Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne Le gagnant, le fort, le certain, l’imbécile…… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
un scorpion en arrivant hier soir après la route d… - Antoine Vigne
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un scorpion en arrivant hier soir après la route de Huatulco,
le chien qui finit les restes sur la table
un quiscale hurlant sous la table devant la plage ce matin,
les grands rouleaux, l’eau couleur émeraude en transparence, des corps nus à la pelle, allongés, marchant face au couchant, la côte de Oaxaca,
chercher un peu d’histoire mais il n’y a pas grand chose sur la localité, ni dans les guides ni sur le net à part les mêmes conseils pour les touristes, je voudrais en savoir plus, sur la végétation, la lumière, les Zapotecs des collines, les tortues qui nichent dans les village voisins, les grands courants océaniques, le Zipolite qui nait dans les années 60-70 aussi, surtout, évidemment, l’histoire de ceux qui sont venus regarder des éclipses et sont restés dans des maisons aux toits de palmess, pas d’électricité à l’époque, pas d’eau courante, je pense à Véronique et ses voyages dans le Mexique de l’époque, ses photos, elle nous avait raconté tout cela pendant le voyage de 2003 avec Hervé,
mais Zipolite : cela signifierait la plage du mort, plaça des muerto,
une autre plage du mort donc, comme à Sitges ou ailleurs, les grands courants de l’océan paient leur tributs aux dieux depuis longtemps, mais, comme ailleurs, ce qui était interdit, maudit, isolement devient esquive (combien de nuances pour dire « s’échapper », fuir, décamper, déguerpir, décaniller, disparaitre, et celles qui disent l’ouverture à l’ailleurs, l’évasion justement, ou est-ce moi qui leur donne cette perception édulcorée, je n’ose plus dire mystique depuis que j’ai lu Ellul qui rapproche le nihilisme et le mysticisme… )
besoin de réinventer certains concepts donc et c’est très bien, la plage aidera, la nuit, le vent hippie qui souffle sur le pays du peuple des nuages,
et s’enivrer dans les vapeurs de Mezcalitas et autres, parler, retrouver des garçons que je n’ai plus vus depuis des années, manque Jonathan évidemment…
#zipolite #minirécit #évasion #peupledesnuages

#carnetsdevoyage #évasion #mexico #minirécit #peupledesnuages #zipolite
8 mars 2025
la beauté des plantes, la luxuriance de la nature… - Antoine Vigne
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la beauté des plantes, la luxuriance de la nature dans les avenues de Mexico, les cactus, les feuilles immenses, les racines qui détériorent les trottoirs, finissent ce qu’ont commencé les séismes à répétition, un chevauchement des mondes donc, comme les façades, les matériaux, les crépis, les couleurs, l’ancien qui jouxte l’ultra-contemporain, l’ultra-moderne, le béton lissé, les câbles qui pendent, dessinent des partitions à travers lesquelles on voit les tours, les grands immeubles du paseo de la Reforma, je pousse jusqu’au musée d’anthropologie pour voir les salles de Oaxaca, les peuples des nuages, les Olmèques aussi avec leurs visages énormes dans la pierre noire, de grands jaguars, cela tranche sur l’austère grandeur de la salle de Tenochtitlan,
puis je passe le reste de l’après-midi dans Cuauthémoc, un itinéraire sur les traces de Barragan, les immeubles d’habitation dans la poussière des échappements, des rues bondées, la circulation étouffante, ici et là les façades des années 30-40, le modernisme international, la Bauhaus, on sent l’élève plus que le maître, suivre un courant, en en appréciant les intuitions, la langue, simplicité des lignes, ouverture sur la lumière, tout cela se retrouvera dans les travaux plus tardifs, son œuvre veritable, les maisons aux couleurs vives, la sublimation des codes pour une intimité torturée mais personnelle,
je retrouve Eduardo, poursuite de l’aventure
#cdmx #minirécit #barragan #architecture #architectureetluxuriance #chevauchementdesmondes

