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Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Actualités
Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirba… - Antoine Vigne
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Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirball de NYU, mis en scène par Yngvoid Aspeli. Fabuleusement poétique, dense, humide de l’obscurité des confins de l’océan et des fantasmes d’Ahab dans le récit d’Ishmael. La scène est sobre, illuminée de reflets qui traversent le pont du navire, les flots au-dessous, au-dessus, la perspective s’inverse souvent, les marionnettes prennent des proportions qui nous rappellent qu’on est dans un conte, dans les méandres d’une folie qui n’aura de fin que dans l’anéantissement, elles sont extraordinairement vivantes, évocatrices, celle d’Ahab surtout, celle de Starbuck aussi, accompagnées par les marionnettistes qui apparaissent/disparaissent comme s’ils étaient des ombres, des esprits, des voix aussi, et le décor continue de se mouvoir sans cesse, la mer, le navire, l’espace se creuse comme des flots qui s’agitent, et les monstres se rapprochent, les cachalots qu’on chasse, qu’on harponne, la mise en scène réussit ce tour de force de nous faire changer d’échelle, de nous transporter au-dessus des embarcations, de survoler ce qui doit l’être avant de revenir à l’individualité des corps dans une eau qui les enserre autant qu’elle les attire. Cette attirance est un vertige. Et la musique est dense, captivante, trois musiciens produisent tous les sons, la mer, les vagues, la tempête, au bord de la scène comme s’ils racontaient l’histoire aux côtés d’Ishmael. Sublime, sublime. #mobydick #hermanmelville #plexussolaire #yngvildaspeni #skirball #publictheater #undertheradarfestival #conte #tale #théâtre #theater #marionnettes #littérature

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14 janvier 2023
Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne
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Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre, fantôme d’une politique culturelle, d’un désir et d’un élan possible, fantômes de ceux qui ont chanté là et dont Nathalie nous raconte les concerts, Goldman, Voulzy, Miles Davis, et, au milieu de ces fantômes, le collectif Awtis Rezistans qui prend en charge les lieux, agace le béton, le torture, le pétrit, le transforme, l’anime le bâtiment est ouvert à tout, à tous, au brutalisme de l’Hôtel de ville – de 1973, MA date évidemment, avec ses architectes: Raymond Crevaux et Jacques Tessier, les mêmes qui construiront la CAF-Centre de Sécurité Sociale un peu plus loin, avec un angle qui trompe la perspective, l’anime aussi… tout le monde ici, tous les amis que nous présentent Pascal, Rémy ou Nathalie semblent détester ce deuxième bâtiment, je l’adule pourtant, je le vois comme un joyau débile, rugueux, fragile avec sa face qui parle du Corbusier à Cambridge/Boston, de Prouvé, les pare-soleils de l’architecture ingénieriste du XXe siècle. Tout cela sur le Boulevard Faidherbe qui tranche la ville, la vieille, le quartier historique que les touristes évitent souvent mais où nous trouvons la sensation électrique qui vient de l’hyper-urbain mal maîtrisé, la collision des genres, des énergies (une rencontre rapide avec Marc Jalet au Jardin Béguine, me donne envie de beaucoup plus pour discuter de cet urbanisme en attente qu’est Pointe-à-Pitre et tout le territoire de la Guadeloupe, alors je lis son livre aussi – l’urgence, l’échéance, la durée, un beau titre). Mais Faidherbe, j’y reviens, quel nom pour LE boulevard de Pointe-à Pitre, (à changer, évidemment ?, retirer l’aberration de ce nom qui ne vient rien dire ici sinon imposition du colonial – malgré l’année passée ici, 1848, symbolique évidemment mais un administrateur du Sénégal puis député du Nord quand même…). Beaucoup d’images (Maryse Condé, Sony Rupaire en graffiti sur la façade du CAC aussi), un ondoiement, des ronds dans l’eau quand le caillou tombe dans l’eau. #pointeàpitre #guadeloupe #urbanisme #architecturemoderne #modernisme #raymondcrevaux #jacquestessier #1973 #lecorbusier #prouvé #faidherbe #colonialisme #marysecondé #marcjalet

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8 janvier 2023
2 janvier: retour, l’année commence. Les nouvel… - Antoine Vigne

2 janvier: retour, l’année commence. Les nouvelles qui reprennent, des disparitions surtout, l’une après l’autre, qui tracent des images indélébiles, celle d’Anita Pointer des Pointer Sisters (Jean danse, dansera toujours sur “I’m So Excited”, le post-disco rejoint la dance et le R&B mais j’entends surtout le disco, mon corps s’y retrouve, celui de Jonathan aussi – regardé hier soir toutes les vidéos que nous pouvons trouver en ligne… électricité qui passe dans la pièce), celle d’Arata Isozaki dont la City in the Air projette une ombre longue sur mes images de la ville, de l’urbanisme, d’un avenir fantasmé entre cauchemar et féérie (impossible de séparer la ville des désirs et des peurs qui s’entrechoquent), et puis celle de l’ancien pape Benoit dont les panégyriques m’agacent tout particulièrement dans leur superfluité, l’emphase diplomatique stupide des communiqués officiels courant après un temps qui leur échappe toujours: non, Benoit XVI n’était pas un grand théologien, un grand pape, c’est un homme qui n’a pas compris son époque, qui a vécu hier et avant-hier, qui a perpétué une vision rétrograde de l’Eglise, de l’humanité, de la sexualité, de la prêtrise, c’était un doctrinaire plus soucieux de ce qu’il pensait le texte et la tradition que la vie, la souffrance, la complexité de l’être. Un pape aussi qui a refusé de redevenir cardinal pour satisfaire la partie la plus réactionnaire de l’Eglise, un dirigeant qui n’a su gérer ni la crise de la pédophilie ni les réformes nécessaires ni l’ouverture aux victimes. Et ce corps qu’on expose dans ses habits comme un gisant est indécent dans ce qu’il signale d’idolâtrie latente dans une institution en perdition. Agacement donc. Mais il me reste Anita Pointers…#2janvier2023 #retour #atterissage #minirécit #anitapointer #pointersisters #disco #postdisco #arataisozaki #architecture #architecturemoderne #modernarchitecture #cityintheair #benoitxvi #aberration #histoiredeléglise #agacement

