D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne
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D’autres images du week-end, la route, le café avec Mel à Vergennes puis Albany, la capitale où l’on ne s’arrête jamais, dont on aperçoit toujours l’oeuf en béton, “the egg” comme on l’appelle ici. Un arrêt donc cette fois dans le froid qui mord, et la grande esplanade s’ouvre au-dessus de l’Hudson avec les drapeaux de l’État. L’oeuf est là, je lis les années de construction comme un manifeste, 1966-1978, ce sont mes années, celles qui me fascinent (comme beaucoup mais plus que d’autres, c’est le monde qui a un sens pour moi, celui où tous ceux que j’aime sont vivants et que je peux imaginer sans mal, sans douleur). L’egg, c’est Wallace Harrison tout de même, l’architecte du Lincoln Center, des Nations-Unies. L’esplanade a quelque chose d’étrange, une scène de science-fiction comme tous les downtowns américains pendant le week-end, la ville déserte et l’image en miroir en sous-sol, sous la dalle, des allées à n’en plus finir qui font se rejoindre le parlement, le musée, la salle de concert, le palais du gouvernement, d’immenses couloirs éclairés de néons aux restaurants fermés et des sculptures monumentales dans les coins. Je n’ai pas de photos, juste les images qui me restent en tête mais c’est comme dans le THX de George Lucas, la lumière blanche, la sensation que tout est rectiligne, trop droit, trop rigide. La semaine se poursuit ensuite , Jonathan est à LA, il y a de la neige. Beaucoup de lectures, des vidéos, des recherches (des conférences de Florence Tamagne et de Maurice Sartre que je trouve sur Internet à propos de l’homosexualité dans le monde antique et les noms qui fusent, Pausanias, Alcibiade puis le Corydon de Gide qu’il faut que je lise, et Lucien de Samosate). Puis les journées denses autour de l’écriture du livre sur la maison pour Chloé et Jean (les moments passés à me replonger dans les images de Gordon Matta Clark, sublimes…) et les cours d’espagnol avec Cristian. Je l’ai dit. Tout est bien.

#albanynewyork #andrégide #architecture #art #corydongide #écrire #florencetamagne #gordonmattaclark #harrisonabramovitz #histoiredelhomosexualité #littérature #mauricesartre #minirécit #poèmesenbéton #semainedhiver #wallaceharrison
3 février 2022
Quatre jours dans le Vermont, la lumière évidemm… - Antoine Vigne
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Quatre jours dans le Vermont, la lumière évidemment, la neige, une escapade d’hiver qui fait du bien après des semaines intenses, les textes à produire, le froid, la recherche. Le lac Champlain s’ouvre face à nous comme un espace sombre dans la nuit après les heures de route. Le lendemain, Jonathan a froid, moi aussi, le vent transporte un air glacé qui frappe la peau, qui la martèle mais la lumière gagne, il faut rester et la regarder, là, face au lac. Une idée, comme toujours, que serait notre vie dans un endroit comme celui-là?, elle revient à chaque fois que nous voyageons, , quel que soit le pays, quel que soit l’endroit, un désir d’ailleurs jamais satisfait, toujours en quête de son objet, de son ancrage, un vide que l’on ne peut pas combler dirait Olivier Py, mais que nous contemplons à deux, fascinés par ce qui n’est pas et pourrait être. Burlington, un centre, quelques lumières, des maisons posées, tranquilles, des brasseries où l’on boit de la bière locale, une librairie où je me perds dans les titres sur le taoïsme et où j’achète un Joan Didion et un Bell Hooks – combien d’auteurs, de musiciens, n’ai-je lus ou écoutés qu’après leur mort? –, et le retour chez les cousins, Launa, Alec, Harry, les jeux, les rues blanches, les montagnes dans le lointain, une collection de livres d’enfant anciens que me présente Launa et dans lesquels je me plonge, aspiré par les illustrations, les mots tout autant que par la texture des pages, et les conversations, les flammes dans le poêle, des éclats de rire. Un week-end… #vermont #weekenddhiver #minirécit #librairie #bookstore #speaksvolumebookstore #burlingtonvermont #livrespourenfants #livresillustrés #amosandboris #extrayarn #asickdayforamosmcgee #philipstead #williamsteig #macbarnett #olivierpy #famille #joandidion #bellhooks #livres #lumièredhiver