#architecture #architectureetluxuriance #barragan #carnetsdevoyage #cdmx #chevauchementdesmondes #mexico #minirécit
6 mars 2025
belle conversation hier chez Julius avec Guillaume… - Antoine Vigne

belle conversation hier chez Julius avec Guillaume L et Agnes K, des retrouvailles de longue date, nous parlons des inégalités, Guillaume dit qu’elles sont inévitables, consubstantielles aux sociétés humaines, j’avance l’idée qu’on confond inégalités et différence, que l’on peut effectivement penser nos différences (de talents, de capacités, de désir, d’âge, de rôles, de besoins), mais que les inégalités sociales ne représentent pas du tout ces différences comme on veut trop souvent nous le faire croire, que les inégalités sont aussi et justement le résultat de notre incapacité à penser la différence, le privilège accordé à la rigidité logique qu’on confond avec l’intelligence mais qui oublie la malléabilité de l’esprit, de nos perceptions, de nos élans comme de nos inquiétudes,
il faudrait ouvrir notre compréhension de la réalité, nos systèmes scolaires à d’autres aptitudes que la mécanique des connaissances, des dates, du calcul, de l’ambition (qui ronge et qui abime parce qu’elle est toujours peur de l’avenir qui pourrait ne pas tenir sa promesse), laisser une place à l’intuition, la compréhension du corps dans tous nos processus de décision, de la sensualité, la fatigue, l’excitation, le cerveau et sa chimie,
le rôle du récit aussi, son rôle de vecteur de la connaissance et son danger, celui de la sente étroite, trop étroite pour prendre en compte toute la réalité du monde, le risque de ne favoriser qu’un aspect au détriment des autres #inégalitésetdifférence #lerécitetsabeautéetsesdangers #hoyandtoday #carnetsintermittents

#carnetsintermittents #hoyandtoday #inégalitésetdifférence #lerécitetsabeautéetsesdangers #logiquededomination
5 mars 2025
pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de… - Antoine Vigne

pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de tout ce qui se passe, nos peurs qui sont le vrai visage de ce dont on nous abreuve au quotidien,
combien de discours sur le danger de l’autre, le danger d’être submergés, d’être dépossédés, d’être dépassés, d’être emportés économiquement, technologiquement, territorialement, culturellement, la peur qui revient en négatif dans toutes les analyses, les postures diplomatiques, qui se change en monstre évidemment chez ceux auxquels on donne trop de pouvoirs, les Trump, les Poutine, les Xi, les Musk, mais qui déteint sur les autres, sur nous, aucun n’avouera qu’il a peur mais c’est pourtant bien la réalité sinon pourquoi toutes ces obsessions, l’imposition des solutions de la dernière chance, du sauvetage, l’héroïsation de comportements imbéciles,
pourquoi ne se trouve-t-il pas de personne politique pour reconnaitre cette peur, la reconnaitre vraiment, la dire, l’expliciter, nous avons peur et c’est normal, c’est humain, faire ce premier pas, plutôt que de bomber le torse toujours, la même logique qui ne conduit qu’à des catastrophes,
parce qu’accepter sa peur, c’est savoir la reconnaître dans l’autre, c’est savoir que la peur nous relie tout autant si ce n’est plus que d’autres émotions dans une époque de grand bouleversement et de penser l’autre comme ayant aussi peur que nous en fait un allié plus évident que lorsque tous jouent à un jeu de miroirs réfléchissant,
un éclat fantôme,
il y a une beauté à la peur, elle est une relation profonde à la réalité, elle est primaire, elle est l’oeil qui s’étonne de l’immensité,
mais, ravalée. elle s’insinue, elle se transforme en névrose, en besoin de domination, en guerre,
la peur vécue seule, c’est aussi l’armement, la défiance, l’incompréhension, une marche à la confrontation dont on finit toujours par revenir blessé
on peut rejoindre l’autre par nos peurs, il s’agit de reconnaître nos intimités liées, c’est un chemin beaucoup plus sûr, beaucoup plus fécond, le socle du dialogue
#lapeur #direnospeurs #carnetsintermittents #hoyandtoday

