qui se fond dans les pleurs, les fureurs, les moments d’apaisement qui ne durent jamais et la folie. Le son de l’orchestre utilisé comme une caisse de résonance à toutes les tragédies de l’existence, la pauvreté, l’absurdité de la guerre, la prostitution, la violence envers les femmes, la trahison, le savoir et la science qui s’érigent en arme de différenciation sociale et font peser le poids d’un esclavage inhumain sur les pauvres, les faibles, les vulnérables. On est entre Brecht et Fassbinder, dans un univers trop évidemment présent pour ne pas être douloureux mais sublime). Puis une présentation de Jennie Jones au Guggenheim avec Fred Moten, l’idée de l’intentionalité de l’oeuvre mise en question, et celle du cycle sans fin: quand Miles Davis joue le même morceau près de 2000 fois, les 1999 fois qui suivent la première sont une exploration et une critique de la première fois. Quelques galeries aussi, Walid Raad chez Paula Cooper et ses contes imagés, les photos d’Emmett Gowin chez Pace et ses paysages faits de la répétition du geste, la recherche du même, sans cesse. Et Michelle Stuart chez Lelong, la trace de la terre, du temps sur le papier de la manière la plus évidente qui soit. Et puis le travail sur le conte pour enfants avec Jean et Léa Louis, le roman qui commence à avancer. Les jours de printemps alternent avec les jours de fin d’hiver, le brouillard, la pluie.
L’autre soir, le film Drive my car de Ryusuke Hamaguchi, ses images lentes, les dialogues, la superposition de la pièce de Tchekhov, les drames et les incompréhensions qui empoisonnent la vie ou plutôt l’empêchent, j’ai envie de lire le texte de Murakami pour comprendre tout ce qui y est dit. Nos concerts du soir avec Jonathan, toutes lumières éteintes sur le canapé, à écouter la musique. Et mes compagnons de lecture: l’histoire de l’homosexualité de Florence Tamagne, Gide (les Faux-Monnayeurs, vieilli) et Walt Whitman, puissant de vitalité.

#andrégide #art #boskovhus #film #homosexualité #littérature #performingarts #poésieduquotidien #semaines #waltwhitman #wozzec
3 avril 2022
Le concert pour l’Ukraine au Met Opera hier soir… - Antoine Vigne
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Le concert pour l’Ukraine au Met Opera hier soir, le drapeau qui couvre la façade et qu’on agite dans les tribunes. Cela me rappelle de vieux films, la guerre en Europe que je ne pensais pas connaître. Yannick Nézet-Seguin dirige l’Adagio de Barber dans des tons incroyablement souples, puis les choeurs du Nabucco et les Quatre Derniers Lieders de Strauss (chantés par Lise Davidson) avant de finir par l’Ode à la joie dont le thème est vraiment celui de la fraternité humaine. Les gens sont debout, ils applaudissent, on fait ce que l’on peut lorsque l’on n’a rien d’autre et c’est un peu ce que l’on sent dans la salle, la conscience fragile que nous sommes là, loin, cherchant à partager la souffrance et l’inquiétude, être entièrement dans ce combat sans pouvoir totalement l’être. Je pense à l’impuissance qui ronge toujours, la force de l’élan qui parfois vise trop vite et mal mais qui est humaine, qui répond à l’urgence parce qu’il faut y répondre même quand toutes les réponses sont en partie inadéquates. Le destin de nos sociétés humaines comme de nos existences individuelles est fait de ces élans, ces pulsions contradictoires et nécessaires qui produisent un chaos au sein duquel il est difficile de percevoir l’avenir mais qui y participent toujours. ll y a un mystère assez sublime à cette marche dans l’obscurité où brillent quelques phares inattendus, Zelensky entre autres, tous les Ukrainiens aussi, ceux qui luttent et accueillent les réfugiés, nous tous peut-être dans notre compréhension nouvelle des dangers qui nous guettent.

