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Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des … - Antoine Vigne
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Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des attaques contre le Qatar alors que nos pays occidentaux ont une dette colossale à payer au monde pour l’héritage que nous lui léguons et alors que nous n’avons pas su aller au bout de la logique des droits humains dans nos pays, que les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes, qu’on assassine des gays dans un bar du Colorado, que les inégalités rampent, que nous consommons (consumons) aussi la terre, que tant reste à faire. Mais le noeud de l’histoire de ce Mondial est l’argent, l’argent qui corrompt tout, qui abîme, qui dessèche, qui ruine, l’argent immonde, l’argent traître, l’argent aveugle, l’argent complice. L’argent qui tue. Et la coupe du monde au Qatar n’est qu’une histoire d’argent, cynique, banale, abjecte, le symbole d’une rupture, d’un modèle qui n’a plus de sens. À l’heure du climat, à l’heure de la réalité qui brûle, on nous vend un ballon sale, on nous assomme de messages, on veut nous rassurer que non, c’est bien le sport qui compte, la fraternité, le dépassement, mais ce sport et toutes ses illusions débiles ploie dans sa génuflexion au dieu pétrole, dans sa soumission au conservatisme religieux, à la logique des riches, de la télévision qui abrutit, dans son oubli de tout ce qui compte, justement, dans notre époque. Et oui, je pleure le confort que nous n’avons plus de regarder ces matchs comme s’il était encore possible d’oublier, comme si on avait le droit au repos, juste là, quelques instants, quelques heures. Mais non, Il est trop tard. Et il est temps. D’inventer le monde. Alors s’il me reste une arme, c’est celle des faibles justement, celle de ne pas regarder les matchs, celle de refuser l’argent de la publicité, celle du grain de sable qui fait dérayer le train. Ou pas. Mais qui essaie. Et qui refuse.

#argentimmonde #boycottqatar2022 #fuckcapitalism #graindesable #laplanètebrûle #logiquededomination #mensongedusport #notretemps #nouveaurécit #revolution #rupture
22 novembre 2022
Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher… - Antoine Vigne

Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher Connard de Virginie Despentes. Je l’avais ouvert, j’avais lu quelques pages en septembre, je ne m’y étais pas retrouvé, j’avais refermé. Je sais, c’est idiot. Mais j’y reviens, les livres vous trouvent, toujours, ils vous attendent, ils ne vous tournent pas autour mais ils vous attendent, ils savent que le temps n’est pas toujours juste, qu’il y en aura un autre. Alors voilà, j’y suis, je lis, je dévore, les pages défilent, les mots, les phrases, je n’ai pas envie de dire le style parce que les mots de Virginie Despentes ont cette rugosité primaire, primordiale, essentielle, ils collent à la réalité, ils ne cherchent pas à s’en détacher mais au contraire, à s’y accrocher, s’y engluer (s’y gluer? ce serait plus juste…), ils ne miment pas le monde, ils sont le monde, ils sont l’instant, la capture du temps, de ce que nous sommes là, maintenant, dans les combats, les face-à-face, la merde, là, le nez dedans et oui, ça pue mais c’est comme, ça a toujours pué, alors allons… Étonnamment, je trouve des liens avec le Conteur, la suite et le panier de Chamoiseau que je lis aussi, cette idée d’une terre brûlée de la langue, des mots, d’une anti-culture du like et du doucereux, du poli, de l’aisé, du passe-partout, de ce qui a peur en fait, ce qui en nous, nos sociétés, se réfugie dans le convenu, ça fait moins mal, le commercial, le religieux – dans les églises, ne pas faire de mal, ne pas choquer, laisser le bourgeois dormir pendant sa messe, ne pas lui redire que le message est de tout lâcher, son fric, sa bien-pensance, son illusion que le monde est dirigé, que c’est essentiel, que c’est ça qui nous préserve, le chaos, mon dieu, non, surtout pas… je sais, c’est moi là, c’est moi qui reprend, qui élucubre… Je m’arrête. Fabuleuse aventure de Grasset en tous cas sous la direction de Juliette Joste qui est de tous les combats du temps, des textes qui poussent, qui cherchent une nouvelle géométrie sociale, qui récurent les angles dans lesquels on avait laissé la poussière et les ordures s’amasser. Chapeau…

#books #cherconnard #edition #editionsgrasset #lecture #littérature #livres #virginiedespentes
14 novembre 2022
Nuit chaude. 22 degrés à 21h le 6 novembre quand… - Antoine Vigne

