Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne
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Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en lisant le Giovanni’s room de James Baldwin. La réalité n’est pas la même évidemment, le monde a changé mais il y a une tristesse, une impossibilité d’être, de se parler, de sortir du gouffre de l’homosexualité secrète, des parois où nos rôles genrés nous ont confinés. Il dit aussi cela, Baldwin, il parle de genre, de masculinité et de féminité. Il y a une modernité extraordinaire sur ce sujet tout comme il y a une forme de beauté passée dans le monde qu’il décrit et qui ne ressemble plus au nôtre. Mais il voit comme nous sommes enfermés dans des idées de nous-mêmes, de ce que nous devons être, dans les destins qu’on nous impose, qu’on plaque sur nous pendant l’enfance, quels qu’ils soient, tu seras bon, tu seras fort, tu seras un ingénieur ou un médecin, ou une tutrice, tu seras mon fils, ma fille, tu seras un homme, tu seras juste et honnête. On ne devient aucune de ces choses-là, on avance et on tangue, on cherche, on s’approche de ce que l’on veut être mais l’idée reste insaisissable parce qu’elle n’est qu’une idée justement, elle est figée, elle ne peut pas rendre compte de ce que nous sommes, un magma bouillonnant de désirs et d’angoisses, d’élans contrecarrés, de joies inattendues, de rencontres – oh, les rencontres, ce qui nous sauve – de désirs, surtout, encore, toujours, ce qui nous propulse et nous entraîne et nous fait dérailler aussi, souvent. L’aveugle qui marche au bord du précipice ou le mal-voyant qui ne voit que le coucher de soleil sur le canyon. Il faut aimer cet être, il faut le chérir, il faut le pleurer, il faut le comprendre, il faut avancer. Sans cesse. Sans choix. Présence au monde. Rien d’autre.

#homosexualité #jamesbaldwin #lecture #littérature #livres #logiquededomination #notretemps
4 novembre 2021
Je te lis, James Baldwin, à un moment où le mond… - Antoine Vigne
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Je te lis, James Baldwin, à un moment où le monde change, tant de choses semblent sombres et compliquées, l’avenir se dérobe, on est à la peine d’imaginer l’année à venir, les conséquences proches et lointaines des décisions qui n’en sont jamais vraiment, de la fuite en avant, d’un système politique qui bloque partout, qui se répand en invectives, en peurs, en fantasmes, en accusations de l’autre, toujours le même, l’étranger, l’immigré, celui qui menace l’identité, le quotidien, les habitudes, le monde dans lequel on a vécu, tout cela pour se masquer la face, se jouer la comédie, le monde a changé, il a déjà changé, il est autre, il est à l’image de ce que nous sommes, sans cesse mouvant, nous sommes sa tempête et son danger, sa rédemption et sa fragilité, sa beauté qui nous aveugle. Il y a une colère que je retrouve dans tes pages, une tristesse et une impossibilité à vivre, à être, les murs de nos sociétés sont les parois qui font rebondir l’écho de nos angoisses. Tu ne reconnaîtrais pas l’Amérique ni l’Europe d’aujourd’hui, ou si, tu en reconnaitrais les petitesses, les élans de bravade qui caractérisent notre besoin de ne pas voir que nous sommes fragiles, que nous ne savons pas vraiment, que, derrière nos civilisations, nos palais, nos cultures, nos certitudes, nos arrangements avec la vérité se cache souvent la peur, l’enfance, l’infantilisme de nos caprices. Je vois dans tes pages ce que nous étions, nous, homosexuels dans les années 1950, je contemple le chemin parcouru, les combats, les victoires, les joies, l’explosion de vitalité qui a suivi et qui continue d’illuminer le monde, mais je vois aussi le reste, les replis, le conservatisme, la haine, les Trump et les Zemmour, tous ceux qui suivent sans les suivre mais adoptent les mêmes thèmes, ici, ailleurs, l’Amérique qui, sous couvert de s’inquiéter d’éducation refuse de s’interroger sur l’esclavage et la domination et tout ce qui fait le quotidien de nos délires. Rien n’a changé finalement depuis que tu écrivais. C’est sans doute bien, c’est sans doute mal. L’humain et sombre et fabuleux et l’un ne va jamais sans l’autre.

