En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne
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En rentrant de Mother Disco, les lumières des rues.
Une certaine quiétude sensuelle, mon corps encore dansant, encore heureux de l’énergie accumulée pendant les heures de grâce sur le dance-floor, les corps, les visages, les sourires échangés, la complicité d’un instant avec les yeux qu’on croise.
Et trouver à ce moment là la nouvelle des frappes sur l’Iran (que personne n’aura le courage de condamner). Et les injonctions de l’imbécile orange demandant une capitulation totale.
Collision des monde, des émotions.
Alors je pense à la phrase de Gandhi: “it’s always been a mystery how men can feel themselves honored by the humiliation of their fellow beings”. 
L’humiliation ne mène qu’à la haine et la rancoeur.
On ne construit rien de bon dessus.
Et j’abhorre l’hypocrisie de nos nations qui continuent de vouloir se réserver le droit de la force atomique et le refuser aux autres. Ne pas comprendre ce que cela représente aux yeux d’autres pays (j’allais dire «d’autres peuples» mais je n’aime pas ce que cela révèle de nos habitudes de séparer les êtres en catégories de population…)
Se justifier d’être le seul garant de la bonne conduite du monde reste arrogant. Un refus de l’autre.
Une vieille logique de colonisation.
Il faut le/la dénoncer partout.
Abolir ce droit qui en est pas un.
Ironie tragique que ceux qui disent croire au «tu ne tueras pas» de leurs Commandements soient aussi ceux qui accumulent les armes dont le seul but est de tuer.
Ou de dominer, ce qui est la même chose: tuer la liberté qu’a l’autre d’être.
Seule idée humaine: la dénucléarisation totale.
Prélude à une désarmement plus général.
Si plus d’armes nous protégeaient des conflits, nous devrions être en paix et c’est le contraire qui se produit.
De la même manière, si plus de profit et d’argent devaient conduire à l’abolition de la pauvreté, nous serions dans un autre monde.
Les armes et le profit ne sont que des instruments de domination. Rien d’autre.

#3dollarbill #collisiondesmondes #dautreschemins #denuclearization #logiquededomination #mesnuits #motherdisco #notretemps
23 juin 2025
à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne
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à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux chaussés de baskets Vuitton, le sac Vuitton, lui râle, il ne veut pas embarquer, pas rentrer aux États-Unis,
tu as ton expo demain , « your art show », ce sera bien
et puis elle ajoute:
tu leur diras que tu as vu l’expo Hockney en personne.. .
petit orgueil qui cherche à se propager,
je me rends compte que la femme aux cheveux blancs devant eux, dans un pantalon ultra large, est la mère de la mère, elles échangent des mots rapides, durs

par la fenêtre, je note Air Mali

dans la file d’embarquement du vol pour Washington à la porte suivante, une autre femme échange quelques mots avec un jeune mec, elle sans doute la soixantaine joyeuse, dynamique mais un peu défraichie, l’allure est imparfaite, lui la vingtaine souriante, il est poli, il répond puis il attend de passer à autre chose, on sent la gêne rapide qui flotte dans l’air puis ils se tournent l’un l’autre vers les grandes baies vitrées derrière lesquelles les avions décollent

je lis Denis Gombert, beau texte, léger et grave et gai dans le même temps, la vie en roue libre, les instants qui défilent à toute allure et les reflets qui changent à chaque mouvement, ça scintille de vie, comme lui

les images du pape Léon s’affichent sur les écrans, il s’est rendu sur la tombe de François, de bons échos jusqu’ici, une continuité sur la défense des plus démunis, le refus de la puissance, le front contre la stupidité des nationalismes arrogants

survolé Londres, tout était clair, limpide
envoyé un message à Danny

#carnetsdevoyage #carnetsintermittents #friends #littérature #notretemps #volderetour
14 mai 2025
regarder une abeille quand elle pénètre dans la ch… - Antoine Vigne

regarder une abeille quand elle pénètre dans la chambre, non pas dans la pièce elle-même, elle reste sous l’encadrement de la fenêtre mais elle est à l’intérieur, face au carreau qu’elle semble inspecter, elle bourdonne, elle vole tranquillement, je la regarde, autrefois je me serais levé brusquement, je l’aurais chassée, mais j’ai appris à aimer les insectes, les observer, ne pas bouger, ne pas sentir de menace, elle ressort évidemment.

j’écoute à la radio le récit du procès de ceux qu’on appelle les papis braqueurs, j’avoue avoir de la sympathie pour eux, leur histoire, des chemins contrariés, ils parlent tous de leurs vies comme de vies ratées, c’est à la fois triste et beau, d’une beauté poétique à la Genet ou plutôt d’une beauté de la simplicité, parce que le bout du chemin est là, ou presque, ils sont tous âgés
mais je n’ai pas de sympathie pour la bague à 4 millions d’euros ni pour le système qui protège Kim Kardashian maintenant, pour les réseaux sociaux qui s’enflamment, est-il normal d’avoir de tels objets, de les étaler et de s’étonner qu’ils inspirent l’envie, l’amertume, le dégoût…

je marche le long de la Loire, les aubépines sont en fleurs comme jamais, sans doute le résultat de l’eau qui a gorgé les sols depuis des mois, je les sens à mesure que j’avance, je sais qu’il ne faut pas se pencher vers les fleurs, l’odeur devient amère lorsqu’elle est trop concentrée, elle doit voler au vent

les tamaris, les spirées, les lilas, tout est en fleurs

j’entends Olivier Guez qui parle de Princeton et de Trump, du deuil d’une Amérique qui n’est plus, je me demande toutefois si elle n’a pas toujours été un mythe et qu’en cela, elle perdure, dans le violence de ses contradictions, la violence de ses réactions, l’infinie beauté de ses paysages, on ne peut l’atteindre qu’en la parcourant, elle est un territoire autant qu’un peuple, peut-être est-il plus simple de la voir pour ce qu’elle est, le monstre qui vient toujours avec la puissance, la même monstruosité qui était là au Vietnam, ailleurs, partout , l’âme est un magma en fusion

 

#autoportraitsfragmentés #journéedeprintemps #notretemps
30 avril 2025
0417-2 Saint-Laurent. Hier soir, je regarde sur A… - Antoine Vigne

0417-2

Saint-Laurent. Hier soir, je regarde sur Arte le documentaire sur le procès Klaus Barbie. Mai 1987. Je me demandais pourquoi je n’avais aucun souvenir de ce moment, ou simplement des images floues, le nom mais rien de précis. La date pourtant, deux semaines après la mort de mon père, nous avons dû suivre cela à la télé dans la grand salon, fantômes que nous étions
je ne revivrai qu’à la fin mai ou début juin, devant Scapin, la cour de la rue Franklin, mes camarades qui jouent (Laurent surtout), je les envie, mon corps me dit qu’ils vivent, le Rondo Veneziano emplit le soir qui tombe, je suis seul, adolescent, on m’a laissé venir (on=ma mère sans doute), si j’étais parti ce soir-là, je crois que j’aurais vécu
point
ce que je raconte là, c’est d’abord l’histoire de ma sensualité

tous ceux qui parlent de Barbie parlent de ses yeux
aujourd’hui je vois Rubio, je vois Taylor Greene, je vois tous ceux qui collaborent
Steven Miller a le visage d’un sadique, aucune humanité sur ses traits

des visages pourtant, émergent, c’est toujours par les visages que l’histoire se fait: celui de Mohsen Mahdawi, l’étudiant palestinien arrêté
un autre, il n’est pas le premier mais il illumine la perversion du langage, des mots, on le nomme traitre et danger alors qu’il plaide l’entente, l’écoute, ne pas dire un mot plus haut que l’autre, voir les douleurs, entendre les souffrances, placer l’être avant l’idée, revenir à ce que nous sommes
fondamentalement :
des écorchés

la Palestine et son drapeau, un bout de tissu qui souffre mais les drapeaux ne sont rien d’autres que des chiffons qu’on agite dans le vent, ils disent nos peurs, notre besoin de communauté, la solitude
l’anglais sépare loneliness de solitude, l’une est subie, l’autre choisie
mais le français n’a pas ces pôles, tous deux contenus dans le même mot
le drapeau, emblème des solitudes donc, j’adule celui de ce pays qui n’existe pas, il trahit nos trahisons, les promesses non tenues, l’universalité des droits que l’on piétine
allègrement

