Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne Images d’été: Tours. Les rues, la Loire tranqu… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Olivier, Olive, mon poteTu pars et cela n’a pa… - Antoine Vigne

Olivier, Olive, mon pote

Tu pars et cela n’a pas de sens, cela n’a aucun sens, je repasse le film des semaines qui viennent de s’écouler, les messages que tu nous as envoyés à propos de l’opération à venir, les conversations, ton inquiétude et l’humour que tu utilisais toujours pour vivre, pour faire face.

Je ne sais pas comment tu faisais, tu savais nous faire prendre le temps, nous arrêter. Tu avais l’énergie que nous n’avions pas toujours. Tu ne nous laissais jamais t’oublier. Tu étais vigilant en amitié. Tu appelais, tu recommençais, tu ne te lassais pas même lorsqu’on ne répondait pas, tu ne nous en voulais jamais de ne pas être aussi attentifs. Tu veillais parce que nous ne savions pas toujours le faire, parce que nous n’étions pas toujours plus adaptés que toi à ton handicap, parce que nos vies allaient souvent trop vite, plus vite.

Tu m’appelais l’Américain, tu voulais que nous écrivions un livre ensemble. Tu m’envoyais tes textes, je pensais et tu pensais que nous aurions plus de temps et tu me laisses avec des écrits parcellaires qui racontent une vie folle, une vie insensée lorsqu’on comprend ce qu’était ton handicap. Tu voulais escalader, voler, courir, aller plus loin, continuer, puis le raconter, le dire au monde. Les joies comme les épreuves parce qu’elles étaient liées. Et moi je t’écoutais, je t’écoute encore.

Tu vas me manquer, Olivier. J’entends ton rire, ta voix, tes blagues qui ne s’arrêtent jamais, tes “mon pote” qui reviennent à chaque bout de phrase, ta chaleur simple. Tu vas manquer parce que tu as toujours été là depuis ces années d’enfance, parce que la vie a finalement toujours été une vie avec toi, parce que ta mort n’a pas de sens.

À bientôt donc, mon pote….

#friends
3 août 2022
Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1… - Antoine Vigne
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Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1988 sur le Rêve Mexicain, sur la pensée interrompue d’un continent dont nous apprenons de manière de plus en plus brutale qu’il contenait en lui des réponses à tous les abus et les matérialismes de la civilisation judéo-chrétienne: l’équilibre nécessaire entre les forces du monde, l’intégration de l’humanité à un destin plus vaste de la vie, la perception du rôle des rêves et de l’inconscient, la compréhension de la dualité (y compris sexuelle des dieux) et de la multiplicité, le refus de la propriété qui divise tout et met tout en esclavage, l’importance du cycle et du chaos qui annoncent ce que seront les découvertes scientifiques beaucoup plus tardives de l’Occident (sur l’atome, le Big Bang, la physique quantique), la perception que l’homme a besoin, pour sa survie, de se réintégrer à une communauté qui le dépasse. Tant de fils et de possibilités que la conquête a coupés nets, annihilant ainsi une part de notre héritage. C’est un livre qui pleure et qui médite, qui s’arrête pour contempler le destin tragique d’une humanité prisonnière du matérialisme européen issu (étrangement) du christianisme rationaliste ou de ce que nous avons voulu faire du christianisme. C’est une somme qui résonne, qui énumère les noms pour que leur écho habite la terre. Et c’est une ode à tous ceux qui ont perçu ce message lors de leurs contacts avec le Mexique, de Bernardino de Sahagun à Antonin Artaud.

#books #carnetsdevoyage #gallimard #leclezio #lerevemexicain #littérature #logiquededomination #mexique
12 juin 2022
Les grandes peintures murales de Rivera, Orzoco, S… - Antoine Vigne
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Les grandes peintures murales de Rivera, Orzoco, Siqueiros et Camarena au Palacio de Bellas Artes qui racontent la puissance d’une histoire toujours prise entre ses racines mésoaméricaines et la conquête qui l’annihile, et l’impossible réconciliation qui se cherche toujours, comme une image de ce que nous sommes aussi, pris entre des identités contraires, des mythes qui n’ont pas de sens, des religions qui disent toujours le besoin d’inventer un dieu, même moderne. Je lis le Rêve mexicain de Le Clezio, j’y trouve les mêmes histoires, celles de Moctezuma et de Cuauhtémoc, celle de Bernal Diaz et de Bernadino de Sahagun qui racontent le monde qu’ils viennent de détruire, celle de la civilisation magique qui s’effondre dans l’instant où elle se livre. J’aime plonger plus profond dans cette culture que j’ai mis longtemps à comprendre, que j’ai abordée pas à pas, depuis les cours de l’école du Louvre où je lui préférais les mondes de l’Islam, jusqu’aux premiers voyages dans le Yucatan puis à la question de la frontière et du désert qui traverse mon écriture, s’accroche à ma réalité, l’appelle. Revenir à Mexico, c’est descendre à chaque fois un peu plus dans ces mythes, ces figures, les images figées qui se mettent à bouger.

