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Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre…. - Antoine Vigne
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Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre. Continuer à écrire. Reprendre ses marques, ses lieux, la Porte Dorée, mon roc dans le bois, courir sous la pluie, des heures au café des Cascades où la musique est trop forte mais les conversations me rappellent immédiatement les différences avec New York, le temps qui passe moins vite, tout ne s’offre pas à emporter. Écrire quand même. Hier, la tension palpable, évidente, triste. Démocratie abîmée par l’usage du pouvoir, un conte classique. L’évidence: nombre de ceux qui avaient voté contre Marine Le Pen à la dernière élection, ne le feront pas à la prochaine… le vaisseau fou s’emballe. Besoin d’un autre modèle de toute façon mais lequel? Hommage aux syndicats. Aux manifestants. Question de la violence, de la non violence aussi qui protège trop souvent l’ordre établi, son mythe. Trouver une voie qui reconnaisse d’abord la violence établie, celle qui écrase au quotidien.

Hier soir, Koltès a l’espacé Cardin du théâtre de la ville. Avec un beau Xavier Gallais. Mais le texte n’est pas servi par l’intrusion de la mise en scène. Un texte compliqué au départ dont je crois qu’il faut pouvoir l’entendre, créer l’espace qui le libère plutôt que d’ajouter des niveaux de sens (l’araméen, le Styx, Cain et Abel, la mort, le trou qui aspire le client à la fin). Mais belle petite soirée quand même. Marcher longtemps pour le métro ensuite au milieu d’une foule qui suit le tracé de la ligne 1 Rue de Rivoli au-dessus des stations fermées.

 

#atterrissage #carnetsbiographiques #danslasolitudedeschampsdecoton #démocratieendanger #écrire #espacecardin #home #koltès #littérature #mesancrages #mouvementsocial #performingarts #poèmesenbéton #rocherduzoo #sentirlaville #tensionetdétente #théâtre #theatredelavilleparis
24 mars 2023
Un samedi à Chelsea, des expos dans les galeries:… - Antoine Vigne
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Un samedi à Chelsea, des expos dans les galeries: sublime découverte des photos de Zanele Muholi que nous ne connaissions pas à Yancey Richardson, mais également revoir les images de Larry Sultan des années 80, celles de Mitch Epstein à Riis Beach dans les années 1970 (rien n’a changé, rien ne change en fait) et puis l’installation vidéo de Charles Atlas, la fragmentation (toujours ce mot, encore la semaine dernière dans le documentaire sur Joan Didion, partout…) des images de Michael Clark, la danse qui se décompose en portraits de vie, de son, des bribes qui se joignent, se rejoignent, disjoignent les conventions, l’idée de totalité simple, narrative, le récit sans cesse voulu par les tenants du grand sens qui recouvre tout. D’autres images aussi, Rose Simpson à Jack Shainman, le hiératisme fluide des statues qui appellent des univers entiers, les dessins de Roberto Cuoghi, une petite série dans la grande installation mais dont chaque élément surprend avec ses accents médiévaux, Louise Bourgeois-esques, enfin les pérégrinations de Minervas Cuevas sur les terres désolées de l’aberration environnementale capitaliste.

Au même moment, d’autres histoires, d’autres récits que je rencontre au fil de mes pérégrinations, me tournent autour, celui de George Dyer et son suicide avant le vernissage de Bacon en 1971, celui de Leonora Carrington et son amour pour Max Ernst, sa vie à Mexico City comme tant d’autres artistes

Je lis Violaine Bérot, Ginsberg, les poèmes romains de Pasolini.