Nuit chaude. 22 degrés à 21h le 6 novembre quand je quitte l’Eagle, que je prends la bateau pour rentrer. Étrange douceur, toujours la même impression que nos récits ne capturent pas toute la réalité du moment, que la COP27 qui s’ouvre est à la fois la continuation d’un espoir et une tragédie, que nos villes illuminées sont sublimes et des monuments à nos échecs collectifs, que l’aberration du capitalisme et du consumérisme conduisent à la faillite, que nos démocraties et nos nations ne survivront pas en l’état mais que seront inventés d’autres chemins de chaos, d’autres itinéraires de résilience. Mais comment le dire, comment le penser, comment penser les instances internationales qui devront enfin partager les richesses et les détresses, mettre à bas la domination imbécile du profit, réinventer les solidarités, la compréhension du vivant, de l’histoire des peuples, en finir avec l’aberration des religions instituées qui ne produisent qu’hypocrisie et obscurantisme sans jamais remplir le vide qu’on ne peut pas remplir. Les élections arrivent, ici et partout et le seul discours audible est celui de la peur, évidemment, parce qu’il faut avoir peur, parce que le monde créé par la domination du libéralisme arrogant n’a tenu aucune de ses promesses, il a trompé, il a abîmé, rendu sourd, compromis ceux même qui devait le combattre, qui aurait dû voir les dangers. Je comprends aujourd’hui qu’on verse de la soupe sur des Van Gogh dont la valeur marchande n’a aucun sens. Parce que ce monde n’a pas de sens. Et que notre recherche d’un modèle universel, compréhensible, rationnel, prélude à notre besoin de l’imposer, n’a peut-être pas de sens non plus. J’avance comme tout le monde dans la nuit chaude qui nous effraie et nous rassure.

#capitalismfailed #changerdemodèle #cop27 #destindelhumanité #endthedictatorshipofprofit #logiquededomination #mesnuits #nouveaurécit #nouvellessolidarités #nuitdenovembre #toutchanger #tragédiedelareligion #tragédieetsublime
7 novembre 2022
Un week-end d’octobre, l’exposition des Becher… - Antoine Vigne
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Un week-end d’octobre, l’exposition des Becher au Met dont les images sont incroyablement satisfaisantes visuellement – je sais, c’est un anglicisme, la traduction littérale de “hugely satisfying visually” mais l’anglais est plus évident ici – et un spectacle de Trajal Harell au Skirtball de NYU – assez émouvant, finalement, le voguing et la créativité de l’oubli, de l’abandon s’invitant dans les interstices du texte de Tennessee Williams, Cat on a hot tin roof, avec une exubérance des gestes, des démarches, des draps et des coussins utilisés pour mimer les atours de la classe dominante. Puis un diner improvisé chez Japonica sur University Place avec David, Helen et Margo à discuter des monuments publics, de la nécessité de les réinventer ou d’en abandonner complètement la pratique, avec un détour par la question sur le bannissement d’ouvrages dans le sud des États-Unis. Nous évoquons des parallèles, la cancel-culture qui rejoint l’absolutisme des ultra-conversateurs mais je distingue aussi une porte de sortie aux tensions contemporaines dans la compréhension des colères qui émergent dans notre monde, nos sociétés. L’action passe parfois par l’inaction. L’entendre. Le lendemain, après un déjeuner avec Steve et Michael où nous parlons de son livre, de nos étés, nous tombons sur Trajal sur la 16e rue, quelques mots échangés, l’étonnement des univers qui se croisent et se recroisent.

#31octobre2022 #art #berndandhillabecher #catonahottinroof #dansecontemporaine #lactionetlinaction #maggiethecat #metmuseum #monuments #performingarts #photographie #tenesseewillliams #trajalharrell #voguing #weekenddoctobre
31 octobre 2022
Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Fré… - Antoine Vigne
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Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Frédérique Aït-Tourati hier soir au FIAF. Duncan Evennou dit le texte, il le raconte, il utilise la scène comme un conteur, il remplace les mythes, les mythes récents de notre fascination pour les étoiles, l’ailleurs, le cosmos avec celui de Gaïa, avec la zone critique, le vivant qui n’est jamais un plan mais toujours un assemblage complexe, multiple dont la profondeur est infinie, peuplée, mêlée. Toute l’histoire du monde est là, le présent et l’avenir, nos sociétés dont nous pensions qu’elles avaient une histoire mais qui en ont en fait des millions entremêlées et que nous n’avons jamais appris à dire, à penser, obsédé que nous étions par la définition de ce que nous sommes. La scéno invite, elle laisse pénétrer dans le discours, elle juxtapose les temps et les visions. On suit le texte, on suit Lovelock et Margulies, on se demande comment tout cela n’est pas partout, dans toutes les écoles, sur toutes les places, publiques ou privées. Y compris l’idée d’abandonner l’image envoûtante de la planète bleue, la boule qui se lève sur le fond noir de l’espace et qui nous parle d’une unité que nous n’avons pas, que nous n’aurons pas, pas dans ce modèle de civilisation. Faire le deuil des grandes images, des émotions qui nous ont faits, reconstruire. Penser ailleurs et autrement.