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31 janvier 2022
Tant de choses ces dernières semaines, tant d’h… - Antoine Vigne
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Tant de choses ces dernières semaines, tant d’humeurs, d’émotions, de questions sur le monde, sur la manière d’écrire dans ce contexte, des heures à lire aussi, Marie Darrieussecq (sublime Pas dormir qui se dévoile comme un panorama de la vie qui s’insinue dans les heures d’ombre et de fatigue), Saint Ex aussi, de vieux textes apocryphes, les poèmes d’Etel Adnan… et puis les marches dans le froid, Danny qui passe la journée ici de retour de Londres et les échanges sur l’accueil du risque, du changement, l’intimité, ces mois de solitude étrange, et puis hier Anthony et Sammy que je retrouve au Jewish Museum pour l’exposition inspirée par le Lièvre aux yeux d’ambre d’Edmund de Waal avec l’histoire de Charles Ephrussi et Charles Swann en toile de fond, les netsuke retrouvés et la mémoire qu’ils représentent, ainsi que les photos d’August Sanders de juifs martyrisées dont je ne peux me détacher. Le soir, longue conversation chez eux sur la fragmentation et la totalité, sur la religion et le fatalisme et la survie, la création comme outil de vie et de survie toute simple, détachée des angoisses de la reconnaissance, un outil simple, presque monacal dont l’écho me semble si évident maintenant.

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21 décembre 2021
Un voyage en train, la gare de Beaugency et les so… - Antoine Vigne
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Un voyage en train, la gare de Beaugency et les souvenirs de mon père qui y arrivait, la voie de l’aerotrain, les entrepôts et les plateformes de logistique qui se construisent un peu partout, les signes d’un temps, les conversations avec Adelaïde et Éric la semaine dernière -ô combien fabuleuse -, la performance de Sandrine Rousseau qui m’intrigue, me fait envie, tout autant que celle de Yannick Jadot d’ailleurs mais peut-être plus, vouloir y croire, vouloir croire qu’on peut changer le monde, qu’il y a un au-delà du modèle, une réinvention possible (consensuelle?), désirée en tous cas et que je sens, d’une manière ou d’une autre partout depuis mon arrivée ici, dans des personnalités aussi diverses que Monique, François, Emmanuelle, Isa évidemment, et Romain et tant d’autres, malgré les sensibilités, les expressions qui ne se recoupent pas toujours, l’éco féminisme qui en fâchera certains et en attirera d’autres mais la jouissance d’un monde qui broie les idées à plein régime, comme j’ai aimé imaginer d’autres époques de querelles fascinantes autour du socialisme, de la république, de l’iconoclasme peut-être (l’image au coeur de tout, cet autre temps qui devait ressembler au nôtre), et les vélos, Paris qui m’apparaît trépidante dans son désordre plein de vie, le contraste avec une Amérique qui ne se nourrit pas encore de tout cela, pas dans sa chair en tous les cas

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20 septembre 2021
La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devant laque… - Antoine Vigne
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La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devant laquelle je passe en longeant la Loire en vélo – pourquoi cette architecture me parle-t-elle tant, le béton, l’insigne d’un temps peut-être, l’étrangeté de notre volontarisme, la tour évidemment, phallique, posée, symbole de nos folies ?–, les oeuvres d’André Bloc et de Michael Hansmeyer que je trouve au FRAC Centre et qui se rejoignent dans leur idée de la forme qui prime et qui exprime, avec l’envie théâtrale aussi chez Hansmeyer qui me parle de la Grèce Antique, de la Renaissance, comme une vision renouvelée du Teatro Olimpico de Vicence, et puis un refuge de berger trouvé dans la lande avec ma mère, la chapelle du Villiers et ses peintures du XIIIe siècle que nous présente une cousine (sans doute) que nous ne connaissions pas mais qui prend le temps de nous raconter sa restauration, la vie qui s’est organisée dans le village autour de ce projet du patrimoine, les visites et les conteurs qui viennent, et puis, plus tard, le lendemain, un sanglier dans la forêt et la lecture de Marceline Loridan que je retrouve toujours comme si elle était une évidence – ses mots collent au réel, ils ne l’affublent de rien, jamais, la vie est brute parce qu’elle est survécue peut-être, j’aime, j’aime la lire – et le yoga enfin, dans le jardin, dans le soleil de fin d’été et de début d’automne, dans l’entre-deux, qui me fait du bien

