Lisbonne donc. Jours bénis avec Jonathan. Sinusite pourtant, qui m’empêche violemment de dormir, de me lever tôt, de profiter comme je le voudrais. La ville se dévoile au fil des rues, des collines, la Praça dos flores en bas de l’appartement, et puis les installations et les performances de la saison contemporaine japonaise Engawa conçue par Emmanuelle. Course autour du ballon sans cesse évasif du collectif Mê (au lever du jour sur la Praça do Commercio, près de la tour de Belem face à l’embouchure du Tage, mais nous le ratons toujours). Nous marchons, Jonathan et moi, heureux d’être là ensemble, je l’écoute me dire que ce n’est pas grave de flâner, d’aller à son rythme, nous rentrons dans les galeries de design autour de Sao Bento, le LisbonMobler, puis nous remontons les quais, nous trouvons le musée des arts antiques recommandé par Steve pour la Tentation de Saint Antoine de Bosch. Elle est là, sans foule, sans personne en fait, relativement petite de taille mais envoutante comme tous les Bosch. Le flou sur la signification, la prolixité des chimères, des associations folles, des corps torturés, juxtaposés, les visions dont on ne sait pas si elles sont fabuleuses ou monstrueuses mais toujours délicatement peintes, offertes, proposées comme des délices. Et le saint, le saint au milieu qui observe le monde, qui ne garde qu’un doigt mollement pointé vers la minuscule chapelle où un Christ solitaire montre un Christ en Croix sans qu’on sache vraiment ce qui restera de ce petit bout de divinité auréolée perdue dans un réel qui prolifère, qui ne cesse d’inventer de nouvelles possibilités. Nous restons longtemps puis nous continuons, trouvons une autre tentation de saint Antoine, de David Téniers cette fois, puis des apôtres de Murillo. Le jardin qui surplombe l’un des ports industriels du Tage est une petite oasis de terrasse où nous nous installons rapidement avant la fermeture, avant de poursuivre vers Belem et le musée maritime fermé mais dont nous longeons les bassins, la halle en béton qui laisse entrevoir des nefs de gala. #lisbonne #lisboa #minirécit #été2023 #mécollective #engawa #emmanuelledemontgazon #jeromebsoch #flâner #performance #friends