#abandonnernosmythes #brunolatour #conte #crossingtheline #duncanevennou #fiaf #frederiqueaittouati #gaia #galileogalilei #levivantcomplexe #littérature #nouveaurécit #performingarts #texte #theater #théâtre #trilogieterrestre #zonecritique
28 octobre 2022
Belle soirée à Albertine autour de Guibert avec … - Antoine Vigne
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Belle soirée à Albertine autour de Guibert avec Garth Greenweel, Richie Hofmann et Jeffrey Zuckerman. La conversation va et vient autour de l’oeuvre, évoque le besoin de tout écrire avant la mort qui arrive au risque d’écrire trop vite, mais aussi la peur du désir, le journal comme écriture poétique dans sa fragmentation. Greenwell parle aussi de l’auto-fiction comme genre littéraire, sa non pertinence lorsqu’on relit l’histoire de la littérature depuis Saint-Augustin comme un chemin autour de l’autobiographie spirituelle qui trouve dans l’intimité du moi son ressort et son impulsion vers une réalité universelle. D’autres fantômes sont là, ceux de Whitman, de Virginia Woolf, de Joyce, ainsi que, pour moi, les souvenirs des années où je découvre Guibert sans savoir qui il est, ce qu’il représente. Je lis ses textes alors qu’il vient de mourir, je lis les articles qui paraissent, l’un sur lui, l’autre sur Mapplethorpe en 1991 ou 1992 dans l’Encyclopedia Universalis de mes parents, je ne sais pas encore ce qui me lie à eux mais je me sais lié. Aux mots, aux images, au temps qui passe, à l’idée du Keller aussi dont je ne sais pas non plus ce qu’il est mais dont l’image m’obsède – un club où je n’irais jamais en fait. Plus tard, je rentre par Central Park, par les Rambles, la nuit est étrangement chaude pour cette fin octobre, comme partout. Les buissons bruissent comme autrefois. Je rentre, je lis Le Jeune Homme d’Annie Ernaux puisqu’on a parlé d’elle, je suis ébloui par la clarté de l’intimité qui se dévoile, qui dit en quelques mots l’idée fluctuante et fugitive du couple. Jonathan est près de moi, nous écoutons Frankie Valli sans que je sache pourquoi. Les fantômes passent.

#26octobre2022 #albertinebooks #annieernaux #autobiographiespirituelle #confessions #frankievalli #garthgreenwell #hervéguibert #homosexualité #intimité #jamesjoyce #jeffreyzuckerman #littérature #mapplethorpe #poésie #richiehofmann #saintaugustin #virginiawoolf
26 octobre 2022
Ne pas trop penser, ne pas regarder les sondages q… - Antoine Vigne
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Ne pas trop penser, ne pas regarder les sondages qui donnent gagnants les Républicains dans quelques semaines (et donc l’humanité perdante sur toute la planète, je sais, je grossis le trait mais que faire d’autre face à la stupidité d’un système que tout le monde sent dépassé par l’emballement du temps et de l’histoire?). Je lis un article sur un livre de Sophie Gosselin sur les nouvelles institutions qui se mettent en place localement, à toute petite échelle, de par le monde et qui doivent réinventer notre rapport au vivant et au politique. Elle cite les auditions du Parlement de Loire dont j’ai lu des extraits mis en pages par Camille de Toledo (et qui me donnent espoir, c’est vrai). Je vois dans le même moment tous les rapports et les images de Paris+, le nouvel Art Basel parisien, j’aperçois sur Insta une performance dans le bâtiment de Niemeyer au siège du Parti communiste pour un public sans doute ultra sélect et je me demande jusqu’où peut aller la farce dont nous faisons tous partie. Mais j’envoie aussi un dossier de candidature à une résidence qui me fait me replonger dans l’étrange moment du modernisme architectural au Cambodge, les quelques années allant de l’indépendance à la folie des Khmers rouges et cela évoque les ruines d’une utopie qui se répète, les villas et les bâtiments de Vann Molyvan qui disparaissent dans un crépuscule toujours recommencé. J’écris aussi, doucement aujourd’hui, mais je sais que j’avance, que le texte s’ancre plus avant. Tout est stable au creux de la tempête. Nous nous habituons au chaos, nous prenons conscience qu’il a emporté ce qui restait de nos illusions.