#adagiobarber #aventurehumaine #chaos #fraternité #héraclite #impuissanceetélans #metconcertukraine #metropolitanopera #mystèredelaguerre #notretemps #odeàlajoie #performingarts #ukraine #ukrainemustwin #yannicknezetseguin #zelensky
15 mars 2022
Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne
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Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’Ukraine partout, les questions qui se posent, le spectacle de la guerre qui n’a pas de sens mais que nous vivons en direct, en cherchant des points d’appui, des manières de nous sentir impliqués sans l’être totalement. Mais pourra-t-on rester en dehors? N’est-ce pas le modèle churchillien du “entre le déshonneur et la guerre vous aviez le choix, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre”? Ou est-ce au contraire la vitrine d’une autre manière de penser les conflits? Mais, dans ce cas, pourquoi faire commerce avec l’Arabie Saoudite, avec la Chine, pourquoi vendre des armes, pourquoi oublier tous les déséquilibres. Nous gérons le chaos, nous gérons le monde et nos contradictions, nos compromissions. Peut-être n’y a-t-il pas d’autre voie, peut-être se glisse au milieu de tout cela la tension vers la justice dont parle Martin Luther King et les combats se font-ils un à un. Je suis prêt à le croire mais je pleure, comme tous aujourd’hui, l’absurdité de la violence de Putin et de tous les autocrates contemporains, de Xi à Bolsonaro et à Trump parce qu’ils sont tous les mêmes, ils incarnent toutes les haines et les frustrations et les mensonges et les petitesses de ce monde. Au milieu de tout cela, pourtant, nous vivons. Des lectures donc (Baldwin encore, Joan Didion, Duras encore et toujours, le texte de Florence Tamagne), des spectacles (le Don Carlo de Verdi au Met hier avec les fabuleux Jamie Barton et Etienne Dupuis, et, la semaine dernière, Joey Arias à Joe’s Pub), et des films (le Cuirassé Potemkine, Carmen Jones), des marches. Dans notre rue, un arbre est abattu parce qu’un mur s’est effondré et cela me trouble plus que je ne l’imaginais. Pourquoi, lorsqu’un mur s’effondre préférons-nous couper l’arbre plutôt que renforcer le mur?

#absurditédelaguerre #baldwin #churchill #doncarlomet #duras #fuckputin #guerreenukraine #joandidion #joeyarias #larbreetlemur #littérature #mélancoliesurlemonde #minirécit #notretemps #performingarts #semaine #ukraine #unarbrequonabat
11 mars 2022
Fabuleuse présentation d’une Tempête d’Aimé… - Antoine Vigne

Fabuleuse présentation d’une Tempête d’Aimé Césaire au FIAF ce soir, en lecture scénique. Il n’y avait pas besoin d’une mise en scène plus complexe, les mots parlaient d’eux mêmes, portés par Isaiah Johnson en Caliban et par Jay O Sanders en Prospero. Tout était là, l’impossibilité d’être de Caliban, l’impossibilité d’avoir un nom, de trouver l’être, et puis la haine qui clôt le tout, la haine qui est à la fois la résolution et son absence dans le moment final de la piece. On sent tout le reste, les années 1960, Malcom X, les combats des droits et de la décolonisation, le désir qui brûle mais qui ne peut rien face au désastre de l’impérialisme et de son corollaire, le capitalisme. Quand tout a été pris, il ne reste rien, pas même un nom, “appelle-moi x”, dit Caliban et on sait qu’on est dans des combats qui sont ceux de toutes les générations qui suivront, ceux qui essaieront de combler le vide laissé béant, l’exil forcé, la déshumanisation. On trouve aussi les prémisses d’une idée environnementale dans le texte de Césaire, l’idée de féminisme aussi. Tant de choses. Et ce refus de Prospero de se laisser emporter par l’idée qu’il a pu être un tyran, ce refus de regarder son histoire. Que de parallèles avec ce qui advient maintenant. L’abime est terrifiant à contempler.

