j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne
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j’aime
sentir
les turbulences en avion, la sensation de l’air, sa matérialité, elle me rassure
quand je dis cela, on me dit que je suis fou

je lis le journal de Daniel Arsand dans le dernier numéro des Moments littéraires. Daniel. L’un de mes guides . L’un des plus fidèles. La violence de l’esprit comme une arme face au quotidien débilitant. Le refus de se soumettre, l’acceptation de la solitude évidemment (ce que je n’ai jamais – pas encore ? – su faire), des phrases, des citations, le retour du chat Que Tal sans cesse, son intérêt pour Lagarce, Sebald. “On se tient, et s’habitue à la douleur que cela cause, on en prend son parti, on se tient entre l’impossible indifférence au malheur d’un autre que soi, d’un peuple, d’une époque, et l’impuissance de combattre, de se doter d’une voix, dont on fait une fatalité.” Il rejoint mes doutes sur la possibilité de l’action, la vanité des récits qui expliquent, qui se veulent englobants, y compris et surtout nos récits personnels, la nécessité du silence, l’aberration de notre époque du commentaire permanent – tout le monde dit tout, tout le temps, la seule chose qu’il est important de rappeler à l’autre, c’est qu’on l’entend. Il cite Corneille aussi : “Je veux qu’un noir chagrin à pas lents me consume/Qu’il me fasse à longs traits goûter mon amertume/ Je veux, sans que la mort ose me secourir/ Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourrir.” Aussi René Char: “J’aime qui m’éblouit puis accentue l’obscur à l’intérieur de moi”. J’aime ces pérégrinations.

#carnetsdevoyage #civilisationducommentairepermanent #danielarsand #jeanluclagarce #littérature #momentslittéraires #pierrecorneille #renéchar #sebald #silence #turbulencesetpérégrinations #volderetour
24 janvier 2024
Joli séjour à Porto Vecchio, des ateliers d’é… - Antoine Vigne

Joli séjour à Porto Vecchio, des ateliers d’écriture pendant trois jours à l’Animu, la médiathèque de Porto Vecchio, et, par deux fois, avec les classes Segpa, ces classes d’éducation prioritaires dont les élèves sont en difficulté d’apprentissage, notamment quant à la lecture et l’écriture. Un temps béni, je sens le désir, je me dresse devant eux, je raconte ce que je fais, mon chemin, les méandres, l’absence de linéarité dans mon parcours, les succès et les échecs, je cherche des mots simples parce qu’on m’a prévenu que le deuxième degré, la métaphore, constituaient des obstacles, mais je réalise que les obstacles sont ceux de l’offrant autant que ceux des élèves, des recevants, que les mots les touchent, c’est comme une pulsation, le chahut puis le silence, l’attention puis le désordre. Je les invite à écrire, tâche immense de prime abord, mais je leur propose de ne choisir qu’un titre, un personnage, un désir (expliquer le mot désir, le remplacer par le mot envie). Certains grattent le papier, d’autres attendent, le visage penché, surtout lorsque je m’approche pour les accompagner, la peur de dire, la peur de formuler, on ne leur demande sans doute pas assez ce qu’ils ont en eux. Je me sens bien dans ce rôle de passeur, d’accompagnant, même si je sais que c’est facile de ne l’être que pour un jour. Merci en tous cas à Pierre-Xavier, Céline, Donastrella, et aussi à Sandrine, professeur extraordinaire, et à Vincent.

#accompagner #animuportovecchio #ateliersdecriture #carnetsdevoyage #conte #écrire #editionscourtesetlongues #larbrequirevaitdetreunavion #livres #rencontrer #segpa
6 octobre 2023
Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de … - Antoine Vigne
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Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de la musique partout. Pas un où j’ai vraiment trouvé le calme depuis un mois alors que, chaque fois, avant d’entrer, j’espère. Bouchons d’oreilles donc, pour m’enfermer dans un espace qui convient et travailler. Le silence comme un luxe inaccessible. Mais la Porte Dorée reste un havre où je me retrouve, et cela englobe le café des Cascades et sa musique… parce que baucoup d’histoires mêlées s’y croisent, parlent de Charenton, de ma grand-mère, ma tante, mon parrain et Danièle, la Foire du Trône, ma mère évidemment et mes séjours contemporains.