Petit tour d’horizon…

#art #homosexualité #horizonduweekend #littérature #photography #videoart
7 mars 2023
Au détour de recherches que je fais pour l’écr… - Antoine Vigne
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Au détour de recherches que je fais pour l’écriture d’un texte pour la Poste sur l’enluminure, ces scènes de l’Apocalypse de Lambert de Saint-Omer et celles de l’Apocalypse de Saint-Sever. Parler de la modernité des œuvres anciennes est un poncif. C’est la notion de modernité qu’il faut questionner, celle qui renvoie à l’image que nous avons de nous-même, de l’histoire, de l’aventure de l’humanité et de l’esthétique, celle de la permanence de l’être aussi, d’une certaine universalité (même si je n’aime pas trop ce mot, ses dangers, ses travers), une certaine élasticité à travers le temps, remettant en cause le fantasme de l’unicité des êtres, de leurs émotions. Nous sentons et voyons le monde si souvent de la même manière. Les réseaux sociaux et la répétition des émerveillements en images toujours similaires en sont la preuve. Si unicité il y a, elle est parfais dans notre expérience, le tohu-bohu de la mise en scène de ce qui nous fait, nous construit singulièrement. Mais, face au monde, nous revivons ce que tant d’autres vivent, ont vécu, de la fragmentation et de l’atomisation du quotidien, de l’expression. D’où le surgissement de ces images du XIe et XIIIe siècle qui semblent des bandes dessinées contemporaines. Et qui m’envoûtent.

#bandedessinée #bd #création #écrire #enluminure #enpensantàjoandidion #fantasmedeluniversalité #fragmentationetatomisation #jourderecherche #littérature #livres #nypl #tohubohudesémotions
22 février 2023
Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirba… - Antoine Vigne
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Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirball de NYU, mis en scène par Yngvoid Aspeli. Fabuleusement poétique, dense, humide de l’obscurité des confins de l’océan et des fantasmes d’Ahab dans le récit d’Ishmael. La scène est sobre, illuminée de reflets qui traversent le pont du navire, les flots au-dessous, au-dessus, la perspective s’inverse souvent, les marionnettes prennent des proportions qui nous rappellent qu’on est dans un conte, dans les méandres d’une folie qui n’aura de fin que dans l’anéantissement, elles sont extraordinairement vivantes, évocatrices, celle d’Ahab surtout, celle de Starbuck aussi, accompagnées par les marionnettistes qui apparaissent/disparaissent comme s’ils étaient des ombres, des esprits, des voix aussi, et le décor continue de se mouvoir sans cesse, la mer, le navire, l’espace se creuse comme des flots qui s’agitent, et les monstres se rapprochent, les cachalots qu’on chasse, qu’on harponne, la mise en scène réussit ce tour de force de nous faire changer d’échelle, de nous transporter au-dessus des embarcations, de survoler ce qui doit l’être avant de revenir à l’individualité des corps dans une eau qui les enserre autant qu’elle les attire. Cette attirance est un vertige. Et la musique est dense, captivante, trois musiciens produisent tous les sons, la mer, les vagues, la tempête, au bord de la scène comme s’ils racontaient l’histoire aux côtés d’Ishmael. Sublime, sublime.

#conte #hermanmelville #littérature #marionnettes #mobydick #performingarts #plexussolaire #publictheater #skirball #tale #theater #théâtre #undertheradarfestival #yngvildaspeni
14 janvier 2023
Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher… - Antoine Vigne

Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher Connard de Virginie Despentes. Je l’avais ouvert, j’avais lu quelques pages en septembre, je ne m’y étais pas retrouvé, j’avais refermé. Je sais, c’est idiot. Mais j’y reviens, les livres vous trouvent, toujours, ils vous attendent, ils ne vous tournent pas autour mais ils vous attendent, ils savent que le temps n’est pas toujours juste, qu’il y en aura un autre. Alors voilà, j’y suis, je lis, je dévore, les pages défilent, les mots, les phrases, je n’ai pas envie de dire le style parce que les mots de Virginie Despentes ont cette rugosité primaire, primordiale, essentielle, ils collent à la réalité, ils ne cherchent pas à s’en détacher mais au contraire, à s’y accrocher, s’y engluer (s’y gluer? ce serait plus juste…), ils ne miment pas le monde, ils sont le monde, ils sont l’instant, la capture du temps, de ce que nous sommes là, maintenant, dans les combats, les face-à-face, la merde, là, le nez dedans et oui, ça pue mais c’est comme, ça a toujours pué, alors allons… Étonnamment, je trouve des liens avec le Conteur, la suite et le panier de Chamoiseau que je lis aussi, cette idée d’une terre brûlée de la langue, des mots, d’une anti-culture du like et du doucereux, du poli, de l’aisé, du passe-partout, de ce qui a peur en fait, ce qui en nous, nos sociétés, se réfugie dans le convenu, ça fait moins mal, le commercial, le religieux – dans les églises, ne pas faire de mal, ne pas choquer, laisser le bourgeois dormir pendant sa messe, ne pas lui redire que le message est de tout lâcher, son fric, sa bien-pensance, son illusion que le monde est dirigé, que c’est essentiel, que c’est ça qui nous préserve, le chaos, mon dieu, non, surtout pas… je sais, c’est moi là, c’est moi qui reprend, qui élucubre… Je m’arrête. Fabuleuse aventure de Grasset en tous cas sous la direction de Juliette Joste qui est de tous les combats du temps, des textes qui poussent, qui cherchent une nouvelle géométrie sociale, qui récurent les angles dans lesquels on avait laissé la poussière et les ordures s’amasser. Chapeau…