#aimécésaire #décolonisation #esclavage #fiaf #isaiahjohnson #jayosanders #kimberlyexum #laniseantoineshelley #littérature #logiquededomination #martinique #performingarts #theater #théâtre #unetempete
1 mars 2022
Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtr… - Antoine Vigne
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Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtre des Champs Elysées la semaine dernière.
La musique de Poulenc d’abord. Des accents qui vont d’un mysticisme qui me rappelle Nadia Boulanger quand elle dirige le requiem de Fauré, les arches sombres des églises de la fin du XIXe et du début du XXe, de Montmartre au Saint-Esprit, des voutes en béton, la matière pèse, une école française de la musique, et jusqu’à Aaron Copland ou aux musiques d’Hollywood.
Le texte sublime mais je ne comprends pas pourquoi la première scène est-elle si plate, si pauvre dans l’écriture, elle n’ouvre à rien, elle se donne sans relief quand le reste du texte s’envole, manie le vide, le plein, le désir, la mortification, la violence – du temps, du corps, le refus de la sensualité,…
La voix de Véronique Gens (Madame Lidoine), Manon Lamaison (soeur Constance) et de Sathy Ratia (Chevalier de la Force).
La mise en scène d’Olivier Py, la justesse de la dernière scène malgré le son défaillant de la guillotine dans les hauts-parleurs qui nous surplombent et qui abime le moment, mais le mouvement des corps qui dansent leur mort et l’envolée mystique fonctionne. D’autres moments sont plus ambigus, notamment dans le rapport de Blanche avec son frère.
Mais l’ensemble est saisissant. Un monument encore. Le mysticisme de Poulenc me fascine dans sa relation troublée par l’homosexualité, la tension de l’émotion corporelle qui se sait ne pas pouvoir vivre l’intensité qui émane d’elle. Encore plus fasciné lorsque je pense aux discussions entre Poulenc et Samuel Barber, mêmes désirs, même élans, même secret douloureux que la musique exprime.

 

#dialoguedescarmélites #georgesbernanos #homosexualité #mysticisme #olivierpy #opera #performingarts #poulenc #religion #samuelbarber
17 décembre 2024
Hier soir, au Festival de Little Island, le Day fo… - Antoine Vigne
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Hier soir, au Festival de Little Island, le Day for night de Pam Tanowitz. Toujours le cadre, la rivière, le bruit des nuits d’été, les avions qui passent dans le couchant, juste au-dessus de nous, les mouettes attendent sur les piles à moitié submergées, réveillées par moment par les jeux de lumière qui se succèdent, rouge, bleu, vert, de grands à-plats qui font ressortir le blanc de leurs corps endormis. Comme dans un spectacle de Stockhausen, la représentation commence avant, sur les pelouses de l’île, et se poursuit après, dans un petit théâtre d’extérieur au son du Lay all your love on me d’Abba que reprend lentement Caroline Shaw sous les percussions de Sô. Entre les deux, Marc Crousillat et les autres danseurs trottent sur la piste comme des groupes de chevaux, deux personnages habillés de tulle noir reviennent hanter la narration, les costumes jouent sur les corps qu’ils révèlent autant qu’ils les habillent et les déparent, on entend le rapport journalier sur les vents marins, je vois le Cocteau du Sang d’un poète, je vois le Médée d’Irène Pappas, le mouvement qui tend au mythe jusqu’à la limite de la désincarnation, mais je reste aussi sur l’image première des deux corps qui regardent la rivière pendant l’espace d’un instant fugace. Belle nuit avec Nick, Matt, Jonathan avant un verre à Nat’s. Soirée d’été.

#dance #dansecontemporaine #littleislandfestival #musicanddance #nuitdété #pamtanowitz #performingarts
20 juillet 2024
Vendredi soir, la pièce de Capdevielle au T2G de … - Antoine Vigne
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Vendredi soir, la pièce de Capdevielle au T2G de Gennevilliers. Caligula. Le mots de Camus, la densité, deux heures et demi de chute vertigineuse, le décor en forme de promontoire sur des rochers face à la mer, le vide derrière, devant, dans le couloir, bouche de béton en jaune comme l’émergence de la modernité, le costume, le maillot de bain, l’attente des tables de DJs qui troublent le rapport au temps mais ce n’est pas grave, évidemment, le mouvement d’ensemble est un mouvement d’abolition (des limites, des peurs, de l’autre, du sens… aller toujours pour loin, le réel s’oppose à la pensée qui s’enivre de son accélération sans fin). Étrange sentiment à la sortie, la submersion dans un trop plein. J’aime le chevauchement, le texte et le monde de Capdevielle, le travestissement qui ronge le corps plus qu’il ne l’habille, le surgissement du camp, du queer, des tables de DJs, de l’italien comme langue qui brouille le texte puis les hurlements derrière la butte – même le langage se travestit. Le temps s’allonge, épuise, on veut la mort, on veut la fin de ce spectacle qui n’a plus de sens. Le texte s’emballe en fait, il ne sait plus lâcher, «je suis encore vivant» n’est pas qu’une prophétie, l’actualité qui ronge le week-end lui donne raison, toutes les violences nourries de la misère rejoignent le fou de l’Empire. Pleurer n’a plus de sens.