Rennes avec Arthur, deux jours seulement, journée à Saint-Malo, la foule des grands jours dans les rues minérales qui manquent de charme. Peut-être est-ce la promiscuité, je ne m’identifie pas à ces couleurs, mais la grandeur refaite dans les années 1940-1950 par Louis Arretche incarne l’un des fantômes de la reconstruction qui me suivent et qui racontent un monde où j’ai eu l’impression de grandir. Envie de chercher plus loin l’histoire de ces villes entièrement réinventées après la guerre, la signification de l’urbanisme social, le conflit de l’identique et de la modernité, le béton qui sauve.

Belle marche ensuite sur le Sillon depuis les rochers sculptés de Rothéneuf. Histoire étrange de l’abbé Fouré et ses oeuvres d’art brut qui échappent complètement à la sphère religieuse. Cet espace vide entre sa vie spirituelle et sa pratique artistique m’intrigue.

Rennes, les Horizons, la ville moderne. Mon oeil se réfugie toujours dans ces lignes droites.

 

#architecture #architecturedelarecontruction #art #arthur #carnetsdevoyage #friends #louisarretche #minirécit #rennes #saintmalo
25 avril 2023
Tant de choses compliquées pendant ce voyage à M… - Antoine Vigne

Tant de choses compliquées pendant ce voyage à Miami. Comme une tempête qui se déploie, the perfect storm, le déséquilibre permanent, l’incapacité de me concentrer, de me libérer du désir, des applis. Avec une forme de violence dans l’intensité du besoin qui mange les heures les unes après les autres, des bouts de nuit dont je sais que je ne les rattraperai pas, qu’elles empièteront sur mon travail la lendemain parce que je me réveillerai à la même heure, toujours. Je travaille quand même, je sais qu’une partie de la difficulté vient de cela, de ce moment de réécriture compliqué où je m’emmêle, je me sens fragile, menacé. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’atmosphère générale de mon voyage, l’impression d’être perdu sans cesse, l’impression de solitude, l’impression de courir après les fantômes tropicaux de mes nuits sur la plage pendant Art Basel quand je travaillais pour Blue Medium, quand mes journéessur les stands et dans les foires se terminaient dans la demi-obscurité près des chaises longues empilées, des cahutes fermées face à la mer autour desquelles se glissaient des formes mouvantes, des corps cherchant et désirant, que je regardais les nuages filer en pensant à Hemingway, en rêvant à cette Floride fantasmée, celle de Julia Tuttle et des Brickell, celles d’un avant engloutissant aussi bien le temps des pionniers que celui des années 30 ou des années 50 ou 70, de l’Art Déco aux grosses voitures, des Juifs de l’après-guerre aux gays de la renaissance sud-floridienne. Mais avant l’argent bourgeois, grossier, stupide de ce maintenant que je ne réussis pas à saisir. Des heures donc, perdues. Essoufflées. Je regarde la mer et la lagune depuis le balcon de l’appartement de Steve. Je contemple les immeubles qui se multiplient, celui qui monte de l’autre côté de la rue, sur Alton Road, je tente trois mots, je m’arrête. Mais rien ne vient. Rien ne vient. Et impossible à ce moment-là de continuer à travailler, les quelques phrases que je jette sur l’écran ne signifient rien, elles sont une tentative de mon esprit de se convaincre que tout va bien, je maitrise, j’avance quand même, allez, un deuxième café pour continuer, mais non, NON, rien, je ne suis pas là.