 

#2025 #2025et1933 #absurditédelaguerre #carnetsintermittents #inanition1 #klausbarbiestevenmiller #logiquededomination #mohesnmahdawi #notretemps
17 avril 2025
pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de… - Antoine Vigne

pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de tout ce qui se passe, nos peurs qui sont le vrai visage de ce dont on nous abreuve au quotidien,
combien de discours sur le danger de l’autre, le danger d’être submergés, d’être dépossédés, d’être dépassés, d’être emportés économiquement, technologiquement, territorialement, culturellement, la peur qui revient en négatif dans toutes les analyses, les postures diplomatiques, qui se change en monstre évidemment chez ceux auxquels on donne trop de pouvoirs, les Trump, les Poutine, les Xi, les Musk, mais qui déteint sur les autres, sur nous, aucun n’avouera qu’il a peur mais c’est pourtant bien la réalité sinon pourquoi toutes ces obsessions, l’imposition des solutions de la dernière chance, du sauvetage, l’héroïsation de comportements imbéciles,
pourquoi ne se trouve-t-il pas de personne politique pour reconnaitre cette peur, la reconnaitre vraiment, la dire, l’expliciter, nous avons peur et c’est normal, c’est humain, faire ce premier pas, plutôt que de bomber le torse toujours, la même logique qui ne conduit qu’à des catastrophes,
parce qu’accepter sa peur, c’est savoir la reconnaître dans l’autre, c’est savoir que la peur nous relie tout autant si ce n’est plus que d’autres émotions dans une époque de grand bouleversement et de penser l’autre comme ayant aussi peur que nous en fait un allié plus évident que lorsque tous jouent à un jeu de miroirs réfléchissant,
un éclat fantôme,
il y a une beauté à la peur, elle est une relation profonde à la réalité, elle est primaire, elle est l’oeil qui s’étonne de l’immensité,
mais, ravalée. elle s’insinue, elle se transforme en névrose, en besoin de domination, en guerre,
la peur vécue seule, c’est aussi l’armement, la défiance, l’incompréhension, une marche à la confrontation dont on finit toujours par revenir blessé
on peut rejoindre l’autre par nos peurs, il s’agit de reconnaître nos intimités liées, c’est un chemin beaucoup plus sûr, beaucoup plus fécond, le socle du dialogue
#lapeur #direnospeurs #carnetsintermittents #hoyandtoday

#carnetsintermittents #direnospeurs #hoyandtoday #lapeur #logiquededomination #notretemps
5 mars 2025
toute la semaine, j’avais espéré que Zelensky ne s… - Antoine Vigne

toute la semaine, j’avais espéré que Zelensky ne signerait pas ce deal sur les minerais rares, qu’il ne ferait pas ce que Putin a fait, vendre les ressources communes au plus offrant,
qu’il n’accepterait pas l’humiliation, qu’il ne plierait comme tous les autres, nos dirigeants qui cherchent à protéger des parts de marché, continuer de penser qu’on pourra troquer, dialoguer – le dialogue n’existe qu’à deux, dans un espace où on ne cherche pas à convaincre l’autre
cela demande de ne pas se penser
Zelensky est le héros moderne
les cris s’accumulent en Europe
on prend conscience que l’enfance s’achève, il va falloir tenir sur ses jambes
et tenir sur ses jambes ne fonctionnera que si
nous acceptons que la prospérité n’est pas le vrai but,
le vrai but est la justice
parce qu’on ne peut pas toujours promettre la prospérité, il y a des crises, il y a des aléas, il y a des tempêtes,
mais on peut promettre le justice, on peut promettre l’équité, l’égalité devant la loi, le respect de la vie dans toutes ses formes, la vérité (la seule : je ne sais pas tout),
le partage des ressources même quand elles ne sont pas richesses,
le chemin, un équilibre qui ne veut pas dire stabilité parce que l’eau coule toujours, les glaciers fondent, l’été revient,
le passage du temps veut dire évolution permanente,
marcher sur la corde raide, au-dessus d’un vide qui s’ouvre à tout, de la chute à la promesse

#carnetsintermittents #notretemps #commentvitonlafindunmonde?

#carnetsintermittents #commentvitonlafindunmonde? #notretemps
1 mars 2025
la haine que véhicule toutes ces mesures est bien… - Antoine Vigne

la haine que véhicule toutes ces mesures est bien réelle, elle est contagieuse, elle fait porter tout le poids du mal-être sur l’autre, toujours cet autre évanescent, le migrant, le trans, tous ceux qui contredisent l’ordre perdu, moral ou économique, tous ceux qui disent que le monde a changé. Et cette haine est dévorante.

Si nous ne faisons que jouer sur l’échiquier de la puissance, nous perdrons tous, il n’y aura jamais qu’un seul gagnant, de plus en plus isolé, de plus en plus oligarchique, de plus en plus autoritaire.

Nous parlons souvent de Churchill. Il ne s’est pas placé face au fascisme en disant qu’il protégerait les profits et les entreprises, non, il a parlé de démocratie, il a parlé d’honneur, il a parlé de droiture.

Il faut refuser de se placer là où se placent justement les fascismes, sur le terrain de la peur, la peur de la perte (d’identité, de culture, de profit, d’emplois, toutes les peurs…). Bayrou se plante lorsqu’il adopte le discours de l’extrême droite sur la submersion, même avec tous les garde-fous qu’il essaie d’y mettre. Les voies sans issues n’ouvrent sur rien. Que l’obscurité des allées sombres.

Écosystème/destins communs: ce n’est pas un hasard si Churchill peut rencontrer Bruno Latour. C’est l’opposé de ce que propose l’Amérique fasciste. C’est ce que pourrait inventer l’Europe et tous ceux qui désespèrent face au spectacle contemporain.

#notretemps #fightingfear

#fightingfear #logiquesdedomination #notretemps
28 janvier 2025
pourquoi se penser français ou américain ou ghan… - Antoine Vigne

pourquoi se penser français ou américain ou ghanéen ou israélien de manière exclusive? pourquoi vouloir interdire ou nier à quelqu’un le droit de se vouloir de quelque nationalité que ce soit comme le fait Trump, comme si nous avions le droit de choisir pour l’autre ce qu’ils sont ou ne sont pas. cela me rappelle la question du genre, de l’homosexualité. j’ai grandi dans un monde où on me disait que je n’étais pas homosexuel, que l’homosexualité n’existait pas, que j’étais fondamentalement enfant de dieu, naturellement hétérosexuel, perdu, troublé, on décidait pour moi, on plaquait sur moi une vision du monde. On pourrait libérer la question de la nationalité, la détacher de toutes nos peurs, de toutes nos rigidités, nous pouvons être ce que nous voulons si nous le désirons. si je souhaite me sentir islandais d’âme parce que cette culture m’attire, ou en partie allemand parce que cette langue me parle, ou arabe et musulman parce que les mondes d’Islam qu’on m’enseignait à l’Ecole du Louvre dans mes études d’histoire de l’art me fascinaient, qu’est-ce que cela peut-il retirer à l’autre? pourquoi est-ce un tel problème, une telle ligne de fracture? revenons, encore une fois, à la question de la justice, la seule vraie question, la seule question politique. il n’y a qu’une seule raison d’organiser la vie en société, c’est la justice. laisser à l’être la possibilité de devenir ce qu’il souhaite être découle de cette justice.