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2 janvier 2023
Un jour. Descendre la côte jusqu’à Basse-Terre… - Antoine Vigne
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Un jour. Descendre la côte jusqu’à Basse-Terre, passer Pointe Noire puis Malendure sous une pluie battante qui s’assèche aussitôt. Ensuite Bouillante et sa rivière d’eau chaude qui se jette dans la baie. Pas d’installations balnéaires particulières, des baigneurs se regroupent là où la température est la plus chaude. Images qui me rappellent des photos d’URSS dans les années 70 sans que je sache vraiment pourquoi, sans doute la simplicité du lieu, l’absence de foule alors que la plage est belle, la route toute droite traverse la bourgade face à la centrale géothermique, la juxtaposition des mondes industriel et de tourisme local. J’aime cette impression de bout du monde. Plus tard, Basse-Terre, la préfecture qui n’a pas de sens, qui semble désertée en ce 25 décembre, nous alignons les bâtiments d’Ali Tur avec leur lignes entre modernisme, style international, quelques touches d’Art Déco. Et puis des pans de béton qui s’offrent face à la mer. Mon matériau, celui qui se désagrège, vieillit, parle d’un XXe siècle fatigué, de fantasmes sociétaires, orgueil battu en brèche, dépareillé, l’élément gagne. Toujours. D’autres relents me reviennent, Marseille, des stores sur vérandas, l’image d’un Tante Nini qui nous reçoit dans un appartement très sombre car les persiennes doivent protéger de la chaleur. Même impression ici. Retour aux contes qui hantent les terres, la côte. Le cri de Césaire dans son Carnet du retour au pays natal avec l’introduction de Breton. #promenadesarchurecturales #guadeloupe #dec22 #alitur #aimecésaire #cahierdunretrouraupaysnatal #urss #années70 #impressionsvoyageuses #béton #modernisme

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29 décembre 2022
D’autres rencontres, d’autres moments: la visi… - Antoine Vigne
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D’autres rencontres, d’autres moments: la visite du jardin botanique (des noms qui s’insèrent dans la promenade: euphorbes candélabres, cactus clergé, le Bakoua aux racines tentaculaires, le Gommier rouge, le figuier pleureur) et des histoires encore, celle de l’arbre qu’on appelle fromager autour duquel rodent des esprits troubles liés à l’esclavage, aux tortures infligées contre son écorce en épines drues. Le soir, nous retrouvons Nathalie et ses amis sur la plage de la Perle puis nous allons chercher un coucher de soleil qui se pose juste au bout d’une pointe rocheuse à Grande Anse. Mathis (autre rencontre de notre premier soir au Paradise Café) nous rejoint, me parle de danse Lewoz et de maitre Ka. Mais la conversation repart sur l’histoire politique de la Guadeloupe, le rhum, les défis agricoles de l’île, le Bumindom ou Bureau des migrations d’outre-mer dont il me faut un moment pour retrouver la mémoire enfouie dans de vieux souvenirs des cours à Sciences-Po. Là encore, un fil à tirer, une histoire à aller chercher. Mais la rencontre la plus inattendue : celle de Sabine qui voyage seule depuis Munich et nous raconte ses étés d’enfance à suivre sa grand-mère en Inde sur les traces de Schopenhauer et du védanta. Les histoires se croisent, défilent comme les vagues qu’on aperçoit se former sur la barrière de corail, au large, et qui n’arrivent jamais complètement jusqu’à la plage parce qu’elles replongent et se fondent dans l’onde. J’ai mis en pause les relectures du roman qui me posent problème après m’avoir donné des illusions électrifiantes. Dans les supermarchés, l’excitation joyeuse des fêtes approchantes est palpable et Kenny nous emmène dans une kassaverie. Galettes de manioc, jus de canne à sucre. Un panneau dit “la santé d’abord”… #guadeloupe #rencontresétagées#minirécit #arbrefromager #histoiredelesclavage #colonialisme #colonialismeetplantarions #bumindom #histoiresglanées #vedanta #schopenhauer #roman #écriture #botanique #nomsquisinsèrent #euphorbecandélabre

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24 décembre 2022
Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres,… - Antoine Vigne
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Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres, une soirée avec Pascal et Rémy, le tour de Pointe-à-Pitre dans l’obscurité du jour le plus court de l’année, des ombres qui se dressent, les façades créoles et coloniales qui jouxtent les balcons en béton d’un modernisme indéterminé puis la silhouette illuminée de l’intérieur de l’église Saint-Pierre Saint-Paul avec ses poutrelles de fer qui répercutent une répétition de chants de Noël très classique, proche ou semblable à celles de mon enfance dans les quartiers de l’ouest parisien. La ville semble vide. De l’autre côté de la place, un le Palais de Justice abandonné d’Ali Tur, architecte du ministère des colonies pendant les années 30 dont je connaissais pas encore le nom mais que je découvre le lendemain dans un ouvrage acheté au Jardin Botanique de Deshaies. C’est généralement par l’architecture que je rencontre l’histoire des villes, des pays, par les bâtiments qui dorment, marqués du passage du temps, par les blessures, les injures, l’indifférence. Pointe-à-Pitre semble pleine de cette indifférence suspicieuse vis-à-vis de ses bâtiments, la vie s’est projetée ailleurs, écartelée entre ses jumeaux territoriaux, sa Grande et sa Basse Terre. J’écris tout cela sans vraiment savoir encore, à partir des bribes d’histoire que me livre Pascal, les textes parcourus ici et là, dans les guides trouvés au gite de Valérie, ailleurs: l’histoire de l’aéroport du Raizet, par exemple, dont la piste d’atterrissage est la plus longue des Caraïbes parce qu’il lui a fallu accueillir l’une des bombes atomiques utilisées dans les essais atomiques de Mururoa en 1967 (conduisant, par effet secondaire étrange, à la répression violente d’émeutes locales). Je suis des pistes, des traces dirait Chamoiseau quand il cite Glissant. J’attends qu’elles me racontent une terre, des gens. #alitur #architecturemoderne #artdéco #pointeàpitre #histoiresdarchitecture #aéroportduraizet #histoirestournéesetdétournées #écouterlevent #minirécit