#21octobre2022 #andreasangelidakis #architecture #art #artcontemporain #audemarpiguet #camilledetoledo #écrire #littérature #minirécit #modernismearchitectural #niemeyer #paris+ #parlementdeloire #réinventerlapolitique #sophiegosselin #toutestchaos #vannmolyvan #vendredi
21 octobre 2022
Sublime sublime spectacle de Meg Stuart à Beaubou… - Antoine Vigne
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Sublime sublime spectacle de Meg Stuart à Beaubourg la semaine dernière. Le cosmos à moitié accroché qui ouvre la scène peuplée de blobs sur lesquels marchent des corps dont l’individualité est marquée, étrange, surtout l’athlète de bobsleigh qui se tient au haut de la rampe de combiné avec son casque à la Daft Punk. La musique est un objet, elle est physique, une matière sombre qui porte les corps, les fait se mouvoir, puis les textes parlent, du temps qui s’est ouvert, de l’étonnement presque presque joyeux de la survie, puis des puzzles qu’il faut remettre en place, le temps avant le temps, le vide qui vient de nous engouffrer. Les corps se cherchent, montent et descendent, jouent de leur ambigüité. Un autre texte, puis le moment où le spectacle s’achève sans s’achever. On veut applaudir mais on sait qu’il n’est pas temps, les danseurs nous regardent, le silence. Puis le bruit, le cosmos s’effondre, on l’arrache dans la cacophonie, la rave, la rage, le mouvement robotique, il ne reste que cela. La répétition parce que le temps cosmologique nous rattrape, intellectuellement il nous rattrape parce que nous le dépassons dès lors que nous le pensons. Tout n’ira pas si mal, non, tout ne va pas si mal, on se retrouve, on a passé le gouffre, il reste le corps qui vrille, qui enferme mais qui vrille et dans sa vrille crée l’illusion du mouvement.

#avecvirginieetmarguerite #beaubourg #brendandougherty #cascade #danse #dansecontemporaine #festivaldautomne #megstuart #performingarts #philippequesne #timetchels
18 octobre 2022
D’autres images de Madrid: les grands musées, l… - Antoine Vigne
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D’autres images de Madrid: les grands musées, le Prado, les salles qui n’en finissent pas, le trop-plein, l’excès qui nous empêche de voir. Oui, il y a Bosch, la salle sublime du Jardin des délices, et l’illumination de Fra Angelico, et l’ange sensuel de l’Annonciation de Greco, et les détails qui se perdent dans l’infini des toiles du Tintoret, la femme à barbe de Ribera qu’il faudrait revisiter avec notre oeil qui voit la possibilité de la transsexualité, puis les apôtres de Ribera aux yeux profondément noirs, le mystère des corps de la Forge de Vulcain de Velasquez, le Vol des sorcières de Goya et ses accents qui rappellent MacBeth. Mais, comme tant d’autres, le musée est trop grand pour l’art qu’il contient, il reste trop attaché à l’idée que nous nous faisons de la puissance passée d’une nation. Il dessert l’art qu’il abrite. Il faut changer nos musées, les réduire, les sauver de la consommation culturelle qui nous gangrène, qui tue les oeuvres. Il faut redéployer l’intimité de l’expérience de l’art, envoyer des oeuvres dans de petits musées où ils retrouveront leur unicité. On ne voit pas dans un musée comme le Prado, on souffre de l’accumulation que l’esprit ne peut englober. Et l’universalisme est, comme souvent, un alibi à notre refus de voir l’image de la puissance qui a abimé le monde.

#art #carnetsdevoyage #elbosco #goya #jardindesdelices #jeromebosch #logiquededomination #macbeth #muesodelprado #musées #pourunrenouveaumuséal #redéployerlintimitédelart #Ribera #tintoret #transsexualité
27 septembre 2022
Lumineuse surprise à la biennale de Bonifacio où… - Antoine Vigne
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Lumineuse surprise à la biennale de Bonifacio où les œuvres parlent de mer, de tempêtes – naturelles et intérieures – d’exil, du retour permanent de la violence au cœur de toute rencontre (l’histoire coloniale n’est jamais loin, ni celle des drames migratoires contemporains qui surgissent dans la vidéo d’Isaac Julien ou dans celle de Laetitia Echakhch – on devine l’innocence ou l’inconscience de l’histoire dans les sauts des enfants dans l’eau du port depuis murs de la forteresse Al Jadid). Mais l’on oscille aussi, et c’est la beauté de ce parcours, entre les portraits fragiles d’adolescents de Rineke Dijkstra et la tentation – le désir, le besoin ? – de revenir à l’unité du discours, de la perception – il y a l’arbre fantomatique et multi-centenaire de Matt Colishaw et les vagues sublimées d’Ange Leccia qui s’accordent aux orbes suspendus de Mao Tao. Les questions du monde contemporain sont là, dans le vieux cinéma et la caserne abandonnée où sont présentées les œuvres. On voit la Sardaigne qui émerge de l’autre côté de l’eau juste au sortir de l’exposition, inaccessible comme toutes les rencontres. C’est assez envoutant.