#cheminsdeliberté #logiquesdedomination #notretemps
24 janvier 2025
oui, on peut donc dormir le premier soir après la… - Antoine Vigne

oui, on peut donc dormir le premier soir après la victoire électorale du fascisme, sans doute parce que ce n’était pas le premier soir du fascisme en tant que tel, parce qu’on s’était habitué aux discours de haine, aux discours de peur, aux discours de puissance, de machisme, à la servilité et à la flatterie, aux mensonges et aux contre-vérités, à la célébration narcissique non seulement du chef mais du pays, du fantasme du passé, de la nation, de la morale, tous les fantasmes appelés à la rescousse pour nourrir le monstre de la paranoïa, de la défiance, de la récrimination en permanence, la crainte de l’ego qui se sent minuscule, qui hurle son mal-être parce que oui, le monde change, oui, le monde a changé, oui, nos systèmes de compréhension de la réalité se sont évanouis, emportés par les vents qu’on n’attendait pas, dieu tombe, l’occident tombe, la planète tombe, la puissance et la prospérité tombent, elles changent, elles mutent, deviennent monstrueuses, tout le monde s’essouffle à redonner un sens à ce qui était, l’histoire, l’histoire chérie, nos attachements, tous les mensonges pour lesquels on nous demandait de mourir,
nous (ce nous indéfini que j’aime)
sommes mieux armés que d’autres, oui nous, qui avons souffert la perte des repères, la perte du sens originel, nous qui avons été bouté hors de nos racines, hors de nos églises, le monde s’était déjà écroulé pour nous, les mensonges avaient déjà percé le ciel, les firmaments, il fallait bien continuer à avancer, savoir que ce ne serait pas le monde qui nous sauverait, pas dieu, pas la nation, mais nous, les corps, les lèvres, les bras, la présence, les meurtrissures devenues emblèmes
et puis abandonner l’idée du sens, redevenir les antilopes qui broutent dans la savane sans se soucier du lion qui vient,
pleurer tout de même
pleurer mais courir, parfois pour échapper, parfois pour s’enivrer,
le lion se fatigue
toujours

#notretemps #nous #premiersjoursdufascisme #resistance
22 janvier 2025
la pauvreté, le dépouillement, la sobriétéév… - Antoine Vigne

la pauvreté, le dépouillement, la sobriété
évangéliques évidemment ces mots
mais où sont-ils dans le faste
où sont-ils dans l’invitation des puissants,
où sont-ils sous la lumière, les grands vitraux, les remerciements aux donateurs, aux riches,
où sont-ils face aux tenues de marque, celles des Brigitte Macron et autres, où sont-ils ces mots lorsque la cathèdre pèse des centaines de kilos pour asseoir l’autorité de l’évêque,
où est la réalité du monde, la faim, la guerre, les migrations, les morts en Méditerranée, le long du Rio Grande, où sont-ils, tous, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice ? qu’on ne me dise pas qu’il faut bien ceci cela, qu’il faut bien se plier à la loi du monde, qu’il faut bien remercier les riches, qu’il faut bien savoir se réjouir… ce n’est pas comme cela que je me réjouis, pas dans un faste imbécile qui nie le moment, qui nie la vérité, qui place aux premier rang les haineux et la représentation caricaturale de l’égoïsme (oui, l’imbécile orange mais il n’est pas le seul, il est simplement le fou qui révèle le reste, la marque de la bête, de l’orgueil, de la vanité, de la stupidité de ceux qui s’avachissent), ce n’est pas l’Eglise qu’on m’a promise, pas l’Eglise qu’on m’a enseignée, j’ai bien compris qu’elle n’existait pas, ou de manière si infime dans les rangs de ceux qu’on appelle les croyants, si invisible, si mal défendue par ses paires et ses pères et ses Pères, mais qu’attentez-vous pour reprendre le message? qu’attendez-vous pour vivre selon vos prêches, qu’attendez-vous pour vider ces bancs des beaux manteaux, qu’attendez-vous pour vous souvenir du message
de l’amour, la pauvreté, l’humilité
ce n’est pas Notre-Dame qu’il faut rebâtir, ce n’est pas elle qui est en feu… le miroir est déformant et vous riez.

#logiquesdedomination #notretemps #religion
9 décembre 2024
quand je vois Ursula van der Leyen signer l’acco… - Antoine Vigne

quand je vois Ursula van der Leyen signer l’accord sur le Mercosur : apparemment certains n’ont rien compris au film…
ailleurs, à New York, on assassine le dirigeant d’United Health Care, un gigantesque groupe d’assurance santé.
c’est ainsi que les révolutions commencent… par la colère qui devient violence.
tout est en équilibre instable et les institutions ne sont plus assez fortes pour empêcher la suite.
mais nous sommes tous coupables, nous tous qui vivons bien, qui voyageons sans nous poser de questions, qui acceptons le système parce qu’il nous privilégie, qui refusons de voir l’aberration de notre quotidien favorisé et ses liens au monde ayant créé cette situation, un monde pétri de colonisation économique, y compris dans nos propres pays.
je ne sais pas comment on lutte contre la colère de ceux qui n’ont pas assez, qui n’ont rien (une colère juste, mais la violence peut-elle être juste… je tend à penser qu’on peut au moins l’excuser, n’est-ce pas ce qu’on appelle les circonstances atténuantes?, avec tout ce que cela a d’inconfortable intellectuellement) mais ne pas voir que proner la stabilité, et les grands idéaux démocratiques quand ces idéaux ont été utilisé pour défendre un monde profondément inégalitaire, est une forme de violence, c’est être aveugle à ce qui se passe.
ceux qui veulent l’ordre et la paix aujourd’hui sont souvent les défenseurs d’un ordre ancien. et je comprends qu’on puisse avoir peur, qu’on puisse défendre la paix sociale parce qu’on sait que la déstabilisation du monde sera payée d’abord par ceux qui ont moins. mais l’équilibre a déjà été rompu. nous sommes dans l’après.