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13 septembre 2021
Un dolmen dans les champs de Tavers, la lumière q… - Antoine Vigne
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Un dolmen dans les champs de Tavers, la lumière qui se cherche entre les nuages, une semaine d’installation dans la maison où il y a tant à faire, les conversations avec ma mère sur l’Eglise et la religion et le doute et le surmoi et le monde qui change, nos humeurs qui passent et de dissipent et nous surprennent, et puis les livres, les pages, le Congo d’Eric Vuillard qui me distrait plus qu’il ne m’intrigue mais qui me rappelle ce lien étrange et nostalgique que nous gardons malgré nous avec certaines histoires de la colonisation, le nom de Stanley, les images avec lesquelles nous avons grandi (là aussi une conversation sur les croisades, l’Empire français que nos cours d’école nous apprenaient à aimer, encore si récemment, comment tout cela est-il possible? Et comment s’en défaire tout fait sans avoir l’impression qu’un pan de soi et ses images s’effondrent? Accepter l’effondrement finalement…), et puis l’attente de Jonathan, Paris où je dépose ma mère au train, les fresques de la Gare de Lyon, et puis les rues de la Porte Dorée, la nuit, le tram, ma tante Christine que je vais voir dans son Ehpad, les magazines qu’on lit ensemble, le sourire qui est le sien et qui revient sans cesse au détour de plaisanteries sur les images de l’actualité, les rois, les reines, Macron, le lien qui m’attache par elle a tout ce qui a été, à ce qui reste, ce fil tenu, effiloché, prêt à se rompre. Début de vacances.

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8 août 2021
Une femme trans au supermarché cet après-midi…. - Antoine Vigne

Une femme trans au supermarché cet après-midi. Elle portait un masque, un vrai masque en céramique qui lui donnait un air étrange de marionette, le teint crème, presque beige, les cheveux rouges roux, une petite robe noire et des sandales roses, les ongles assez longs, pointus et d’un bleu clair, des mains d’hommes, elle se regardait sans cesse de ses grands yeux vides dans la glace du magasin en attendant comme nous tous de pouvoir entrer à cause des restrictions COVID. Elle portait un sac au coude avec l’avant bras relevé, sa main était arquée comme une actrice qui surjoue la pose féminine. Je l’ai aperçue encore dans les allées puis quand elle est allé payer, puis je l’ai vue à nouveau sur Argyle Street près de la Capitol Records Tower. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai pensé qu’elle allait rejoindre les tentes des sans-abris toutes proches. Et j’ai aussi pensé qu’il y a une histoire à écrire sur elle, son mystère, la manière dont tout le monde la regarde, la lumière qui auréolait ses cheveux relevés par le vent quand je suis passé devant elle en voiture alors qu’elle traversait un trottoir poussiéreux d’où s’envolaient les pigeons. C’était comme une scène de théâtre, une vision.

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14 octobre 2020
Joshua Tree, en Californie. Le haut désert, le s… - Antoine Vigne
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Joshua Tree, en Californie. Le haut désert, le sable, les roches énormes posées partout, accumulées en formation étranges et fabuleuses, les maisons de loin en loin, entourées de bric-à-brac, de voitures rouillées, de sculptures qu’on appellerait d’art brut – il faut vivre dans son monde intérieur lorsqu’on s’établit dans le désert – les routes tracées dans le sable qui file comme de la soie sous les roues de la voiture. Tout est sensuel. Je lis Huysmans, À Rebours. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai jamais lu, pourquoi j’ai décidé de le lire ici. Ma mère m’a rappelé qu’il était l’un des auteurs préférés de Mamée, ma grand-mère qui a passé sa vie à lire et dont j’ai dû hériter le goût des livres. Les pages défilent, les descriptions incroyablement méticuleuses, précieuses des intérieurs créés par Jean des Esseintes puis celles de sa bibliothèque et de sa prédilection pour les auteurs latins, pour Pétrone, Aulu-Gelle, Apulée, Tertullien. Une description que personne ne pourrait plus écrire aujourd’hui, en décalage total avec ce qui m’entoure et qui ouvre un espace de jouissance absolue. Des images me reviennent, celles d’un été aux Lecques, dans le sud de la France. Ce doit être l’été 1987, celui de la mort de mon père. Je suis sur le sable, entouré de la foule estivale, des corps en train de bronzer, des cris de ceux qui lancent des ballons, jouent au racquet-ball au bord de l’eau. Je suis sur ma serviette, je sens la brulure du soleil, je lis Zola, L’Assommoir, et, là aussi, le décalage entre le monde autour de moi et celui qui s’ouvre dans les pages que je lis est total. C’est comme un vertige. La folie de la littérature. Et c’est exactement ce que décrit Huysmans. Tout est fantasme. #huysmans #arebours #joshuatree #désert #zola #assommoir #petrone #apulée #tertullien #aulugelle #leslecques #minirécit #littérature #literature #instabook #instalivre #bookstagram #livrestagram #livres #books #bookaholic #bookaddict #livreaddict #bookworm #booknerd #reading #lire #lecture