Dans les cahiers Camus, le “dépasser la vie banale”, le lien à Grenier, Cheskov, Nietzsche. L’illusion tient à la linéarité. Le dépassement peut se penser comme des explosions solaires qui ne durent pas. Une succession d’états qui se répètent et se surprennent toujours de leur violence.

Aussi, la rencontre de Virginie et Marguerite quelques minutes avant le spectacle, le partage inattendu heureux.

 

#caligula #camus #dépasserlaviebanale #jonathancapdevielle #lesmotsetlesens #littérature #performingarts #submersion #t2g #texte #théâtre #théâtredegennevilliers
9 octobre 2023
Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre…. - Antoine Vigne
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Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre. Continuer à écrire. Reprendre ses marques, ses lieux, la Porte Dorée, mon roc dans le bois, courir sous la pluie, des heures au café des Cascades où la musique est trop forte mais les conversations me rappellent immédiatement les différences avec New York, le temps qui passe moins vite, tout ne s’offre pas à emporter. Écrire quand même. Hier, la tension palpable, évidente, triste. Démocratie abîmée par l’usage du pouvoir, un conte classique. L’évidence: nombre de ceux qui avaient voté contre Marine Le Pen à la dernière élection, ne le feront pas à la prochaine… le vaisseau fou s’emballe. Besoin d’un autre modèle de toute façon mais lequel? Hommage aux syndicats. Aux manifestants. Question de la violence, de la non violence aussi qui protège trop souvent l’ordre établi, son mythe. Trouver une voie qui reconnaisse d’abord la violence établie, celle qui écrase au quotidien.

Hier soir, Koltès a l’espacé Cardin du théâtre de la ville. Avec un beau Xavier Gallais. Mais le texte n’est pas servi par l’intrusion de la mise en scène. Un texte compliqué au départ dont je crois qu’il faut pouvoir l’entendre, créer l’espace qui le libère plutôt que d’ajouter des niveaux de sens (l’araméen, le Styx, Cain et Abel, la mort, le trou qui aspire le client à la fin). Mais belle petite soirée quand même. Marcher longtemps pour le métro ensuite au milieu d’une foule qui suit le tracé de la ligne 1 Rue de Rivoli au-dessus des stations fermées.

 

#atterrissage #carnetsbiographiques #danslasolitudedeschampsdecoton #démocratieendanger #écrire #espacecardin #home #koltès #littérature #mesancrages #mouvementsocial #performingarts #poèmesenbéton #rocherduzoo #sentirlaville #tensionetdétente #théâtre #theatredelavilleparis
24 mars 2023
Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirba… - Antoine Vigne
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Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirball de NYU, mis en scène par Yngvoid Aspeli. Fabuleusement poétique, dense, humide de l’obscurité des confins de l’océan et des fantasmes d’Ahab dans le récit d’Ishmael. La scène est sobre, illuminée de reflets qui traversent le pont du navire, les flots au-dessous, au-dessus, la perspective s’inverse souvent, les marionnettes prennent des proportions qui nous rappellent qu’on est dans un conte, dans les méandres d’une folie qui n’aura de fin que dans l’anéantissement, elles sont extraordinairement vivantes, évocatrices, celle d’Ahab surtout, celle de Starbuck aussi, accompagnées par les marionnettistes qui apparaissent/disparaissent comme s’ils étaient des ombres, des esprits, des voix aussi, et le décor continue de se mouvoir sans cesse, la mer, le navire, l’espace se creuse comme des flots qui s’agitent, et les monstres se rapprochent, les cachalots qu’on chasse, qu’on harponne, la mise en scène réussit ce tour de force de nous faire changer d’échelle, de nous transporter au-dessus des embarcations, de survoler ce qui doit l’être avant de revenir à l’individualité des corps dans une eau qui les enserre autant qu’elle les attire. Cette attirance est un vertige. Et la musique est dense, captivante, trois musiciens produisent tous les sons, la mer, les vagues, la tempête, au bord de la scène comme s’ils racontaient l’histoire aux côtés d’Ishmael. Sublime, sublime.

