Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne Il est sans doute temps d’annoncer ce qu’un ce… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’expos… - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x
x

Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’exposition de Gego, les sculptures qui habitent l’espace sans l’habiter, la simplicité de l’objet qui se perçoit et qui s’efface dans le même temps, des tapisseries insaisissables dessinent des graphes, des courbes de niveau, des chutes (d’eau?), la pesanteur, une sphère dans une sphère, cheminement vers un abstrait qui joue avec la forme, avec le fantôme du volume, une géométrie qui ne contraint plus. Certains élans me rappellent ceux des dessins de Lebbeus Woods. Mais je crois que la juxtaposition avec le travail de Sarah Sze dessert l’exposition, son exubérance devient chaotique et incontrôlée, à la différence de la sophistication simple des oeuvres de Gego. En toile de fond, l’image de Caracas, de la modernité de Villanueva et le béton, encore, toujours.

Deux films sur Baldwin regardés hier soir avec Jonathan sur le Criterion Channel, l’un à Paris, l’autre à Istanbul, des entretiens dont la prescience fascine, la ligne s’annonce toute droite entre son insistance que le dialogue est impossible avec son interviewer qui ne peut pas penser l’enfermement noir et les mouvements contemporains, Black Lives Matter, la décolonisation de nos cultures, la fin d’une civilisation occidentale en perspective. Il avait déjà tout vu, tout pensé. Son refus de se laisser entraîner dans un dialogue dont le présupposé est biaisé est prophétique. Même si cela en agacera certains.

Aussi, traverser la ville puis Central Park à vélo. Soirée chez Bénédicte et Keith, rencontres, lectures de Racine que j’entreprends de relire in extenso. Violaine Bérot aussi, et Audrey Lorde.

Et film époustouflant de Sam Green vendredi soir au Film Forum avec Steve et Michael: 32 Sounds. En émerge la figure d’Anna Lockwood et la recherche de la musique. Lien à Bernie Krause aussi évidemment. Et puis le 4’33 de John Cage. Pensé à Philip Glass et Terry Riley dont je ne réussissais plus à me rappeler le nom. Vision d’In C. Toutes les recherches expérimentales sur la musique se chevauchent.

#art #friends #littérature
12 juin 2023
Belle semaine en fait, dense et compliquée par ce… - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x

Belle semaine en fait, dense et compliquée par certains aspects, le retour – je dirais la rentrée comme on parle d’une rentrée dans l’atmosphère – à New York est toujours compliqué, dense, fait de mondes qui s’entrechoquent, un désir que l’ajustement se fasse sans vagues mais les ondulations concentriques continuent de se faire sentir généralement pendant des jours qui deviennent parfois semaines… gérer le débordement d’un monde sur l’autre donc.

Conversation avec Azu Nwagbogu pour un article/entretien à venir dans L’Architecture d’aujourd’hui. Bel échange, la notion de scène africaine compliquée, la question des restitutions comme manière de penser l’humanité, la perte d’une intelligence, dit-il, cela me fait penser au Rêve mexicain de Le Clezio, l’idée d’une pensée interrompue dont nous avons mal conscience mais dont la trace pourrait se retrouver enfin dans la création, la photographie contemporaine notamment. Des noms, des images – Thierry Oussou, Moufouli Bello, Joana Choumali, et puis évidemment Zanele Muholi, Ibrahim Mahama), envie de creuser comme toujours dans ces moments-là, comment garder le cap et chercher dans les méandres qui s’offrent ?

Cécile à la maison une partie de la semaine. Marches longues. Échanges sur le manque, le deuil. Hier soirée à San Pedro Tavern à Red Hook autour d’Anthony et Sammy qui partent pour Berlin pour trois mois. Conversation longue avec Eric de narchitects, à propos Giono étonnamment puisque je viens de relire la Naissance de l’Odyssée… mais à propos de son père aussi, de son rapport à l’écriture. Dans une librairie sur le chemin, trouvé La Seconde de Colette et ses Lettres au petit corsaire, ainsi qu’un Naomi Klein et livre à la couverture de 73 qui m’attire évidemment.