#giovannisroom #homosexualité #jamesbaldwin #littérature #logiquededomination #matindelection #notretemps
3 novembre 2021
Un voyage en train, la gare de Beaugency et les so… - Antoine Vigne
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Un voyage en train, la gare de Beaugency et les souvenirs de mon père qui y arrivait, la voie de l’aerotrain, les entrepôts et les plateformes de logistique qui se construisent un peu partout, les signes d’un temps, les conversations avec Adelaïde et Éric la semaine dernière -ô combien fabuleuse -, la performance de Sandrine Rousseau qui m’intrigue, me fait envie, tout autant que celle de Yannick Jadot d’ailleurs mais peut-être plus, vouloir y croire, vouloir croire qu’on peut changer le monde, qu’il y a un au-delà du modèle, une réinvention possible (consensuelle?), désirée en tous cas et que je sens, d’une manière ou d’une autre partout depuis mon arrivée ici, dans des personnalités aussi diverses que Monique, François, Emmanuelle, Isa évidemment, et Romain et tant d’autres, malgré les sensibilités, les expressions qui ne se recoupent pas toujours, l’éco féminisme qui en fâchera certains et en attirera d’autres mais la jouissance d’un monde qui broie les idées à plein régime, comme j’ai aimé imaginer d’autres époques de querelles fascinantes autour du socialisme, de la république, de l’iconoclasme peut-être (l’image au coeur de tout, cet autre temps qui devait ressembler au nôtre), et les vélos, Paris qui m’apparaît trépidante dans son désordre plein de vie, le contraste avec une Amérique qui ne se nourrit pas encore de tout cela, pas dans sa chair en tous les cas

#arerotrain #audeladumodele #carnetsbiographiques #carnetsdevoyage #desirdeurope #ecofeminisme #ecologie #editionscourtesetlongues #iconoclasme #lameriquenesaitpasencore #linstableetlavenir #minirécit #notretemps #querellesfecondes #reinvention #sandrinerousseau #voyageentrain
20 septembre 2021
La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devant laque… - Antoine Vigne
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La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devant laquelle je passe en longeant la Loire en vélo – pourquoi cette architecture me parle-t-elle tant, le béton, l’insigne d’un temps peut-être, l’étrangeté de notre volontarisme, la tour évidemment, phallique, posée, symbole de nos folies ?–, les oeuvres d’André Bloc et de Michael Hansmeyer que je trouve au FRAC Centre et qui se rejoignent dans leur idée de la forme qui prime et qui exprime, avec l’envie théâtrale aussi chez Hansmeyer qui me parle de la Grèce Antique, de la Renaissance, comme une vision renouvelée du Teatro Olimpico de Vicence, et puis un refuge de berger trouvé dans la lande avec ma mère, la chapelle du Villiers et ses peintures du XIIIe siècle que nous présente une cousine (sans doute) que nous ne connaissions pas mais qui prend le temps de nous raconter sa restauration, la vie qui s’est organisée dans le village autour de ce projet du patrimoine, les visites et les conteurs qui viennent, et puis, plus tard, le lendemain, un sanglier dans la forêt et la lecture de Marceline Loridan que je retrouve toujours comme si elle était une évidence – ses mots collent au réel, ils ne l’affublent de rien, jamais, la vie est brute parce qu’elle est survécue peut-être, j’aime, j’aime la lire – et le yoga enfin, dans le jardin, dans le soleil de fin d’été et de début d’automne, dans l’entre-deux, qui me fait du bien