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5 mars 2025
toute la semaine, j’avais espéré que Zelensky ne s… - Antoine Vigne

toute la semaine, j’avais espéré que Zelensky ne signerait pas ce deal sur les minerais rares, qu’il ne ferait pas ce que Putin a fait, vendre les ressources communes au plus offrant,
qu’il n’accepterait pas l’humiliation, qu’il ne plierait comme tous les autres, nos dirigeants qui cherchent à protéger des parts de marché, continuer de penser qu’on pourra troquer, dialoguer – le dialogue n’existe qu’à deux, dans un espace où on ne cherche pas à convaincre l’autre
cela demande de ne pas se penser
Zelensky est le héros moderne
les cris s’accumulent en Europe
on prend conscience que l’enfance s’achève, il va falloir tenir sur ses jambes
et tenir sur ses jambes ne fonctionnera que si
nous acceptons que la prospérité n’est pas le vrai but,
le vrai but est la justice
parce qu’on ne peut pas toujours promettre la prospérité, il y a des crises, il y a des aléas, il y a des tempêtes,
mais on peut promettre le justice, on peut promettre l’équité, l’égalité devant la loi, le respect de la vie dans toutes ses formes, la vérité (la seule : je ne sais pas tout),
le partage des ressources même quand elles ne sont pas richesses,
le chemin, un équilibre qui ne veut pas dire stabilité parce que l’eau coule toujours, les glaciers fondent, l’été revient,
le passage du temps veut dire évolution permanente,
marcher sur la corde raide, au-dessus d’un vide qui s’ouvre à tout, de la chute à la promesse

#carnetsintermittents #notretemps #commentvitonlafindunmonde?

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1 mars 2025
nous parlons des polarités nous parlons des lignes… - Antoine Vigne

nous parlons des polarités
nous parlons des lignes aussi, savoir quand on passe du désir au plaisir sans désir (à l’Eagle) au non-plaisir,
je ne crois pas vraiment franchir cette ligne mais je dis que c’est justement parce que je ne crois pas aux lignes, je crois aux espaces, aux entre-deux, il n’y a pas de démarcation très nette entre nos états, nos émotions, on oublie trop souvent qu’elles baignent dans différentes substances,
que les bouts du torchon sont imbibés dans plusieurs bacs laissés sur l’établi pendant que la photo fait ressortir l’image (la mémoire, figée donc traitre), l’image oublie les zones, c’est là, la beauté de Rothko, l’image jamais parfaitement claire, aimer le flou
nous parlons du compagnonnage avec soi-même, apprendre qu’on peut souhaiter être un bon compagnon pour soi-même, que c’est l’apprentissage de la solitude justement
être seul, ce n’est pas avoir peur de ne pas être avec d’autres, c’est avoir peur d’être avec soi-même
alors apprendre à rassurer cette peur, à l’apprivoiser, tout va bien, la solitude est un état, pas une nature, elle passe

je prends conscience que je peux relire mon histoire à l’aune de ce désir de liberté,
quand je lis Jaques Ellul, je découvre ce que j’ai toujours su, Saint-Paul annonce la liberté absolue, aime et fais ce que tu veux, il n’y a pas de religion, pas de pouvoir, pas de loi, il n’y a que l’amour et la conversion et cela suffit, très largement
donc pas d’Etat, pas de nation, pas de cadre, juste la vie, le temps, un corps, tout abandonner parce que les possessions sont le passé, sont un état justement, il faut revenir à ce qui est,

et ce qui est n’est que maintenant

#aimeetfaiscequetuveux #jenaimepasleslignes #mesmondes #carnetsintermittents

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24 février 2025
photo retrouvée, incertaine, on cherche ce qui est… - Antoine Vigne

photo retrouvée, incertaine, on cherche ce qui est pris, l’intention du cliché mais cela ressemble aux images ratée, celles que les magasins de photo ne factureraient plus dans les années 1990 mais pour lesquelles on payait encore, un cadrage qui ne voit rien, sans doute juste l’idée de saisir le geste, Claude qui danse en discutant avec François, mes deux oncles, toute une généalogie s’expose, Tantine, Zabeth, Bénédicte, Philippe, 1983-4 ou 5,
qui prend la photo ? Papa, Grand-Père ? j’ai retrouvé le cliché dans ses papiers,
rien de précis donc, un verre vide, une cigarette en train d’être fumée, le dos des fauteuils malgaches, une barrette blanche dans des cheveux, le flou sur des montures de lunettes qui encadrent la scène, Tantine, dans le fond, semble fixer celui qui l’attrape dans son champ de vision, c’est un portrait, en cela, un portrait de sa solitude au cours d’une fête de famille, elle est assise devant la lampe qui attire à elle tout le contraste de la pellicule, de l’image, personne ne lui parle, il ne se passe rien et il se passe tout, pourtant, il y a plus de vie dans ce moment d’entre-deux que dans tous les clichés posés de nos albums, c’est un tableau, une atmosphère, des intuitions de regards qui se croisent, personne ne parle, sauf peut-être François dont on n’aperçoit que le crâne (je sais que c’est lui grâce à un deuxième cliché, dans l’instant qui précède ou qui suit, révélant le mouvement du photographe dans la pièce, le salon de l’avenue de Wagram, les murs sont relativement vides, cela ressemble à mes parents, ne pas se soucier trop de l’intérieur, ne pas prétendre au genre de vie bourgeois qui commence à les entourer, rester dans la trace simple, souple, décontractée, un tantinet traditionnelle, ce qui viendra viendra quand il viendra, aurait dit mon père, ma mère aurait souri, je me serais assis sur le canapé, ma soeur aussi, la chatte Minette serait passée, on aurait rangé les verres, les assiettes, les bouteilles de Tropicana en verre achetées chez Madame Lepot avec les petit fours frais, la vie aurait continué, ne laissant que cette trace de la journée que je contemple quarante ans après, que d’autres auraient jetée, moment précieux