 

#art #friends #jonathan #littérature #minirécit #ondulationsconcentriques #rentréedanslatmosphère #sanpedrotavern #semainederetour
15 mai 2023
Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de … - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x

Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de la musique partout. Pas un où j’ai vraiment trouvé le calme depuis un mois alors que, chaque fois, avant d’entrer, j’espère. Bouchons d’oreilles donc, pour m’enfermer dans un espace qui convient et travailler. Le silence comme un luxe inaccessible. Mais la Porte Dorée reste un havre où je me retrouve, et cela englobe le café des Cascades et sa musique… parce que baucoup d’histoires mêlées s’y croisent, parlent de Charenton, de ma grand-mère, ma tante, mon parrain et Danièle, la Foire du Trône, ma mère évidemment et mes séjours contemporains.

Rennes avec Arthur, deux jours seulement, journée à Saint-Malo, la foule des grands jours dans les rues minérales qui manquent de charme. Peut-être est-ce la promiscuité, je ne m’identifie pas à ces couleurs, mais la grandeur refaite dans les années 1940-1950 par Louis Arretche incarne l’un des fantômes de la reconstruction qui me suivent et qui racontent un monde où j’ai eu l’impression de grandir. Envie de chercher plus loin l’histoire de ces villes entièrement réinventées après la guerre, la signification de l’urbanisme social, le conflit de l’identique et de la modernité, le béton qui sauve.

Belle marche ensuite sur le Sillon depuis les rochers sculptés de Rothéneuf. Histoire étrange de l’abbé Fouré et ses oeuvres d’art brut qui échappent complètement à la sphère religieuse. Cet espace vide entre sa vie spirituelle et sa pratique artistique m’intrigue.

Rennes, les Horizons, la ville moderne. Mon oeil se réfugie toujours dans ces lignes droites.

 

#architecture #architecturedelarecontruction #art #arthur #carnetsdevoyage #friends #louisarretche #minirécit #rennes #saintmalo
25 avril 2023
Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre…. - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x

Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre. Continuer à écrire. Reprendre ses marques, ses lieux, la Porte Dorée, mon roc dans le bois, courir sous la pluie, des heures au café des Cascades où la musique est trop forte mais les conversations me rappellent immédiatement les différences avec New York, le temps qui passe moins vite, tout ne s’offre pas à emporter. Écrire quand même. Hier, la tension palpable, évidente, triste. Démocratie abîmée par l’usage du pouvoir, un conte classique. L’évidence: nombre de ceux qui avaient voté contre Marine Le Pen à la dernière élection, ne le feront pas à la prochaine… le vaisseau fou s’emballe. Besoin d’un autre modèle de toute façon mais lequel? Hommage aux syndicats. Aux manifestants. Question de la violence, de la non violence aussi qui protège trop souvent l’ordre établi, son mythe. Trouver une voie qui reconnaisse d’abord la violence établie, celle qui écrase au quotidien.

Hier soir, Koltès a l’espacé Cardin du théâtre de la ville. Avec un beau Xavier Gallais. Mais le texte n’est pas servi par l’intrusion de la mise en scène. Un texte compliqué au départ dont je crois qu’il faut pouvoir l’entendre, créer l’espace qui le libère plutôt que d’ajouter des niveaux de sens (l’araméen, le Styx, Cain et Abel, la mort, le trou qui aspire le client à la fin). Mais belle petite soirée quand même. Marcher longtemps pour le métro ensuite au milieu d’une foule qui suit le tracé de la ligne 1 Rue de Rivoli au-dessus des stations fermées.

 

#atterrissage #carnetsbiographiques #danslasolitudedeschampsdecoton #démocratieendanger #écrire #espacecardin #home #koltès #littérature #mesancrages #mouvementsocial #performingarts #poèmesenbéton #rocherduzoo #sentirlaville #tensionetdétente #théâtre #theatredelavilleparis
24 mars 2023
Au Colorado, des associations catholiques dépense… - Antoine Vigne

Au Colorado, des associations catholiques dépensent des millions pour obtenir les données privées de téléphone de prêtres, de religieux pour les traquer sur les sites gay, jeter l’opprobre, détruire des vies déjà souffrantes sans doute, à l’étroit, servantes dans la douleur. Aberration. Des millions de dollars? Qu’on aurait pu utiliser contre la pauvreté, la faim, le froid. Mais non, l’homosexualité, la sexualité en général, beaucoup plus grave… Combat des combats de l’Eglise qui se ratatine.