#angeleccia #anishkapoor #art #artcontemporain #biennalebonifacio #carnetsdevoyage #colonisation #contemporaryart #corse #derenava #été2022 #exil #innocenceetviolence #isaacjulien #karawalker #laetitiaechakhch #maotao #mattcolishaw #minirécit #priscameslier #rencontredesmondes #videoart #violence
25 août 2022
Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des … - Antoine Vigne
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Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des attaques contre le Qatar alors que nos pays occidentaux ont une dette colossale à payer au monde pour l’héritage que nous lui léguons et alors que nous n’avons pas su aller au bout de la logique des droits humains dans nos pays, que les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes, qu’on assassine des gays dans un bar du Colorado, que les inégalités rampent, que nous consommons (consumons) aussi la terre, que tant reste à faire. Mais le noeud de l’histoire de ce Mondial est l’argent, l’argent qui corrompt tout, qui abîme, qui dessèche, qui ruine, l’argent immonde, l’argent traître, l’argent aveugle, l’argent complice. L’argent qui tue. Et la coupe du monde au Qatar n’est qu’une histoire d’argent, cynique, banale, abjecte, le symbole d’une rupture, d’un modèle qui n’a plus de sens. À l’heure du climat, à l’heure de la réalité qui brûle, on nous vend un ballon sale, on nous assomme de messages, on veut nous rassurer que non, c’est bien le sport qui compte, la fraternité, le dépassement, mais ce sport et toutes ses illusions débiles ploie dans sa génuflexion au dieu pétrole, dans sa soumission au conservatisme religieux, à la logique des riches, de la télévision qui abrutit, dans son oubli de tout ce qui compte, justement, dans notre époque. Et oui, je pleure le confort que nous n’avons plus de regarder ces matchs comme s’il était encore possible d’oublier, comme si on avait le droit au repos, juste là, quelques instants, quelques heures. Mais non, Il est trop tard. Et il est temps. D’inventer le monde. Alors s’il me reste une arme, c’est celle des faibles justement, celle de ne pas regarder les matchs, celle de refuser l’argent de la publicité, celle du grain de sable qui fait dérayer le train. Ou pas. Mais qui essaie. Et qui refuse.

#argentimmonde #boycottqatar2022 #fuckcapitalism #graindesable #laplanètebrûle #logiquededomination #mensongedusport #notretemps #nouveaurécit #revolution #rupture
22 novembre 2022
Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher… - Antoine Vigne

Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher Connard de Virginie Despentes. Je l’avais ouvert, j’avais lu quelques pages en septembre, je ne m’y étais pas retrouvé, j’avais refermé. Je sais, c’est idiot. Mais j’y reviens, les livres vous trouvent, toujours, ils vous attendent, ils ne vous tournent pas autour mais ils vous attendent, ils savent que le temps n’est pas toujours juste, qu’il y en aura un autre. Alors voilà, j’y suis, je lis, je dévore, les pages défilent, les mots, les phrases, je n’ai pas envie de dire le style parce que les mots de Virginie Despentes ont cette rugosité primaire, primordiale, essentielle, ils collent à la réalité, ils ne cherchent pas à s’en détacher mais au contraire, à s’y accrocher, s’y engluer (s’y gluer? ce serait plus juste…), ils ne miment pas le monde, ils sont le monde, ils sont l’instant, la capture du temps, de ce que nous sommes là, maintenant, dans les combats, les face-à-face, la merde, là, le nez dedans et oui, ça pue mais c’est comme, ça a toujours pué, alors allons… Étonnamment, je trouve des liens avec le Conteur, la suite et le panier de Chamoiseau que je lis aussi, cette idée d’une terre brûlée de la langue, des mots, d’une anti-culture du like et du doucereux, du poli, de l’aisé, du passe-partout, de ce qui a peur en fait, ce qui en nous, nos sociétés, se réfugie dans le convenu, ça fait moins mal, le commercial, le religieux – dans les églises, ne pas faire de mal, ne pas choquer, laisser le bourgeois dormir pendant sa messe, ne pas lui redire que le message est de tout lâcher, son fric, sa bien-pensance, son illusion que le monde est dirigé, que c’est essentiel, que c’est ça qui nous préserve, le chaos, mon dieu, non, surtout pas… je sais, c’est moi là, c’est moi qui reprend, qui élucubre… Je m’arrête. Fabuleuse aventure de Grasset en tous cas sous la direction de Juliette Joste qui est de tous les combats du temps, des textes qui poussent, qui cherchent une nouvelle géométrie sociale, qui récurent les angles dans lesquels on avait laissé la poussière et les ordures s’amasser. Chapeau…