#andrébloc #architecturenucléaire #brutalisme #carnetsdesaintlaurent #chapelleduvilliers #debutdautomne #findété #fraccentre #lescamps #livre #mabeauce #marcelineloridanivens #michaelhansmeyer #minirécit #palladio #peinturemédiévale #poèmesenbéton #rentrée #saintlaurentdeseaux #sanglier #teatroolimpico #yoga
13 septembre 2021
La dernière scène de L’homme qui me plaît, le… - Antoine Vigne
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La dernière scène de L’homme qui me plaît, le film de Lelouch avec Annie Girardot et Belmondo, qui vient clore deux heures de pérégrinations dans les aéroports, les studios, les casinos, les déserts du Grand Ouest, les rêves et les fantasmes – la grande scène de la poursuite par les Indiens, un délice visuel, insouciant des règles même de la narration que la Nouvelle Vague a de toute façon fait voler en éclat depuis dix ans quand ce tournage a lieu. On retrouve tant d’influences dans ce film, celles de Godard, de Resnais vers la fin, de Duras peut-être même, et puis de Truffaut évidemment, Antonioni peut-être, et la fascination pour le cinéma américain. Belmondo est magistral, simple, heureux, on a envie de le suivre comme toujours, mais il est plus complexe qu’il ne l’a souvent été par la suite face à une Annie Girardot rongée par ses doutes. Elle reste tandis qu’il continue, qu’il s’échappe, il échappe au film même, il disparaît alors que tout se passe dans la dernière scène, dans l’attente qu’on vit face à la passerelle d’avion, on n’a aucune idée de ce qui va venir et, pourtant, comme elle, on sait qu’on aurait dû savoir. La musique de Francis Lai rappelle celle de Michel Legrand. Les close-ups se suivent sur des fonds pastels ou lumineux, devant des sièges Pan Am ou des devantures de bar. Tout y est. C’est fabuleux. C’est puissant. Il reste des trésors de Belmondo à découvrir.

#anniegurardot #belmondo #cinema #film #francislai #lasvegas #lelouche #lhommequimeplait #losangeles #michellegrand #nouvellevague #unesoiréeásaintlaurentavecmamère #westerns
9 septembre 2021
Un dolmen dans les champs de Tavers, la lumière q… - Antoine Vigne
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Un dolmen dans les champs de Tavers, la lumière qui se cherche entre les nuages, une semaine d’installation dans la maison où il y a tant à faire, les conversations avec ma mère sur l’Eglise et la religion et le doute et le surmoi et le monde qui change, nos humeurs qui passent et de dissipent et nous surprennent, et puis les livres, les pages, le Congo d’Eric Vuillard qui me distrait plus qu’il ne m’intrigue mais qui me rappelle ce lien étrange et nostalgique que nous gardons malgré nous avec certaines histoires de la colonisation, le nom de Stanley, les images avec lesquelles nous avons grandi (là aussi une conversation sur les croisades, l’Empire français que nos cours d’école nous apprenaient à aimer, encore si récemment, comment tout cela est-il possible? Et comment s’en défaire tout fait sans avoir l’impression qu’un pan de soi et ses images s’effondrent? Accepter l’effondrement finalement…), et puis l’attente de Jonathan, Paris où je dépose ma mère au train, les fresques de la Gare de Lyon, et puis les rues de la Porte Dorée, la nuit, le tram, ma tante Christine que je vais voir dans son Ehpad, les magazines qu’on lit ensemble, le sourire qui est le sien et qui revient sans cesse au détour de plaisanteries sur les images de l’actualité, les rois, les reines, Macron, le lien qui m’attache par elle a tout ce qui a été, à ce qui reste, ce fil tenu, effiloché, prêt à se rompre. Début de vacances.