 

#après #logiquesdedomination #notretemps
7 décembre 2024
aveuglesmais Trump ne peut pas faire que le monde… - Antoine Vigne

aveugles
mais Trump ne peut pas faire que le monde ne change pas, que notre perception de l’histoire avance, que #metoo, #blacklivesmatter ou le mariage gay n’aient pas eu lieu
il ne peut pas faire que les forêts ne brûlent pas, que les frontières ne s’effacent pas petit à petit même quand elles arborent de nouveaux murs, toujours plus hauts,
il peut accroître la souffrance, il peut représenter la peur, les peurs, et, en cela, il nous représente tous
mais il est le passé, la réaction, l’avenir qui ne sait pas se voir, l’enfant qui hurle, le monde avance, ses chaos effrayants, incompréhensibles évidemment, mais les vieux dogmes s’effritent, qui croit encore à la sainteté, à la virginité, à l’universalité (de la République), quand tous les idéaux ont été trahis, le temps d’une après-guerre qui aurait pu changer la donne, inventer la fin de la pauvreté, d’un monde plus équitable a failli, et nous nous réveillons dans un après qui tarde à se lever, qui se convulse, mais il y aura des matins, il y aura des luttes, il y aura des avancées et des reculs brutaux, il y aura un spectacle permanent, nauséabond, oui, tout cela, il y aura Elon Musk et sa folie dangereuse, il y aura les marchés imbéciles (ils montent déjà), le capitalisme qui se nourrit de la misère, qui rit des conséquences, qui avilit tout, nous le monde, la nature, tout ce qu’il touche, le consumérisme béat dont nous faisons tous partie,
mais, au-delà de nos peurs, il y aura aussi
quoi?
je n’en sais rien
mais je refuse de désespérer, nos peurs sont aussi ce qui nous fait humains (et oui, je suis inquiet, évidemment)

#blacklivesmatter #metoo #notretemps
6 novembre 2024
On parle beaucoup d’extrêmes ces temps-ci, on p… - Antoine Vigne

On parle beaucoup d’extrêmes ces temps-ci, on parle d’extrémisme comme s’il n’y avait pas d’alternative, comme s’il n’y avait qu’une seule voie, comme si la démocratie s’était soudain réduite à un passage minuscule où seul un groupe a raison. Pourtant, il y a de l’extrémisme aux inégalités, il y a de l’extrémisme à la richesse, à la non-taxation des profits, à la non-taxation des transactions financières, au refus de penser l’urgence climatique comme on aurait pensé l’urgence de l’équlibre financier des retraites par exemple… il y a de l’extrémisme à ne penser le monde qu’en terme d’influence, de puissance, de compétitivité, de ratios économiques. Il y a de l’extrémisme à abandonner les migrants en mer tandis que nos groupes industriels continuent de piller les pays qui sont maintenant en guerre, de négocier avec des dirigeants corrompus des contrats pour des minerais dont les ressources ne serviront pas à financer leur développement. Il y a de l’extrémisme dans notre vision des relations internationales qui défendent des idéaux que nous ne savons souvent pas vivre lorsque nos intérêts sont menacés. Il y a de l’extrémisme dans le refus d’appliquer les principes d’une convention citoyenne qui pouvait générer l’espoir d’un autre mode de dialogue et de démocratie, il y a de l’extrémisme à renouveler les autorisations de pesticide dont on sait qu’ils tuent la planète. Il y tant et tant d’extrémismes dans notre monde. Rester dans un chemin qui a montré sa puissance de destruction en arguant du fait qu’il n’y a pas d’autre choix est un extrémisme. C’est aussi un manque de courage, un manque de vision, un esclavage et une soumission. Il y a un autre chemin. Il y a même d’autres chemins. Le mien est choisi pour cette élection, avec toutes les nuances et tous les doutes que je garde sur certains éléments d’une possible majorité de gauche, toutes les divergences possibles. Je regarde les idées, les programmes, je sais où je me retrouve.

#àgauche #batirdenouveauxhorizons #desdoutesquandmemeetcestnormal #humanismeetecologie #justice #logiquededomination #nonalahaine #nonalastupiditecapitaliste #notretemps #nouveaufrontpopulaire
18 juin 2024
Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des … - Antoine Vigne
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Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des attaques contre le Qatar alors que nos pays occidentaux ont une dette colossale à payer au monde pour l’héritage que nous lui léguons et alors que nous n’avons pas su aller au bout de la logique des droits humains dans nos pays, que les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes, qu’on assassine des gays dans un bar du Colorado, que les inégalités rampent, que nous consommons (consumons) aussi la terre, que tant reste à faire. Mais le noeud de l’histoire de ce Mondial est l’argent, l’argent qui corrompt tout, qui abîme, qui dessèche, qui ruine, l’argent immonde, l’argent traître, l’argent aveugle, l’argent complice. L’argent qui tue. Et la coupe du monde au Qatar n’est qu’une histoire d’argent, cynique, banale, abjecte, le symbole d’une rupture, d’un modèle qui n’a plus de sens. À l’heure du climat, à l’heure de la réalité qui brûle, on nous vend un ballon sale, on nous assomme de messages, on veut nous rassurer que non, c’est bien le sport qui compte, la fraternité, le dépassement, mais ce sport et toutes ses illusions débiles ploie dans sa génuflexion au dieu pétrole, dans sa soumission au conservatisme religieux, à la logique des riches, de la télévision qui abrutit, dans son oubli de tout ce qui compte, justement, dans notre époque. Et oui, je pleure le confort que nous n’avons plus de regarder ces matchs comme s’il était encore possible d’oublier, comme si on avait le droit au repos, juste là, quelques instants, quelques heures. Mais non, Il est trop tard. Et il est temps. D’inventer le monde. Alors s’il me reste une arme, c’est celle des faibles justement, celle de ne pas regarder les matchs, celle de refuser l’argent de la publicité, celle du grain de sable qui fait dérayer le train. Ou pas. Mais qui essaie. Et qui refuse.

#argentimmonde #boycottqatar2022 #fuckcapitalism #graindesable #laplanètebrûle #logiquededomination #mensongedusport #notretemps #nouveaurécit #revolution #rupture
22 novembre 2022
Le concert pour l’Ukraine au Met Opera hier soir… - Antoine Vigne
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Le concert pour l’Ukraine au Met Opera hier soir, le drapeau qui couvre la façade et qu’on agite dans les tribunes. Cela me rappelle de vieux films, la guerre en Europe que je ne pensais pas connaître. Yannick Nézet-Seguin dirige l’Adagio de Barber dans des tons incroyablement souples, puis les choeurs du Nabucco et les Quatre Derniers Lieders de Strauss (chantés par Lise Davidson) avant de finir par l’Ode à la joie dont le thème est vraiment celui de la fraternité humaine. Les gens sont debout, ils applaudissent, on fait ce que l’on peut lorsque l’on n’a rien d’autre et c’est un peu ce que l’on sent dans la salle, la conscience fragile que nous sommes là, loin, cherchant à partager la souffrance et l’inquiétude, être entièrement dans ce combat sans pouvoir totalement l’être. Je pense à l’impuissance qui ronge toujours, la force de l’élan qui parfois vise trop vite et mal mais qui est humaine, qui répond à l’urgence parce qu’il faut y répondre même quand toutes les réponses sont en partie inadéquates. Le destin de nos sociétés humaines comme de nos existences individuelles est fait de ces élans, ces pulsions contradictoires et nécessaires qui produisent un chaos au sein duquel il est difficile de percevoir l’avenir mais qui y participent toujours. ll y a un mystère assez sublime à cette marche dans l’obscurité où brillent quelques phares inattendus, Zelensky entre autres, tous les Ukrainiens aussi, ceux qui luttent et accueillent les réfugiés, nous tous peut-être dans notre compréhension nouvelle des dangers qui nous guettent.