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24 décembre 2022
Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous e… - Antoine Vigne
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Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous entoure. Je ne réussis plus à préparer les voyages. C’est en arrivant que je commence à prendre mes marques, lire les guides, chercher ce que je veux voir. Nous atterrissons tout près de Deshaies, une cabane accrochée dans les eucalyptus (sont-ce des eucalyptus d’ailleurs? Pas de certitude encore) en face de l’hôtel Fort Royal. Matinée à lire, envoyer quelques e-mails encore, préparer à la coupure, la suspension des habitudes pour les dix jours qui viennent. Valérie et son ami nous racontent longuement les manières locales, des histoires de luttes syndicales, de rapport à la métropole, de développements avortés, les noms fusent, des anecdotes. Je retiens celle de la trace du Boeing qui court juste au-dessus de nous, les restes de l’accident de 707 en 1962 dont on peut encore voir l’épave. Je retiens aussi le nom des vroum-vroums, ces gros insectes piscivores qui volent autour de nous en bourdonnant, celui de Coluche évidemment parce que sa maison était là. Jonathan travaille, nous déjeunons tranquillement. Plus tard je descends la trace qui part du gîte vers le Fort Royal, une longue barre blanche classique des années 60, des balcons alignés, là peinture qui s’écaille, l’odeur qui temps qui a terni la splendeur de l’époque mais qui laisse planer la nostalgie (pour moi) du fantasme. Je revois un monde de bande dessinée, les silhouettes d’immeubles dans des Achille Talon ou Tif et Tondu, mes premiers voyages vraiment… La houle bat la côte, Montserrat ne se devine dans le lointain que si l’on sait que l’île est là, avec sa soufrière que nous avons survolée en arrivant. Je suis bien. #guadeloupe #récitsdeslieux #laisserleshistoiresveniràsoi #deshaies#architectureetbandedessinée #architecturemoderne #tracedutemps

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21 décembre 2022
Quelques notes lors de l’exposition Wolfgang Til… - Antoine Vigne
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Quelques notes lors de l’exposition Wolfgang Tillmans au MoMA: une forme d’exubérance immédiate et chaotique, rhyzomique. L’intimité des petits formats qui font pendant aux grands tirages. Une exposition dans laquelle il faut flotter, le rapport à l’œuvre est différent, moins symbiotique, moins unilatéral. Il se projette dans la multiplicité (des images, des supports, des formats) qui définissent autant de rapports au réel, à l’image, à l’intimité qu’on entretient avec elle, intimité intellectuelle, affective, sensorielle. Il y a quelque chose qui me rend heureux. Les gens passent dans l’exposition, ils marchent souvent sans s’arrêter, sans savoir ce qu’il faut regarder. Assez étrange et jouissif (triste aussi?).

Submersion dans l’intime, le quotidien, l’image qui pause sur un moment puis repart. S’accroche à tout. Sans suite logique nécessaire.

Le portrait d’époques (années 90, 2000, 2010, je suis en parfait symbiose, c’est mon monde), visions de moments simplement incarnés dans leur matérialité (celle des personnes, celles des objets dans leur présence autour des personnes, celle de la photographie), et d’autres où émergent les intuitions relationnelles, qui ont trait à des renvois, des passages vers d’autres univers, des fils qui se tissent (la vidéo des petits pois qui cuisent sur le fond de voix entendues par la fenêtre de l’appartement).

L’astronomie et les limites du visible (boundaries of the visible), la question de la réception de l’information comme vérité dans nos sociétés, la présomption de la vérité écrite qui nous incite à croire autant qu’à défier. Je pense alors: méfiance et confiance coexistent sans cesse. La photo au cœur de cette problématique évidente.

Fascination pour le papier (l’autorité métaphysique des FreiSchwimmer). J’aime cette obsession.

Je comprends cette démarche de tout vouloir intégrer, image, son, visions, intuitions, sensations. J’ai le même désir dans l’écriture. Recherche ultra sensorielle.