#carnetsdesaintlaurent #colonisation #congo #conversations #croisades #dolmen #effondrement #empirefrançais #ericvuillard #famille #labeauce #lesjours #liens #livres #matantechristine #minirécit #surmoi #vacancesenfrance
8 août 2021
Le Met et PS1 avec Nicholas puis Danny, les exposi… - Antoine Vigne
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Le Met et PS1 avec Nicholas puis Danny, les expositions d’Alice Neel, de Niki de Saint-Phalle et de Gregg Bordowitz qui, toutes, à leur manière, parlent des combats de notre époque et de toujours, de la fragilité, de l’exclusion, des femmes, des gays, de l’enfance, de la violence, du sida. Les thèmes sont étonnamment les mêmes, tout comme l’humanité qui se retrouve dans les visages, dans la singularité des portraits. Chez Bordowitz, les conversations avec ses amis dans la clarté des vidéos de vacances, la candeur et la colère qui se mêlent (“j’aime ma colère, elle est tout ce qui me reste”) dans un ballet parfois étrange d’émotions qui se cherchent, qui provoquent et invitent à l’activisme mais dénoncent aussi nos abdications, et ses poèmes, les mots accolés les uns aux autres, une suite, un champ de débris comme il l’indique, des signes accumulés pour tenter d’avancer au travers des heures, la mort toujours en embuscade, le sens toujours élusif. Et chez Niki de Saint Phalle, les nanas bien sûr, mais cet autel aussi que je n’avais jamais vu, les objets du culte qui se mêlent aux animaux de cauchemar, aux armes, à la manifestation de la violence quotidienne, de l’inceste (que reste-t-il lorsque notre religion nous a trahi?). J’aime toutes ces œuvres, ce qu’elles cherchent à exprimer, le combat de la vie qui se répète sans cesse dans les visages, dans les histoires. La trame d’un monde qui hurle et souffre. Mais qui ne cesse d’exister, qui n’abandonne pas.

##ps1 #aliceneel #art #artday #combats #daywithfriends #exclusion #féminisme #femmes #fragilité #friends #gay #greggbordowitz #heureuxlesaffligés #lepouvoirestuneabsurdité #metmuseum #nikidesaintphalle #sida
25 juillet 2021
Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne
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Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en lisant le Giovanni’s room de James Baldwin. La réalité n’est pas la même évidemment, le monde a changé mais il y a une tristesse, une impossibilité d’être, de se parler, de sortir du gouffre de l’homosexualité secrète, des parois où nos rôles genrés nous ont confinés. Il dit aussi cela, Baldwin, il parle de genre, de masculinité et de féminité. Il y a une modernité extraordinaire sur ce sujet tout comme il y a une forme de beauté passée dans le monde qu’il décrit et qui ne ressemble plus au nôtre. Mais il voit comme nous sommes enfermés dans des idées de nous-mêmes, de ce que nous devons être, dans les destins qu’on nous impose, qu’on plaque sur nous pendant l’enfance, quels qu’ils soient, tu seras bon, tu seras fort, tu seras un ingénieur ou un médecin, ou une tutrice, tu seras mon fils, ma fille, tu seras un homme, tu seras juste et honnête. On ne devient aucune de ces choses-là, on avance et on tangue, on cherche, on s’approche de ce que l’on veut être mais l’idée reste insaisissable parce qu’elle n’est qu’une idée justement, elle est figée, elle ne peut pas rendre compte de ce que nous sommes, un magma bouillonnant de désirs et d’angoisses, d’élans contrecarrés, de joies inattendues, de rencontres – oh, les rencontres, ce qui nous sauve – de désirs, surtout, encore, toujours, ce qui nous propulse et nous entraîne et nous fait dérailler aussi, souvent. L’aveugle qui marche au bord du précipice ou le mal-voyant qui ne voit que le coucher de soleil sur le canyon. Il faut aimer cet être, il faut le chérir, il faut le pleurer, il faut le comprendre, il faut avancer. Sans cesse. Sans choix. Présence au monde. Rien d’autre.