#adagiobarber #aventurehumaine #chaos #fraternité #héraclite #impuissanceetélans #metconcertukraine #metropolitanopera #mystèredelaguerre #notretemps #odeàlajoie #performingarts #ukraine #ukrainemustwin #yannicknezetseguin #zelensky
15 mars 2022
En rentrant de Mother Disco - Antoine Vigne
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En rentrant de Mother Disco, les lumières des rues.
Une certaine quiétude sensuelle, mon corps encore dansant, encore heureux de l’énergie accumulée pendant les heures de grâce sur le dance-floor, les corps, les visages, les sourires échangés, la complicité d’un instant avec les yeux qu’on croise.
Et trouver à ce moment là la nouvelle des frappes sur l’Iran (que personne n’aura le courage de condamner). Et les injonctions de l’imbécile orange demandant une capitulation totale.
Collision des monde, des émotions.
Alors je pense à la phrase de Gandhi: “it’s always been a mystery how men can feel themselves honored by the humiliation of their fellow beings”. 
L’humiliation ne mène qu’à la haine et la rancoeur.
On ne construit rien de bon dessus.
Et j’abhorre l’hypocrisie de nos nations qui continuent de vouloir se réserver le droit de la force atomique et le refuser aux autres. Ne pas comprendre ce que cela représente aux yeux d’autres pays (j’allais dire «d’autres peuples» mais je n’aime pas ce que cela révèle de nos habitudes de séparer les êtres en catégories de population…)
Se justifier d’être le seul garant de la bonne conduite du monde reste arrogant. Un refus de l’autre.
Une vieille logique de colonisation.
Il faut le/la dénoncer partout.
Abolir ce droit qui en est pas un.
Ironie tragique que ceux qui disent croire au «tu ne tueras pas» de leurs Commandements soient aussi ceux qui accumulent les armes dont le seul but est de tuer.
Ou de dominer, ce qui est la même chose: tuer la liberté qu’a l’autre d’être.
Seule idée humaine: la dénucléarisation totale.
Prélude à une désarmement plus général.
Si plus d’armes nous protégeaient des conflits, nous devrions être en paix et c’est le contraire qui se produit.
De la même manière, si plus de profit et d’argent devaient conduire à l’abolition de la pauvreté, nous serions dans un autre monde.
Les armes et le profit ne sont que des instruments de domination. Rien d’autre.

#3dollarbill #collisiondesmondes #dautreschemins #denuclearization #logiquededomination #mesnuits #motherdisco #notretemps
23 juin 2025
à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux ch… - Antoine Vigne
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à Roissy, une mère et son enfant, tous les deux chaussés de baskets Vuitton, le sac Vuitton, lui râle, il ne veut pas embarquer, pas rentrer aux États-Unis,
tu as ton expo demain , « your art show », ce sera bien
et puis elle ajoute:
tu leur diras que tu as vu l’expo Hockney en personne.. .
petit orgueil qui cherche à se propager,
je me rends compte que la femme aux cheveux blancs devant eux, dans un pantalon ultra large, est la mère de la mère, elles échangent des mots rapides, durs

par la fenêtre, je note Air Mali

dans la file d’embarquement du vol pour Washington à la porte suivante, une autre femme échange quelques mots avec un jeune mec, elle sans doute la soixantaine joyeuse, dynamique mais un peu défraichie, l’allure est imparfaite, lui la vingtaine souriante, il est poli, il répond puis il attend de passer à autre chose, on sent la gêne rapide qui flotte dans l’air puis ils se tournent l’un l’autre vers les grandes baies vitrées derrière lesquelles les avions décollent

je lis Denis Gombert, beau texte, léger et grave et gai dans le même temps, la vie en roue libre, les instants qui défilent à toute allure et les reflets qui changent à chaque mouvement, ça scintille de vie, comme lui

les images du pape Léon s’affichent sur les écrans, il s’est rendu sur la tombe de François, de bons échos jusqu’ici, une continuité sur la défense des plus démunis, le refus de la puissance, le front contre la stupidité des nationalismes arrogants

survolé Londres, tout était clair, limpide
envoyé un message à Danny

#carnetsdevoyage #carnetsintermittents #friends #littérature #notretemps #volderetour
14 mai 2025
regarder une abeille quand elle pénètre dans la ch… - Antoine Vigne

regarder une abeille quand elle pénètre dans la chambre, non pas dans la pièce elle-même, elle reste sous l’encadrement de la fenêtre mais elle est à l’intérieur, face au carreau qu’elle semble inspecter, elle bourdonne, elle vole tranquillement, je la regarde, autrefois je me serais levé brusquement, je l’aurais chassée, mais j’ai appris à aimer les insectes, les observer, ne pas bouger, ne pas sentir de menace, elle ressort évidemment.

j’écoute à la radio le récit du procès de ceux qu’on appelle les papis braqueurs, j’avoue avoir de la sympathie pour eux, leur histoire, des chemins contrariés, ils parlent tous de leurs vies comme de vies ratées, c’est à la fois triste et beau, d’une beauté poétique à la Genet ou plutôt d’une beauté de la simplicité, parce que le bout du chemin est là, ou presque, ils sont tous âgés
mais je n’ai pas de sympathie pour la bague à 4 millions d’euros ni pour le système qui protège Kim Kardashian maintenant, pour les réseaux sociaux qui s’enflamment, est-il normal d’avoir de tels objets, de les étaler et de s’étonner qu’ils inspirent l’envie, l’amertume, le dégoût…

je marche le long de la Loire, les aubépines sont en fleurs comme jamais, sans doute le résultat de l’eau qui a gorgé les sols depuis des mois, je les sens à mesure que j’avance, je sais qu’il ne faut pas se pencher vers les fleurs, l’odeur devient amère lorsqu’elle est trop concentrée, elle doit voler au vent

les tamaris, les spirées, les lilas, tout est en fleurs

j’entends Olivier Guez qui parle de Princeton et de Trump, du deuil d’une Amérique qui n’est plus, je me demande toutefois si elle n’a pas toujours été un mythe et qu’en cela, elle perdure, dans le violence de ses contradictions, la violence de ses réactions, l’infinie beauté de ses paysages, on ne peut l’atteindre qu’en la parcourant, elle est un territoire autant qu’un peuple, peut-être est-il plus simple de la voir pour ce qu’elle est, le monstre qui vient toujours avec la puissance, la même monstruosité qui était là au Vietnam, ailleurs, partout , l’âme est un magma en fusion

 

#autoportraitsfragmentés #journéedeprintemps #notretemps
30 avril 2025
0417-2 Saint-Laurent. Hier soir, je regarde sur A… - Antoine Vigne

0417-2

Saint-Laurent. Hier soir, je regarde sur Arte le documentaire sur le procès Klaus Barbie. Mai 1987. Je me demandais pourquoi je n’avais aucun souvenir de ce moment, ou simplement des images floues, le nom mais rien de précis. La date pourtant, deux semaines après la mort de mon père, nous avons dû suivre cela à la télé dans la grand salon, fantômes que nous étions
je ne revivrai qu’à la fin mai ou début juin, devant Scapin, la cour de la rue Franklin, mes camarades qui jouent (Laurent surtout), je les envie, mon corps me dit qu’ils vivent, le Rondo Veneziano emplit le soir qui tombe, je suis seul, adolescent, on m’a laissé venir (on=ma mère sans doute), si j’étais parti ce soir-là, je crois que j’aurais vécu
point
ce que je raconte là, c’est d’abord l’histoire de ma sensualité

tous ceux qui parlent de Barbie parlent de ses yeux
aujourd’hui je vois Rubio, je vois Taylor Greene, je vois tous ceux qui collaborent
Steven Miller a le visage d’un sadique, aucune humanité sur ses traits

des visages pourtant, émergent, c’est toujours par les visages que l’histoire se fait: celui de Mohsen Mahdawi, l’étudiant palestinien arrêté
un autre, il n’est pas le premier mais il illumine la perversion du langage, des mots, on le nomme traitre et danger alors qu’il plaide l’entente, l’écoute, ne pas dire un mot plus haut que l’autre, voir les douleurs, entendre les souffrances, placer l’être avant l’idée, revenir à ce que nous sommes
fondamentalement :
des écorchés

la Palestine et son drapeau, un bout de tissu qui souffre mais les drapeaux ne sont rien d’autres que des chiffons qu’on agite dans le vent, ils disent nos peurs, notre besoin de communauté, la solitude
l’anglais sépare loneliness de solitude, l’une est subie, l’autre choisie
mais le français n’a pas ces pôles, tous deux contenus dans le même mot
le drapeau, emblème des solitudes donc, j’adule celui de ce pays qui n’existe pas, il trahit nos trahisons, les promesses non tenues, l’universalité des droits que l’on piétine
allègrement