#conte #hermanmelville #littérature #marionnettes #mobydick #performingarts #plexussolaire #publictheater #skirball #tale #theater #théâtre #undertheradarfestival #yngvildaspeni
14 janvier 2023
Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel … - Antoine Vigne
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Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel Gat. Un plateau vide, des ouvertures qui coulissent en hauteur sur le fond noir de la scène, des corps qui entrent, se placent, attendent, se regardent, puis la musique qui ouvre l’espace, entraîne les corps. De grands mouvements de l’ensemble comme un flot qui va et vient, les costumes sont riches, baroques, pleins d’étoffes, certaines moirées, certaines sombres, toutes comme des collages, qui tombent comme des guenilles mais volent, accompagnent les corps. Les mouvements de groupe alternent avec les duos, les solos, la musique (de Tears for Fears, entêtante, envahissante parfois parce qu’on la connait trop) habite la scène puis s’en retire de manière abrupte, revient. La lumière tombe parfois, blanche, éblouissante, mêlée à la fumée comme dans les clubs d’un autre temps, version 85-86, elle tombe, rebondit sur les dos, les corps. Margo et moi sommes sur le côté à BAM, les premiers rangs mais dans des sièges comme des alcôves, sous le plafond bas des loges, et c’est parfait, comme un théâtre contenu, un clip sur un écran, intime, une ode, l’offrande, électrisante, euphorique, chaque moment de la narration qui passe, ouvrant sur l’autre, d’autres rencontres, des corps qui bougent très vite, qui suivent le rythme, inventent des turbulences, l’ondulation, l’effervescence des bras, des jambes, des torses cherchant tous les possibles, l’essoufflement, tout attraper, ne rien laisser au temps qui passe, surtout. Dans la fluidité des identités (qui déborde sur celle des genres), je retrouve les sensations d’images (la lumière trouble sur les visages de Deneuve et Bowie dans The Hunger peut-être, tant d’autres…). Et la fièvre gagne la salle, on ne sait plus très bien, à un moment si c’est un concert ou un spectacle, mais c’est dans cette ambigüité aussi que se loge l’exubérance contagieuse, hypnotique qui lève la salle. Beau moment de vie.

#brooklynacademyofmusic #danse #dansecontemporaine #emmanuelgat #lovetrain2020 #performingarts #tearsforfears
3 décembre 2022
Un week-end d’octobre, l’exposition des Becher… - Antoine Vigne
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Un week-end d’octobre, l’exposition des Becher au Met dont les images sont incroyablement satisfaisantes visuellement – je sais, c’est un anglicisme, la traduction littérale de “hugely satisfying visually” mais l’anglais est plus évident ici – et un spectacle de Trajal Harell au Skirtball de NYU – assez émouvant, finalement, le voguing et la créativité de l’oubli, de l’abandon s’invitant dans les interstices du texte de Tennessee Williams, Cat on a hot tin roof, avec une exubérance des gestes, des démarches, des draps et des coussins utilisés pour mimer les atours de la classe dominante. Puis un diner improvisé chez Japonica sur University Place avec David, Helen et Margo à discuter des monuments publics, de la nécessité de les réinventer ou d’en abandonner complètement la pratique, avec un détour par la question sur le bannissement d’ouvrages dans le sud des États-Unis. Nous évoquons des parallèles, la cancel-culture qui rejoint l’absolutisme des ultra-conversateurs mais je distingue aussi une porte de sortie aux tensions contemporaines dans la compréhension des colères qui émergent dans notre monde, nos sociétés. L’action passe parfois par l’inaction. L’entendre. Le lendemain, après un déjeuner avec Steve et Michael où nous parlons de son livre, de nos étés, nous tombons sur Trajal sur la 16e rue, quelques mots échangés, l’étonnement des univers qui se croisent et se recroisent.