#books #cherconnard #edition #editionsgrasset #lecture #littérature #livres #virginiedespentes
14 novembre 2022
Nuit chaude. 22 degrés à 21h le 6 novembre quand… - Antoine Vigne

Nuit chaude. 22 degrés à 21h le 6 novembre quand je quitte l’Eagle, que je prends la bateau pour rentrer. Étrange douceur, toujours la même impression que nos récits ne capturent pas toute la réalité du moment, que la COP27 qui s’ouvre est à la fois la continuation d’un espoir et une tragédie, que nos villes illuminées sont sublimes et des monuments à nos échecs collectifs, que l’aberration du capitalisme et du consumérisme conduisent à la faillite, que nos démocraties et nos nations ne survivront pas en l’état mais que seront inventés d’autres chemins de chaos, d’autres itinéraires de résilience. Mais comment le dire, comment le penser, comment penser les instances internationales qui devront enfin partager les richesses et les détresses, mettre à bas la domination imbécile du profit, réinventer les solidarités, la compréhension du vivant, de l’histoire des peuples, en finir avec l’aberration des religions instituées qui ne produisent qu’hypocrisie et obscurantisme sans jamais remplir le vide qu’on ne peut pas remplir. Les élections arrivent, ici et partout et le seul discours audible est celui de la peur, évidemment, parce qu’il faut avoir peur, parce que le monde créé par la domination du libéralisme arrogant n’a tenu aucune de ses promesses, il a trompé, il a abîmé, rendu sourd, compromis ceux même qui devait le combattre, qui aurait dû voir les dangers. Je comprends aujourd’hui qu’on verse de la soupe sur des Van Gogh dont la valeur marchande n’a aucun sens. Parce que ce monde n’a pas de sens. Et que notre recherche d’un modèle universel, compréhensible, rationnel, prélude à notre besoin de l’imposer, n’a peut-être pas de sens non plus. J’avance comme tout le monde dans la nuit chaude qui nous effraie et nous rassure.

#capitalismfailed #changerdemodèle #cop27 #destindelhumanité #endthedictatorshipofprofit #logiquededomination #mesnuits #nouveaurécit #nouvellessolidarités #nuitdenovembre #toutchanger #tragédiedelareligion #tragédieetsublime
7 novembre 2022
Un week-end d’octobre, l’exposition des Becher… - Antoine Vigne
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Un week-end d’octobre, l’exposition des Becher au Met dont les images sont incroyablement satisfaisantes visuellement – je sais, c’est un anglicisme, la traduction littérale de “hugely satisfying visually” mais l’anglais est plus évident ici – et un spectacle de Trajal Harell au Skirtball de NYU – assez émouvant, finalement, le voguing et la créativité de l’oubli, de l’abandon s’invitant dans les interstices du texte de Tennessee Williams, Cat on a hot tin roof, avec une exubérance des gestes, des démarches, des draps et des coussins utilisés pour mimer les atours de la classe dominante. Puis un diner improvisé chez Japonica sur University Place avec David, Helen et Margo à discuter des monuments publics, de la nécessité de les réinventer ou d’en abandonner complètement la pratique, avec un détour par la question sur le bannissement d’ouvrages dans le sud des États-Unis. Nous évoquons des parallèles, la cancel-culture qui rejoint l’absolutisme des ultra-conversateurs mais je distingue aussi une porte de sortie aux tensions contemporaines dans la compréhension des colères qui émergent dans notre monde, nos sociétés. L’action passe parfois par l’inaction. L’entendre. Le lendemain, après un déjeuner avec Steve et Michael où nous parlons de son livre, de nos étés, nous tombons sur Trajal sur la 16e rue, quelques mots échangés, l’étonnement des univers qui se croisent et se recroisent.

#31octobre2022 #art #berndandhillabecher #catonahottinroof #dansecontemporaine #lactionetlinaction #maggiethecat #metmuseum #monuments #performingarts #photographie #tenesseewillliams #trajalharrell #voguing #weekenddoctobre
31 octobre 2022
Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Fré… - Antoine Vigne
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Sublime Trilogie Terrestre de Bruno Latour et Frédérique Aït-Tourati hier soir au FIAF. Duncan Evennou dit le texte, il le raconte, il utilise la scène comme un conteur, il remplace les mythes, les mythes récents de notre fascination pour les étoiles, l’ailleurs, le cosmos avec celui de Gaïa, avec la zone critique, le vivant qui n’est jamais un plan mais toujours un assemblage complexe, multiple dont la profondeur est infinie, peuplée, mêlée. Toute l’histoire du monde est là, le présent et l’avenir, nos sociétés dont nous pensions qu’elles avaient une histoire mais qui en ont en fait des millions entremêlées et que nous n’avons jamais appris à dire, à penser, obsédé que nous étions par la définition de ce que nous sommes. La scéno invite, elle laisse pénétrer dans le discours, elle juxtapose les temps et les visions. On suit le texte, on suit Lovelock et Margulies, on se demande comment tout cela n’est pas partout, dans toutes les écoles, sur toutes les places, publiques ou privées. Y compris l’idée d’abandonner l’image envoûtante de la planète bleue, la boule qui se lève sur le fond noir de l’espace et qui nous parle d’une unité que nous n’avons pas, que nous n’aurons pas, pas dans ce modèle de civilisation. Faire le deuil des grandes images, des émotions qui nous ont faits, reconstruire. Penser ailleurs et autrement.

