Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher Connard de Virginie Despentes. Je l’avais ouvert, j’avais lu quelques pages en septembre, je ne m’y étais pas retrouvé, j’avais refermé. Je sais, c’est idiot. Mais j’y reviens, les livres vous trouvent, toujours, ils vous attendent, ils ne vous tournent pas autour mais ils vous attendent, ils savent que le temps n’est pas toujours juste, qu’il y en aura un autre. Alors voilà, j’y suis, je lis, je dévore, les pages défilent, les mots, les phrases, je n’ai pas envie de dire le style parce que les mots de Virginie Despentes ont cette rugosité primaire, primordiale, essentielle, ils collent à la réalité, ils ne cherchent pas à s’en détacher mais au contraire, à s’y accrocher, s’y engluer (s’y gluer? ce serait plus juste…), ils ne miment pas le monde, ils sont le monde, ils sont l’instant, la capture du temps, de ce que nous sommes là, maintenant, dans les combats, les face-à-face, la merde, là, le nez dedans et oui, ça pue mais c’est comme, ça a toujours pué, alors allons… Étonnamment, je trouve des liens avec le Conteur, la suite et le panier de Chamoiseau que je lis aussi, cette idée d’une terre brûlée de la langue, des mots, d’une anti-culture du like et du doucereux, du poli, de l’aisé, du passe-partout, de ce qui a peur en fait, ce qui en nous, nos sociétés, se réfugie dans le convenu, ça fait moins mal, le commercial, le religieux – dans les églises, ne pas faire de mal, ne pas choquer, laisser le bourgeois dormir pendant sa messe, ne pas lui redire que le message est de tout lâcher, son fric, sa bien-pensance, son illusion que le monde est dirigé, que c’est essentiel, que c’est ça qui nous préserve, le chaos, mon dieu, non, surtout pas… je sais, c’est moi là, c’est moi qui reprend, qui élucubre… Je m’arrête. Fabuleuse aventure de Grasset en tous cas sous la direction de Juliette Joste qui est de tous les combats du temps, des textes qui poussent, qui cherchent une nouvelle géométrie sociale, qui récurent les angles dans lesquels on avait laissé la poussière et les ordures s’amasser. Chapeau… #virginiedespentes #cherconnard #editionsgrasset @metoo @littérature #livres #books #edition #lecture @juliettejoste
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14 novembre 2022