#31octobre2022 #art #berndandhillabecher #catonahottinroof #dansecontemporaine #lactionetlinaction #maggiethecat #metmuseum #monuments #performingarts #photographie #tenesseewillliams #trajalharrell #voguing #weekenddoctobre
31 octobre 2022
Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Fré… - Antoine Vigne
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Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Frédérique Aït-Tourati hier soir au FIAF. Duncan Evennou dit le texte, il le raconte, il utilise la scène comme un conteur, il remplace les mythes, les mythes récents de notre fascination pour les étoiles, l’ailleurs, le cosmos avec celui de Gaïa, avec la zone critique, le vivant qui n’est jamais un plan mais toujours un assemblage complexe, multiple dont la profondeur est infinie, peuplée, mêlée. Toute l’histoire du monde est là, le présent et l’avenir, nos sociétés dont nous pensions qu’elles avaient une histoire mais qui en ont en fait des millions entremêlées et que nous n’avons jamais appris à dire, à penser, obsédé que nous étions par la définition de ce que nous sommes. La scéno invite, elle laisse pénétrer dans le discours, elle juxtapose les temps et les visions. On suit le texte, on suit Lovelock et Margulies, on se demande comment tout cela n’est pas partout, dans toutes les écoles, sur toutes les places, publiques ou privées. Y compris l’idée d’abandonner l’image envoûtante de la planète bleue, la boule qui se lève sur le fond noir de l’espace et qui nous parle d’une unité que nous n’avons pas, que nous n’aurons pas, pas dans ce modèle de civilisation. Faire le deuil des grandes images, des émotions qui nous ont faits, reconstruire. Penser ailleurs et autrement.

#abandonnernosmythes #brunolatour #conte #crossingtheline #duncanevennou #fiaf #frederiqueaittouati #gaia #galileogalilei #levivantcomplexe #littérature #nouveaurécit #performingarts #texte #theater #théâtre #trilogieterrestre #zonecritique
28 octobre 2022
Sublime sublime spectacle de Meg Stuart à Beaubou… - Antoine Vigne
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Sublime sublime spectacle de Meg Stuart à Beaubourg la semaine dernière. Le cosmos à moitié accroché qui ouvre la scène peuplée de blobs sur lesquels marchent des corps dont l’individualité est marquée, étrange, surtout l’athlète de bobsleigh qui se tient au haut de la rampe de combiné avec son casque à la Daft Punk. La musique est un objet, elle est physique, une matière sombre qui porte les corps, les fait se mouvoir, puis les textes parlent, du temps qui s’est ouvert, de l’étonnement presque presque joyeux de la survie, puis des puzzles qu’il faut remettre en place, le temps avant le temps, le vide qui vient de nous engouffrer. Les corps se cherchent, montent et descendent, jouent de leur ambigüité. Un autre texte, puis le moment où le spectacle s’achève sans s’achever. On veut applaudir mais on sait qu’il n’est pas temps, les danseurs nous regardent, le silence. Puis le bruit, le cosmos s’effondre, on l’arrache dans la cacophonie, la rave, la rage, le mouvement robotique, il ne reste que cela. La répétition parce que le temps cosmologique nous rattrape, intellectuellement il nous rattrape parce que nous le dépassons dès lors que nous le pensons. Tout n’ira pas si mal, non, tout ne va pas si mal, on se retrouve, on a passé le gouffre, il reste le corps qui vrille, qui enferme mais qui vrille et dans sa vrille crée l’illusion du mouvement.