#books #cherconnard #edition #editionsgrasset #lecture #littérature #livres #virginiedespentes
14 novembre 2022
Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Fré… - Antoine Vigne
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Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Frédérique Aït-Tourati hier soir au FIAF. Duncan Evennou dit le texte, il le raconte, il utilise la scène comme un conteur, il remplace les mythes, les mythes récents de notre fascination pour les étoiles, l’ailleurs, le cosmos avec celui de Gaïa, avec la zone critique, le vivant qui n’est jamais un plan mais toujours un assemblage complexe, multiple dont la profondeur est infinie, peuplée, mêlée. Toute l’histoire du monde est là, le présent et l’avenir, nos sociétés dont nous pensions qu’elles avaient une histoire mais qui en ont en fait des millions entremêlées et que nous n’avons jamais appris à dire, à penser, obsédé que nous étions par la définition de ce que nous sommes. La scéno invite, elle laisse pénétrer dans le discours, elle juxtapose les temps et les visions. On suit le texte, on suit Lovelock et Margulies, on se demande comment tout cela n’est pas partout, dans toutes les écoles, sur toutes les places, publiques ou privées. Y compris l’idée d’abandonner l’image envoûtante de la planète bleue, la boule qui se lève sur le fond noir de l’espace et qui nous parle d’une unité que nous n’avons pas, que nous n’aurons pas, pas dans ce modèle de civilisation. Faire le deuil des grandes images, des émotions qui nous ont faits, reconstruire. Penser ailleurs et autrement.

#abandonnernosmythes #brunolatour #conte #crossingtheline #duncanevennou #fiaf #frederiqueaittouati #gaia #galileogalilei #levivantcomplexe #littérature #nouveaurécit #performingarts #texte #theater #théâtre #trilogieterrestre #zonecritique
28 octobre 2022
Belle soirée à Albertine autour de Guibert avec … - Antoine Vigne
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Belle soirée à Albertine autour de Guibert avec Garth Greenweel, Richie Hofmann et Jeffrey Zuckerman. La conversation va et vient autour de l’oeuvre, évoque le besoin de tout écrire avant la mort qui arrive au risque d’écrire trop vite, mais aussi la peur du désir, le journal comme écriture poétique dans sa fragmentation. Greenwell parle aussi de l’auto-fiction comme genre littéraire, sa non pertinence lorsqu’on relit l’histoire de la littérature depuis Saint-Augustin comme un chemin autour de l’autobiographie spirituelle qui trouve dans l’intimité du moi son ressort et son impulsion vers une réalité universelle. D’autres fantômes sont là, ceux de Whitman, de Virginia Woolf, de Joyce, ainsi que, pour moi, les souvenirs des années où je découvre Guibert sans savoir qui il est, ce qu’il représente. Je lis ses textes alors qu’il vient de mourir, je lis les articles qui paraissent, l’un sur lui, l’autre sur Mapplethorpe en 1991 ou 1992 dans l’Encyclopedia Universalis de mes parents, je ne sais pas encore ce qui me lie à eux mais je me sais lié. Aux mots, aux images, au temps qui passe, à l’idée du Keller aussi dont je ne sais pas non plus ce qu’il est mais dont l’image m’obsède – un club où je n’irais jamais en fait. Plus tard, je rentre par Central Park, par les Rambles, la nuit est étrangement chaude pour cette fin octobre, comme partout. Les buissons bruissent comme autrefois. Je rentre, je lis Le Jeune Homme d’Annie Ernaux puisqu’on a parlé d’elle, je suis ébloui par la clarté de l’intimité qui se dévoile, qui dit en quelques mots l’idée fluctuante et fugitive du couple. Jonathan est près de moi, nous écoutons Frankie Valli sans que je sache pourquoi. Les fantômes passent.