#autoportraitsfragmentés #carnetsdevoyage #écrire
25 février 2023
Retrouver la lumière de Miami, les tons azuréens… - Antoine Vigne
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Retrouver la lumière de Miami, les tons azuréens des tropiques qui virent au pastel le matin et le soir, qui emportent la blancheur des bâtiments et les formes modernistes que j’aime. Le béton partout, sublime quand il est peint. Ou non. Tout autour la Floride et la richesse toujours plus visible, indécente, arrogante, contente d’elle même, insensible parce qu’incapable de sensibilité, les immeubles s’élèvent, les routes se couvrent chaque année de plus de voitures de sport, les bars, les restaurants changent. Le Miami Beach de l’entre-deux, des projects/HLM bon marché côtoyant les maisons de luxe disparaît peu à peu (ou brutalement selon l’échelle de temps qu’on choisit) mais les parcs, les palmiers, les raisiniers de mer reconquièrent aussi l’espace. Transforment les plages, annoncent la fin d’un abandon qui avait duré des décennies. Nostalgie évidemment de cet ensemble urbain qui disparaît dans la forme où je l’avais découvert dans les années 2000, accompagnée de la vision étrangement séduisante et effrayante de ce monde qui se croit invincible, qui refuse de voir les crises présentes et à venir. On sent des frémissements de changement comme partout: la mangrove qui reprend ses droits et ré-arrime le sable, les véhicules électriques qui se multiplient, mais si peu. Si peu face aux défis du monde contemporain. Et cet oubli absolu de l’insolence de la richesse, de l’absurdité de cette fausse prospérité heureuse dont les prémisses sont faussés parce qu’aveugles aux inégalités, à l’impossibilité de vivre dans cette opulence dispendieuse, folle, incontrôlée. Je pense étrangement et dans le même temps à la réforme des retraites, à l’incapacité du gouvernement de comprendre qu’aucune réforme n’est possible, souhaitable sans s’attaquer d’abord et avant tout aux inégalités flagrantes, à la pauvreté, à l’injustice généralisée. Miami est un conte de la folie de ceux qui croient que tout est argent. Elle s’enfoncera dans l’eau. Sous des tons azurs.

#carnetsdevoyage #changementclimatique #floride #folieetaberration #indécenceselarichesse #injusticesociale #logiquededomination #miami #richesseetinégalités #séductiondelablancheur #tropiques
14 février 2023
j’aimesentirles turbulences en avion, la sensa… - Antoine Vigne
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j’aime
sentir
les turbulences en avion, la sensation de l’air, sa matérialité, elle me rassure
quand je dis cela, on me dit que je suis fou

je lis le journal de Daniel Arsand dans le dernier numéro des Moments littéraires. Daniel. L’un de mes guides . L’un des plus fidèles. La violence de l’esprit comme une arme face au quotidien débilitant. Le refus de se soumettre, l’acceptation de la solitude évidemment (ce que je n’ai jamais – pas encore ? – su faire), des phrases, des citations, le retour du chat Que Tal sans cesse, son intérêt pour Lagarce, Sebald. “On se tient, et s’habitue à la douleur que cela cause, on en prend son parti, on se tient entre l’impossible indifférence au malheur d’un autre que soi, d’un peuple, d’une époque, et l’impuissance de combattre, de se doter d’une voix, dont on fait une fatalité.” Il rejoint mes doutes sur la possibilité de l’action, la vanité des récits qui expliquent, qui se veulent englobants, y compris et surtout nos récits personnels, la nécessité du silence, l’aberration de notre époque du commentaire permanent – tout le monde dit tout, tout le temps, la seule chose qu’il est important de rappeler à l’autre, c’est qu’on l’entend. Il cite Corneille aussi : “Je veux qu’un noir chagrin à pas lents me consume/Qu’il me fasse à longs traits goûter mon amertume/ Je veux, sans que la mort ose me secourir/ Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourrir.” Aussi René Char: “J’aime qui m’éblouit puis accentue l’obscur à l’intérieur de moi”. J’aime ces pérégrinations.