 

#2025 #2025et1933 #absurditédelaguerre #carnetsintermittents #inanition1 #klausbarbiestevenmiller #logiquededomination #mohesnmahdawi #notretemps
17 avril 2025
pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de… - Antoine Vigne

pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de tout ce qui se passe, nos peurs qui sont le vrai visage de ce dont on nous abreuve au quotidien,
combien de discours sur le danger de l’autre, le danger d’être submergés, d’être dépossédés, d’être dépassés, d’être emportés économiquement, technologiquement, territorialement, culturellement, la peur qui revient en négatif dans toutes les analyses, les postures diplomatiques, qui se change en monstre évidemment chez ceux auxquels on donne trop de pouvoirs, les Trump, les Poutine, les Xi, les Musk, mais qui déteint sur les autres, sur nous, aucun n’avouera qu’il a peur mais c’est pourtant bien la réalité sinon pourquoi toutes ces obsessions, l’imposition des solutions de la dernière chance, du sauvetage, l’héroïsation de comportements imbéciles,
pourquoi ne se trouve-t-il pas de personne politique pour reconnaitre cette peur, la reconnaitre vraiment, la dire, l’expliciter, nous avons peur et c’est normal, c’est humain, faire ce premier pas, plutôt que de bomber le torse toujours, la même logique qui ne conduit qu’à des catastrophes,
parce qu’accepter sa peur, c’est savoir la reconnaître dans l’autre, c’est savoir que la peur nous relie tout autant si ce n’est plus que d’autres émotions dans une époque de grand bouleversement et de penser l’autre comme ayant aussi peur que nous en fait un allié plus évident que lorsque tous jouent à un jeu de miroirs réfléchissant,
un éclat fantôme,
il y a une beauté à la peur, elle est une relation profonde à la réalité, elle est primaire, elle est l’oeil qui s’étonne de l’immensité,
mais, ravalée. elle s’insinue, elle se transforme en névrose, en besoin de domination, en guerre,
la peur vécue seule, c’est aussi l’armement, la défiance, l’incompréhension, une marche à la confrontation dont on finit toujours par revenir blessé
on peut rejoindre l’autre par nos peurs, il s’agit de reconnaître nos intimités liées, c’est un chemin beaucoup plus sûr, beaucoup plus fécond, le socle du dialogue
#lapeur #direnospeurs #carnetsintermittents #hoyandtoday

#carnetsintermittents #direnospeurs #hoyandtoday #lapeur #logiquededomination #notretemps
5 mars 2025
toute la semaine, j’avais espéré que Zelensky ne s… - Antoine Vigne

toute la semaine, j’avais espéré que Zelensky ne signerait pas ce deal sur les minerais rares, qu’il ne ferait pas ce que Putin a fait, vendre les ressources communes au plus offrant,
qu’il n’accepterait pas l’humiliation, qu’il ne plierait comme tous les autres, nos dirigeants qui cherchent à protéger des parts de marché, continuer de penser qu’on pourra troquer, dialoguer – le dialogue n’existe qu’à deux, dans un espace où on ne cherche pas à convaincre l’autre
cela demande de ne pas se penser
Zelensky est le héros moderne
les cris s’accumulent en Europe
on prend conscience que l’enfance s’achève, il va falloir tenir sur ses jambes
et tenir sur ses jambes ne fonctionnera que si
nous acceptons que la prospérité n’est pas le vrai but,
le vrai but est la justice
parce qu’on ne peut pas toujours promettre la prospérité, il y a des crises, il y a des aléas, il y a des tempêtes,
mais on peut promettre le justice, on peut promettre l’équité, l’égalité devant la loi, le respect de la vie dans toutes ses formes, la vérité (la seule : je ne sais pas tout),
le partage des ressources même quand elles ne sont pas richesses,
le chemin, un équilibre qui ne veut pas dire stabilité parce que l’eau coule toujours, les glaciers fondent, l’été revient,
le passage du temps veut dire évolution permanente,
marcher sur la corde raide, au-dessus d’un vide qui s’ouvre à tout, de la chute à la promesse

#carnetsintermittents #notretemps #commentvitonlafindunmonde?

#carnetsintermittents #commentvitonlafindunmonde? #notretemps
1 mars 2025
la haine que véhicule toutes ces mesures est bien… - Antoine Vigne

la haine que véhicule toutes ces mesures est bien réelle, elle est contagieuse, elle fait porter tout le poids du mal-être sur l’autre, toujours cet autre évanescent, le migrant, le trans, tous ceux qui contredisent l’ordre perdu, moral ou économique, tous ceux qui disent que le monde a changé. Et cette haine est dévorante.

Si nous ne faisons que jouer sur l’échiquier de la puissance, nous perdrons tous, il n’y aura jamais qu’un seul gagnant, de plus en plus isolé, de plus en plus oligarchique, de plus en plus autoritaire.

Nous parlons souvent de Churchill. Il ne s’est pas placé face au fascisme en disant qu’il protégerait les profits et les entreprises, non, il a parlé de démocratie, il a parlé d’honneur, il a parlé de droiture.

Il faut refuser de se placer là où se placent justement les fascismes, sur le terrain de la peur, la peur de la perte (d’identité, de culture, de profit, d’emplois, toutes les peurs…). Bayrou se plante lorsqu’il adopte le discours de l’extrême droite sur la submersion, même avec tous les garde-fous qu’il essaie d’y mettre. Les voies sans issues n’ouvrent sur rien. Que l’obscurité des allées sombres.

Écosystème/destins communs: ce n’est pas un hasard si Churchill peut rencontrer Bruno Latour. C’est l’opposé de ce que propose l’Amérique fasciste. C’est ce que pourrait inventer l’Europe et tous ceux qui désespèrent face au spectacle contemporain.