#26octobre2022 #albertinebooks #annieernaux #autobiographiespirituelle #confessions #frankievalli #garthgreenwell #hervéguibert #homosexualité #intimité #jamesjoyce #jeffreyzuckerman #littérature #mapplethorpe #poésie #richiehofmann #saintaugustin #virginiawoolf
26 octobre 2022
Ne pas trop penser, ne pas regarder les sondages q… - Antoine Vigne
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Ne pas trop penser, ne pas regarder les sondages qui donnent gagnants les Républicains dans quelques semaines (et donc l’humanité perdante sur toute la planète, je sais, je grossis le trait mais que faire d’autre face à la stupidité d’un système que tout le monde sent dépassé par l’emballement du temps et de l’histoire?). Je lis un article sur un livre de Sophie Gosselin sur les nouvelles institutions qui se mettent en place localement, à toute petite échelle, de par le monde et qui doivent réinventer notre rapport au vivant et au politique. Elle cite les auditions du Parlement de Loire dont j’ai lu des extraits mis en pages par Camille de Toledo (et qui me donnent espoir, c’est vrai). Je vois dans le même moment tous les rapports et les images de Paris+, le nouvel Art Basel parisien, j’aperçois sur Insta une performance dans le bâtiment de Niemeyer au siège du Parti communiste pour un public sans doute ultra sélect et je me demande jusqu’où peut aller la farce dont nous faisons tous partie. Mais j’envoie aussi un dossier de candidature à une résidence qui me fait me replonger dans l’étrange moment du modernisme architectural au Cambodge, les quelques années allant de l’indépendance à la folie des Khmers rouges et cela évoque les ruines d’une utopie qui se répète, les villas et les bâtiments de Vann Molyvan qui disparaissent dans un crépuscule toujours recommencé. J’écris aussi, doucement aujourd’hui, mais je sais que j’avance, que le texte s’ancre plus avant. Tout est stable au creux de la tempête. Nous nous habituons au chaos, nous prenons conscience qu’il a emporté ce qui restait de nos illusions.

#21octobre2022 #andreasangelidakis #architecture #art #artcontemporain #audemarpiguet #camilledetoledo #écrire #littérature #minirécit #modernismearchitectural #niemeyer #paris+ #parlementdeloire #réinventerlapolitique #sophiegosselin #toutestchaos #vannmolyvan #vendredi
21 octobre 2022
Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre…. - Antoine Vigne
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Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre. Continuer à écrire. Reprendre ses marques, ses lieux, la Porte Dorée, mon roc dans le bois, courir sous la pluie, des heures au café des Cascades où la musique est trop forte mais les conversations me rappellent immédiatement les différences avec New York, le temps qui passe moins vite, tout ne s’offre pas à emporter. Écrire quand même. Hier, la tension palpable, évidente, triste. Démocratie abîmée par l’usage du pouvoir, un conte classique. L’évidence: nombre de ceux qui avaient voté contre Marine Le Pen à la dernière élection, ne le feront pas à la prochaine… le vaisseau fou s’emballe. Besoin d’un autre modèle de toute façon mais lequel? Hommage aux syndicats. Aux manifestants. Question de la violence, de la non violence aussi qui protège trop souvent l’ordre établi, son mythe. Trouver une voie qui reconnaisse d’abord la violence établie, celle qui écrase au quotidien.

Hier soir, Koltès a l’espacé Cardin du théâtre de la ville. Avec un beau Xavier Gallais. Mais le texte n’est pas servi par l’intrusion de la mise en scène. Un texte compliqué au départ dont je crois qu’il faut pouvoir l’entendre, créer l’espace qui le libère plutôt que d’ajouter des niveaux de sens (l’araméen, le Styx, Cain et Abel, la mort, le trou qui aspire le client à la fin). Mais belle petite soirée quand même. Marcher longtemps pour le métro ensuite au milieu d’une foule qui suit le tracé de la ligne 1 Rue de Rivoli au-dessus des stations fermées.

