Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne
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Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’Ukraine partout, les questions qui se posent, le spectacle de la guerre qui n’a pas de sens mais que nous vivons en direct, en cherchant des points d’appui, des manières de nous sentir impliqués sans l’être totalement. Mais pourra-t-on rester en dehors? N’est-ce pas le modèle churchillien du “entre le déshonneur et la guerre vous aviez le choix, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre”? Ou est-ce au contraire la vitrine d’une autre manière de penser les conflits? Mais, dans ce cas, pourquoi faire commerce avec l’Arabie Saoudite, avec la Chine, pourquoi vendre des armes, pourquoi oublier tous les déséquilibres. Nous gérons le chaos, nous gérons le monde et nos contradictions, nos compromissions. Peut-être n’y a-t-il pas d’autre voie, peut-être se glisse au milieu de tout cela la tension vers la justice dont parle Martin Luther King et les combats se font-ils un à un. Je suis prêt à le croire mais je pleure, comme tous aujourd’hui, l’absurdité de la violence de Putin et de tous les autocrates contemporains, de Xi à Bolsonaro et à Trump parce qu’ils sont tous les mêmes, ils incarnent toutes les haines et les frustrations et les mensonges et les petitesses de ce monde. Au milieu de tout cela, pourtant, nous vivons. Des lectures donc (Baldwin encore, Joan Didion, Duras encore et toujours, le texte de Florence Tamagne), des spectacles (le Don Carlo de Verdi au Met hier avec les fabuleux Jamie Barton et Etienne Dupuis, et, la semaine dernière, Joey Arias à Joe’s Pub), et des films (le Cuirassé Potemkine, Carmen Jones), des marches. Dans notre rue, un arbre est abattu parce qu’un mur s’est effondré et cela me trouble plus que je ne l’imaginais. Pourquoi, lorsqu’un mur s’effondre préférons-nous couper l’arbre plutôt que renforcer le mur?

#absurditédelaguerre #baldwin #churchill #doncarlomet #duras #fuckputin #guerreenukraine #joandidion #joeyarias #larbreetlemur #littérature #mélancoliesurlemonde #minirécit #notretemps #performingarts #semaine #ukraine #unarbrequonabat
11 mars 2022
Le métro hier soir, vide comme souvent ces temps-… - Antoine Vigne

Le métro hier soir, vide comme souvent ces temps-ci, les nouvelles qui défilent sur l’Ukraine, la difficulté à ne pas y revenir sans cesse et l’impression que ce conflit est différent, il nous touche directement. Non pas que les autres conflits, de l’Afghanistan au Yemen et la Syrie ne soient pas proches, au contraire, ils remettaient tous en cause notre humanité et la capacité de nos nations à vivre selon leurs idéaux, à ne pas laisser les intérêts de toutes sortes salir l’élan premier des peuples, mais l’Ukraine est plus proche, elle touche à l’idée de l’Europe, elle touche à ce qui reste de démocratie dans le monde parce que l’Amérique meurt déjà intérieurement sous les coups du nationalisme blanc aidé par un capitalisme imbécile qui détruit tout (et qui s’apprête à détruire les normes environnementales sour un dernier coup de boutoir de la Cour Suprême). Face à tous les dangers, face à la crise climatique, face aux géants du numérique et aux géants de toutes sortes, face à l’érosion des normes démocratiques, à la prise en otage et la subversion du journalisme, face à la désinformation globale, face à toutes les questions de l’époque (et évidemment souvent de manière chaotique, lente, inadaptée), il reste l’Europe et c’est justement cette Europe que menace Putin. Donc oui, les choses semblent différentes et Zelensky a raison lorsqu’il appelle à un soulèvement, lorsqu’il hurle l’urgence, lorsqu’il se tient droit et seul. La crise que nous vivons est essentielle. Elle n’est pas la seule évidemment mais le monde de demain ne se fera pas sans passer par elle. D’elle dépend un certain avenir du monde.