#notretemps #fightingfear

#fightingfear #logiquesdedomination #notretemps
28 janvier 2025
pourquoi se penser français ou américain ou ghan… - Antoine Vigne

pourquoi se penser français ou américain ou ghanéen ou israélien de manière exclusive? pourquoi vouloir interdire ou nier à quelqu’un le droit de se vouloir de quelque nationalité que ce soit comme le fait Trump, comme si nous avions le droit de choisir pour l’autre ce qu’ils sont ou ne sont pas. cela me rappelle la question du genre, de l’homosexualité. j’ai grandi dans un monde où on me disait que je n’étais pas homosexuel, que l’homosexualité n’existait pas, que j’étais fondamentalement enfant de dieu, naturellement hétérosexuel, perdu, troublé, on décidait pour moi, on plaquait sur moi une vision du monde. On pourrait libérer la question de la nationalité, la détacher de toutes nos peurs, de toutes nos rigidités, nous pouvons être ce que nous voulons si nous le désirons. si je souhaite me sentir islandais d’âme parce que cette culture m’attire, ou en partie allemand parce que cette langue me parle, ou arabe et musulman parce que les mondes d’Islam qu’on m’enseignait à l’Ecole du Louvre dans mes études d’histoire de l’art me fascinaient, qu’est-ce que cela peut-il retirer à l’autre? pourquoi est-ce un tel problème, une telle ligne de fracture? revenons, encore une fois, à la question de la justice, la seule vraie question, la seule question politique. il n’y a qu’une seule raison d’organiser la vie en société, c’est la justice. laisser à l’être la possibilité de devenir ce qu’il souhaite être découle de cette justice.

#cheminsdeliberté #logiquesdedomination #notretemps
24 janvier 2025
oui, on peut donc dormir le premier soir après la… - Antoine Vigne

oui, on peut donc dormir le premier soir après la victoire électorale du fascisme, sans doute parce que ce n’était pas le premier soir du fascisme en tant que tel, parce qu’on s’était habitué aux discours de haine, aux discours de peur, aux discours de puissance, de machisme, à la servilité et à la flatterie, aux mensonges et aux contre-vérités, à la célébration narcissique non seulement du chef mais du pays, du fantasme du passé, de la nation, de la morale, tous les fantasmes appelés à la rescousse pour nourrir le monstre de la paranoïa, de la défiance, de la récrimination en permanence, la crainte de l’ego qui se sent minuscule, qui hurle son mal-être parce que oui, le monde change, oui, le monde a changé, oui, nos systèmes de compréhension de la réalité se sont évanouis, emportés par les vents qu’on n’attendait pas, dieu tombe, l’occident tombe, la planète tombe, la puissance et la prospérité tombent, elles changent, elles mutent, deviennent monstrueuses, tout le monde s’essouffle à redonner un sens à ce qui était, l’histoire, l’histoire chérie, nos attachements, tous les mensonges pour lesquels on nous demandait de mourir,
nous (ce nous indéfini que j’aime)
sommes mieux armés que d’autres, oui nous, qui avons souffert la perte des repères, la perte du sens originel, nous qui avons été bouté hors de nos racines, hors de nos églises, le monde s’était déjà écroulé pour nous, les mensonges avaient déjà percé le ciel, les firmaments, il fallait bien continuer à avancer, savoir que ce ne serait pas le monde qui nous sauverait, pas dieu, pas la nation, mais nous, les corps, les lèvres, les bras, la présence, les meurtrissures devenues emblèmes
et puis abandonner l’idée du sens, redevenir les antilopes qui broutent dans la savane sans se soucier du lion qui vient,
pleurer tout de même
pleurer mais courir, parfois pour échapper, parfois pour s’enivrer,
le lion se fatigue
toujours

#notretemps #nous #premiersjoursdufascisme #resistance
22 janvier 2025
la pauvreté, le dépouillement, la sobriétéév… - Antoine Vigne

la pauvreté, le dépouillement, la sobriété
évangéliques évidemment ces mots
mais où sont-ils dans le faste
où sont-ils dans l’invitation des puissants,
où sont-ils sous la lumière, les grands vitraux, les remerciements aux donateurs, aux riches,
où sont-ils face aux tenues de marque, celles des Brigitte Macron et autres, où sont-ils ces mots lorsque la cathèdre pèse des centaines de kilos pour asseoir l’autorité de l’évêque,
où est la réalité du monde, la faim, la guerre, les migrations, les morts en Méditerranée, le long du Rio Grande, où sont-ils, tous, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice ? qu’on ne me dise pas qu’il faut bien ceci cela, qu’il faut bien se plier à la loi du monde, qu’il faut bien remercier les riches, qu’il faut bien savoir se réjouir… ce n’est pas comme cela que je me réjouis, pas dans un faste imbécile qui nie le moment, qui nie la vérité, qui place aux premier rang les haineux et la représentation caricaturale de l’égoïsme (oui, l’imbécile orange mais il n’est pas le seul, il est simplement le fou qui révèle le reste, la marque de la bête, de l’orgueil, de la vanité, de la stupidité de ceux qui s’avachissent), ce n’est pas l’Eglise qu’on m’a promise, pas l’Eglise qu’on m’a enseignée, j’ai bien compris qu’elle n’existait pas, ou de manière si infime dans les rangs de ceux qu’on appelle les croyants, si invisible, si mal défendue par ses paires et ses pères et ses Pères, mais qu’attentez-vous pour reprendre le message? qu’attendez-vous pour vivre selon vos prêches, qu’attendez-vous pour vider ces bancs des beaux manteaux, qu’attendez-vous pour vous souvenir du message
de l’amour, la pauvreté, l’humilité
ce n’est pas Notre-Dame qu’il faut rebâtir, ce n’est pas elle qui est en feu… le miroir est déformant et vous riez.

#logiquesdedomination #notretemps #religion
9 décembre 2024
quand je vois Ursula van der Leyen signer l’acco… - Antoine Vigne

quand je vois Ursula van der Leyen signer l’accord sur le Mercosur : apparemment certains n’ont rien compris au film…
ailleurs, à New York, on assassine le dirigeant d’United Health Care, un gigantesque groupe d’assurance santé.
c’est ainsi que les révolutions commencent… par la colère qui devient violence.
tout est en équilibre instable et les institutions ne sont plus assez fortes pour empêcher la suite.
mais nous sommes tous coupables, nous tous qui vivons bien, qui voyageons sans nous poser de questions, qui acceptons le système parce qu’il nous privilégie, qui refusons de voir l’aberration de notre quotidien favorisé et ses liens au monde ayant créé cette situation, un monde pétri de colonisation économique, y compris dans nos propres pays.
je ne sais pas comment on lutte contre la colère de ceux qui n’ont pas assez, qui n’ont rien (une colère juste, mais la violence peut-elle être juste… je tend à penser qu’on peut au moins l’excuser, n’est-ce pas ce qu’on appelle les circonstances atténuantes?, avec tout ce que cela a d’inconfortable intellectuellement) mais ne pas voir que proner la stabilité, et les grands idéaux démocratiques quand ces idéaux ont été utilisé pour défendre un monde profondément inégalitaire, est une forme de violence, c’est être aveugle à ce qui se passe.
ceux qui veulent l’ordre et la paix aujourd’hui sont souvent les défenseurs d’un ordre ancien. et je comprends qu’on puisse avoir peur, qu’on puisse défendre la paix sociale parce qu’on sait que la déstabilisation du monde sera payée d’abord par ceux qui ont moins. mais l’équilibre a déjà été rompu. nous sommes dans l’après.