#carnetsbiographiques
18 février 2025
dimanche encore, gris, froid, l’hiver, écrire sur… - Antoine Vigne

dimanche encore, gris, froid, l’hiver, écrire sur Hockney, lutter contre l’impression de dispersion que donne son oeuvre, toute oeuvre évidemment, détour par les Situations de Sartre, les Arnolfini, le Grand Canyon, Los Angeles et les piscines, la prolixité du regard, je me demande quel est l’équivalent de l’esquisse, du travail quotidien sur le papier, la toile, la répétition du geste, en littérature, peut-on réécrire mille fois la même scène comme Hockney le ferait avec un paysage du Yorkshire ?
suis toujours préoccupé par Jacques Ellul, je lis sa Subversion du christianisme avec délectation et fascination, il lève tant de points qui ont toujours été mes points d’achoppement, l’incompréhension que toute la tradition religieuse se soit engouffrée dans une morale qui n’a pas de sens, qui nie l’élan de liberté absolue contenu dans l’idée d’amour, de respect, d’individualité de la pratique, de la vie, de l’élan vital, de la spiritualité justement, dans toute son exubérance folle, inquiète, joyeuse parfois mais liée au vent, aux éléments, au corps, les manifestations du monde, le passage du temps,
j’écoute Vivaldi, les concertos pour mandoline, effet ciselé des cordes qui appelle des images ensoleillées en moi, la chaleur sur la pierre, sur la poussière des chemins craquelés, des herbes folles,
je regarde des dessins de Jean-Luc Verna
je poursuis ma lecture du Journal sexuel d’Arthur, j’ai dit à Jean que cela me faisait plus penser à Pascal qu’à Renaud Camus, la fragmentation, l’exhibition
je travaille à mon bolide, à mes esquisses

#dimanche #carnetsintermittents

#carnetsintermittents #dimanche
16 février 2025
la grande erreur de cette idée de submersion migr… - Antoine Vigne

la grande erreur de cette idée de submersion migratoire, c’est de donner aux gens le fantasme d’un retour au monde d’avant, un monde qui n’existe plus, la France des années 70 n’existe plus, pas plus que l’Algérie ou l’Amérique des années 80, 90 ou même 2000. Rien de tout cela ne reviendra et les migrations se poursuivront parce qu’elles font partie du monde où nous vivons, du paysage instable, elles font d’ailleurs partie de ce monde que les multinationales utilisent à leurs fins, en rejetant les fautes sur les États, ce sont elles qui imposent leur dictature schizophrène de la stabilité tout en imposant l’instabilité qui vient avec la recherche du profit à tout prix, les sauts de côté, les pas de côté, les délocalisations sans cesse. Elles ne délocalisent pas parce qu’elles ne font pas de profit, mais parce qu’elles en demandent toujours plus. Il faut avoir le courage de dire au monde qu’il n’y a jamais eu autant d’argent qu’aujourd’hui. Il faut avoir le courage de dire que cet argent n’est pas pris par les migrants ni par les classes populaires mais par les multinationales, les banques, la tech, les classes dirigeantes de nos pays. Il faut avoir le courage de dire que la course en avant à la puissance est un leurre, la puissance qu’on nous vend n’est pas celle des peuples mais des oligarchies montantes. elle mène aux camps.