 

#atterrissage #carnetsbiographiques #danslasolitudedeschampsdecoton #démocratieendanger #écrire #espacecardin #home #koltès #littérature #mesancrages #mouvementsocial #performingarts #poèmesenbéton #rocherduzoo #sentirlaville #tensionetdétente #théâtre #theatredelavilleparis
24 mars 2023
Un samedi à Chelsea, des expos dans les galeries:… - Antoine Vigne
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Un samedi à Chelsea, des expos dans les galeries: sublime découverte des photos de Zanele Muholi que nous ne connaissions pas à Yancey Richardson, mais également revoir les images de Larry Sultan des années 80, celles de Mitch Epstein à Riis Beach dans les années 1970 (rien n’a changé, rien ne change en fait) et puis l’installation vidéo de Charles Atlas, la fragmentation (toujours ce mot, encore la semaine dernière dans le documentaire sur Joan Didion, partout…) des images de Michael Clark, la danse qui se décompose en portraits de vie, de son, des bribes qui se joignent, se rejoignent, disjoignent les conventions, l’idée de totalité simple, narrative, le récit sans cesse voulu par les tenants du grand sens qui recouvre tout. D’autres images aussi, Rose Simpson à Jack Shainman, le hiératisme fluide des statues qui appellent des univers entiers, les dessins de Roberto Cuoghi, une petite série dans la grande installation mais dont chaque élément surprend avec ses accents médiévaux, Louise Bourgeois-esques, enfin les pérégrinations de Minervas Cuevas sur les terres désolées de l’aberration environnementale capitaliste.

Au même moment, d’autres histoires, d’autres récits que je rencontre au fil de mes pérégrinations, me tournent autour, celui de George Dyer et son suicide avant le vernissage de Bacon en 1971, celui de Leonora Carrington et son amour pour Max Ernst, sa vie à Mexico City comme tant d’autres artistes

Je lis Violaine Bérot, Ginsberg, les poèmes romains de Pasolini.

Petit tour d’horizon…

#art #homosexualité #horizonduweekend #littérature #photography #videoart
7 mars 2023
Au détour de recherches que je fais pour l’écr… - Antoine Vigne
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Au détour de recherches que je fais pour l’écriture d’un texte pour la Poste sur l’enluminure, ces scènes de l’Apocalypse de Lambert de Saint-Omer et celles de l’Apocalypse de Saint-Sever. Parler de la modernité des œuvres anciennes est un poncif. C’est la notion de modernité qu’il faut questionner, celle qui renvoie à l’image que nous avons de nous-même, de l’histoire, de l’aventure de l’humanité et de l’esthétique, celle de la permanence de l’être aussi, d’une certaine universalité (même si je n’aime pas trop ce mot, ses dangers, ses travers), une certaine élasticité à travers le temps, remettant en cause le fantasme de l’unicité des êtres, de leurs émotions. Nous sentons et voyons le monde si souvent de la même manière. Les réseaux sociaux et la répétition des émerveillements en images toujours similaires en sont la preuve. Si unicité il y a, elle est parfais dans notre expérience, le tohu-bohu de la mise en scène de ce qui nous fait, nous construit singulièrement. Mais, face au monde, nous revivons ce que tant d’autres vivent, ont vécu, de la fragmentation et de l’atomisation du quotidien, de l’expression. D’où le surgissement de ces images du XIe et XIIIe siècle qui semblent des bandes dessinées contemporaines. Et qui m’envoûtent.

#bandedessinée #bd #création #écrire #enluminure #enpensantàjoandidion #fantasmedeluniversalité #fragmentationetatomisation #jourderecherche #littérature #livres #nypl #tohubohudesémotions
22 février 2023
Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirba… - Antoine Vigne
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Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirball de NYU, mis en scène par Yngvoid Aspeli. Fabuleusement poétique, dense, humide de l’obscurité des confins de l’océan et des fantasmes d’Ahab dans le récit d’Ishmael. La scène est sobre, illuminée de reflets qui traversent le pont du navire, les flots au-dessous, au-dessus, la perspective s’inverse souvent, les marionnettes prennent des proportions qui nous rappellent qu’on est dans un conte, dans les méandres d’une folie qui n’aura de fin que dans l’anéantissement, elles sont extraordinairement vivantes, évocatrices, celle d’Ahab surtout, celle de Starbuck aussi, accompagnées par les marionnettistes qui apparaissent/disparaissent comme s’ils étaient des ombres, des esprits, des voix aussi, et le décor continue de se mouvoir sans cesse, la mer, le navire, l’espace se creuse comme des flots qui s’agitent, et les monstres se rapprochent, les cachalots qu’on chasse, qu’on harponne, la mise en scène réussit ce tour de force de nous faire changer d’échelle, de nous transporter au-dessus des embarcations, de survoler ce qui doit l’être avant de revenir à l’individualité des corps dans une eau qui les enserre autant qu’elle les attire. Cette attirance est un vertige. Et la musique est dense, captivante, trois musiciens produisent tous les sons, la mer, les vagues, la tempête, au bord de la scène comme s’ils racontaient l’histoire aux côtés d’Ishmael. Sublime, sublime.