Article étrange aussi, retrouvé dans mes pérégrinations inquiètes, irrépressibles, sur les stigmates et leur histoire, fantasme hallucinant promu et adulé par l’église en fait. Un signe dont la place semble disparaître aujourd’hui parce que la science, l’observation n’autorisent plus l’aberration?

Aberration aussi, au détour de lectures, le curé d’Ars qui ne voulait pas que les jeunes dansent dans son village, le curé d’Ars donc, l’exemple donné, vénéré, comme Bernard de Clairvaux d’ailleurs, même veine, même rigidité cadavérique… plus la chair souffre…Même principe que les stigmates au final, le sang de l’impureté, des règles devenu objet de redemption, de grâce sublime, de purification, annulation, renversement de la chute, du corps, mouvement ascensionnel. Le même mouvement ascensionnel qui contredit toute l’expérience humaine, la pousse, la chahute, la dégrade, profondément, il n’y a plus de place pour l’être, l’être incarné, d’où la fusion totale, nécessaire, et les aberrations, toutes les aberrations de purification, le feu, le bûcher, le confessional, forme adoucie de bûcher mais qui demande le reniement, la renonciation, la même, au mal qui règne, qui endolorit la chair. Dolorosa, mère de douleur, mère des douleurs, tout se tient, si bien que le cadre rigide écrase, abîme, comprime le corps, tout ce qui est corps, mais le cadre craque, son bois est mort, quand il lâchera, le vide qu’il contenait se répandra. Dans le feu. Consummation. De l’absolu. Qui n’était pas.

 

#autoportraitsfragmentés #changerlelogociel #disparitionlenteetviolenteducatholicisme #fighthate #homosexualité #moralerestrictive #religion #stupiditédesreligions
11 mars 2023
Un samedi à Chelsea, des expos dans les galeries:… - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x

Un samedi à Chelsea, des expos dans les galeries: sublime découverte des photos de Zanele Muholi que nous ne connaissions pas à Yancey Richardson, mais également revoir les images de Larry Sultan des années 80, celles de Mitch Epstein à Riis Beach dans les années 1970 (rien n’a changé, rien ne change en fait) et puis l’installation vidéo de Charles Atlas, la fragmentation (toujours ce mot, encore la semaine dernière dans le documentaire sur Joan Didion, partout…) des images de Michael Clark, la danse qui se décompose en portraits de vie, de son, des bribes qui se joignent, se rejoignent, disjoignent les conventions, l’idée de totalité simple, narrative, le récit sans cesse voulu par les tenants du grand sens qui recouvre tout. D’autres images aussi, Rose Simpson à Jack Shainman, le hiératisme fluide des statues qui appellent des univers entiers, les dessins de Roberto Cuoghi, une petite série dans la grande installation mais dont chaque élément surprend avec ses accents médiévaux, Louise Bourgeois-esques, enfin les pérégrinations de Minervas Cuevas sur les terres désolées de l’aberration environnementale capitaliste.

Au même moment, d’autres histoires, d’autres récits que je rencontre au fil de mes pérégrinations, me tournent autour, celui de George Dyer et son suicide avant le vernissage de Bacon en 1971, celui de Leonora Carrington et son amour pour Max Ernst, sa vie à Mexico City comme tant d’autres artistes

Je lis Violaine Bérot, Ginsberg, les poèmes romains de Pasolini.