 

#après #logiquesdedomination #notretemps
7 décembre 2024
aveuglesmais Trump ne peut pas faire que le monde… - Antoine Vigne

aveugles
mais Trump ne peut pas faire que le monde ne change pas, que notre perception de l’histoire avance, que #metoo, #blacklivesmatter ou le mariage gay n’aient pas eu lieu
il ne peut pas faire que les forêts ne brûlent pas, que les frontières ne s’effacent pas petit à petit même quand elles arborent de nouveaux murs, toujours plus hauts,
il peut accroître la souffrance, il peut représenter la peur, les peurs, et, en cela, il nous représente tous
mais il est le passé, la réaction, l’avenir qui ne sait pas se voir, l’enfant qui hurle, le monde avance, ses chaos effrayants, incompréhensibles évidemment, mais les vieux dogmes s’effritent, qui croit encore à la sainteté, à la virginité, à l’universalité (de la République), quand tous les idéaux ont été trahis, le temps d’une après-guerre qui aurait pu changer la donne, inventer la fin de la pauvreté, d’un monde plus équitable a failli, et nous nous réveillons dans un après qui tarde à se lever, qui se convulse, mais il y aura des matins, il y aura des luttes, il y aura des avancées et des reculs brutaux, il y aura un spectacle permanent, nauséabond, oui, tout cela, il y aura Elon Musk et sa folie dangereuse, il y aura les marchés imbéciles (ils montent déjà), le capitalisme qui se nourrit de la misère, qui rit des conséquences, qui avilit tout, nous le monde, la nature, tout ce qu’il touche, le consumérisme béat dont nous faisons tous partie,
mais, au-delà de nos peurs, il y aura aussi
quoi?
je n’en sais rien
mais je refuse de désespérer, nos peurs sont aussi ce qui nous fait humains (et oui, je suis inquiet, évidemment)

#blacklivesmatter #metoo #notretemps
6 novembre 2024
On parle beaucoup d’extrêmes ces temps-ci, on p… - Antoine Vigne

On parle beaucoup d’extrêmes ces temps-ci, on parle d’extrémisme comme s’il n’y avait pas d’alternative, comme s’il n’y avait qu’une seule voie, comme si la démocratie s’était soudain réduite à un passage minuscule où seul un groupe a raison. Pourtant, il y a de l’extrémisme aux inégalités, il y a de l’extrémisme à la richesse, à la non-taxation des profits, à la non-taxation des transactions financières, au refus de penser l’urgence climatique comme on aurait pensé l’urgence de l’équlibre financier des retraites par exemple… il y a de l’extrémisme à ne penser le monde qu’en terme d’influence, de puissance, de compétitivité, de ratios économiques. Il y a de l’extrémisme à abandonner les migrants en mer tandis que nos groupes industriels continuent de piller les pays qui sont maintenant en guerre, de négocier avec des dirigeants corrompus des contrats pour des minerais dont les ressources ne serviront pas à financer leur développement. Il y a de l’extrémisme dans notre vision des relations internationales qui défendent des idéaux que nous ne savons souvent pas vivre lorsque nos intérêts sont menacés. Il y a de l’extrémisme dans le refus d’appliquer les principes d’une convention citoyenne qui pouvait générer l’espoir d’un autre mode de dialogue et de démocratie, il y a de l’extrémisme à renouveler les autorisations de pesticide dont on sait qu’ils tuent la planète. Il y tant et tant d’extrémismes dans notre monde. Rester dans un chemin qui a montré sa puissance de destruction en arguant du fait qu’il n’y a pas d’autre choix est un extrémisme. C’est aussi un manque de courage, un manque de vision, un esclavage et une soumission. Il y a un autre chemin. Il y a même d’autres chemins. Le mien est choisi pour cette élection, avec toutes les nuances et tous les doutes que je garde sur certains éléments d’une possible majorité de gauche, toutes les divergences possibles. Je regarde les idées, les programmes, je sais où je me retrouve.

#àgauche #batirdenouveauxhorizons #desdoutesquandmemeetcestnormal #humanismeetecologie #justice #logiquededomination #nonalahaine #nonalastupiditecapitaliste #notretemps #nouveaufrontpopulaire
18 juin 2024
Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des … - Antoine Vigne
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Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des attaques contre le Qatar alors que nos pays occidentaux ont une dette colossale à payer au monde pour l’héritage que nous lui léguons et alors que nous n’avons pas su aller au bout de la logique des droits humains dans nos pays, que les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes, qu’on assassine des gays dans un bar du Colorado, que les inégalités rampent, que nous consommons (consumons) aussi la terre, que tant reste à faire. Mais le noeud de l’histoire de ce Mondial est l’argent, l’argent qui corrompt tout, qui abîme, qui dessèche, qui ruine, l’argent immonde, l’argent traître, l’argent aveugle, l’argent complice. L’argent qui tue. Et la coupe du monde au Qatar n’est qu’une histoire d’argent, cynique, banale, abjecte, le symbole d’une rupture, d’un modèle qui n’a plus de sens. À l’heure du climat, à l’heure de la réalité qui brûle, on nous vend un ballon sale, on nous assomme de messages, on veut nous rassurer que non, c’est bien le sport qui compte, la fraternité, le dépassement, mais ce sport et toutes ses illusions débiles ploie dans sa génuflexion au dieu pétrole, dans sa soumission au conservatisme religieux, à la logique des riches, de la télévision qui abrutit, dans son oubli de tout ce qui compte, justement, dans notre époque. Et oui, je pleure le confort que nous n’avons plus de regarder ces matchs comme s’il était encore possible d’oublier, comme si on avait le droit au repos, juste là, quelques instants, quelques heures. Mais non, Il est trop tard. Et il est temps. D’inventer le monde. Alors s’il me reste une arme, c’est celle des faibles justement, celle de ne pas regarder les matchs, celle de refuser l’argent de la publicité, celle du grain de sable qui fait dérayer le train. Ou pas. Mais qui essaie. Et qui refuse.

#argentimmonde #boycottqatar2022 #fuckcapitalism #graindesable #laplanètebrûle #logiquededomination #mensongedusport #notretemps #nouveaurécit #revolution #rupture
22 novembre 2022
Le concert pour l’Ukraine au Met Opera hier soir… - Antoine Vigne
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Le concert pour l’Ukraine au Met Opera hier soir, le drapeau qui couvre la façade et qu’on agite dans les tribunes. Cela me rappelle de vieux films, la guerre en Europe que je ne pensais pas connaître. Yannick Nézet-Seguin dirige l’Adagio de Barber dans des tons incroyablement souples, puis les choeurs du Nabucco et les Quatre Derniers Lieders de Strauss (chantés par Lise Davidson) avant de finir par l’Ode à la joie dont le thème est vraiment celui de la fraternité humaine. Les gens sont debout, ils applaudissent, on fait ce que l’on peut lorsque l’on n’a rien d’autre et c’est un peu ce que l’on sent dans la salle, la conscience fragile que nous sommes là, loin, cherchant à partager la souffrance et l’inquiétude, être entièrement dans ce combat sans pouvoir totalement l’être. Je pense à l’impuissance qui ronge toujours, la force de l’élan qui parfois vise trop vite et mal mais qui est humaine, qui répond à l’urgence parce qu’il faut y répondre même quand toutes les réponses sont en partie inadéquates. Le destin de nos sociétés humaines comme de nos existences individuelles est fait de ces élans, ces pulsions contradictoires et nécessaires qui produisent un chaos au sein duquel il est difficile de percevoir l’avenir mais qui y participent toujours. ll y a un mystère assez sublime à cette marche dans l’obscurité où brillent quelques phares inattendus, Zelensky entre autres, tous les Ukrainiens aussi, ceux qui luttent et accueillent les réfugiés, nous tous peut-être dans notre compréhension nouvelle des dangers qui nous guettent.

#adagiobarber #aventurehumaine #chaos #fraternité #héraclite #impuissanceetélans #metconcertukraine #metropolitanopera #mystèredelaguerre #notretemps #odeàlajoie #performingarts #ukraine #ukrainemustwin #yannicknezetseguin #zelensky
15 mars 2022