#abandonnernosmythes #brunolatour #conte #crossingtheline #duncanevennou #fiaf #frederiqueaittouati #gaia #galileogalilei #levivantcomplexe #littérature #nouveaurécit #performingarts #texte #theater #théâtre #trilogieterrestre #zonecritique
28 octobre 2022
Belle soirée à Albertine autour de Guibert avec … - Antoine Vigne
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Belle soirée à Albertine autour de Guibert avec Garth Greenweel, Richie Hofmann et Jeffrey Zuckerman. La conversation va et vient autour de l’oeuvre, évoque le besoin de tout écrire avant la mort qui arrive au risque d’écrire trop vite, mais aussi la peur du désir, le journal comme écriture poétique dans sa fragmentation. Greenwell parle aussi de l’auto-fiction comme genre littéraire, sa non pertinence lorsqu’on relit l’histoire de la littérature depuis Saint-Augustin comme un chemin autour de l’autobiographie spirituelle qui trouve dans l’intimité du moi son ressort et son impulsion vers une réalité universelle. D’autres fantômes sont là, ceux de Whitman, de Virginia Woolf, de Joyce, ainsi que, pour moi, les souvenirs des années où je découvre Guibert sans savoir qui il est, ce qu’il représente. Je lis ses textes alors qu’il vient de mourir, je lis les articles qui paraissent, l’un sur lui, l’autre sur Mapplethorpe en 1991 ou 1992 dans l’Encyclopedia Universalis de mes parents, je ne sais pas encore ce qui me lie à eux mais je me sais lié. Aux mots, aux images, au temps qui passe, à l’idée du Keller aussi dont je ne sais pas non plus ce qu’il est mais dont l’image m’obsède – un club où je n’irais jamais en fait. Plus tard, je rentre par Central Park, par les Rambles, la nuit est étrangement chaude pour cette fin octobre, comme partout. Les buissons bruissent comme autrefois. Je rentre, je lis Le Jeune Homme d’Annie Ernaux puisqu’on a parlé d’elle, je suis ébloui par la clarté de l’intimité qui se dévoile, qui dit en quelques mots l’idée fluctuante et fugitive du couple. Jonathan est près de moi, nous écoutons Frankie Valli sans que je sache pourquoi. Les fantômes passent.

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26 octobre 2022
Ne pas trop penser, ne pas regarder les sondages q… - Antoine Vigne
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Ne pas trop penser, ne pas regarder les sondages qui donnent gagnants les Républicains dans quelques semaines (et donc l’humanité perdante sur toute la planète, je sais, je grossis le trait mais que faire d’autre face à la stupidité d’un système que tout le monde sent dépassé par l’emballement du temps et de l’histoire?). Je lis un article sur un livre de Sophie Gosselin sur les nouvelles institutions qui se mettent en place localement, à toute petite échelle, de par le monde et qui doivent réinventer notre rapport au vivant et au politique. Elle cite les auditions du Parlement de Loire dont j’ai lu des extraits mis en pages par Camille de Toledo (et qui me donnent espoir, c’est vrai). Je vois dans le même moment tous les rapports et les images de Paris+, le nouvel Art Basel parisien, j’aperçois sur Insta une performance dans le bâtiment de Niemeyer au siège du Parti communiste pour un public sans doute ultra sélect et je me demande jusqu’où peut aller la farce dont nous faisons tous partie. Mais j’envoie aussi un dossier de candidature à une résidence qui me fait me replonger dans l’étrange moment du modernisme architectural au Cambodge, les quelques années allant de l’indépendance à la folie des Khmers rouges et cela évoque les ruines d’une utopie qui se répète, les villas et les bâtiments de Vann Molyvan qui disparaissent dans un crépuscule toujours recommencé. J’écris aussi, doucement aujourd’hui, mais je sais que j’avance, que le texte s’ancre plus avant. Tout est stable au creux de la tempête. Nous nous habituons au chaos, nous prenons conscience qu’il a emporté ce qui restait de nos illusions.