Petit tour d’horizon…

#art #homosexualité #horizonduweekend #littérature #photography #videoart
7 mars 2023
Tant de choses compliquées pendant ce voyage à M… - Antoine Vigne

Tant de choses compliquées pendant ce voyage à Miami. Comme une tempête qui se déploie, the perfect storm, le déséquilibre permanent, l’incapacité de me concentrer, de me libérer du désir, des applis. Avec une forme de violence dans l’intensité du besoin qui mange les heures les unes après les autres, des bouts de nuit dont je sais que je ne les rattraperai pas, qu’elles empièteront sur mon travail la lendemain parce que je me réveillerai à la même heure, toujours. Je travaille quand même, je sais qu’une partie de la difficulté vient de cela, de ce moment de réécriture compliqué où je m’emmêle, je me sens fragile, menacé. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’atmosphère générale de mon voyage, l’impression d’être perdu sans cesse, l’impression de solitude, l’impression de courir après les fantômes tropicaux de mes nuits sur la plage pendant Art Basel quand je travaillais pour Blue Medium, quand mes journéessur les stands et dans les foires se terminaient dans la demi-obscurité près des chaises longues empilées, des cahutes fermées face à la mer autour desquelles se glissaient des formes mouvantes, des corps cherchant et désirant, que je regardais les nuages filer en pensant à Hemingway, en rêvant à cette Floride fantasmée, celle de Julia Tuttle et des Brickell, celles d’un avant engloutissant aussi bien le temps des pionniers que celui des années 30 ou des années 50 ou 70, de l’Art Déco aux grosses voitures, des Juifs de l’après-guerre aux gays de la renaissance sud-floridienne. Mais avant l’argent bourgeois, grossier, stupide de ce maintenant que je ne réussis pas à saisir. Des heures donc, perdues. Essoufflées. Je regarde la mer et la lagune depuis le balcon de l’appartement de Steve. Je contemple les immeubles qui se multiplient, celui qui monte de l’autre côté de la rue, sur Alton Road, je tente trois mots, je m’arrête. Mais rien ne vient. Rien ne vient. Et impossible à ce moment-là de continuer à travailler, les quelques phrases que je jette sur l’écran ne signifient rien, elles sont une tentative de mon esprit de se convaincre que tout va bien, je maitrise, j’avance quand même, allez, un deuxième café pour continuer, mais non, NON, rien, je ne suis pas là.

#autoportraitsfragmentés #carnetsdevoyage #écrire
25 février 2023
Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’expos… - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x
x

Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’exposition de Gego, les sculptures qui habitent l’espace sans l’habiter, la simplicité de l’objet qui se perçoit et qui s’efface dans le même temps, des tapisseries insaisissables dessinent des graphes, des courbes de niveau, des chutes (d’eau?), la pesanteur, une sphère dans une sphère, cheminement vers un abstrait qui joue avec la forme, avec le fantôme du volume, une géométrie qui ne contraint plus. Certains élans me rappellent ceux des dessins de Lebbeus Woods. Mais je crois que la juxtaposition avec le travail de Sarah Sze dessert l’exposition, son exubérance devient chaotique et incontrôlée, à la différence de la sophistication simple des oeuvres de Gego. En toile de fond, l’image de Caracas, de la modernité de Villanueva et le béton, encore, toujours.

Deux films sur Baldwin regardés hier soir avec Jonathan sur le Criterion Channel, l’un à Paris, l’autre à Istanbul, des entretiens dont la prescience fascine, la ligne s’annonce toute droite entre son insistance que le dialogue est impossible avec son interviewer qui ne peut pas penser l’enfermement noir et les mouvements contemporains, Black Lives Matter, la décolonisation de nos cultures, la fin d’une civilisation occidentale en perspective. Il avait déjà tout vu, tout pensé. Son refus de se laisser entraîner dans un dialogue dont le présupposé est biaisé est prophétique. Même si cela en agacera certains.

Aussi, traverser la ville puis Central Park à vélo. Soirée chez Bénédicte et Keith, rencontres, lectures de Racine que j’entreprends de relire in extenso. Violaine Bérot aussi, et Audrey Lorde.

Et film époustouflant de Sam Green vendredi soir au Film Forum avec Steve et Michael: 32 Sounds. En émerge la figure d’Anna Lockwood et la recherche de la musique. Lien à Bernie Krause aussi évidemment. Et puis le 4’33 de John Cage. Pensé à Philip Glass et Terry Riley dont je ne réussissais plus à me rappeler le nom. Vision d’In C. Toutes les recherches expérimentales sur la musique se chevauchent.