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5 décembre 2022
Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel … - Antoine Vigne
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Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel Gat. Un plateau vide, des ouvertures qui coulissent en hauteur sur le fond noir de la scène, des corps qui entrent, se placent, attendent, se regardent, puis la musique qui ouvre l’espace, entraîne les corps. De grands mouvements de l’ensemble comme un flot qui va et vient, les costumes sont riches, baroques, pleins d’étoffes, certaines moirées, certaines sombres, toutes comme des collages, qui tombent comme des guenilles mais volent, accompagnent les corps. Les mouvements de groupe alternent avec les duos, les solos, la musique (de Tears for Fears, entêtante, envahissante parfois parce qu’on la connait trop) habite la scène puis s’en retire de manière abrupte, revient. La lumière tombe parfois, blanche, éblouissante, mêlée à la fumée comme dans les clubs d’un autre temps, version 85-86, elle tombe, rebondit sur les dos, les corps. Margo et moi sommes sur le côté à BAM, les premiers rangs mais dans des sièges comme des alcôves, sous le plafond bas des loges, et c’est parfait, comme un théâtre contenu, un clip sur un écran, intime, une ode, l’offrande, électrisante, euphorique, chaque moment de la narration qui passe, ouvrant sur l’autre, d’autres rencontres, des corps qui bougent très vite, qui suivent le rythme, inventent des turbulences, l’ondulation, l’effervescence des bras, des jambes, des torses cherchant tous les possibles, l’essoufflement, tout attraper, ne rien laisser au temps qui passe, surtout. Dans la fluidité des identités (qui déborde sur celle des genres), je retrouve les sensations d’images (la lumière trouble sur les visages de Deneuve et Bowie dans The Hunger peut-être, tant d’autres…). Et la fièvre gagne la salle, on ne sait plus très bien, à un moment si c’est un concert ou un spectacle, mais c’est dans cette ambigüité aussi que se loge l’exubérance contagieuse, hypnotique qui lève la salle. Beau moment de vie. #emmanuelgat #lovetrain2020 #brooklynacademyofmusic #danse #tearsforfears #dansecontemporaine

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3 décembre 2022
Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des … - Antoine Vigne
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Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des attaques contre le Qatar alors que nos pays occidentaux ont une dette colossale à payer au monde pour l’héritage que nous lui léguons et alors que nous n’avons pas su aller au bout de la logique des droits humains dans nos pays, que les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes, qu’on assassine des gays dans un bar du Colorado, que les inégalités rampent, que nous consommons (consumons) aussi la terre, que tant reste à faire. Mais le noeud de l’histoire de ce Mondial est l’argent, l’argent qui corrompt tout, qui abîme, qui dessèche, qui ruine, l’argent immonde, l’argent traître, l’argent aveugle, l’argent complice. L’argent qui tue. Et la coupe du monde au Qatar n’est qu’une histoire d’argent, cynique, banale, abjecte, le symbole d’une rupture, d’un modèle qui n’a plus de sens. À l’heure du climat, à l’heure de la réalité qui brûle, on nous vend un ballon sale, on nous assomme de messages, on veut nous rassurer que non, c’est bien le sport qui compte, la fraternité, le dépassement, mais ce sport et toutes ses illusions débiles ploie dans sa génuflexion au dieu pétrole, dans sa soumission au conservatisme religieux, à la logique des riches, de la télévision qui abrutit, dans son oubli de tout ce qui compte, justement, dans notre époque. Et oui, je pleure le confort que nous n’avons plus de regarder ces matchs comme s’il était encore possible d’oublier, comme si on avait le droit au repos, juste là, quelques instants, quelques heures. Mais non, Il est trop tard. Et il est temps. D’inventer le monde. Alors s’il me reste une arme, c’est celle des faibles justement, celle de ne pas regarder les matchs, celle de refuser l’argent de la publicité, celle du grain de sable qui fait dérayer le train. Ou pas. Mais qui essaie. Et qui refuse. #boycottqatar2022 #argentimmonde #mensongedusport #rupture #laplanètebrûle #revolution #nouveaurécit #graindesable #fuckcapitalism

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22 novembre 2022
Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher… - Antoine Vigne

Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher Connard de Virginie Despentes. Je l’avais ouvert, j’avais lu quelques pages en septembre, je ne m’y étais pas retrouvé, j’avais refermé. Je sais, c’est idiot. Mais j’y reviens, les livres vous trouvent, toujours, ils vous attendent, ils ne vous tournent pas autour mais ils vous attendent, ils savent que le temps n’est pas toujours juste, qu’il y en aura un autre. Alors voilà, j’y suis, je lis, je dévore, les pages défilent, les mots, les phrases, je n’ai pas envie de dire le style parce que les mots de Virginie Despentes ont cette rugosité primaire, primordiale, essentielle, ils collent à la réalité, ils ne cherchent pas à s’en détacher mais au contraire, à s’y accrocher, s’y engluer (s’y gluer? ce serait plus juste…), ils ne miment pas le monde, ils sont le monde, ils sont l’instant, la capture du temps, de ce que nous sommes là, maintenant, dans les combats, les face-à-face, la merde, là, le nez dedans et oui, ça pue mais c’est comme, ça a toujours pué, alors allons… Étonnamment, je trouve des liens avec le Conteur, la suite et le panier de Chamoiseau que je lis aussi, cette idée d’une terre brûlée de la langue, des mots, d’une anti-culture du like et du doucereux, du poli, de l’aisé, du passe-partout, de ce qui a peur en fait, ce qui en nous, nos sociétés, se réfugie dans le convenu, ça fait moins mal, le commercial, le religieux – dans les églises, ne pas faire de mal, ne pas choquer, laisser le bourgeois dormir pendant sa messe, ne pas lui redire que le message est de tout lâcher, son fric, sa bien-pensance, son illusion que le monde est dirigé, que c’est essentiel, que c’est ça qui nous préserve, le chaos, mon dieu, non, surtout pas… je sais, c’est moi là, c’est moi qui reprend, qui élucubre… Je m’arrête. Fabuleuse aventure de Grasset en tous cas sous la direction de Juliette Joste qui est de tous les combats du temps, des textes qui poussent, qui cherchent une nouvelle géométrie sociale, qui récurent les angles dans lesquels on avait laissé la poussière et les ordures s’amasser. Chapeau… #virginiedespentes #cherconnard #editionsgrasset @metoo @littérature #livres #books #edition #lecture @juliettejoste