#21octobre2022 #andreasangelidakis #architecture #art #artcontemporain #audemarpiguet #camilledetoledo #écrire #littérature #minirécit #modernismearchitectural #niemeyer #paris+ #parlementdeloire #réinventerlapolitique #sophiegosselin #toutestchaos #vannmolyvan #vendredi
21 octobre 2022
Sublime sublime spectacle de Meg Stuart à Beaubou… - Antoine Vigne
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Sublime sublime spectacle de Meg Stuart à Beaubourg la semaine dernière. Le cosmos à moitié accroché qui ouvre la scène peuplée de blobs sur lesquels marchent des corps dont l’individualité est marquée, étrange, surtout l’athlète de bobsleigh qui se tient au haut de la rampe de combiné avec son casque à la Daft Punk. La musique est un objet, elle est physique, une matière sombre qui porte les corps, les fait se mouvoir, puis les textes parlent, du temps qui s’est ouvert, de l’étonnement presque presque joyeux de la survie, puis des puzzles qu’il faut remettre en place, le temps avant le temps, le vide qui vient de nous engouffrer. Les corps se cherchent, montent et descendent, jouent de leur ambigüité. Un autre texte, puis le moment où le spectacle s’achève sans s’achever. On veut applaudir mais on sait qu’il n’est pas temps, les danseurs nous regardent, le silence. Puis le bruit, le cosmos s’effondre, on l’arrache dans la cacophonie, la rave, la rage, le mouvement robotique, il ne reste que cela. La répétition parce que le temps cosmologique nous rattrape, intellectuellement il nous rattrape parce que nous le dépassons dès lors que nous le pensons. Tout n’ira pas si mal, non, tout ne va pas si mal, on se retrouve, on a passé le gouffre, il reste le corps qui vrille, qui enferme mais qui vrille et dans sa vrille crée l’illusion du mouvement.

#avecvirginieetmarguerite #beaubourg #brendandougherty #cascade #danse #dansecontemporaine #festivaldautomne #megstuart #performingarts #philippequesne #timetchels
18 octobre 2022
D’autres images de Madrid: les grands musées, l… - Antoine Vigne
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D’autres images de Madrid: les grands musées, le Prado, les salles qui n’en finissent pas, le trop-plein, l’excès qui nous empêche de voir. Oui, il y a Bosch, la salle sublime du Jardin des délices, et l’illumination de Fra Angelico, et l’ange sensuel de l’Annonciation de Greco, et les détails qui se perdent dans l’infini des toiles du Tintoret, la femme à barbe de Ribera qu’il faudrait revisiter avec notre oeil qui voit la possibilité de la transsexualité, puis les apôtres de Ribera aux yeux profondément noirs, le mystère des corps de la Forge de Vulcain de Velasquez, le Vol des sorcières de Goya et ses accents qui rappellent MacBeth. Mais, comme tant d’autres, le musée est trop grand pour l’art qu’il contient, il reste trop attaché à l’idée que nous nous faisons de la puissance passée d’une nation. Il dessert l’art qu’il abrite. Il faut changer nos musées, les réduire, les sauver de la consommation culturelle qui nous gangrène, qui tue les oeuvres. Il faut redéployer l’intimité de l’expérience de l’art, envoyer des oeuvres dans de petits musées où ils retrouveront leur unicité. On ne voit pas dans un musée comme le Prado, on souffre de l’accumulation que l’esprit ne peut englober. Et l’universalisme est, comme souvent, un alibi à notre refus de voir l’image de la puissance qui a abimé le monde.

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27 septembre 2022
Lumineuse surprise à la biennale de Bonifacio où… - Antoine Vigne
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Lumineuse surprise à la biennale de Bonifacio où les œuvres parlent de mer, de tempêtes – naturelles et intérieures – d’exil, du retour permanent de la violence au cœur de toute rencontre (l’histoire coloniale n’est jamais loin, ni celle des drames migratoires contemporains qui surgissent dans la vidéo d’Isaac Julien ou dans celle de Laetitia Echakhch – on devine l’innocence ou l’inconscience de l’histoire dans les sauts des enfants dans l’eau du port depuis murs de la forteresse Al Jadid). Mais l’on oscille aussi, et c’est la beauté de ce parcours, entre les portraits fragiles d’adolescents de Rineke Dijkstra et la tentation – le désir, le besoin ? – de revenir à l’unité du discours, de la perception – il y a l’arbre fantomatique et multi-centenaire de Matt Colishaw et les vagues sublimées d’Ange Leccia qui s’accordent aux orbes suspendus de Mao Tao. Les questions du monde contemporain sont là, dans le vieux cinéma et la caserne abandonnée où sont présentées les œuvres. On voit la Sardaigne qui émerge de l’autre côté de l’eau juste au sortir de l’exposition, inaccessible comme toutes les rencontres. C’est assez envoutant.

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25 août 2022