#carnetsdevoyage #civilisationducommentairepermanent #danielarsand #jeanluclagarce #littérature #momentslittéraires #pierrecorneille #renéchar #sebald #silence #turbulencesetpérégrinations #volderetour
24 janvier 2024
Joli séjour à Porto Vecchio, des ateliers d’é… - Antoine Vigne

Joli séjour à Porto Vecchio, des ateliers d’écriture pendant trois jours à l’Animu, la médiathèque de Porto Vecchio, et, par deux fois, avec les classes Segpa, ces classes d’éducation prioritaires dont les élèves sont en difficulté d’apprentissage, notamment quant à la lecture et l’écriture. Un temps béni, je sens le désir, je me dresse devant eux, je raconte ce que je fais, mon chemin, les méandres, l’absence de linéarité dans mon parcours, les succès et les échecs, je cherche des mots simples parce qu’on m’a prévenu que le deuxième degré, la métaphore, constituaient des obstacles, mais je réalise que les obstacles sont ceux de l’offrant autant que ceux des élèves, des recevants, que les mots les touchent, c’est comme une pulsation, le chahut puis le silence, l’attention puis le désordre. Je les invite à écrire, tâche immense de prime abord, mais je leur propose de ne choisir qu’un titre, un personnage, un désir (expliquer le mot désir, le remplacer par le mot envie). Certains grattent le papier, d’autres attendent, le visage penché, surtout lorsque je m’approche pour les accompagner, la peur de dire, la peur de formuler, on ne leur demande sans doute pas assez ce qu’ils ont en eux. Je me sens bien dans ce rôle de passeur, d’accompagnant, même si je sais que c’est facile de ne l’être que pour un jour. Merci en tous cas à Pierre-Xavier, Céline, Donastrella, et aussi à Sandrine, professeur extraordinaire, et à Vincent.

#accompagner #animuportovecchio #ateliersdecriture #carnetsdevoyage #conte #écrire #editionscourtesetlongues #larbrequirevaitdetreunavion #livres #rencontrer #segpa
6 octobre 2023
Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de … - Antoine Vigne
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Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de la musique partout. Pas un où j’ai vraiment trouvé le calme depuis un mois alors que, chaque fois, avant d’entrer, j’espère. Bouchons d’oreilles donc, pour m’enfermer dans un espace qui convient et travailler. Le silence comme un luxe inaccessible. Mais la Porte Dorée reste un havre où je me retrouve, et cela englobe le café des Cascades et sa musique… parce que baucoup d’histoires mêlées s’y croisent, parlent de Charenton, de ma grand-mère, ma tante, mon parrain et Danièle, la Foire du Trône, ma mère évidemment et mes séjours contemporains.

Rennes avec Arthur, deux jours seulement, journée à Saint-Malo, la foule des grands jours dans les rues minérales qui manquent de charme. Peut-être est-ce la promiscuité, je ne m’identifie pas à ces couleurs, mais la grandeur refaite dans les années 1940-1950 par Louis Arretche incarne l’un des fantômes de la reconstruction qui me suivent et qui racontent un monde où j’ai eu l’impression de grandir. Envie de chercher plus loin l’histoire de ces villes entièrement réinventées après la guerre, la signification de l’urbanisme social, le conflit de l’identique et de la modernité, le béton qui sauve.

Belle marche ensuite sur le Sillon depuis les rochers sculptés de Rothéneuf. Histoire étrange de l’abbé Fouré et ses oeuvres d’art brut qui échappent complètement à la sphère religieuse. Cet espace vide entre sa vie spirituelle et sa pratique artistique m’intrigue.

Rennes, les Horizons, la ville moderne. Mon oeil se réfugie toujours dans ces lignes droites.

 

#architecture #architecturedelarecontruction #art #arthur #carnetsdevoyage #friends #louisarretche #minirécit #rennes #saintmalo
25 avril 2023
Tant de choses compliquées pendant ce voyage à M… - Antoine Vigne