#art #carnetsbiographiques #carnetsdevoyage #davidalfarosiqueiros #diegorivera #Jorgegonzalescamarena #joseclementeorozco #leclezio #lerêvemexicainleclezio #lesmythesquinoushabitent #littérature #mexico #mexique #palaciodebellasartes #peinturesmurales
5 juin 2022
Un dimanche à CDMX, l’excitation palpable dans … - Antoine Vigne
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Un dimanche à CDMX, l’excitation palpable dans les cafés pour la victoire de Sergio Perez au Grand Prix de Monaco, les rues que nous traversons en taxi et les sons de feux d’artifice pour les saints qu’on fête. Les marches dans Roma, le calme qui s’installe, les conversations avec Jonathan sur ce qu’est le calme à deux, le doute permanent sur la présence de l’autre qu’il faut surmonter. Les retrouvailles avec l’Avenida Amsterdam. Un mezcal a Baltra où nous nous dessinons l’un l’autre. Et puis la découverte excitée que Total Recall à été filmé ici (l’architecture ici raconte partout un monde à venir, impossible de ne pas y voir des visions de science-fiction). La fatigue aussi de la soirée a Tom’s Leather Bar ou nous avons rencontré Sergio. Et les lectures qui ponctuent la journée, apportent des images d’ailleurs: l’histoire de l’orque qui meurt dans la Seine, l’interview de Dominique Schnapper qui parle de la définition de l’homme normal selon Freud, celui qui aime et qui travaille, qui trouve l’ancrage dans son essentiel. Quelques pages du Goncourt de Mbougar Sar. D’autres marches plus tard. Coyoacan et un mauvais restaurant, puis le Tres Tonala décevant aussi mais émouvant parce que nous y parlons de ce que nous recherchons l’un et l’autre.

#architecture #architectureetsciencefiction #carnetsdevoyage #cdmx #dominiqueschnapper #film #freud #lectures #lecturesdevacances #littérature #marcher #mbougarsarr #minirécit #pluralitédunjour #unejournéeàMexico
30 mai 2022
A CDMX depuis deux jours. Hier, la visite du musé… - Antoine Vigne
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A CDMX depuis deux jours. Hier, la visite du musée Anahuacalli de Diego Rivera, la collection d’idoles et de sculptures méso-américaines, notamment aztèques et mayas. La puissance du lieu construit dans la roche volcanique avec de gros morceaux de pierre noire brute et constellée de cavités. Les salles sont caverneuses, mystérieuses, pleines d’autels sur lesquelles se présentent ces visages souvent figés dans la représentation des émotions sombres, dans le mystère de la vie, de la mort, de la souffrance, de la pluie, des moissons, des phénomènes cosmiques, de la continuité des cycles. J’aime les histoires qui les accompagnent, celle des vaisseaux conçus par les dieux pour récolter puis répandre les différents types de pluie (celle qui fait pousser, celle qui abîme, celle qui amène le gel,…), celle des serpents qui s’emmêlent et racontent la dualité inhérente à toutes choses (et la géméllité de Rivera), celle des ères qui ont précédé celle de l’homme et de la civilisation. J’imagine que la version moderne du musée imaginaire de Malraux serait de rêver à un monde dans lequel la civilisation occidentale n’aurait pas effacé ces cultures, dans lequel elles resteraient vivantes, porteuses de cette autre compréhension du vivant et de l’humanité. Un musée qui réinventerait l’histoire, effacerait notre impérialisme, tous les impérialismes culturels et religieux. Fantasme évidemment, notamment face à des idoles qui racontent aussi la violence des émotions humaines, la destruction permanente, la réinvention. Dans les salles supérieures du musée, on aperçoit la ville qui s’étend aux alentours, les tours, les montagnes, la lumière bleue et grise qui est celle de Mexico City. Et puis on retrouve le Diego des muraux, de Detroit, de la fascination compliquée pour la modernité et la technologie, l’élan qui se sait pouvoir être néfaste mais qui emporte tout.