#absurditédelaguerre #democracy #démocratie #fightwhitenationalism #guerreenukraine #lukraineetlemonde #notretemps #totalitarismesactuels #ukraine #weareallinthis #zelensky
1 mars 2022
Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne
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Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en lisant le Giovanni’s room de James Baldwin. La réalité n’est pas la même évidemment, le monde a changé mais il y a une tristesse, une impossibilité d’être, de se parler, de sortir du gouffre de l’homosexualité secrète, des parois où nos rôles genrés nous ont confinés. Il dit aussi cela, Baldwin, il parle de genre, de masculinité et de féminité. Il y a une modernité extraordinaire sur ce sujet tout comme il y a une forme de beauté passée dans le monde qu’il décrit et qui ne ressemble plus au nôtre. Mais il voit comme nous sommes enfermés dans des idées de nous-mêmes, de ce que nous devons être, dans les destins qu’on nous impose, qu’on plaque sur nous pendant l’enfance, quels qu’ils soient, tu seras bon, tu seras fort, tu seras un ingénieur ou un médecin, ou une tutrice, tu seras mon fils, ma fille, tu seras un homme, tu seras juste et honnête. On ne devient aucune de ces choses-là, on avance et on tangue, on cherche, on s’approche de ce que l’on veut être mais l’idée reste insaisissable parce qu’elle n’est qu’une idée justement, elle est figée, elle ne peut pas rendre compte de ce que nous sommes, un magma bouillonnant de désirs et d’angoisses, d’élans contrecarrés, de joies inattendues, de rencontres – oh, les rencontres, ce qui nous sauve – de désirs, surtout, encore, toujours, ce qui nous propulse et nous entraîne et nous fait dérailler aussi, souvent. L’aveugle qui marche au bord du précipice ou le mal-voyant qui ne voit que le coucher de soleil sur le canyon. Il faut aimer cet être, il faut le chérir, il faut le pleurer, il faut le comprendre, il faut avancer. Sans cesse. Sans choix. Présence au monde. Rien d’autre.

#homosexualité #jamesbaldwin #lecture #littérature #livres #logiquededomination #notretemps
4 novembre 2021
Je te lis, James Baldwin, à un moment où le mond… - Antoine Vigne
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Je te lis, James Baldwin, à un moment où le monde change, tant de choses semblent sombres et compliquées, l’avenir se dérobe, on est à la peine d’imaginer l’année à venir, les conséquences proches et lointaines des décisions qui n’en sont jamais vraiment, de la fuite en avant, d’un système politique qui bloque partout, qui se répand en invectives, en peurs, en fantasmes, en accusations de l’autre, toujours le même, l’étranger, l’immigré, celui qui menace l’identité, le quotidien, les habitudes, le monde dans lequel on a vécu, tout cela pour se masquer la face, se jouer la comédie, le monde a changé, il a déjà changé, il est autre, il est à l’image de ce que nous sommes, sans cesse mouvant, nous sommes sa tempête et son danger, sa rédemption et sa fragilité, sa beauté qui nous aveugle. Il y a une colère que je retrouve dans tes pages, une tristesse et une impossibilité à vivre, à être, les murs de nos sociétés sont les parois qui font rebondir l’écho de nos angoisses. Tu ne reconnaîtrais pas l’Amérique ni l’Europe d’aujourd’hui, ou si, tu en reconnaitrais les petitesses, les élans de bravade qui caractérisent notre besoin de ne pas voir que nous sommes fragiles, que nous ne savons pas vraiment, que, derrière nos civilisations, nos palais, nos cultures, nos certitudes, nos arrangements avec la vérité se cache souvent la peur, l’enfance, l’infantilisme de nos caprices. Je vois dans tes pages ce que nous étions, nous, homosexuels dans les années 1950, je contemple le chemin parcouru, les combats, les victoires, les joies, l’explosion de vitalité qui a suivi et qui continue d’illuminer le monde, mais je vois aussi le reste, les replis, le conservatisme, la haine, les Trump et les Zemmour, tous ceux qui suivent sans les suivre mais adoptent les mêmes thèmes, ici, ailleurs, l’Amérique qui, sous couvert de s’inquiéter d’éducation refuse de s’interroger sur l’esclavage et la domination et tout ce qui fait le quotidien de nos délires. Rien n’a changé finalement depuis que tu écrivais. C’est sans doute bien, c’est sans doute mal. L’humain et sombre et fabuleux et l’un ne va jamais sans l’autre.