#campsarecamps #impuissancedelapuissance #lemondenerevientpas #logiquesdedomination #protectpeoplenotborders
30 janvier 2025
la haine que véhicule toutes ces mesures est bien… - Antoine Vigne

la haine que véhicule toutes ces mesures est bien réelle, elle est contagieuse, elle fait porter tout le poids du mal-être sur l’autre, toujours cet autre évanescent, le migrant, le trans, tous ceux qui contredisent l’ordre perdu, moral ou économique, tous ceux qui disent que le monde a changé. Et cette haine est dévorante.

Si nous ne faisons que jouer sur l’échiquier de la puissance, nous perdrons tous, il n’y aura jamais qu’un seul gagnant, de plus en plus isolé, de plus en plus oligarchique, de plus en plus autoritaire.

Nous parlons souvent de Churchill. Il ne s’est pas placé face au fascisme en disant qu’il protégerait les profits et les entreprises, non, il a parlé de démocratie, il a parlé d’honneur, il a parlé de droiture.

Il faut refuser de se placer là où se placent justement les fascismes, sur le terrain de la peur, la peur de la perte (d’identité, de culture, de profit, d’emplois, toutes les peurs…). Bayrou se plante lorsqu’il adopte le discours de l’extrême droite sur la submersion, même avec tous les garde-fous qu’il essaie d’y mettre. Les voies sans issues n’ouvrent sur rien. Que l’obscurité des allées sombres.

Écosystème/destins communs: ce n’est pas un hasard si Churchill peut rencontrer Bruno Latour. C’est l’opposé de ce que propose l’Amérique fasciste. C’est ce que pourrait inventer l’Europe et tous ceux qui désespèrent face au spectacle contemporain.

#notretemps #fightingfear

#fightingfear #logiquesdedomination #notretemps
28 janvier 2025
pourquoi se penser français ou américain ou ghan… - Antoine Vigne

pourquoi se penser français ou américain ou ghanéen ou israélien de manière exclusive? pourquoi vouloir interdire ou nier à quelqu’un le droit de se vouloir de quelque nationalité que ce soit comme le fait Trump, comme si nous avions le droit de choisir pour l’autre ce qu’ils sont ou ne sont pas. cela me rappelle la question du genre, de l’homosexualité. j’ai grandi dans un monde où on me disait que je n’étais pas homosexuel, que l’homosexualité n’existait pas, que j’étais fondamentalement enfant de dieu, naturellement hétérosexuel, perdu, troublé, on décidait pour moi, on plaquait sur moi une vision du monde. On pourrait libérer la question de la nationalité, la détacher de toutes nos peurs, de toutes nos rigidités, nous pouvons être ce que nous voulons si nous le désirons. si je souhaite me sentir islandais d’âme parce que cette culture m’attire, ou en partie allemand parce que cette langue me parle, ou arabe et musulman parce que les mondes d’Islam qu’on m’enseignait à l’Ecole du Louvre dans mes études d’histoire de l’art me fascinaient, qu’est-ce que cela peut-il retirer à l’autre? pourquoi est-ce un tel problème, une telle ligne de fracture? revenons, encore une fois, à la question de la justice, la seule vraie question, la seule question politique. il n’y a qu’une seule raison d’organiser la vie en société, c’est la justice. laisser à l’être la possibilité de devenir ce qu’il souhaite être découle de cette justice.