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13 septembre 2020
Le béton qui règne, les ouvertures rondes perc… - Antoine Vigne
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Le béton qui règne, les ouvertures rondes percées dans les murs, sur toutes les surfaces, et qui se répètent comme les symboles sculptés d’un cloître ou d’une agora, les carillons en fonte et en terre cuite immobiles dans le soleil, le désert tout autour, les escaliers qui montent et qui descendent autour des absides ouvertes sur l’extérieur, les espaces dessinés comme des invitations au partage du temps, le mélange de futurisme et de réécriture des gestes antiques. Et puis les résidents, l’homme de l’accueil à l’humeur bourrue mais généreuse, la guide tristement médiocre qui ne semble pas comprendre la beauté dépassée des lieux dont le message sonne parfaitement juste dans notre époque d’explosion urbaine, de marchandisation du tout et rien et d’hyper-consommation, mais qui réussit tout de même à parler rapidement du rôle de l’architecture comme vecteur de changement social. J’avais toujours voulu visiter Arcosanti, l’éco-cité inachevée de Paolo Soleri dans le désert de l’Arizona, et nous y voilà. Perdus entre les années 1970 et un futur qui semble sans cesse plus élusif. Un mirage en forme de caravansérail hippie, une vision comme dans un récit d’Enki Bilal ou dans les sables de Mad Max. Parfait pour l’ère du temps… #arcosanti #paolosoleri #architecture #architectureprospective #architectureutopique #utopie #1970s #écocité #arcologie #urbanisme #arizona #désert #caravansérail #enkibilal #madmax #vision #agora #cloitre #récit #minirécit #uneautreamérique #ontheroad #2020

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12 septembre 2020
Memphis donc… une ville comme toutes ces villes … - Antoine Vigne
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Memphis donc… une ville comme toutes ces villes moyennes américaines, endormies dans un passé dont ne subsiste que de grands immeubles vides et des autoroutes encerclant le centre de leurs grands arcs de bétons. On y perçoit la trace du XXe siècle, la richesse du début portée par l’industrie du coton puis l’explosion démographique, la ruée vers les gratte-ciels pour prouver la réussite, et, au tournant des années 1960, l’exode massif vers les banlieues, ce dernier porté par de grands axes dessinés pour convoyer les trajets quotidiens d’une population blanche aisée mais ayant laissé des cicatrices immenses dans le tissu urbain morcelé jusqu’à l’étranglement. De tout cela il émerge une friche urbaine mélancolique qui n’est pas sans attrait pour ceux qui, comme moi, aiment les paysages oubliés et couverts de signes: des rues bordées d’espaces en friche, de maisons à moitié démolies, de grillages qui ne gardent plus rien sinon une vague idée de propriété individuelle, et des quartiers qui s’étendent sans fin, sans limite, sur un territoire trop grand. Il y a aussi Beale Street bien sûr, et plus encore Graceland et le Lorraine Motel où fut assassiné Martin Luther King, témoins de la place de Memphis dans la mémoire collective, mais c’est le Mississippi qui domine tout, même cette pyramide aberrante et fabuleuse devenue un magasin de chasse et de pêche, le Mississippi qui, comme le Nil, donne sa raison d’être à la ville, qui l’habite et la hante et la charge d’histoires, des histoires de colons, de trappeurs, d’esclaves et d’oppression, de musique et de néons colorés dans la nuit. Le Mississippi qui coule, immense et magnifique, boueux et sauvage. L’âme de l’Amérique. #memphis #tennessee #mississippi #america #imagesdamerique #uneautreamerique #graceland #paysagesurbains #urbanisme #martinlutherking #mlk #lorrainemotel #elvispresley #esclavage #slavetrade #récit #minirécit #carnetsdamerique #histoiresdamerique