#avecvirginieetmarguerite #beaubourg #brendandougherty #cascade #danse #dansecontemporaine #festivaldautomne #megstuart #performingarts #philippequesne #timetchels
18 octobre 2022
Quelques marqueurs des semaines qui passent: Wozze… - Antoine Vigne
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Quelques marqueurs des semaines qui passent: Wozzek dans une version scénique à Carnegie Hall avec Nicholas (l’économie de mots au service de l’intensité qui se fond dans les pleurs, les fureurs, les moments d’apaisement qui ne durent jamais et la folie. Le son de l’orchestre utilisé comme une caisse de résonance à toutes les tragédies de l’existence, la pauvreté, l’absurdité de la guerre, la prostitution, la violence envers les femmes, la trahison, le savoir et la science qui s’érigent en arme de différenciation sociale et font peser le poids d’un esclavage inhumain sur les pauvres, les faibles, les vulnérables. On est entre Brecht et Fassbinder, dans un univers trop évidemment présent pour ne pas être douloureux mais sublime). Puis une présentation de Jennie Jones au Guggenheim avec Fred Moten, l’idée de l’intentionalité de l’oeuvre mise en question, et celle du cycle sans fin: quand Miles Davis joue le même morceau près de 2000 fois, les 1999 fois qui suivent la première sont une exploration et une critique de la première fois. Quelques galeries aussi, Walid Raad chez Paula Cooper et ses contes imagés, les photos d’Emmett Gowin chez Pace et ses paysages faits de la répétition du geste, la recherche du même, sans cesse. Et Michelle Stuart chez Lelong, la trace de la terre, du temps sur le papier de la manière la plus évidente qui soit. Et puis le travail sur le conte pour enfants avec Jean et Léa Louis, le roman qui commence à avancer. Les jours de printemps alternent avec les jours de fin d’hiver, le brouillard, la pluie.
L’autre soir, le film Drive my car de Ryusuke Hamaguchi, ses images lentes, les dialogues, la superposition de la pièce de Tchekhov, les drames et les incompréhensions qui empoisonnent la vie ou plutôt l’empêchent, j’ai envie de lire le texte de Murakami pour comprendre tout ce qui y est dit. Nos concerts du soir avec Jonathan, toutes lumières éteintes sur le canapé, à écouter la musique. Et mes compagnons de lecture: l’histoire de l’homosexualité de Florence Tamagne, Gide (les Faux-Monnayeurs, vieilli) et Walt Whitman, puissant de vitalité.

#andrégide #art #boskovhus #film #homosexualité #littérature #performingarts #poésieduquotidien #semaines #waltwhitman #wozzec
3 avril 2022
Le concert pour l’Ukraine au Met Opera hier soir… - Antoine Vigne
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Le concert pour l’Ukraine au Met Opera hier soir, le drapeau qui couvre la façade et qu’on agite dans les tribunes. Cela me rappelle de vieux films, la guerre en Europe que je ne pensais pas connaître. Yannick Nézet-Seguin dirige l’Adagio de Barber dans des tons incroyablement souples, puis les choeurs du Nabucco et les Quatre Derniers Lieders de Strauss (chantés par Lise Davidson) avant de finir par l’Ode à la joie dont le thème est vraiment celui de la fraternité humaine. Les gens sont debout, ils applaudissent, on fait ce que l’on peut lorsque l’on n’a rien d’autre et c’est un peu ce que l’on sent dans la salle, la conscience fragile que nous sommes là, loin, cherchant à partager la souffrance et l’inquiétude, être entièrement dans ce combat sans pouvoir totalement l’être. Je pense à l’impuissance qui ronge toujours, la force de l’élan qui parfois vise trop vite et mal mais qui est humaine, qui répond à l’urgence parce qu’il faut y répondre même quand toutes les réponses sont en partie inadéquates. Le destin de nos sociétés humaines comme de nos existences individuelles est fait de ces élans, ces pulsions contradictoires et nécessaires qui produisent un chaos au sein duquel il est difficile de percevoir l’avenir mais qui y participent toujours. ll y a un mystère assez sublime à cette marche dans l’obscurité où brillent quelques phares inattendus, Zelensky entre autres, tous les Ukrainiens aussi, ceux qui luttent et accueillent les réfugiés, nous tous peut-être dans notre compréhension nouvelle des dangers qui nous guettent.