#giovannisroom #homosexualité #jamesbaldwin #littérature #logiquededomination #matindelection #notretemps
3 novembre 2021
Un voyage en train, la gare de Beaugency et les so… - Antoine Vigne
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Un voyage en train, la gare de Beaugency et les souvenirs de mon père qui y arrivait, la voie de l’aerotrain, les entrepôts et les plateformes de logistique qui se construisent un peu partout, les signes d’un temps, les conversations avec Adelaïde et Éric la semaine dernière -ô combien fabuleuse -, la performance de Sandrine Rousseau qui m’intrigue, me fait envie, tout autant que celle de Yannick Jadot d’ailleurs mais peut-être plus, vouloir y croire, vouloir croire qu’on peut changer le monde, qu’il y a un au-delà du modèle, une réinvention possible (consensuelle?), désirée en tous cas et que je sens, d’une manière ou d’une autre partout depuis mon arrivée ici, dans des personnalités aussi diverses que Monique, François, Emmanuelle, Isa évidemment, et Romain et tant d’autres, malgré les sensibilités, les expressions qui ne se recoupent pas toujours, l’éco féminisme qui en fâchera certains et en attirera d’autres mais la jouissance d’un monde qui broie les idées à plein régime, comme j’ai aimé imaginer d’autres époques de querelles fascinantes autour du socialisme, de la république, de l’iconoclasme peut-être (l’image au coeur de tout, cet autre temps qui devait ressembler au nôtre), et les vélos, Paris qui m’apparaît trépidante dans son désordre plein de vie, le contraste avec une Amérique qui ne se nourrit pas encore de tout cela, pas dans sa chair en tous les cas

#arerotrain #audeladumodele #carnetsbiographiques #carnetsdevoyage #desirdeurope #ecofeminisme #ecologie #editionscourtesetlongues #iconoclasme #lameriquenesaitpasencore #linstableetlavenir #minirécit #notretemps #querellesfecondes #reinvention #sandrinerousseau #voyageentrain
20 septembre 2021
La journée folle d’hier, commencée dans la joi… - Antoine Vigne

La journée folle d’hier, commencée dans la joie des résultats en Géorgie, et la difficulté, comme toujours de m’arracher aux articles qui se succèdent sur Internet, en passant d’une plateforme à l’autre, en cherchant sans cesse des justifications à mes émotions. Puis, vers 14h30, le message de JonCarlo qui nous met devant la télévision et les images qui défilent, la surprise qui n’en est pas vraiment une parce que nous avons attendu ce moment, parce que toute la trajectoire de la présidence Trump nous y amenait, mais la puissance assommante de la réalité nous assaille quand même pendant des heures à la vue du Capitole envahi et tous les symboles de la République bafouée. C’était comme une mauvaise série, il était difficile de ne pas sentir que nos esprits trop accoutumés à l’adrénaline quotidienne se repaissaient de ce spectacle comme s’il avait été l’aboutissement nécessaire de nos angoisses, notre besoin d’avoir raison, de montrer que, finalement, oui, la présidence Trump conduirait bien à tout cela. Mais au bout du compte, c’était tout de même le chaos, la confusion et, finalement, la colère de voir que la police ne faisait rien, qu’elle se laissait submerger comme jamais elle ne s’était laissée submerger par les mouvements de Black Lives Matters pendant l’été, comme une coincidence triste, évidente. Le jour d’après, il ne reste que des ruines fumantes que ne peuvent cacher les rayons du soleil d’hiver ni les discours des Républicains qui tentent à tout prix de s’éloigner du navire qui sombre. Des cris s’élèvent déjà, dans les milieux bien rodés de la désinformation, pour dire que ces émeutes n’étaient pas le fait des patriotes mais de l’ultra gauche déguisée en partisans de Trump parce qu’il faut bien continuer, toujours, à masquer la réalité, à l’envelopper d’un tel voile, d’une telle boue, que plus personne n’y voit plus rien. Mais les faits sont là, la réalité est là. La démocratie américaine est sur le sol, elle est encore vivante, elle tremble comme une animal blessé face à l’ombre du prédateur. Et l’on ne peut qu’attendre, espérer. On veut se battre sans savoir où commencer. Le monde qui vient est trop jeune et trop lent et le monstre est là, partout.