#anahuacalli #art #carnetsdevoyage #cdmx #cycles #destructionpermamente #diegorivera #impérialismes #malraux #mesoamerica #mesoamericanart #mexico #mexique #muséeomaginaire #museoanahuacalli
30 mai 2022
Encore quelques mots sur Paris, sur les rencontres… - Antoine Vigne

Encore quelques mots sur Paris, sur les rencontres, un déjeuner avec Marie, intime, heureux, la discussion qui court de l’écriture aux élections, et puis se suspend quand j’évoque l’idée que chaque mot de l’écriture doit dire le monde, ce à quoi Marie résiste, parce qu’elle pense que c’est trop (trop précieux, trop exigeant) mais je me demande tout de même, non pas pour la préciosité bien sûr mais pour la nécessité que chaque mot exprime le combat qui se joue entre la langue et le charnel, entre le figé et ce qui vit, comme le combat de L’Ecrire dont parle Chamoiseau que je suis en train de lire. Et puis le verre au Meurice avec Patrick où nous parlons d’architecture, de drague dans les jardins, aux Batignolles, ailleurs, de politique encore… Le matin de mon départ, la lumière dans la station du RER à Cité U est éclatante, elle me rappelle celle d’Athènes un jour d’été en 1998 où nous (Jean et moi) avions dormi sur un banc, la lumière qui salue le monde et le remplit de promesses. Alors je les prends, ces promesses, et je les emporte. Je vais, malgré les nouvelles délirantes des livres qu’on brûle et qu’on bannit aux États-Unis, de la dérive des conservatismes et des billionaires qui s’achètent des réseaux sociaux sans comprendre leur hubris. Le vol m’emmène chez moi, à la maison, mon port d’attache est Jonathan.

#écriture #friends #jeanpoderos #lécrire #leslivresqu’onbrûle #littérature #livres #mariesellier #parisencore #patrickchamoiseau #patrickrollot #portdattache #promessesdujour #soleildété
29 avril 2022
Olivier, Olive, mon poteTu pars et cela n’a pa… - Antoine Vigne

Olivier, Olive, mon pote

Tu pars et cela n’a pas de sens, cela n’a aucun sens, je repasse le film des semaines qui viennent de s’écouler, les messages que tu nous as envoyés à propos de l’opération à venir, les conversations, ton inquiétude et l’humour que tu utilisais toujours pour vivre, pour faire face.

Je ne sais pas comment tu faisais, tu savais nous faire prendre le temps, nous arrêter. Tu avais l’énergie que nous n’avions pas toujours. Tu ne nous laissais jamais t’oublier. Tu étais vigilant en amitié. Tu appelais, tu recommençais, tu ne te lassais pas même lorsqu’on ne répondait pas, tu ne nous en voulais jamais de ne pas être aussi attentifs. Tu veillais parce que nous ne savions pas toujours le faire, parce que nous n’étions pas toujours plus adaptés que toi à ton handicap, parce que nos vies allaient souvent trop vite, plus vite.

Tu m’appelais l’Américain, tu voulais que nous écrivions un livre ensemble. Tu m’envoyais tes textes, je pensais et tu pensais que nous aurions plus de temps et tu me laisses avec des écrits parcellaires qui racontent une vie folle, une vie insensée lorsqu’on comprend ce qu’était ton handicap. Tu voulais escalader, voler, courir, aller plus loin, continuer, puis le raconter, le dire au monde. Les joies comme les épreuves parce qu’elles étaient liées. Et moi je t’écoutais, je t’écoute encore.

Tu vas me manquer, Olivier. J’entends ton rire, ta voix, tes blagues qui ne s’arrêtent jamais, tes “mon pote” qui reviennent à chaque bout de phrase, ta chaleur simple. Tu vas manquer parce que tu as toujours été là depuis ces années d’enfance, parce que la vie a finalement toujours été une vie avec toi, parce que ta mort n’a pas de sens.

À bientôt donc, mon pote….