#adagiobarber #aventurehumaine #chaos #fraternité #héraclite #impuissanceetélans #metconcertukraine #metropolitanopera #mystèredelaguerre #notretemps #odeàlajoie #performingarts #ukraine #ukrainemustwin #yannicknezetseguin #zelensky
15 mars 2022
Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne
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Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’Ukraine partout, les questions qui se posent, le spectacle de la guerre qui n’a pas de sens mais que nous vivons en direct, en cherchant des points d’appui, des manières de nous sentir impliqués sans l’être totalement. Mais pourra-t-on rester en dehors? N’est-ce pas le modèle churchillien du “entre le déshonneur et la guerre vous aviez le choix, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre”? Ou est-ce au contraire la vitrine d’une autre manière de penser les conflits? Mais, dans ce cas, pourquoi faire commerce avec l’Arabie Saoudite, avec la Chine, pourquoi vendre des armes, pourquoi oublier tous les déséquilibres. Nous gérons le chaos, nous gérons le monde et nos contradictions, nos compromissions. Peut-être n’y a-t-il pas d’autre voie, peut-être se glisse au milieu de tout cela la tension vers la justice dont parle Martin Luther King et les combats se font-ils un à un. Je suis prêt à le croire mais je pleure, comme tous aujourd’hui, l’absurdité de la violence de Putin et de tous les autocrates contemporains, de Xi à Bolsonaro et à Trump parce qu’ils sont tous les mêmes, ils incarnent toutes les haines et les frustrations et les mensonges et les petitesses de ce monde. Au milieu de tout cela, pourtant, nous vivons. Des lectures donc (Baldwin encore, Joan Didion, Duras encore et toujours, le texte de Florence Tamagne), des spectacles (le Don Carlo de Verdi au Met hier avec les fabuleux Jamie Barton et Etienne Dupuis, et, la semaine dernière, Joey Arias à Joe’s Pub), et des films (le Cuirassé Potemkine, Carmen Jones), des marches. Dans notre rue, un arbre est abattu parce qu’un mur s’est effondré et cela me trouble plus que je ne l’imaginais. Pourquoi, lorsqu’un mur s’effondre préférons-nous couper l’arbre plutôt que renforcer le mur?

#absurditédelaguerre #baldwin #churchill #doncarlomet #duras #fuckputin #guerreenukraine #joandidion #joeyarias #larbreetlemur #littérature #mélancoliesurlemonde #minirécit #notretemps #performingarts #semaine #ukraine #unarbrequonabat
11 mars 2022
Fabuleuse présentation d’une Tempête d’Aimé… - Antoine Vigne

Fabuleuse présentation d’une Tempête d’Aimé Césaire au FIAF ce soir, en lecture scénique. Il n’y avait pas besoin d’une mise en scène plus complexe, les mots parlaient d’eux mêmes, portés par Isaiah Johnson en Caliban et par Jay O Sanders en Prospero. Tout était là, l’impossibilité d’être de Caliban, l’impossibilité d’avoir un nom, de trouver l’être, et puis la haine qui clôt le tout, la haine qui est à la fois la résolution et son absence dans le moment final de la piece. On sent tout le reste, les années 1960, Malcom X, les combats des droits et de la décolonisation, le désir qui brûle mais qui ne peut rien face au désastre de l’impérialisme et de son corollaire, le capitalisme. Quand tout a été pris, il ne reste rien, pas même un nom, “appelle-moi x”, dit Caliban et on sait qu’on est dans des combats qui sont ceux de toutes les générations qui suivront, ceux qui essaieront de combler le vide laissé béant, l’exil forcé, la déshumanisation. On trouve aussi les prémisses d’une idée environnementale dans le texte de Césaire, l’idée de féminisme aussi. Tant de choses. Et ce refus de Prospero de se laisser emporter par l’idée qu’il a pu être un tyran, ce refus de regarder son histoire. Que de parallèles avec ce qui advient maintenant. L’abime est terrifiant à contempler.

#aimécésaire #décolonisation #esclavage #fiaf #isaiahjohnson #jayosanders #kimberlyexum #laniseantoineshelley #littérature #logiquededomination #martinique #performingarts #theater #théâtre #unetempete
1 mars 2022