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3 mars 2020
D’autres images du week-end, la route, le café … - Antoine Vigne
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D’autres images du week-end, la route, le café avec Mel à Vergennes puis Albany, la capitale où l’on ne s’arrête jamais, dont on aperçoit toujours l’oeuf en béton, “the egg” comme on l’appelle ici. Un arrêt donc cette fois dans le froid qui mord, et la grande esplanade s’ouvre au-dessus de l’Hudson avec les drapeaux de l’État. L’oeuf est là, je lis les années de construction comme un manifeste, 1966-1978, ce sont mes années, celles qui me fascinent (comme beaucoup mais plus que d’autres, c’est le monde qui a un sens pour moi, celui où tous ceux que j’aime sont vivants et que je peux imaginer sans mal, sans douleur). L’egg, c’est Wallace Harrison tout de même, l’architecte du Lincoln Center, des Nations-Unies. L’esplanade a quelque chose d’étrange, une scène de science-fiction comme tous les downtowns américains pendant le week-end, la ville déserte et l’image en miroir en sous-sol, sous la dalle, des allées à n’en plus finir qui font se rejoindre le parlement, le musée, la salle de concert, le palais du gouvernement, d’immenses couloirs éclairés de néons aux restaurants fermés et des sculptures monumentales dans les coins. Je n’ai pas de photos, juste les images qui me restent en tête mais c’est comme dans le THX de George Lucas, la lumière blanche, la sensation que tout est rectiligne, trop droit, trop rigide. La semaine se poursuit ensuite , Jonathan est à LA, il y a de la neige. Beaucoup de lectures, des vidéos, des recherches (des conférences de Florence Tamagne et de Maurice Sartre que je trouve sur Internet à propos de l’homosexualité dans le monde antique et les noms qui fusent, Pausanias, Alcibiade puis le Corydon de Gide qu’il faut que je lise, et Lucien de Samosate). Puis les journées denses autour de l’écriture du livre sur la maison pour Chloé et Jean (les moments passés à me replonger dans les images de Gordon Matta Clark, sublimes…) et les cours d’espagnol avec Cristian. Je l’ai dit. Tout est bien.

#albanynewyork #andrégide #architecture #art #corydongide #écrire #florencetamagne #gordonmattaclark #harrisonabramovitz #histoiredelhomosexualité #littérature #mauricesartre #minirécit #poèmesenbéton #semainedhiver #wallaceharrison
3 février 2022
Quatre jours dans le Vermont, la lumière évidemm… - Antoine Vigne
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Quatre jours dans le Vermont, la lumière évidemment, la neige, une escapade d’hiver qui fait du bien après des semaines intenses, les textes à produire, le froid, la recherche. Le lac Champlain s’ouvre face à nous comme un espace sombre dans la nuit après les heures de route. Le lendemain, Jonathan a froid, moi aussi, le vent transporte un air glacé qui frappe la peau, qui la martèle mais la lumière gagne, il faut rester et la regarder, là, face au lac. Une idée, comme toujours, que serait notre vie dans un endroit comme celui-là?, elle revient à chaque fois que nous voyageons, , quel que soit le pays, quel que soit l’endroit, un désir d’ailleurs jamais satisfait, toujours en quête de son objet, de son ancrage, un vide que l’on ne peut pas combler dirait Olivier Py, mais que nous contemplons à deux, fascinés par ce qui n’est pas et pourrait être. Burlington, un centre, quelques lumières, des maisons posées, tranquilles, des brasseries où l’on boit de la bière locale, une librairie où je me perds dans les titres sur le taoïsme et où j’achète un Joan Didion et un Bell Hooks – combien d’auteurs, de musiciens, n’ai-je lus ou écoutés qu’après leur mort? –, et le retour chez les cousins, Launa, Alec, Harry, les jeux, les rues blanches, les montagnes dans le lointain, une collection de livres d’enfant anciens que me présente Launa et dans lesquels je me plonge, aspiré par les illustrations, les mots tout autant que par la texture des pages, et les conversations, les flammes dans le poêle, des éclats de rire. Un week-end… #vermont #weekenddhiver #minirécit #librairie #bookstore #speaksvolumebookstore #burlingtonvermont #livrespourenfants #livresillustrés #amosandboris #extrayarn #asickdayforamosmcgee #philipstead #williamsteig #macbarnett #olivierpy #famille #joandidion #bellhooks #livres #lumièredhiver