#friends
3 août 2022
Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1… - Antoine Vigne
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Livre sublime que celui de Le Clézio publié en 1988 sur le Rêve Mexicain, sur la pensée interrompue d’un continent dont nous apprenons de manière de plus en plus brutale qu’il contenait en lui des réponses à tous les abus et les matérialismes de la civilisation judéo-chrétienne: l’équilibre nécessaire entre les forces du monde, l’intégration de l’humanité à un destin plus vaste de la vie, la perception du rôle des rêves et de l’inconscient, la compréhension de la dualité (y compris sexuelle des dieux) et de la multiplicité, le refus de la propriété qui divise tout et met tout en esclavage, l’importance du cycle et du chaos qui annoncent ce que seront les découvertes scientifiques beaucoup plus tardives de l’Occident (sur l’atome, le Big Bang, la physique quantique), la perception que l’homme a besoin, pour sa survie, de se réintégrer à une communauté qui le dépasse. Tant de fils et de possibilités que la conquête a coupés nets, annihilant ainsi une part de notre héritage. C’est un livre qui pleure et qui médite, qui s’arrête pour contempler le destin tragique d’une humanité prisonnière du matérialisme européen issu (étrangement) du christianisme rationaliste ou de ce que nous avons voulu faire du christianisme. C’est une somme qui résonne, qui énumère les noms pour que leur écho habite la terre. Et c’est une ode à tous ceux qui ont perçu ce message lors de leurs contacts avec le Mexique, de Bernardino de Sahagun à Antonin Artaud.

#books #carnetsdevoyage #gallimard #leclezio #lerevemexicain #littérature #logiquededomination #mexique
12 juin 2022
Les grandes peintures murales de Rivera, Orzoco, S… - Antoine Vigne
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Les grandes peintures murales de Rivera, Orzoco, Siqueiros et Camarena au Palacio de Bellas Artes qui racontent la puissance d’une histoire toujours prise entre ses racines mésoaméricaines et la conquête qui l’annihile, et l’impossible réconciliation qui se cherche toujours, comme une image de ce que nous sommes aussi, pris entre des identités contraires, des mythes qui n’ont pas de sens, des religions qui disent toujours le besoin d’inventer un dieu, même moderne. Je lis le Rêve mexicain de Le Clezio, j’y trouve les mêmes histoires, celles de Moctezuma et de Cuauhtémoc, celle de Bernal Diaz et de Bernadino de Sahagun qui racontent le monde qu’ils viennent de détruire, celle de la civilisation magique qui s’effondre dans l’instant où elle se livre. J’aime plonger plus profond dans cette culture que j’ai mis longtemps à comprendre, que j’ai abordée pas à pas, depuis les cours de l’école du Louvre où je lui préférais les mondes de l’Islam, jusqu’aux premiers voyages dans le Yucatan puis à la question de la frontière et du désert qui traverse mon écriture, s’accroche à ma réalité, l’appelle. Revenir à Mexico, c’est descendre à chaque fois un peu plus dans ces mythes, ces figures, les images figées qui se mettent à bouger.

#art #carnetsbiographiques #carnetsdevoyage #davidalfarosiqueiros #diegorivera #Jorgegonzalescamarena #joseclementeorozco #leclezio #lerêvemexicainleclezio #lesmythesquinoushabitent #littérature #mexico #mexique #palaciodebellasartes #peinturesmurales
5 juin 2022
Un dimanche à CDMX, l’excitation palpable dans … - Antoine Vigne
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Un dimanche à CDMX, l’excitation palpable dans les cafés pour la victoire de Sergio Perez au Grand Prix de Monaco, les rues que nous traversons en taxi et les sons de feux d’artifice pour les saints qu’on fête. Les marches dans Roma, le calme qui s’installe, les conversations avec Jonathan sur ce qu’est le calme à deux, le doute permanent sur la présence de l’autre qu’il faut surmonter. Les retrouvailles avec l’Avenida Amsterdam. Un mezcal a Baltra où nous nous dessinons l’un l’autre. Et puis la découverte excitée que Total Recall à été filmé ici (l’architecture ici raconte partout un monde à venir, impossible de ne pas y voir des visions de science-fiction). La fatigue aussi de la soirée a Tom’s Leather Bar ou nous avons rencontré Sergio. Et les lectures qui ponctuent la journée, apportent des images d’ailleurs: l’histoire de l’orque qui meurt dans la Seine, l’interview de Dominique Schnapper qui parle de la définition de l’homme normal selon Freud, celui qui aime et qui travaille, qui trouve l’ancrage dans son essentiel. Quelques pages du Goncourt de Mbougar Sar. D’autres marches plus tard. Coyoacan et un mauvais restaurant, puis le Tres Tonala décevant aussi mais émouvant parce que nous y parlons de ce que nous recherchons l’un et l’autre.