#logiquededomination #notretemps
7 janvier 2021
Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’U… - Antoine Vigne
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Une semaine étrange, comme pour tout le monde. L’Ukraine partout, les questions qui se posent, le spectacle de la guerre qui n’a pas de sens mais que nous vivons en direct, en cherchant des points d’appui, des manières de nous sentir impliqués sans l’être totalement. Mais pourra-t-on rester en dehors? N’est-ce pas le modèle churchillien du “entre le déshonneur et la guerre vous aviez le choix, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre”? Ou est-ce au contraire la vitrine d’une autre manière de penser les conflits? Mais, dans ce cas, pourquoi faire commerce avec l’Arabie Saoudite, avec la Chine, pourquoi vendre des armes, pourquoi oublier tous les déséquilibres. Nous gérons le chaos, nous gérons le monde et nos contradictions, nos compromissions. Peut-être n’y a-t-il pas d’autre voie, peut-être se glisse au milieu de tout cela la tension vers la justice dont parle Martin Luther King et les combats se font-ils un à un. Je suis prêt à le croire mais je pleure, comme tous aujourd’hui, l’absurdité de la violence de Putin et de tous les autocrates contemporains, de Xi à Bolsonaro et à Trump parce qu’ils sont tous les mêmes, ils incarnent toutes les haines et les frustrations et les mensonges et les petitesses de ce monde. Au milieu de tout cela, pourtant, nous vivons. Des lectures donc (Baldwin encore, Joan Didion, Duras encore et toujours, le texte de Florence Tamagne), des spectacles (le Don Carlo de Verdi au Met hier avec les fabuleux Jamie Barton et Etienne Dupuis, et, la semaine dernière, Joey Arias à Joe’s Pub), et des films (le Cuirassé Potemkine, Carmen Jones), des marches. Dans notre rue, un arbre est abattu parce qu’un mur s’est effondré et cela me trouble plus que je ne l’imaginais. Pourquoi, lorsqu’un mur s’effondre préférons-nous couper l’arbre plutôt que renforcer le mur?

#absurditédelaguerre #baldwin #churchill #doncarlomet #duras #fuckputin #guerreenukraine #joandidion #joeyarias #larbreetlemur #littérature #mélancoliesurlemonde #minirécit #notretemps #performingarts #semaine #ukraine #unarbrequonabat
11 mars 2022
Le métro hier soir, vide comme souvent ces temps-… - Antoine Vigne

Le métro hier soir, vide comme souvent ces temps-ci, les nouvelles qui défilent sur l’Ukraine, la difficulté à ne pas y revenir sans cesse et l’impression que ce conflit est différent, il nous touche directement. Non pas que les autres conflits, de l’Afghanistan au Yemen et la Syrie ne soient pas proches, au contraire, ils remettaient tous en cause notre humanité et la capacité de nos nations à vivre selon leurs idéaux, à ne pas laisser les intérêts de toutes sortes salir l’élan premier des peuples, mais l’Ukraine est plus proche, elle touche à l’idée de l’Europe, elle touche à ce qui reste de démocratie dans le monde parce que l’Amérique meurt déjà intérieurement sous les coups du nationalisme blanc aidé par un capitalisme imbécile qui détruit tout (et qui s’apprête à détruire les normes environnementales sour un dernier coup de boutoir de la Cour Suprême). Face à tous les dangers, face à la crise climatique, face aux géants du numérique et aux géants de toutes sortes, face à l’érosion des normes démocratiques, à la prise en otage et la subversion du journalisme, face à la désinformation globale, face à toutes les questions de l’époque (et évidemment souvent de manière chaotique, lente, inadaptée), il reste l’Europe et c’est justement cette Europe que menace Putin. Donc oui, les choses semblent différentes et Zelensky a raison lorsqu’il appelle à un soulèvement, lorsqu’il hurle l’urgence, lorsqu’il se tient droit et seul. La crise que nous vivons est essentielle. Elle n’est pas la seule évidemment mais le monde de demain ne se fera pas sans passer par elle. D’elle dépend un certain avenir du monde.