#cheminsdeliberté #logiquesdedomination #notretemps
24 janvier 2025
un scorpion en arrivant hier soir après la route d… - Antoine Vigne
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un scorpion en arrivant hier soir après la route de Huatulco,
le chien qui finit les restes sur la table
un quiscale hurlant sous la table devant la plage ce matin,
les grands rouleaux, l’eau couleur émeraude en transparence, des corps nus à la pelle, allongés, marchant face au couchant, la côte de Oaxaca,
chercher un peu d’histoire mais il n’y a pas grand chose sur la localité, ni dans les guides ni sur le net à part les mêmes conseils pour les touristes, je voudrais en savoir plus, sur la végétation, la lumière, les Zapotecs des collines, les tortues qui nichent dans les village voisins, les grands courants océaniques, le Zipolite qui nait dans les années 60-70 aussi, surtout, évidemment, l’histoire de ceux qui sont venus regarder des éclipses et sont restés dans des maisons aux toits de palmess, pas d’électricité à l’époque, pas d’eau courante, je pense à Véronique et ses voyages dans le Mexique de l’époque, ses photos, elle nous avait raconté tout cela pendant le voyage de 2003 avec Hervé,
mais Zipolite : cela signifierait la plage du mort, plaça des muerto,
une autre plage du mort donc, comme à Sitges ou ailleurs, les grands courants de l’océan paient leur tributs aux dieux depuis longtemps, mais, comme ailleurs, ce qui était interdit, maudit, isolement devient esquive (combien de nuances pour dire « s’échapper », fuir, décamper, déguerpir, décaniller, disparaitre, et celles qui disent l’ouverture à l’ailleurs, l’évasion justement, ou est-ce moi qui leur donne cette perception édulcorée, je n’ose plus dire mystique depuis que j’ai lu Ellul qui rapproche le nihilisme et le mysticisme… )
besoin de réinventer certains concepts donc et c’est très bien, la plage aidera, la nuit, le vent hippie qui souffle sur le pays du peuple des nuages,
et s’enivrer dans les vapeurs de Mezcalitas et autres, parler, retrouver des garçons que je n’ai plus vus depuis des années, manque Jonathan évidemment…
#zipolite #minirécit #évasion #peupledesnuages

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8 mars 2025
la beauté des plantes, la luxuriance de la nature… - Antoine Vigne
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la beauté des plantes, la luxuriance de la nature dans les avenues de Mexico, les cactus, les feuilles immenses, les racines qui détériorent les trottoirs, finissent ce qu’ont commencé les séismes à répétition, un chevauchement des mondes donc, comme les façades, les matériaux, les crépis, les couleurs, l’ancien qui jouxte l’ultra-contemporain, l’ultra-moderne, le béton lissé, les câbles qui pendent, dessinent des partitions à travers lesquelles on voit les tours, les grands immeubles du paseo de la Reforma, je pousse jusqu’au musée d’anthropologie pour voir les salles de Oaxaca, les peuples des nuages, les Olmèques aussi avec leurs visages énormes dans la pierre noire, de grands jaguars, cela tranche sur l’austère grandeur de la salle de Tenochtitlan,
puis je passe le reste de l’après-midi dans Cuauthémoc, un itinéraire sur les traces de Barragan, les immeubles d’habitation dans la poussière des échappements, des rues bondées, la circulation étouffante, ici et là les façades des années 30-40, le modernisme international, la Bauhaus, on sent l’élève plus que le maître, suivre un courant, en en appréciant les intuitions, la langue, simplicité des lignes, ouverture sur la lumière, tout cela se retrouvera dans les travaux plus tardifs, son œuvre veritable, les maisons aux couleurs vives, la sublimation des codes pour une intimité torturée mais personnelle,
je retrouve Eduardo, poursuite de l’aventure
#cdmx #minirécit #barragan #architecture #architectureetluxuriance #chevauchementdesmondes

#architecture #architectureetluxuriance #barragan #carnetsdevoyage #cdmx #chevauchementdesmondes #mexico #minirécit
6 mars 2025
belle conversation hier chez Julius avec Guillaume… - Antoine Vigne

belle conversation hier chez Julius avec Guillaume L et Agnes K, des retrouvailles de longue date, nous parlons des inégalités, Guillaume dit qu’elles sont inévitables, consubstantielles aux sociétés humaines, j’avance l’idée qu’on confond inégalités et différence, que l’on peut effectivement penser nos différences (de talents, de capacités, de désir, d’âge, de rôles, de besoins), mais que les inégalités sociales ne représentent pas du tout ces différences comme on veut trop souvent nous le faire croire, que les inégalités sont aussi et justement le résultat de notre incapacité à penser la différence, le privilège accordé à la rigidité logique qu’on confond avec l’intelligence mais qui oublie la malléabilité de l’esprit, de nos perceptions, de nos élans comme de nos inquiétudes,
il faudrait ouvrir notre compréhension de la réalité, nos systèmes scolaires à d’autres aptitudes que la mécanique des connaissances, des dates, du calcul, de l’ambition (qui ronge et qui abime parce qu’elle est toujours peur de l’avenir qui pourrait ne pas tenir sa promesse), laisser une place à l’intuition, la compréhension du corps dans tous nos processus de décision, de la sensualité, la fatigue, l’excitation, le cerveau et sa chimie,
le rôle du récit aussi, son rôle de vecteur de la connaissance et son danger, celui de la sente étroite, trop étroite pour prendre en compte toute la réalité du monde, le risque de ne favoriser qu’un aspect au détriment des autres #inégalitésetdifférence #lerécitetsabeautéetsesdangers #hoyandtoday #carnetsintermittents