#architecture #architectureetsciencefiction #carnetsdevoyage #cdmx #dominiqueschnapper #film #freud #lectures #lecturesdevacances #littérature #marcher #mbougarsarr #minirécit #pluralitédunjour #unejournéeàMexico
30 mai 2022
A CDMX depuis deux jours. Hier, la visite du musé… - Antoine Vigne
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A CDMX depuis deux jours. Hier, la visite du musée Anahuacalli de Diego Rivera, la collection d’idoles et de sculptures méso-américaines, notamment aztèques et mayas. La puissance du lieu construit dans la roche volcanique avec de gros morceaux de pierre noire brute et constellée de cavités. Les salles sont caverneuses, mystérieuses, pleines d’autels sur lesquelles se présentent ces visages souvent figés dans la représentation des émotions sombres, dans le mystère de la vie, de la mort, de la souffrance, de la pluie, des moissons, des phénomènes cosmiques, de la continuité des cycles. J’aime les histoires qui les accompagnent, celle des vaisseaux conçus par les dieux pour récolter puis répandre les différents types de pluie (celle qui fait pousser, celle qui abîme, celle qui amène le gel,…), celle des serpents qui s’emmêlent et racontent la dualité inhérente à toutes choses (et la géméllité de Rivera), celle des ères qui ont précédé celle de l’homme et de la civilisation. J’imagine que la version moderne du musée imaginaire de Malraux serait de rêver à un monde dans lequel la civilisation occidentale n’aurait pas effacé ces cultures, dans lequel elles resteraient vivantes, porteuses de cette autre compréhension du vivant et de l’humanité. Un musée qui réinventerait l’histoire, effacerait notre impérialisme, tous les impérialismes culturels et religieux. Fantasme évidemment, notamment face à des idoles qui racontent aussi la violence des émotions humaines, la destruction permanente, la réinvention. Dans les salles supérieures du musée, on aperçoit la ville qui s’étend aux alentours, les tours, les montagnes, la lumière bleue et grise qui est celle de Mexico City. Et puis on retrouve le Diego des muraux, de Detroit, de la fascination compliquée pour la modernité et la technologie, l’élan qui se sait pouvoir être néfaste mais qui emporte tout.

#anahuacalli #art #carnetsdevoyage #cdmx #cycles #destructionpermamente #diegorivera #impérialismes #malraux #mesoamerica #mesoamericanart #mexico #mexique #muséeomaginaire #museoanahuacalli
30 mai 2022
Encore quelques mots sur Paris, sur les rencontres… - Antoine Vigne

Encore quelques mots sur Paris, sur les rencontres, un déjeuner avec Marie, intime, heureux, la discussion qui court de l’écriture aux élections, et puis se suspend quand j’évoque l’idée que chaque mot de l’écriture doit dire le monde, ce à quoi Marie résiste, parce qu’elle pense que c’est trop (trop précieux, trop exigeant) mais je me demande tout de même, non pas pour la préciosité bien sûr mais pour la nécessité que chaque mot exprime le combat qui se joue entre la langue et le charnel, entre le figé et ce qui vit, comme le combat de L’Ecrire dont parle Chamoiseau que je suis en train de lire. Et puis le verre au Meurice avec Patrick où nous parlons d’architecture, de drague dans les jardins, aux Batignolles, ailleurs, de politique encore… Le matin de mon départ, la lumière dans la station du RER à Cité U est éclatante, elle me rappelle celle d’Athènes un jour d’été en 1998 où nous (Jean et moi) avions dormi sur un banc, la lumière qui salue le monde et le remplit de promesses. Alors je les prends, ces promesses, et je les emporte. Je vais, malgré les nouvelles délirantes des livres qu’on brûle et qu’on bannit aux États-Unis, de la dérive des conservatismes et des billionaires qui s’achètent des réseaux sociaux sans comprendre leur hubris. Le vol m’emmène chez moi, à la maison, mon port d’attache est Jonathan.

#écriture #friends #jeanpoderos #lécrire #leslivresqu’onbrûle #littérature #livres #mariesellier #parisencore #patrickchamoiseau #patrickrollot #portdattache #promessesdujour #soleildété
29 avril 2022