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14 novembre 2022
Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirba… - Antoine Vigne
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Le Moby Dick de Plexus Solaire hier soir au Skirball de NYU, mis en scène par Yngvoid Aspeli. Fabuleusement poétique, dense, humide de l’obscurité des confins de l’océan et des fantasmes d’Ahab dans le récit d’Ishmael. La scène est sobre, illuminée de reflets qui traversent le pont du navire, les flots au-dessous, au-dessus, la perspective s’inverse souvent, les marionnettes prennent des proportions qui nous rappellent qu’on est dans un conte, dans les méandres d’une folie qui n’aura de fin que dans l’anéantissement, elles sont extraordinairement vivantes, évocatrices, celle d’Ahab surtout, celle de Starbuck aussi, accompagnées par les marionnettistes qui apparaissent/disparaissent comme s’ils étaient des ombres, des esprits, des voix aussi, et le décor continue de se mouvoir sans cesse, la mer, le navire, l’espace se creuse comme des flots qui s’agitent, et les monstres se rapprochent, les cachalots qu’on chasse, qu’on harponne, la mise en scène réussit ce tour de force de nous faire changer d’échelle, de nous transporter au-dessus des embarcations, de survoler ce qui doit l’être avant de revenir à l’individualité des corps dans une eau qui les enserre autant qu’elle les attire. Cette attirance est un vertige. Et la musique est dense, captivante, trois musiciens produisent tous les sons, la mer, les vagues, la tempête, au bord de la scène comme s’ils racontaient l’histoire aux côtés d’Ishmael. Sublime, sublime. #mobydick #hermanmelville #plexussolaire #yngvildaspeni #skirball #publictheater #undertheradarfestival #conte #tale #théâtre #theater #marionnettes #littérature

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14 janvier 2023
Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Cul… - Antoine Vigne
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Les fantômes du CAC -Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre, fantôme d’une politique culturelle, d’un désir et d’un élan possible, fantômes de ceux qui ont chanté là et dont Nathalie nous raconte les concerts, Goldman, Voulzy, Miles Davis, et, au milieu de ces fantômes, le collectif Awtis Rezistans qui prend en charge les lieux, agace le béton, le torture, le pétrit, le transforme, l’anime le bâtiment est ouvert à tout, à tous, au brutalisme de l’Hôtel de ville – de 1973, MA date évidemment, avec ses architectes: Raymond Crevaux et Jacques Tessier, les mêmes qui construiront la CAF-Centre de Sécurité Sociale un peu plus loin, avec un angle qui trompe la perspective, l’anime aussi… tout le monde ici, tous les amis que nous présentent Pascal, Rémy ou Nathalie semblent détester ce deuxième bâtiment, je l’adule pourtant, je le vois comme un joyau débile, rugueux, fragile avec sa face qui parle du Corbusier à Cambridge/Boston, de Prouvé, les pare-soleils de l’architecture ingénieriste du XXe siècle. Tout cela sur le Boulevard Faidherbe qui tranche la ville, la vieille, le quartier historique que les touristes évitent souvent mais où nous trouvons la sensation électrique qui vient de l’hyper-urbain mal maîtrisé, la collision des genres, des énergies (une rencontre rapide avec Marc Jalet au Jardin Béguine, me donne envie de beaucoup plus pour discuter de cet urbanisme en attente qu’est Pointe-à-Pitre et tout le territoire de la Guadeloupe, alors je lis son livre aussi – l’urgence, l’échéance, la durée, un beau titre). Mais Faidherbe, j’y reviens, quel nom pour LE boulevard de Pointe-à Pitre, (à changer, évidemment ?, retirer l’aberration de ce nom qui ne vient rien dire ici sinon imposition du colonial – malgré l’année passée ici, 1848, symbolique évidemment mais un administrateur du Sénégal puis député du Nord quand même…). Beaucoup d’images (Maryse Condé, Sony Rupaire en graffiti sur la façade du CAC aussi), un ondoiement, des ronds dans l’eau quand le caillou tombe dans l’eau. #pointeàpitre #guadeloupe #urbanisme #architecturemoderne #modernisme #raymondcrevaux #jacquestessier #1973 #lecorbusier #prouvé #faidherbe #colonialisme #marysecondé #marcjalet

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8 janvier 2023
2 janvier: retour, l’année commence. Les nouvel… - Antoine Vigne

2 janvier: retour, l’année commence. Les nouvelles qui reprennent, des disparitions surtout, l’une après l’autre, qui tracent des images indélébiles, celle d’Anita Pointer des Pointer Sisters (Jean danse, dansera toujours sur “I’m So Excited”, le post-disco rejoint la dance et le R&B mais j’entends surtout le disco, mon corps s’y retrouve, celui de Jonathan aussi – regardé hier soir toutes les vidéos que nous pouvons trouver en ligne… électricité qui passe dans la pièce), celle d’Arata Isozaki dont la City in the Air projette une ombre longue sur mes images de la ville, de l’urbanisme, d’un avenir fantasmé entre cauchemar et féérie (impossible de séparer la ville des désirs et des peurs qui s’entrechoquent), et puis celle de l’ancien pape Benoit dont les panégyriques m’agacent tout particulièrement dans leur superfluité, l’emphase diplomatique stupide des communiqués officiels courant après un temps qui leur échappe toujours: non, Benoit XVI n’était pas un grand théologien, un grand pape, c’est un homme qui n’a pas compris son époque, qui a vécu hier et avant-hier, qui a perpétué une vision rétrograde de l’Eglise, de l’humanité, de la sexualité, de la prêtrise, c’était un doctrinaire plus soucieux de ce qu’il pensait le texte et la tradition que la vie, la souffrance, la complexité de l’être. Un pape aussi qui a refusé de redevenir cardinal pour satisfaire la partie la plus réactionnaire de l’Eglise, un dirigeant qui n’a su gérer ni la crise de la pédophilie ni les réformes nécessaires ni l’ouverture aux victimes. Et ce corps qu’on expose dans ses habits comme un gisant est indécent dans ce qu’il signale d’idolâtrie latente dans une institution en perdition. Agacement donc. Mais il me reste Anita Pointers…#2janvier2023 #retour #atterissage #minirécit #anitapointer #pointersisters #disco #postdisco #arataisozaki #architecture #architecturemoderne #modernarchitecture #cityintheair #benoitxvi #aberration #histoiredeléglise #agacement