#art #friends #littérature
12 juin 2023
Belle semaine en fait, dense et compliquée par ce… - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x

Belle semaine en fait, dense et compliquée par certains aspects, le retour – je dirais la rentrée comme on parle d’une rentrée dans l’atmosphère – à New York est toujours compliqué, dense, fait de mondes qui s’entrechoquent, un désir que l’ajustement se fasse sans vagues mais les ondulations concentriques continuent de se faire sentir généralement pendant des jours qui deviennent parfois semaines… gérer le débordement d’un monde sur l’autre donc.

Conversation avec Azu Nwagbogu pour un article/entretien à venir dans L’Architecture d’aujourd’hui. Bel échange, la notion de scène africaine compliquée, la question des restitutions comme manière de penser l’humanité, la perte d’une intelligence, dit-il, cela me fait penser au Rêve mexicain de Le Clezio, l’idée d’une pensée interrompue dont nous avons mal conscience mais dont la trace pourrait se retrouver enfin dans la création, la photographie contemporaine notamment. Des noms, des images – Thierry Oussou, Moufouli Bello, Joana Choumali, et puis évidemment Zanele Muholi, Ibrahim Mahama), envie de creuser comme toujours dans ces moments-là, comment garder le cap et chercher dans les méandres qui s’offrent ?

Cécile à la maison une partie de la semaine. Marches longues. Échanges sur le manque, le deuil. Hier soirée à San Pedro Tavern à Red Hook autour d’Anthony et Sammy qui partent pour Berlin pour trois mois. Conversation longue avec Eric de narchitects, à propos Giono étonnamment puisque je viens de relire la Naissance de l’Odyssée… mais à propos de son père aussi, de son rapport à l’écriture. Dans une librairie sur le chemin, trouvé La Seconde de Colette et ses Lettres au petit corsaire, ainsi qu’un Naomi Klein et livre à la couverture de 73 qui m’attire évidemment.

 

#art #friends #jonathan #littérature #minirécit #ondulationsconcentriques #rentréedanslatmosphère #sanpedrotavern #semainederetour
15 mai 2023
Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de … - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x

Difficulté à écrire dans les cafés, il y a de la musique partout. Pas un où j’ai vraiment trouvé le calme depuis un mois alors que, chaque fois, avant d’entrer, j’espère. Bouchons d’oreilles donc, pour m’enfermer dans un espace qui convient et travailler. Le silence comme un luxe inaccessible. Mais la Porte Dorée reste un havre où je me retrouve, et cela englobe le café des Cascades et sa musique… parce que baucoup d’histoires mêlées s’y croisent, parlent de Charenton, de ma grand-mère, ma tante, mon parrain et Danièle, la Foire du Trône, ma mère évidemment et mes séjours contemporains.

Rennes avec Arthur, deux jours seulement, journée à Saint-Malo, la foule des grands jours dans les rues minérales qui manquent de charme. Peut-être est-ce la promiscuité, je ne m’identifie pas à ces couleurs, mais la grandeur refaite dans les années 1940-1950 par Louis Arretche incarne l’un des fantômes de la reconstruction qui me suivent et qui racontent un monde où j’ai eu l’impression de grandir. Envie de chercher plus loin l’histoire de ces villes entièrement réinventées après la guerre, la signification de l’urbanisme social, le conflit de l’identique et de la modernité, le béton qui sauve.

Belle marche ensuite sur le Sillon depuis les rochers sculptés de Rothéneuf. Histoire étrange de l’abbé Fouré et ses oeuvres d’art brut qui échappent complètement à la sphère religieuse. Cet espace vide entre sa vie spirituelle et sa pratique artistique m’intrigue.

Rennes, les Horizons, la ville moderne. Mon oeil se réfugie toujours dans ces lignes droites.