#absurditédelaguerre #democracy #démocratie #fightwhitenationalism #guerreenukraine #lukraineetlemonde #notretemps #totalitarismesactuels #ukraine #weareallinthis #zelensky
1 mars 2022
Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en l… - Antoine Vigne
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Continuer à penser à ce que j’ai ressenti en lisant le Giovanni’s room de James Baldwin. La réalité n’est pas la même évidemment, le monde a changé mais il y a une tristesse, une impossibilité d’être, de se parler, de sortir du gouffre de l’homosexualité secrète, des parois où nos rôles genrés nous ont confinés. Il dit aussi cela, Baldwin, il parle de genre, de masculinité et de féminité. Il y a une modernité extraordinaire sur ce sujet tout comme il y a une forme de beauté passée dans le monde qu’il décrit et qui ne ressemble plus au nôtre. Mais il voit comme nous sommes enfermés dans des idées de nous-mêmes, de ce que nous devons être, dans les destins qu’on nous impose, qu’on plaque sur nous pendant l’enfance, quels qu’ils soient, tu seras bon, tu seras fort, tu seras un ingénieur ou un médecin, ou une tutrice, tu seras mon fils, ma fille, tu seras un homme, tu seras juste et honnête. On ne devient aucune de ces choses-là, on avance et on tangue, on cherche, on s’approche de ce que l’on veut être mais l’idée reste insaisissable parce qu’elle n’est qu’une idée justement, elle est figée, elle ne peut pas rendre compte de ce que nous sommes, un magma bouillonnant de désirs et d’angoisses, d’élans contrecarrés, de joies inattendues, de rencontres – oh, les rencontres, ce qui nous sauve – de désirs, surtout, encore, toujours, ce qui nous propulse et nous entraîne et nous fait dérailler aussi, souvent. L’aveugle qui marche au bord du précipice ou le mal-voyant qui ne voit que le coucher de soleil sur le canyon. Il faut aimer cet être, il faut le chérir, il faut le pleurer, il faut le comprendre, il faut avancer. Sans cesse. Sans choix. Présence au monde. Rien d’autre.

#homosexualité #jamesbaldwin #lecture #littérature #livres #logiquededomination #notretemps
4 novembre 2021
Je te lis, James Baldwin, à un moment où le mond… - Antoine Vigne
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Je te lis, James Baldwin, à un moment où le monde change, tant de choses semblent sombres et compliquées, l’avenir se dérobe, on est à la peine d’imaginer l’année à venir, les conséquences proches et lointaines des décisions qui n’en sont jamais vraiment, de la fuite en avant, d’un système politique qui bloque partout, qui se répand en invectives, en peurs, en fantasmes, en accusations de l’autre, toujours le même, l’étranger, l’immigré, celui qui menace l’identité, le quotidien, les habitudes, le monde dans lequel on a vécu, tout cela pour se masquer la face, se jouer la comédie, le monde a changé, il a déjà changé, il est autre, il est à l’image de ce que nous sommes, sans cesse mouvant, nous sommes sa tempête et son danger, sa rédemption et sa fragilité, sa beauté qui nous aveugle. Il y a une colère que je retrouve dans tes pages, une tristesse et une impossibilité à vivre, à être, les murs de nos sociétés sont les parois qui font rebondir l’écho de nos angoisses. Tu ne reconnaîtrais pas l’Amérique ni l’Europe d’aujourd’hui, ou si, tu en reconnaitrais les petitesses, les élans de bravade qui caractérisent notre besoin de ne pas voir que nous sommes fragiles, que nous ne savons pas vraiment, que, derrière nos civilisations, nos palais, nos cultures, nos certitudes, nos arrangements avec la vérité se cache souvent la peur, l’enfance, l’infantilisme de nos caprices. Je vois dans tes pages ce que nous étions, nous, homosexuels dans les années 1950, je contemple le chemin parcouru, les combats, les victoires, les joies, l’explosion de vitalité qui a suivi et qui continue d’illuminer le monde, mais je vois aussi le reste, les replis, le conservatisme, la haine, les Trump et les Zemmour, tous ceux qui suivent sans les suivre mais adoptent les mêmes thèmes, ici, ailleurs, l’Amérique qui, sous couvert de s’inquiéter d’éducation refuse de s’interroger sur l’esclavage et la domination et tout ce qui fait le quotidien de nos délires. Rien n’a changé finalement depuis que tu écrivais. C’est sans doute bien, c’est sans doute mal. L’humain et sombre et fabuleux et l’un ne va jamais sans l’autre.