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2 janvier 2023
Un jour. Descendre la côte jusqu’à Basse-Terre… - Antoine Vigne
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Un jour. Descendre la côte jusqu’à Basse-Terre, passer Pointe Noire puis Malendure sous une pluie battante qui s’assèche aussitôt. Ensuite Bouillante et sa rivière d’eau chaude qui se jette dans la baie. Pas d’installations balnéaires particulières, des baigneurs se regroupent là où la température est la plus chaude. Images qui me rappellent des photos d’URSS dans les années 70 sans que je sache vraiment pourquoi, sans doute la simplicité du lieu, l’absence de foule alors que la plage est belle, la route toute droite traverse la bourgade face à la centrale géothermique, la juxtaposition des mondes industriel et de tourisme local. J’aime cette impression de bout du monde. Plus tard, Basse-Terre, la préfecture qui n’a pas de sens, qui semble désertée en ce 25 décembre, nous alignons les bâtiments d’Ali Tur avec leur lignes entre modernisme, style international, quelques touches d’Art Déco. Et puis des pans de béton qui s’offrent face à la mer. Mon matériau, celui qui se désagrège, vieillit, parle d’un XXe siècle fatigué, de fantasmes sociétaires, orgueil battu en brèche, dépareillé, l’élément gagne. Toujours. D’autres relents me reviennent, Marseille, des stores sur vérandas, l’image d’un Tante Nini qui nous reçoit dans un appartement très sombre car les persiennes doivent protéger de la chaleur. Même impression ici. Retour aux contes qui hantent les terres, la côte. Le cri de Césaire dans son Carnet du retour au pays natal avec l’introduction de Breton. #promenadesarchurecturales #guadeloupe #dec22 #alitur #aimecésaire #cahierdunretrouraupaysnatal #urss #années70 #impressionsvoyageuses #béton #modernisme

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29 décembre 2022
D’autres rencontres, d’autres moments: la visi… - Antoine Vigne
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D’autres rencontres, d’autres moments: la visite du jardin botanique (des noms qui s’insèrent dans la promenade: euphorbes candélabres, cactus clergé, le Bakoua aux racines tentaculaires, le Gommier rouge, le figuier pleureur) et des histoires encore, celle de l’arbre qu’on appelle fromager autour duquel rodent des esprits troubles liés à l’esclavage, aux tortures infligées contre son écorce en épines drues. Le soir, nous retrouvons Nathalie et ses amis sur la plage de la Perle puis nous allons chercher un coucher de soleil qui se pose juste au bout d’une pointe rocheuse à Grande Anse. Mathis (autre rencontre de notre premier soir au Paradise Café) nous rejoint, me parle de danse Lewoz et de maitre Ka. Mais la conversation repart sur l’histoire politique de la Guadeloupe, le rhum, les défis agricoles de l’île, le Bumindom ou Bureau des migrations d’outre-mer dont il me faut un moment pour retrouver la mémoire enfouie dans de vieux souvenirs des cours à Sciences-Po. Là encore, un fil à tirer, une histoire à aller chercher. Mais la rencontre la plus inattendue : celle de Sabine qui voyage seule depuis Munich et nous raconte ses étés d’enfance à suivre sa grand-mère en Inde sur les traces de Schopenhauer et du védanta. Les histoires se croisent, défilent comme les vagues qu’on aperçoit se former sur la barrière de corail, au large, et qui n’arrivent jamais complètement jusqu’à la plage parce qu’elles replongent et se fondent dans l’onde. J’ai mis en pause les relectures du roman qui me posent problème après m’avoir donné des illusions électrifiantes. Dans les supermarchés, l’excitation joyeuse des fêtes approchantes est palpable et Kenny nous emmène dans une kassaverie. Galettes de manioc, jus de canne à sucre. Un panneau dit “la santé d’abord”… #guadeloupe #rencontresétagées#minirécit #arbrefromager #histoiredelesclavage #colonialisme #colonialismeetplantarions #bumindom #histoiresglanées #vedanta #schopenhauer #roman #écriture #botanique #nomsquisinsèrent #euphorbecandélabre

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24 décembre 2022
Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres,… - Antoine Vigne
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Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres, une soirée avec Pascal et Rémy, le tour de Pointe-à-Pitre dans l’obscurité du jour le plus court de l’année, des ombres qui se dressent, les façades créoles et coloniales qui jouxtent les balcons en béton d’un modernisme indéterminé puis la silhouette illuminée de l’intérieur de l’église Saint-Pierre Saint-Paul avec ses poutrelles de fer qui répercutent une répétition de chants de Noël très classique, proche ou semblable à celles de mon enfance dans les quartiers de l’ouest parisien. La ville semble vide. De l’autre côté de la place, un le Palais de Justice abandonné d’Ali Tur, architecte du ministère des colonies pendant les années 30 dont je connaissais pas encore le nom mais que je découvre le lendemain dans un ouvrage acheté au Jardin Botanique de Deshaies. C’est généralement par l’architecture que je rencontre l’histoire des villes, des pays, par les bâtiments qui dorment, marqués du passage du temps, par les blessures, les injures, l’indifférence. Pointe-à-Pitre semble pleine de cette indifférence suspicieuse vis-à-vis de ses bâtiments, la vie s’est projetée ailleurs, écartelée entre ses jumeaux territoriaux, sa Grande et sa Basse Terre. J’écris tout cela sans vraiment savoir encore, à partir des bribes d’histoire que me livre Pascal, les textes parcourus ici et là, dans les guides trouvés au gite de Valérie, ailleurs: l’histoire de l’aéroport du Raizet, par exemple, dont la piste d’atterrissage est la plus longue des Caraïbes parce qu’il lui a fallu accueillir l’une des bombes atomiques utilisées dans les essais atomiques de Mururoa en 1967 (conduisant, par effet secondaire étrange, à la répression violente d’émeutes locales). Je suis des pistes, des traces dirait Chamoiseau quand il cite Glissant. J’attends qu’elles me racontent une terre, des gens. #alitur #architecturemoderne #artdéco #pointeàpitre #histoiresdarchitecture #aéroportduraizet #histoirestournéesetdétournées #écouterlevent #minirécit