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31 janvier 2022
Tant de choses ces dernières semaines, tant d’h… - Antoine Vigne
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Tant de choses ces dernières semaines, tant d’humeurs, d’émotions, de questions sur le monde, sur la manière d’écrire dans ce contexte, des heures à lire aussi, Marie Darrieussecq (sublime Pas dormir qui se dévoile comme un panorama de la vie qui s’insinue dans les heures d’ombre et de fatigue), Saint Ex aussi, de vieux textes apocryphes, les poèmes d’Etel Adnan… et puis les marches dans le froid, Danny qui passe la journée ici de retour de Londres et les échanges sur l’accueil du risque, du changement, l’intimité, ces mois de solitude étrange, et puis hier Anthony et Sammy que je retrouve au Jewish Museum pour l’exposition inspirée par le Lièvre aux yeux d’ambre d’Edmund de Waal avec l’histoire de Charles Ephrussi et Charles Swann en toile de fond, les netsuke retrouvés et la mémoire qu’ils représentent, ainsi que les photos d’August Sanders de juifs martyrisées dont je ne peux me détacher. Le soir, longue conversation chez eux sur la fragmentation et la totalité, sur la religion et le fatalisme et la survie, la création comme outil de vie et de survie toute simple, détachée des angoisses de la reconnaissance, un outil simple, presque monacal dont l’écho me semble si évident maintenant.

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21 décembre 2021
Un voyage en train, la gare de Beaugency et les so… - Antoine Vigne
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Un voyage en train, la gare de Beaugency et les souvenirs de mon père qui y arrivait, la voie de l’aerotrain, les entrepôts et les plateformes de logistique qui se construisent un peu partout, les signes d’un temps, les conversations avec Adelaïde et Éric la semaine dernière -ô combien fabuleuse -, la performance de Sandrine Rousseau qui m’intrigue, me fait envie, tout autant que celle de Yannick Jadot d’ailleurs mais peut-être plus, vouloir y croire, vouloir croire qu’on peut changer le monde, qu’il y a un au-delà du modèle, une réinvention possible (consensuelle?), désirée en tous cas et que je sens, d’une manière ou d’une autre partout depuis mon arrivée ici, dans des personnalités aussi diverses que Monique, François, Emmanuelle, Isa évidemment, et Romain et tant d’autres, malgré les sensibilités, les expressions qui ne se recoupent pas toujours, l’éco féminisme qui en fâchera certains et en attirera d’autres mais la jouissance d’un monde qui broie les idées à plein régime, comme j’ai aimé imaginer d’autres époques de querelles fascinantes autour du socialisme, de la république, de l’iconoclasme peut-être (l’image au coeur de tout, cet autre temps qui devait ressembler au nôtre), et les vélos, Paris qui m’apparaît trépidante dans son désordre plein de vie, le contraste avec une Amérique qui ne se nourrit pas encore de tout cela, pas dans sa chair en tous les cas

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20 septembre 2021
La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devant laque… - Antoine Vigne
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La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devant laquelle je passe en longeant la Loire en vélo – pourquoi cette architecture me parle-t-elle tant, le béton, l’insigne d’un temps peut-être, l’étrangeté de notre volontarisme, la tour évidemment, phallique, posée, symbole de nos folies ?–, les oeuvres d’André Bloc et de Michael Hansmeyer que je trouve au FRAC Centre et qui se rejoignent dans leur idée de la forme qui prime et qui exprime, avec l’envie théâtrale aussi chez Hansmeyer qui me parle de la Grèce Antique, de la Renaissance, comme une vision renouvelée du Teatro Olimpico de Vicence, et puis un refuge de berger trouvé dans la lande avec ma mère, la chapelle du Villiers et ses peintures du XIIIe siècle que nous présente une cousine (sans doute) que nous ne connaissions pas mais qui prend le temps de nous raconter sa restauration, la vie qui s’est organisée dans le village autour de ce projet du patrimoine, les visites et les conteurs qui viennent, et puis, plus tard, le lendemain, un sanglier dans la forêt et la lecture de Marceline Loridan que je retrouve toujours comme si elle était une évidence – ses mots collent au réel, ils ne l’affublent de rien, jamais, la vie est brute parce qu’elle est survécue peut-être, j’aime, j’aime la lire – et le yoga enfin, dans le jardin, dans le soleil de fin d’été et de début d’automne, dans l’entre-deux, qui me fait du bien