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5 mars 2025
pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de… - Antoine Vigne

pourrait-on parler de la peur? la peur au coeur de tout ce qui se passe, nos peurs qui sont le vrai visage de ce dont on nous abreuve au quotidien,
combien de discours sur le danger de l’autre, le danger d’être submergés, d’être dépossédés, d’être dépassés, d’être emportés économiquement, technologiquement, territorialement, culturellement, la peur qui revient en négatif dans toutes les analyses, les postures diplomatiques, qui se change en monstre évidemment chez ceux auxquels on donne trop de pouvoirs, les Trump, les Poutine, les Xi, les Musk, mais qui déteint sur les autres, sur nous, aucun n’avouera qu’il a peur mais c’est pourtant bien la réalité sinon pourquoi toutes ces obsessions, l’imposition des solutions de la dernière chance, du sauvetage, l’héroïsation de comportements imbéciles,
pourquoi ne se trouve-t-il pas de personne politique pour reconnaitre cette peur, la reconnaitre vraiment, la dire, l’expliciter, nous avons peur et c’est normal, c’est humain, faire ce premier pas, plutôt que de bomber le torse toujours, la même logique qui ne conduit qu’à des catastrophes,
parce qu’accepter sa peur, c’est savoir la reconnaître dans l’autre, c’est savoir que la peur nous relie tout autant si ce n’est plus que d’autres émotions dans une époque de grand bouleversement et de penser l’autre comme ayant aussi peur que nous en fait un allié plus évident que lorsque tous jouent à un jeu de miroirs réfléchissant,
un éclat fantôme,
il y a une beauté à la peur, elle est une relation profonde à la réalité, elle est primaire, elle est l’oeil qui s’étonne de l’immensité,
mais, ravalée. elle s’insinue, elle se transforme en névrose, en besoin de domination, en guerre,
la peur vécue seule, c’est aussi l’armement, la défiance, l’incompréhension, une marche à la confrontation dont on finit toujours par revenir blessé
on peut rejoindre l’autre par nos peurs, il s’agit de reconnaître nos intimités liées, c’est un chemin beaucoup plus sûr, beaucoup plus fécond, le socle du dialogue
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5 mars 2025
toute la semaine, j’avais espéré que Zelensky ne s… - Antoine Vigne

toute la semaine, j’avais espéré que Zelensky ne signerait pas ce deal sur les minerais rares, qu’il ne ferait pas ce que Putin a fait, vendre les ressources communes au plus offrant,
qu’il n’accepterait pas l’humiliation, qu’il ne plierait comme tous les autres, nos dirigeants qui cherchent à protéger des parts de marché, continuer de penser qu’on pourra troquer, dialoguer – le dialogue n’existe qu’à deux, dans un espace où on ne cherche pas à convaincre l’autre
cela demande de ne pas se penser
Zelensky est le héros moderne
les cris s’accumulent en Europe
on prend conscience que l’enfance s’achève, il va falloir tenir sur ses jambes
et tenir sur ses jambes ne fonctionnera que si
nous acceptons que la prospérité n’est pas le vrai but,
le vrai but est la justice
parce qu’on ne peut pas toujours promettre la prospérité, il y a des crises, il y a des aléas, il y a des tempêtes,
mais on peut promettre le justice, on peut promettre l’équité, l’égalité devant la loi, le respect de la vie dans toutes ses formes, la vérité (la seule : je ne sais pas tout),
le partage des ressources même quand elles ne sont pas richesses,
le chemin, un équilibre qui ne veut pas dire stabilité parce que l’eau coule toujours, les glaciers fondent, l’été revient,
le passage du temps veut dire évolution permanente,
marcher sur la corde raide, au-dessus d’un vide qui s’ouvre à tout, de la chute à la promesse

#carnetsintermittents #notretemps #commentvitonlafindunmonde?