#homosexualité #jamesbaldwin #lecture #littérature #livres #logiquededomination #notretemps
4 novembre 2021
Je te lis, James Baldwin, à un moment où le mond… - Antoine Vigne
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Je te lis, James Baldwin, à un moment où le monde change, tant de choses semblent sombres et compliquées, l’avenir se dérobe, on est à la peine d’imaginer l’année à venir, les conséquences proches et lointaines des décisions qui n’en sont jamais vraiment, de la fuite en avant, d’un système politique qui bloque partout, qui se répand en invectives, en peurs, en fantasmes, en accusations de l’autre, toujours le même, l’étranger, l’immigré, celui qui menace l’identité, le quotidien, les habitudes, le monde dans lequel on a vécu, tout cela pour se masquer la face, se jouer la comédie, le monde a changé, il a déjà changé, il est autre, il est à l’image de ce que nous sommes, sans cesse mouvant, nous sommes sa tempête et son danger, sa rédemption et sa fragilité, sa beauté qui nous aveugle. Il y a une colère que je retrouve dans tes pages, une tristesse et une impossibilité à vivre, à être, les murs de nos sociétés sont les parois qui font rebondir l’écho de nos angoisses. Tu ne reconnaîtrais pas l’Amérique ni l’Europe d’aujourd’hui, ou si, tu en reconnaitrais les petitesses, les élans de bravade qui caractérisent notre besoin de ne pas voir que nous sommes fragiles, que nous ne savons pas vraiment, que, derrière nos civilisations, nos palais, nos cultures, nos certitudes, nos arrangements avec la vérité se cache souvent la peur, l’enfance, l’infantilisme de nos caprices. Je vois dans tes pages ce que nous étions, nous, homosexuels dans les années 1950, je contemple le chemin parcouru, les combats, les victoires, les joies, l’explosion de vitalité qui a suivi et qui continue d’illuminer le monde, mais je vois aussi le reste, les replis, le conservatisme, la haine, les Trump et les Zemmour, tous ceux qui suivent sans les suivre mais adoptent les mêmes thèmes, ici, ailleurs, l’Amérique qui, sous couvert de s’inquiéter d’éducation refuse de s’interroger sur l’esclavage et la domination et tout ce qui fait le quotidien de nos délires. Rien n’a changé finalement depuis que tu écrivais. C’est sans doute bien, c’est sans doute mal. L’humain et sombre et fabuleux et l’un ne va jamais sans l’autre.

#giovannisroom #homosexualité #jamesbaldwin #littérature #logiquededomination #matindelection #notretemps
3 novembre 2021
Un voyage en train, la gare de Beaugency et les so… - Antoine Vigne
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Un voyage en train, la gare de Beaugency et les souvenirs de mon père qui y arrivait, la voie de l’aerotrain, les entrepôts et les plateformes de logistique qui se construisent un peu partout, les signes d’un temps, les conversations avec Adelaïde et Éric la semaine dernière -ô combien fabuleuse -, la performance de Sandrine Rousseau qui m’intrigue, me fait envie, tout autant que celle de Yannick Jadot d’ailleurs mais peut-être plus, vouloir y croire, vouloir croire qu’on peut changer le monde, qu’il y a un au-delà du modèle, une réinvention possible (consensuelle?), désirée en tous cas et que je sens, d’une manière ou d’une autre partout depuis mon arrivée ici, dans des personnalités aussi diverses que Monique, François, Emmanuelle, Isa évidemment, et Romain et tant d’autres, malgré les sensibilités, les expressions qui ne se recoupent pas toujours, l’éco féminisme qui en fâchera certains et en attirera d’autres mais la jouissance d’un monde qui broie les idées à plein régime, comme j’ai aimé imaginer d’autres époques de querelles fascinantes autour du socialisme, de la république, de l’iconoclasme peut-être (l’image au coeur de tout, cet autre temps qui devait ressembler au nôtre), et les vélos, Paris qui m’apparaît trépidante dans son désordre plein de vie, le contraste avec une Amérique qui ne se nourrit pas encore de tout cela, pas dans sa chair en tous les cas