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13 septembre 2021
Un dolmen dans les champs de Tavers, la lumière q… - Antoine Vigne
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Un dolmen dans les champs de Tavers, la lumière qui se cherche entre les nuages, une semaine d’installation dans la maison où il y a tant à faire, les conversations avec ma mère sur l’Eglise et la religion et le doute et le surmoi et le monde qui change, nos humeurs qui passent et de dissipent et nous surprennent, et puis les livres, les pages, le Congo d’Eric Vuillard qui me distrait plus qu’il ne m’intrigue mais qui me rappelle ce lien étrange et nostalgique que nous gardons malgré nous avec certaines histoires de la colonisation, le nom de Stanley, les images avec lesquelles nous avons grandi (là aussi une conversation sur les croisades, l’Empire français que nos cours d’école nous apprenaient à aimer, encore si récemment, comment tout cela est-il possible? Et comment s’en défaire tout fait sans avoir l’impression qu’un pan de soi et ses images s’effondrent? Accepter l’effondrement finalement…), et puis l’attente de Jonathan, Paris où je dépose ma mère au train, les fresques de la Gare de Lyon, et puis les rues de la Porte Dorée, la nuit, le tram, ma tante Christine que je vais voir dans son Ehpad, les magazines qu’on lit ensemble, le sourire qui est le sien et qui revient sans cesse au détour de plaisanteries sur les images de l’actualité, les rois, les reines, Macron, le lien qui m’attache par elle a tout ce qui a été, à ce qui reste, ce fil tenu, effiloché, prêt à se rompre. Début de vacances.

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8 août 2021
Une femme trans au supermarché cet après-midi…. - Antoine Vigne

Une femme trans au supermarché cet après-midi. Elle portait un masque, un vrai masque en céramique qui lui donnait un air étrange de marionette, le teint crème, presque beige, les cheveux rouges roux, une petite robe noire et des sandales roses, les ongles assez longs, pointus et d’un bleu clair, des mains d’hommes, elle se regardait sans cesse de ses grands yeux vides dans la glace du magasin en attendant comme nous tous de pouvoir entrer à cause des restrictions COVID. Elle portait un sac au coude avec l’avant bras relevé, sa main était arquée comme une actrice qui surjoue la pose féminine. Je l’ai aperçue encore dans les allées puis quand elle est allé payer, puis je l’ai vue à nouveau sur Argyle Street près de la Capitol Records Tower. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai pensé qu’elle allait rejoindre les tentes des sans-abris toutes proches. Et j’ai aussi pensé qu’il y a une histoire à écrire sur elle, son mystère, la manière dont tout le monde la regarde, la lumière qui auréolait ses cheveux relevés par le vent quand je suis passé devant elle en voiture alors qu’elle traversait un trottoir poussiéreux d’où s’envolaient les pigeons. C’était comme une scène de théâtre, une vision.

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14 octobre 2020
Joshua Tree, en Californie. Le haut désert, le s… - Antoine Vigne
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Joshua Tree, en Californie. Le haut désert, le sable, les roches énormes posées partout, accumulées en formation étranges et fabuleuses, les maisons de loin en loin, entourées de bric-à-brac, de voitures rouillées, de sculptures qu’on appellerait d’art brut – il faut vivre dans son monde intérieur lorsqu’on s’établit dans le désert – les routes tracées dans le sable qui file comme de la soie sous les roues de la voiture. Tout est sensuel. Je lis Huysmans, À Rebours. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai jamais lu, pourquoi j’ai décidé de le lire ici. Ma mère m’a rappelé qu’il était l’un des auteurs préférés de Mamée, ma grand-mère qui a passé sa vie à lire et dont j’ai dû hériter le goût des livres. Les pages défilent, les descriptions incroyablement méticuleuses, précieuses des intérieurs créés par Jean des Esseintes puis celles de sa bibliothèque et de sa prédilection pour les auteurs latins, pour Pétrone, Aulu-Gelle, Apulée, Tertullien. Une description que personne ne pourrait plus écrire aujourd’hui, en décalage total avec ce qui m’entoure et qui ouvre un espace de jouissance absolue. Des images me reviennent, celles d’un été aux Lecques, dans le sud de la France. Ce doit être l’été 1987, celui de la mort de mon père. Je suis sur le sable, entouré de la foule estivale, des corps en train de bronzer, des cris de ceux qui lancent des ballons, jouent au racquet-ball au bord de l’eau. Je suis sur ma serviette, je sens la brulure du soleil, je lis Zola, L’Assommoir, et, là aussi, le décalage entre le monde autour de moi et celui qui s’ouvre dans les pages que je lis est total. C’est comme un vertige. La folie de la littérature. Et c’est exactement ce que décrit Huysmans. Tout est fantasme. #huysmans #arebours #joshuatree #désert #zola #assommoir #petrone #apulée #tertullien #aulugelle #leslecques #minirécit #littérature #literature #instabook #instalivre #bookstagram #livrestagram #livres #books #bookaholic #bookaddict #livreaddict #bookworm #booknerd #reading #lire #lecture