Tant de choses compliquées pendant ce voyage à Miami. Comme une tempête qui se déploie, the perfect storm, le déséquilibre permanent, l’incapacité de me concentrer, de me libérer du désir, des applis. Avec une forme de violence dans l’intensité du besoin qui mange les heures les unes après les autres, des bouts de nuit dont je sais que je ne les rattraperai pas, qu’elles empièteront sur mon travail la lendemain parce que je me réveillerai à la même heure, toujours. Je travaille quand même, je sais qu’une partie de la difficulté vient de cela, de ce moment de réécriture compliqué où je m’emmêle, je me sens fragile, menacé. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’atmosphère générale de mon voyage, l’impression d’être perdu sans cesse, l’impression de solitude, l’impression de courir après les fantômes tropicaux de mes nuits sur la plage pendant Art Basel quand je travaillais pour Blue Medium, quand mes journéessur les stands et dans les foires se terminaient dans la demi-obscurité près des chaises longues empilées, des cahutes fermées face à la mer autour desquelles se glissaient des formes mouvantes, des corps cherchant et désirant, que je regardais les nuages filer en pensant à Hemingway, en rêvant à cette Floride fantasmée, celle de Julia Tuttle et des Brickell, celles d’un avant engloutissant aussi bien le temps des pionniers que celui des années 30 ou des années 50 ou 70, de l’Art Déco aux grosses voitures, des Juifs de l’après-guerre aux gays de la renaissance sud-floridienne. Mais avant l’argent bourgeois, grossier, stupide de ce maintenant que je ne réussis pas à saisir. Des heures donc, perdues. Essoufflées. Je regarde la mer et la lagune depuis le balcon de l’appartement de Steve. Je contemple les immeubles qui se multiplient, celui qui monte de l’autre côté de la rue, sur Alton Road, je tente trois mots, je m’arrête. Mais rien ne vient. Rien ne vient. Et impossible à ce moment-là de continuer à travailler, les quelques phrases que je jette sur l’écran ne signifient rien, elles sont une tentative de mon esprit de se convaincre que tout va bien, je maitrise, j’avance quand même, allez, un deuxième café pour continuer, mais non, NON, rien, je ne suis pas là.

#autoportraitsfragmentés #carnetsdevoyage #écrire
25 février 2023
Retrouver la lumière de Miami, les tons azuréens… - Antoine Vigne
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Retrouver la lumière de Miami, les tons azuréens des tropiques qui virent au pastel le matin et le soir, qui emportent la blancheur des bâtiments et les formes modernistes que j’aime. Le béton partout, sublime quand il est peint. Ou non. Tout autour la Floride et la richesse toujours plus visible, indécente, arrogante, contente d’elle même, insensible parce qu’incapable de sensibilité, les immeubles s’élèvent, les routes se couvrent chaque année de plus de voitures de sport, les bars, les restaurants changent. Le Miami Beach de l’entre-deux, des projects/HLM bon marché côtoyant les maisons de luxe disparaît peu à peu (ou brutalement selon l’échelle de temps qu’on choisit) mais les parcs, les palmiers, les raisiniers de mer reconquièrent aussi l’espace. Transforment les plages, annoncent la fin d’un abandon qui avait duré des décennies. Nostalgie évidemment de cet ensemble urbain qui disparaît dans la forme où je l’avais découvert dans les années 2000, accompagnée de la vision étrangement séduisante et effrayante de ce monde qui se croit invincible, qui refuse de voir les crises présentes et à venir. On sent des frémissements de changement comme partout: la mangrove qui reprend ses droits et ré-arrime le sable, les véhicules électriques qui se multiplient, mais si peu. Si peu face aux défis du monde contemporain. Et cet oubli absolu de l’insolence de la richesse, de l’absurdité de cette fausse prospérité heureuse dont les prémisses sont faussés parce qu’aveugles aux inégalités, à l’impossibilité de vivre dans cette opulence dispendieuse, folle, incontrôlée. Je pense étrangement et dans le même temps à la réforme des retraites, à l’incapacité du gouvernement de comprendre qu’aucune réforme n’est possible, souhaitable sans s’attaquer d’abord et avant tout aux inégalités flagrantes, à la pauvreté, à l’injustice généralisée. Miami est un conte de la folie de ceux qui croient que tout est argent. Elle s’enfoncera dans l’eau. Sous des tons azurs.

#carnetsdevoyage #changementclimatique #floride #folieetaberration #indécenceselarichesse #injusticesociale #logiquededomination #miami #richesseetinégalités #séductiondelablancheur #tropiques
14 février 2023