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24 décembre 2022
Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous e… - Antoine Vigne
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Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous entoure. Je ne réussis plus à préparer les voyages. C’est en arrivant que je commence à prendre mes marques, lire les guides, chercher ce que je veux voir. Nous atterrissons tout près de Deshaies, une cabane accrochée dans les eucalyptus (sont-ce des eucalyptus d’ailleurs? Pas de certitude encore) en face de l’hôtel Fort Royal. Matinée à lire, envoyer quelques e-mails encore, préparer à la coupure, la suspension des habitudes pour les dix jours qui viennent. Valérie et son ami nous racontent longuement les manières locales, des histoires de luttes syndicales, de rapport à la métropole, de développements avortés, les noms fusent, des anecdotes. Je retiens celle de la trace du Boeing qui court juste au-dessus de nous, les restes de l’accident de 707 en 1962 dont on peut encore voir l’épave. Je retiens aussi le nom des vroum-vroums, ces gros insectes piscivores qui volent autour de nous en bourdonnant, celui de Coluche évidemment parce que sa maison était là. Jonathan travaille, nous déjeunons tranquillement. Plus tard je descends la trace qui part du gîte vers le Fort Royal, une longue barre blanche classique des années 60, des balcons alignés, là peinture qui s’écaille, l’odeur qui temps qui a terni la splendeur de l’époque mais qui laisse planer la nostalgie (pour moi) du fantasme. Je revois un monde de bande dessinée, les silhouettes d’immeubles dans des Achille Talon ou Tif et Tondu, mes premiers voyages vraiment… La houle bat la côte, Montserrat ne se devine dans le lointain que si l’on sait que l’île est là, avec sa soufrière que nous avons survolée en arrivant. Je suis bien. #guadeloupe #récitsdeslieux #laisserleshistoiresveniràsoi #deshaies#architectureetbandedessinée #architecturemoderne #tracedutemps

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21 décembre 2022
Quelques notes lors de l’exposition Wolfgang Til… - Antoine Vigne
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Quelques notes lors de l’exposition Wolfgang Tillmans au MoMA: une forme d’exubérance immédiate et chaotique, rhyzomique. L’intimité des petits formats qui font pendant aux grands tirages. Une exposition dans laquelle il faut flotter, le rapport à l’œuvre est différent, moins symbiotique, moins unilatéral. Il se projette dans la multiplicité (des images, des supports, des formats) qui définissent autant de rapports au réel, à l’image, à l’intimité qu’on entretient avec elle, intimité intellectuelle, affective, sensorielle. Il y a quelque chose qui me rend heureux. Les gens passent dans l’exposition, ils marchent souvent sans s’arrêter, sans savoir ce qu’il faut regarder. Assez étrange et jouissif (triste aussi?).

Submersion dans l’intime, le quotidien, l’image qui pause sur un moment puis repart. S’accroche à tout. Sans suite logique nécessaire.

Le portrait d’époques (années 90, 2000, 2010, je suis en parfait symbiose, c’est mon monde), visions de moments simplement incarnés dans leur matérialité (celle des personnes, celles des objets dans leur présence autour des personnes, celle de la photographie), et d’autres où émergent les intuitions relationnelles, qui ont trait à des renvois, des passages vers d’autres univers, des fils qui se tissent (la vidéo des petits pois qui cuisent sur le fond de voix entendues par la fenêtre de l’appartement).

L’astronomie et les limites du visible (boundaries of the visible), la question de la réception de l’information comme vérité dans nos sociétés, la présomption de la vérité écrite qui nous incite à croire autant qu’à défier. Je pense alors: méfiance et confiance coexistent sans cesse. La photo au cœur de cette problématique évidente.

Fascination pour le papier (l’autorité métaphysique des FreiSchwimmer). J’aime cette obsession.

Je comprends cette démarche de tout vouloir intégrer, image, son, visions, intuitions, sensations. J’ai le même désir dans l’écriture. Recherche ultra sensorielle.