#conte #hermanmelville #littérature #marionnettes #mobydick #performingarts #plexussolaire #publictheater #skirball #tale #theater #théâtre #undertheradarfestival #yngvildaspeni
14 janvier 2023
Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher… - Antoine Vigne

Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher Connard de Virginie Despentes. Je l’avais ouvert, j’avais lu quelques pages en septembre, je ne m’y étais pas retrouvé, j’avais refermé. Je sais, c’est idiot. Mais j’y reviens, les livres vous trouvent, toujours, ils vous attendent, ils ne vous tournent pas autour mais ils vous attendent, ils savent que le temps n’est pas toujours juste, qu’il y en aura un autre. Alors voilà, j’y suis, je lis, je dévore, les pages défilent, les mots, les phrases, je n’ai pas envie de dire le style parce que les mots de Virginie Despentes ont cette rugosité primaire, primordiale, essentielle, ils collent à la réalité, ils ne cherchent pas à s’en détacher mais au contraire, à s’y accrocher, s’y engluer (s’y gluer? ce serait plus juste…), ils ne miment pas le monde, ils sont le monde, ils sont l’instant, la capture du temps, de ce que nous sommes là, maintenant, dans les combats, les face-à-face, la merde, là, le nez dedans et oui, ça pue mais c’est comme, ça a toujours pué, alors allons… Étonnamment, je trouve des liens avec le Conteur, la suite et le panier de Chamoiseau que je lis aussi, cette idée d’une terre brûlée de la langue, des mots, d’une anti-culture du like et du doucereux, du poli, de l’aisé, du passe-partout, de ce qui a peur en fait, ce qui en nous, nos sociétés, se réfugie dans le convenu, ça fait moins mal, le commercial, le religieux – dans les églises, ne pas faire de mal, ne pas choquer, laisser le bourgeois dormir pendant sa messe, ne pas lui redire que le message est de tout lâcher, son fric, sa bien-pensance, son illusion que le monde est dirigé, que c’est essentiel, que c’est ça qui nous préserve, le chaos, mon dieu, non, surtout pas… je sais, c’est moi là, c’est moi qui reprend, qui élucubre… Je m’arrête. Fabuleuse aventure de Grasset en tous cas sous la direction de Juliette Joste qui est de tous les combats du temps, des textes qui poussent, qui cherchent une nouvelle géométrie sociale, qui récurent les angles dans lesquels on avait laissé la poussière et les ordures s’amasser. Chapeau…

#books #cherconnard #edition #editionsgrasset #lecture #littérature #livres #virginiedespentes
14 novembre 2022
Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Fré… - Antoine Vigne
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Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Frédérique Aït-Tourati hier soir au FIAF. Duncan Evennou dit le texte, il le raconte, il utilise la scène comme un conteur, il remplace les mythes, les mythes récents de notre fascination pour les étoiles, l’ailleurs, le cosmos avec celui de Gaïa, avec la zone critique, le vivant qui n’est jamais un plan mais toujours un assemblage complexe, multiple dont la profondeur est infinie, peuplée, mêlée. Toute l’histoire du monde est là, le présent et l’avenir, nos sociétés dont nous pensions qu’elles avaient une histoire mais qui en ont en fait des millions entremêlées et que nous n’avons jamais appris à dire, à penser, obsédé que nous étions par la définition de ce que nous sommes. La scéno invite, elle laisse pénétrer dans le discours, elle juxtapose les temps et les visions. On suit le texte, on suit Lovelock et Margulies, on se demande comment tout cela n’est pas partout, dans toutes les écoles, sur toutes les places, publiques ou privées. Y compris l’idée d’abandonner l’image envoûtante de la planète bleue, la boule qui se lève sur le fond noir de l’espace et qui nous parle d’une unité que nous n’avons pas, que nous n’aurons pas, pas dans ce modèle de civilisation. Faire le deuil des grandes images, des émotions qui nous ont faits, reconstruire. Penser ailleurs et autrement.