 

#architecture #architecturedelarecontruction #art #arthur #carnetsdevoyage #friends #louisarretche #minirécit #rennes #saintmalo
25 avril 2023
Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre…. - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x

Paris. Deux jours. Arriver. Trouver un équilibre. Continuer à écrire. Reprendre ses marques, ses lieux, la Porte Dorée, mon roc dans le bois, courir sous la pluie, des heures au café des Cascades où la musique est trop forte mais les conversations me rappellent immédiatement les différences avec New York, le temps qui passe moins vite, tout ne s’offre pas à emporter. Écrire quand même. Hier, la tension palpable, évidente, triste. Démocratie abîmée par l’usage du pouvoir, un conte classique. L’évidence: nombre de ceux qui avaient voté contre Marine Le Pen à la dernière élection, ne le feront pas à la prochaine… le vaisseau fou s’emballe. Besoin d’un autre modèle de toute façon mais lequel? Hommage aux syndicats. Aux manifestants. Question de la violence, de la non violence aussi qui protège trop souvent l’ordre établi, son mythe. Trouver une voie qui reconnaisse d’abord la violence établie, celle qui écrase au quotidien.

Hier soir, Koltès a l’espacé Cardin du théâtre de la ville. Avec un beau Xavier Gallais. Mais le texte n’est pas servi par l’intrusion de la mise en scène. Un texte compliqué au départ dont je crois qu’il faut pouvoir l’entendre, créer l’espace qui le libère plutôt que d’ajouter des niveaux de sens (l’araméen, le Styx, Cain et Abel, la mort, le trou qui aspire le client à la fin). Mais belle petite soirée quand même. Marcher longtemps pour le métro ensuite au milieu d’une foule qui suit le tracé de la ligne 1 Rue de Rivoli au-dessus des stations fermées.

 

#atterrissage #carnetsbiographiques #danslasolitudedeschampsdecoton #démocratieendanger #écrire #espacecardin #home #koltès #littérature #mesancrages #mouvementsocial #performingarts #poèmesenbéton #rocherduzoo #sentirlaville #tensionetdétente #théâtre #theatredelavilleparis
24 mars 2023
Au Colorado, des associations catholiques dépense… - Antoine Vigne

Au Colorado, des associations catholiques dépensent des millions pour obtenir les données privées de téléphone de prêtres, de religieux pour les traquer sur les sites gay, jeter l’opprobre, détruire des vies déjà souffrantes sans doute, à l’étroit, servantes dans la douleur. Aberration. Des millions de dollars? Qu’on aurait pu utiliser contre la pauvreté, la faim, le froid. Mais non, l’homosexualité, la sexualité en général, beaucoup plus grave… Combat des combats de l’Eglise qui se ratatine.

Article étrange aussi, retrouvé dans mes pérégrinations inquiètes, irrépressibles, sur les stigmates et leur histoire, fantasme hallucinant promu et adulé par l’église en fait. Un signe dont la place semble disparaître aujourd’hui parce que la science, l’observation n’autorisent plus l’aberration?

Aberration aussi, au détour de lectures, le curé d’Ars qui ne voulait pas que les jeunes dansent dans son village, le curé d’Ars donc, l’exemple donné, vénéré, comme Bernard de Clairvaux d’ailleurs, même veine, même rigidité cadavérique… plus la chair souffre…Même principe que les stigmates au final, le sang de l’impureté, des règles devenu objet de redemption, de grâce sublime, de purification, annulation, renversement de la chute, du corps, mouvement ascensionnel. Le même mouvement ascensionnel qui contredit toute l’expérience humaine, la pousse, la chahute, la dégrade, profondément, il n’y a plus de place pour l’être, l’être incarné, d’où la fusion totale, nécessaire, et les aberrations, toutes les aberrations de purification, le feu, le bûcher, le confessional, forme adoucie de bûcher mais qui demande le reniement, la renonciation, la même, au mal qui règne, qui endolorit la chair. Dolorosa, mère de douleur, mère des douleurs, tout se tient, si bien que le cadre rigide écrase, abîme, comprime le corps, tout ce qui est corps, mais le cadre craque, son bois est mort, quand il lâchera, le vide qu’il contenait se répandra. Dans le feu. Consummation. De l’absolu. Qui n’était pas.