#giovannisroom #homosexualité #jamesbaldwin #littérature #logiquededomination #matindelection #notretemps
3 novembre 2021
Un voyage en train, la gare de Beaugency et les so… - Antoine Vigne
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Un voyage en train, la gare de Beaugency et les souvenirs de mon père qui y arrivait, la voie de l’aerotrain, les entrepôts et les plateformes de logistique qui se construisent un peu partout, les signes d’un temps, les conversations avec Adelaïde et Éric la semaine dernière -ô combien fabuleuse -, la performance de Sandrine Rousseau qui m’intrigue, me fait envie, tout autant que celle de Yannick Jadot d’ailleurs mais peut-être plus, vouloir y croire, vouloir croire qu’on peut changer le monde, qu’il y a un au-delà du modèle, une réinvention possible (consensuelle?), désirée en tous cas et que je sens, d’une manière ou d’une autre partout depuis mon arrivée ici, dans des personnalités aussi diverses que Monique, François, Emmanuelle, Isa évidemment, et Romain et tant d’autres, malgré les sensibilités, les expressions qui ne se recoupent pas toujours, l’éco féminisme qui en fâchera certains et en attirera d’autres mais la jouissance d’un monde qui broie les idées à plein régime, comme j’ai aimé imaginer d’autres époques de querelles fascinantes autour du socialisme, de la république, de l’iconoclasme peut-être (l’image au coeur de tout, cet autre temps qui devait ressembler au nôtre), et les vélos, Paris qui m’apparaît trépidante dans son désordre plein de vie, le contraste avec une Amérique qui ne se nourrit pas encore de tout cela, pas dans sa chair en tous les cas

#arerotrain #audeladumodele #carnetsbiographiques #carnetsdevoyage #desirdeurope #ecofeminisme #ecologie #editionscourtesetlongues #iconoclasme #lameriquenesaitpasencore #linstableetlavenir #minirécit #notretemps #querellesfecondes #reinvention #sandrinerousseau #voyageentrain
20 septembre 2021
La journée folle d’hier, commencée dans la joi… - Antoine Vigne

La journée folle d’hier, commencée dans la joie des résultats en Géorgie, et la difficulté, comme toujours de m’arracher aux articles qui se succèdent sur Internet, en passant d’une plateforme à l’autre, en cherchant sans cesse des justifications à mes émotions. Puis, vers 14h30, le message de JonCarlo qui nous met devant la télévision et les images qui défilent, la surprise qui n’en est pas vraiment une parce que nous avons attendu ce moment, parce que toute la trajectoire de la présidence Trump nous y amenait, mais la puissance assommante de la réalité nous assaille quand même pendant des heures à la vue du Capitole envahi et tous les symboles de la République bafouée. C’était comme une mauvaise série, il était difficile de ne pas sentir que nos esprits trop accoutumés à l’adrénaline quotidienne se repaissaient de ce spectacle comme s’il avait été l’aboutissement nécessaire de nos angoisses, notre besoin d’avoir raison, de montrer que, finalement, oui, la présidence Trump conduirait bien à tout cela. Mais au bout du compte, c’était tout de même le chaos, la confusion et, finalement, la colère de voir que la police ne faisait rien, qu’elle se laissait submerger comme jamais elle ne s’était laissée submerger par les mouvements de Black Lives Matters pendant l’été, comme une coincidence triste, évidente. Le jour d’après, il ne reste que des ruines fumantes que ne peuvent cacher les rayons du soleil d’hiver ni les discours des Républicains qui tentent à tout prix de s’éloigner du navire qui sombre. Des cris s’élèvent déjà, dans les milieux bien rodés de la désinformation, pour dire que ces émeutes n’étaient pas le fait des patriotes mais de l’ultra gauche déguisée en partisans de Trump parce qu’il faut bien continuer, toujours, à masquer la réalité, à l’envelopper d’un tel voile, d’une telle boue, que plus personne n’y voit plus rien. Mais les faits sont là, la réalité est là. La démocratie américaine est sur le sol, elle est encore vivante, elle tremble comme une animal blessé face à l’ombre du prédateur. Et l’on ne peut qu’attendre, espérer. On veut se battre sans savoir où commencer. Le monde qui vient est trop jeune et trop lent et le monstre est là, partout.

#logiquededomination #notretemps
7 janvier 2021