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28 octobre 2022
Belle soirée à Albertine autour de Guibert avec … - Antoine Vigne
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Belle soirée à Albertine autour de Guibert avec Garth Greenweel, Richie Hofmann et Jeffrey Zuckerman. La conversation va et vient autour de l’oeuvre, évoque le besoin de tout écrire avant la mort qui arrive au risque d’écrire trop vite, mais aussi la peur du désir, le journal comme écriture poétique dans sa fragmentation. Greenwell parle aussi de l’auto-fiction comme genre littéraire, sa non pertinence lorsqu’on relit l’histoire de la littérature depuis Saint-Augustin comme un chemin autour de l’autobiographie spirituelle qui trouve dans l’intimité du moi son ressort et son impulsion vers une réalité universelle. D’autres fantômes sont là, ceux de Whitman, de Virginia Woolf, de Joyce, ainsi que, pour moi, les souvenirs des années où je découvre Guibert sans savoir qui il est, ce qu’il représente. Je lis ses textes alors qu’il vient de mourir, je lis les articles qui paraissent, l’un sur lui, l’autre sur Mapplethorpe en 1991 ou 1992 dans l’Encyclopedia Universalis de mes parents, je ne sais pas encore ce qui me lie à eux mais je me sais lié. Aux mots, aux images, au temps qui passe, à l’idée du Keller aussi dont je ne sais pas non plus ce qu’il est mais dont l’image m’obsède – un club où je n’irais jamais en fait. Plus tard, je rentre par Central Park, par les Rambles, la nuit est étrangement chaude pour cette fin octobre, comme partout. Les buissons bruissent comme autrefois. Je rentre, je lis Le Jeune Homme d’Annie Ernaux puisqu’on a parlé d’elle, je suis ébloui par la clarté de l’intimité qui se dévoile, qui dit en quelques mots l’idée fluctuante et fugitive du couple. Jonathan est près de moi, nous écoutons Frankie Valli sans que je sache pourquoi. Les fantômes passent.

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26 octobre 2022
Ne pas trop penser, ne pas regarder les sondages q… - Antoine Vigne
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Ne pas trop penser, ne pas regarder les sondages qui donnent gagnants les Républicains dans quelques semaines (et donc l’humanité perdante sur toute la planète, je sais, je grossis le trait mais que faire d’autre face à la stupidité d’un système que tout le monde sent dépassé par l’emballement du temps et de l’histoire?). Je lis un article sur un livre de Sophie Gosselin sur les nouvelles institutions qui se mettent en place localement, à toute petite échelle, de par le monde et qui doivent réinventer notre rapport au vivant et au politique. Elle cite les auditions du Parlement de Loire dont j’ai lu des extraits mis en pages par Camille de Toledo (et qui me donnent espoir, c’est vrai). Je vois dans le même moment tous les rapports et les images de Paris+, le nouvel Art Basel parisien, j’aperçois sur Insta une performance dans le bâtiment de Niemeyer au siège du Parti communiste pour un public sans doute ultra sélect et je me demande jusqu’où peut aller la farce dont nous faisons tous partie. Mais j’envoie aussi un dossier de candidature à une résidence qui me fait me replonger dans l’étrange moment du modernisme architectural au Cambodge, les quelques années allant de l’indépendance à la folie des Khmers rouges et cela évoque les ruines d’une utopie qui se répète, les villas et les bâtiments de Vann Molyvan qui disparaissent dans un crépuscule toujours recommencé. J’écris aussi, doucement aujourd’hui, mais je sais que j’avance, que le texte s’ancre plus avant. Tout est stable au creux de la tempête. Nous nous habituons au chaos, nous prenons conscience qu’il a emporté ce qui restait de nos illusions.

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21 octobre 2022