 

#autoportraitsfragmentés #changerlelogociel #disparitionlenteetviolenteducatholicisme #fighthate #homosexualité #moralerestrictive #religion #stupiditédesreligions
11 mars 2023
Un samedi à Chelsea, des expos dans les galeries:… - Antoine Vigne
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x

Un samedi à Chelsea, des expos dans les galeries: sublime découverte des photos de Zanele Muholi que nous ne connaissions pas à Yancey Richardson, mais également revoir les images de Larry Sultan des années 80, celles de Mitch Epstein à Riis Beach dans les années 1970 (rien n’a changé, rien ne change en fait) et puis l’installation vidéo de Charles Atlas, la fragmentation (toujours ce mot, encore la semaine dernière dans le documentaire sur Joan Didion, partout…) des images de Michael Clark, la danse qui se décompose en portraits de vie, de son, des bribes qui se joignent, se rejoignent, disjoignent les conventions, l’idée de totalité simple, narrative, le récit sans cesse voulu par les tenants du grand sens qui recouvre tout. D’autres images aussi, Rose Simpson à Jack Shainman, le hiératisme fluide des statues qui appellent des univers entiers, les dessins de Roberto Cuoghi, une petite série dans la grande installation mais dont chaque élément surprend avec ses accents médiévaux, Louise Bourgeois-esques, enfin les pérégrinations de Minervas Cuevas sur les terres désolées de l’aberration environnementale capitaliste.

Au même moment, d’autres histoires, d’autres récits que je rencontre au fil de mes pérégrinations, me tournent autour, celui de George Dyer et son suicide avant le vernissage de Bacon en 1971, celui de Leonora Carrington et son amour pour Max Ernst, sa vie à Mexico City comme tant d’autres artistes

Je lis Violaine Bérot, Ginsberg, les poèmes romains de Pasolini.

Petit tour d’horizon…

#art #homosexualité #horizonduweekend #littérature #photography #videoart
7 mars 2023
Tant de choses compliquées pendant ce voyage à M… - Antoine Vigne

Tant de choses compliquées pendant ce voyage à Miami. Comme une tempête qui se déploie, the perfect storm, le déséquilibre permanent, l’incapacité de me concentrer, de me libérer du désir, des applis. Avec une forme de violence dans l’intensité du besoin qui mange les heures les unes après les autres, des bouts de nuit dont je sais que je ne les rattraperai pas, qu’elles empièteront sur mon travail la lendemain parce que je me réveillerai à la même heure, toujours. Je travaille quand même, je sais qu’une partie de la difficulté vient de cela, de ce moment de réécriture compliqué où je m’emmêle, je me sens fragile, menacé. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’atmosphère générale de mon voyage, l’impression d’être perdu sans cesse, l’impression de solitude, l’impression de courir après les fantômes tropicaux de mes nuits sur la plage pendant Art Basel quand je travaillais pour Blue Medium, quand mes journéessur les stands et dans les foires se terminaient dans la demi-obscurité près des chaises longues empilées, des cahutes fermées face à la mer autour desquelles se glissaient des formes mouvantes, des corps cherchant et désirant, que je regardais les nuages filer en pensant à Hemingway, en rêvant à cette Floride fantasmée, celle de Julia Tuttle et des Brickell, celles d’un avant engloutissant aussi bien le temps des pionniers que celui des années 30 ou des années 50 ou 70, de l’Art Déco aux grosses voitures, des Juifs de l’après-guerre aux gays de la renaissance sud-floridienne. Mais avant l’argent bourgeois, grossier, stupide de ce maintenant que je ne réussis pas à saisir. Des heures donc, perdues. Essoufflées. Je regarde la mer et la lagune depuis le balcon de l’appartement de Steve. Je contemple les immeubles qui se multiplient, celui qui monte de l’autre côté de la rue, sur Alton Road, je tente trois mots, je m’arrête. Mais rien ne vient. Rien ne vient. Et impossible à ce moment-là de continuer à travailler, les quelques phrases que je jette sur l’écran ne signifient rien, elles sont une tentative de mon esprit de se convaincre que tout va bien, je maitrise, j’avance quand même, allez, un deuxième café pour continuer, mais non, NON, rien, je ne suis pas là.

#autoportraitsfragmentés #carnetsdevoyage #écrire
25 février 2023