#arerotrain #audeladumodele #carnetsbiographiques #carnetsdevoyage #desirdeurope #ecofeminisme #ecologie #editionscourtesetlongues #iconoclasme #lameriquenesaitpasencore #linstableetlavenir #minirécit #notretemps #querellesfecondes #reinvention #sandrinerousseau #voyageentrain
20 septembre 2021
La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devant laque… - Antoine Vigne
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La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux devant laquelle je passe en longeant la Loire en vélo – pourquoi cette architecture me parle-t-elle tant, le béton, l’insigne d’un temps peut-être, l’étrangeté de notre volontarisme, la tour évidemment, phallique, posée, symbole de nos folies ?–, les oeuvres d’André Bloc et de Michael Hansmeyer que je trouve au FRAC Centre et qui se rejoignent dans leur idée de la forme qui prime et qui exprime, avec l’envie théâtrale aussi chez Hansmeyer qui me parle de la Grèce Antique, de la Renaissance, comme une vision renouvelée du Teatro Olimpico de Vicence, et puis un refuge de berger trouvé dans la lande avec ma mère, la chapelle du Villiers et ses peintures du XIIIe siècle que nous présente une cousine (sans doute) que nous ne connaissions pas mais qui prend le temps de nous raconter sa restauration, la vie qui s’est organisée dans le village autour de ce projet du patrimoine, les visites et les conteurs qui viennent, et puis, plus tard, le lendemain, un sanglier dans la forêt et la lecture de Marceline Loridan que je retrouve toujours comme si elle était une évidence – ses mots collent au réel, ils ne l’affublent de rien, jamais, la vie est brute parce qu’elle est survécue peut-être, j’aime, j’aime la lire – et le yoga enfin, dans le jardin, dans le soleil de fin d’été et de début d’automne, dans l’entre-deux, qui me fait du bien

#andrébloc #architecturenucléaire #brutalisme #carnetsdesaintlaurent #chapelleduvilliers #debutdautomne #findété #fraccentre #lescamps #livre #mabeauce #marcelineloridanivens #michaelhansmeyer #minirécit #palladio #peinturemédiévale #poèmesenbéton #rentrée #saintlaurentdeseaux #sanglier #teatroolimpico #yoga
13 septembre 2021
La dernière scène de L’homme qui me plaît, le… - Antoine Vigne
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La dernière scène de L’homme qui me plaît, le film de Lelouch avec Annie Girardot et Belmondo, qui vient clore deux heures de pérégrinations dans les aéroports, les studios, les casinos, les déserts du Grand Ouest, les rêves et les fantasmes – la grande scène de la poursuite par les Indiens, un délice visuel, insouciant des règles même de la narration que la Nouvelle Vague a de toute façon fait voler en éclat depuis dix ans quand ce tournage a lieu. On retrouve tant d’influences dans ce film, celles de Godard, de Resnais vers la fin, de Duras peut-être même, et puis de Truffaut évidemment, Antonioni peut-être, et la fascination pour le cinéma américain. Belmondo est magistral, simple, heureux, on a envie de le suivre comme toujours, mais il est plus complexe qu’il ne l’a souvent été par la suite face à une Annie Girardot rongée par ses doutes. Elle reste tandis qu’il continue, qu’il s’échappe, il échappe au film même, il disparaît alors que tout se passe dans la dernière scène, dans l’attente qu’on vit face à la passerelle d’avion, on n’a aucune idée de ce qui va venir et, pourtant, comme elle, on sait qu’on aurait dû savoir. La musique de Francis Lai rappelle celle de Michel Legrand. Les close-ups se suivent sur des fonds pastels ou lumineux, devant des sièges Pan Am ou des devantures de bar. Tout y est. C’est fabuleux. C’est puissant. Il reste des trésors de Belmondo à découvrir.