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5 décembre 2022
Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel … - Antoine Vigne
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Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel Gat. Un plateau vide, des ouvertures qui coulissent en hauteur sur le fond noir de la scène, des corps qui entrent, se placent, attendent, se regardent, puis la musique qui ouvre l’espace, entraîne les corps. De grands mouvements de l’ensemble comme un flot qui va et vient, les costumes sont riches, baroques, pleins d’étoffes, certaines moirées, certaines sombres, toutes comme des collages, qui tombent comme des guenilles mais volent, accompagnent les corps. Les mouvements de groupe alternent avec les duos, les solos, la musique (de Tears for Fears, entêtante, envahissante parfois parce qu’on la connait trop) habite la scène puis s’en retire de manière abrupte, revient. La lumière tombe parfois, blanche, éblouissante, mêlée à la fumée comme dans les clubs d’un autre temps, version 85-86, elle tombe, rebondit sur les dos, les corps. Margo et moi sommes sur le côté à BAM, les premiers rangs mais dans des sièges comme des alcôves, sous le plafond bas des loges, et c’est parfait, comme un théâtre contenu, un clip sur un écran, intime, une ode, l’offrande, électrisante, euphorique, chaque moment de la narration qui passe, ouvrant sur l’autre, d’autres rencontres, des corps qui bougent très vite, qui suivent le rythme, inventent des turbulences, l’ondulation, l’effervescence des bras, des jambes, des torses cherchant tous les possibles, l’essoufflement, tout attraper, ne rien laisser au temps qui passe, surtout. Dans la fluidité des identités (qui déborde sur celle des genres), je retrouve les sensations d’images (la lumière trouble sur les visages de Deneuve et Bowie dans The Hunger peut-être, tant d’autres…). Et la fièvre gagne la salle, on ne sait plus très bien, à un moment si c’est un concert ou un spectacle, mais c’est dans cette ambigüité aussi que se loge l’exubérance contagieuse, hypnotique qui lève la salle. Beau moment de vie. #emmanuelgat #lovetrain2020 #brooklynacademyofmusic #danse #tearsforfears #dansecontemporaine

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3 décembre 2022
Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des … - Antoine Vigne
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Oui, je vois le racisme, je vois la facilité des attaques contre le Qatar alors que nos pays occidentaux ont une dette colossale à payer au monde pour l’héritage que nous lui léguons et alors que nous n’avons pas su aller au bout de la logique des droits humains dans nos pays, que les salaires des femmes sont encore inférieurs à ceux des hommes, qu’on assassine des gays dans un bar du Colorado, que les inégalités rampent, que nous consommons (consumons) aussi la terre, que tant reste à faire. Mais le noeud de l’histoire de ce Mondial est l’argent, l’argent qui corrompt tout, qui abîme, qui dessèche, qui ruine, l’argent immonde, l’argent traître, l’argent aveugle, l’argent complice. L’argent qui tue. Et la coupe du monde au Qatar n’est qu’une histoire d’argent, cynique, banale, abjecte, le symbole d’une rupture, d’un modèle qui n’a plus de sens. À l’heure du climat, à l’heure de la réalité qui brûle, on nous vend un ballon sale, on nous assomme de messages, on veut nous rassurer que non, c’est bien le sport qui compte, la fraternité, le dépassement, mais ce sport et toutes ses illusions débiles ploie dans sa génuflexion au dieu pétrole, dans sa soumission au conservatisme religieux, à la logique des riches, de la télévision qui abrutit, dans son oubli de tout ce qui compte, justement, dans notre époque. Et oui, je pleure le confort que nous n’avons plus de regarder ces matchs comme s’il était encore possible d’oublier, comme si on avait le droit au repos, juste là, quelques instants, quelques heures. Mais non, Il est trop tard. Et il est temps. D’inventer le monde. Alors s’il me reste une arme, c’est celle des faibles justement, celle de ne pas regarder les matchs, celle de refuser l’argent de la publicité, celle du grain de sable qui fait dérayer le train. Ou pas. Mais qui essaie. Et qui refuse. #boycottqatar2022 #argentimmonde #mensongedusport #rupture #laplanètebrûle #revolution #nouveaurécit #graindesable #fuckcapitalism

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22 novembre 2022
Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher… - Antoine Vigne

Dimanche soir, je me me surprends à aimer le Cher Connard de Virginie Despentes. Je l’avais ouvert, j’avais lu quelques pages en septembre, je ne m’y étais pas retrouvé, j’avais refermé. Je sais, c’est idiot. Mais j’y reviens, les livres vous trouvent, toujours, ils vous attendent, ils ne vous tournent pas autour mais ils vous attendent, ils savent que le temps n’est pas toujours juste, qu’il y en aura un autre. Alors voilà, j’y suis, je lis, je dévore, les pages défilent, les mots, les phrases, je n’ai pas envie de dire le style parce que les mots de Virginie Despentes ont cette rugosité primaire, primordiale, essentielle, ils collent à la réalité, ils ne cherchent pas à s’en détacher mais au contraire, à s’y accrocher, s’y engluer (s’y gluer? ce serait plus juste…), ils ne miment pas le monde, ils sont le monde, ils sont l’instant, la capture du temps, de ce que nous sommes là, maintenant, dans les combats, les face-à-face, la merde, là, le nez dedans et oui, ça pue mais c’est comme, ça a toujours pué, alors allons… Étonnamment, je trouve des liens avec le Conteur, la suite et le panier de Chamoiseau que je lis aussi, cette idée d’une terre brûlée de la langue, des mots, d’une anti-culture du like et du doucereux, du poli, de l’aisé, du passe-partout, de ce qui a peur en fait, ce qui en nous, nos sociétés, se réfugie dans le convenu, ça fait moins mal, le commercial, le religieux – dans les églises, ne pas faire de mal, ne pas choquer, laisser le bourgeois dormir pendant sa messe, ne pas lui redire que le message est de tout lâcher, son fric, sa bien-pensance, son illusion que le monde est dirigé, que c’est essentiel, que c’est ça qui nous préserve, le chaos, mon dieu, non, surtout pas… je sais, c’est moi là, c’est moi qui reprend, qui élucubre… Je m’arrête. Fabuleuse aventure de Grasset en tous cas sous la direction de Juliette Joste qui est de tous les combats du temps, des textes qui poussent, qui cherchent une nouvelle géométrie sociale, qui récurent les angles dans lesquels on avait laissé la poussière et les ordures s’amasser. Chapeau… #virginiedespentes #cherconnard #editionsgrasset @metoo @littérature #livres #books #edition #lecture @juliettejoste

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14 novembre 2022