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13 septembre 2020
Le béton qui règne, les ouvertures rondes perc… - Antoine Vigne
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Le béton qui règne, les ouvertures rondes percées dans les murs, sur toutes les surfaces, et qui se répètent comme les symboles sculptés d’un cloître ou d’une agora, les carillons en fonte et en terre cuite immobiles dans le soleil, le désert tout autour, les escaliers qui montent et qui descendent autour des absides ouvertes sur l’extérieur, les espaces dessinés comme des invitations au partage du temps, le mélange de futurisme et de réécriture des gestes antiques. Et puis les résidents, l’homme de l’accueil à l’humeur bourrue mais généreuse, la guide tristement médiocre qui ne semble pas comprendre la beauté dépassée des lieux dont le message sonne parfaitement juste dans notre époque d’explosion urbaine, de marchandisation du tout et rien et d’hyper-consommation, mais qui réussit tout de même à parler rapidement du rôle de l’architecture comme vecteur de changement social. J’avais toujours voulu visiter Arcosanti, l’éco-cité inachevée de Paolo Soleri dans le désert de l’Arizona, et nous y voilà. Perdus entre les années 1970 et un futur qui semble sans cesse plus élusif. Un mirage en forme de caravansérail hippie, une vision comme dans un récit d’Enki Bilal ou dans les sables de Mad Max. Parfait pour l’ère du temps… #arcosanti #paolosoleri #architecture #architectureprospective #architectureutopique #utopie #1970s #écocité #arcologie #urbanisme #arizona #désert #caravansérail #enkibilal #madmax #vision #agora #cloitre #récit #minirécit #uneautreamérique #ontheroad #2020

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12 septembre 2020
Memphis donc… une ville comme toutes ces villes … - Antoine Vigne
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Memphis donc… une ville comme toutes ces villes moyennes américaines, endormies dans un passé dont ne subsiste que de grands immeubles vides et des autoroutes encerclant le centre de leurs grands arcs de bétons. On y perçoit la trace du XXe siècle, la richesse du début portée par l’industrie du coton puis l’explosion démographique, la ruée vers les gratte-ciels pour prouver la réussite, et, au tournant des années 1960, l’exode massif vers les banlieues, ce dernier porté par de grands axes dessinés pour convoyer les trajets quotidiens d’une population blanche aisée mais ayant laissé des cicatrices immenses dans le tissu urbain morcelé jusqu’à l’étranglement. De tout cela il émerge une friche urbaine mélancolique qui n’est pas sans attrait pour ceux qui, comme moi, aiment les paysages oubliés et couverts de signes: des rues bordées d’espaces en friche, de maisons à moitié démolies, de grillages qui ne gardent plus rien sinon une vague idée de propriété individuelle, et des quartiers qui s’étendent sans fin, sans limite, sur un territoire trop grand. Il y a aussi Beale Street bien sûr, et plus encore Graceland et le Lorraine Motel où fut assassiné Martin Luther King, témoins de la place de Memphis dans la mémoire collective, mais c’est le Mississippi qui domine tout, même cette pyramide aberrante et fabuleuse devenue un magasin de chasse et de pêche, le Mississippi qui, comme le Nil, donne sa raison d’être à la ville, qui l’habite et la hante et la charge d’histoires, des histoires de colons, de trappeurs, d’esclaves et d’oppression, de musique et de néons colorés dans la nuit. Le Mississippi qui coule, immense et magnifique, boueux et sauvage. L’âme de l’Amérique. #memphis #tennessee #mississippi #america #imagesdamerique #uneautreamerique #graceland #paysagesurbains #urbanisme #martinlutherking #mlk #lorrainemotel #elvispresley #esclavage #slavetrade #récit #minirécit #carnetsdamerique #histoiresdamerique

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3 mars 2020