#anniegurardot #belmondo #cinema #film #francislai #lasvegas #lelouche #lhommequimeplait #losangeles #michellegrand #nouvellevague #unesoiréeásaintlaurentavecmamère #westerns
9 septembre 2021
Un dolmen dans les champs de Tavers, la lumière q… - Antoine Vigne
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Un dolmen dans les champs de Tavers, la lumière qui se cherche entre les nuages, une semaine d’installation dans la maison où il y a tant à faire, les conversations avec ma mère sur l’Eglise et la religion et le doute et le surmoi et le monde qui change, nos humeurs qui passent et de dissipent et nous surprennent, et puis les livres, les pages, le Congo d’Eric Vuillard qui me distrait plus qu’il ne m’intrigue mais qui me rappelle ce lien étrange et nostalgique que nous gardons malgré nous avec certaines histoires de la colonisation, le nom de Stanley, les images avec lesquelles nous avons grandi (là aussi une conversation sur les croisades, l’Empire français que nos cours d’école nous apprenaient à aimer, encore si récemment, comment tout cela est-il possible? Et comment s’en défaire tout fait sans avoir l’impression qu’un pan de soi et ses images s’effondrent? Accepter l’effondrement finalement…), et puis l’attente de Jonathan, Paris où je dépose ma mère au train, les fresques de la Gare de Lyon, et puis les rues de la Porte Dorée, la nuit, le tram, ma tante Christine que je vais voir dans son Ehpad, les magazines qu’on lit ensemble, le sourire qui est le sien et qui revient sans cesse au détour de plaisanteries sur les images de l’actualité, les rois, les reines, Macron, le lien qui m’attache par elle a tout ce qui a été, à ce qui reste, ce fil tenu, effiloché, prêt à se rompre. Début de vacances.

#carnetsdesaintlaurent #colonisation #congo #conversations #croisades #dolmen #effondrement #empirefrançais #ericvuillard #famille #labeauce #lesjours #liens #livres #matantechristine #minirécit #surmoi #vacancesenfrance
8 août 2021
Le Met et PS1 avec Nicholas puis Danny, les exposi… - Antoine Vigne
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Le Met et PS1 avec Nicholas puis Danny, les expositions d’Alice Neel, de Niki de Saint-Phalle et de Gregg Bordowitz qui, toutes, à leur manière, parlent des combats de notre époque et de toujours, de la fragilité, de l’exclusion, des femmes, des gays, de l’enfance, de la violence, du sida. Les thèmes sont étonnamment les mêmes, tout comme l’humanité qui se retrouve dans les visages, dans la singularité des portraits. Chez Bordowitz, les conversations avec ses amis dans la clarté des vidéos de vacances, la candeur et la colère qui se mêlent (“j’aime ma colère, elle est tout ce qui me reste”) dans un ballet parfois étrange d’émotions qui se cherchent, qui provoquent et invitent à l’activisme mais dénoncent aussi nos abdications, et ses poèmes, les mots accolés les uns aux autres, une suite, un champ de débris comme il l’indique, des signes accumulés pour tenter d’avancer au travers des heures, la mort toujours en embuscade, le sens toujours élusif. Et chez Niki de Saint Phalle, les nanas bien sûr, mais cet autel aussi que je n’avais jamais vu, les objets du culte qui se mêlent aux animaux de cauchemar, aux armes, à la manifestation de la violence quotidienne, de l’inceste (que reste-t-il lorsque notre religion nous a trahi?). J’aime toutes ces œuvres, ce qu’elles cherchent à exprimer, le combat de la vie qui se répète sans cesse dans les visages, dans les histoires. La trame d’un monde qui hurle et souffre. Mais qui ne cesse d’exister, qui n’abandonne pas.

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25 juillet 2021