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1 mars 2025
nous parlons des polarités nous parlons des lignes… - Antoine Vigne

nous parlons des polarités
nous parlons des lignes aussi, savoir quand on passe du désir au plaisir sans désir (à l’Eagle) au non-plaisir,
je ne crois pas vraiment franchir cette ligne mais je dis que c’est justement parce que je ne crois pas aux lignes, je crois aux espaces, aux entre-deux, il n’y a pas de démarcation très nette entre nos états, nos émotions, on oublie trop souvent qu’elles baignent dans différentes substances,
que les bouts du torchon sont imbibés dans plusieurs bacs laissés sur l’établi pendant que la photo fait ressortir l’image (la mémoire, figée donc traitre), l’image oublie les zones, c’est là, la beauté de Rothko, l’image jamais parfaitement claire, aimer le flou
nous parlons du compagnonnage avec soi-même, apprendre qu’on peut souhaiter être un bon compagnon pour soi-même, que c’est l’apprentissage de la solitude justement
être seul, ce n’est pas avoir peur de ne pas être avec d’autres, c’est avoir peur d’être avec soi-même
alors apprendre à rassurer cette peur, à l’apprivoiser, tout va bien, la solitude est un état, pas une nature, elle passe

je prends conscience que je peux relire mon histoire à l’aune de ce désir de liberté,
quand je lis Jaques Ellul, je découvre ce que j’ai toujours su, Saint-Paul annonce la liberté absolue, aime et fais ce que tu veux, il n’y a pas de religion, pas de pouvoir, pas de loi, il n’y a que l’amour et la conversion et cela suffit, très largement
donc pas d’Etat, pas de nation, pas de cadre, juste la vie, le temps, un corps, tout abandonner parce que les possessions sont le passé, sont un état justement, il faut revenir à ce qui est,

et ce qui est n’est que maintenant

#aimeetfaiscequetuveux #jenaimepasleslignes #mesmondes #carnetsintermittents

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24 février 2025
photo retrouvée, incertaine, on cherche ce qui est… - Antoine Vigne

photo retrouvée, incertaine, on cherche ce qui est pris, l’intention du cliché mais cela ressemble aux images ratée, celles que les magasins de photo ne factureraient plus dans les années 1990 mais pour lesquelles on payait encore, un cadrage qui ne voit rien, sans doute juste l’idée de saisir le geste, Claude qui danse en discutant avec François, mes deux oncles, toute une généalogie s’expose, Tantine, Zabeth, Bénédicte, Philippe, 1983-4 ou 5,
qui prend la photo ? Papa, Grand-Père ? j’ai retrouvé le cliché dans ses papiers,
rien de précis donc, un verre vide, une cigarette en train d’être fumée, le dos des fauteuils malgaches, une barrette blanche dans des cheveux, le flou sur des montures de lunettes qui encadrent la scène, Tantine, dans le fond, semble fixer celui qui l’attrape dans son champ de vision, c’est un portrait, en cela, un portrait de sa solitude au cours d’une fête de famille, elle est assise devant la lampe qui attire à elle tout le contraste de la pellicule, de l’image, personne ne lui parle, il ne se passe rien et il se passe tout, pourtant, il y a plus de vie dans ce moment d’entre-deux que dans tous les clichés posés de nos albums, c’est un tableau, une atmosphère, des intuitions de regards qui se croisent, personne ne parle, sauf peut-être François dont on n’aperçoit que le crâne (je sais que c’est lui grâce à un deuxième cliché, dans l’instant qui précède ou qui suit, révélant le mouvement du photographe dans la pièce, le salon de l’avenue de Wagram, les murs sont relativement vides, cela ressemble à mes parents, ne pas se soucier trop de l’intérieur, ne pas prétendre au genre de vie bourgeois qui commence à les entourer, rester dans la trace simple, souple, décontractée, un tantinet traditionnelle, ce qui viendra viendra quand il viendra, aurait dit mon père, ma mère aurait souri, je me serais assis sur le canapé, ma soeur aussi, la chatte Minette serait passée, on aurait rangé les verres, les assiettes, les bouteilles de Tropicana en verre achetées chez Madame Lepot avec les petit fours frais, la vie aurait continué, ne laissant que cette trace de la journée que je contemple quarante ans après, que d’autres auraient jetée, moment précieux

#carnetsbiographiques
18 février 2025
dimanche encore, gris, froid, l’hiver, écrire sur… - Antoine Vigne

dimanche encore, gris, froid, l’hiver, écrire sur Hockney, lutter contre l’impression de dispersion que donne son oeuvre, toute oeuvre évidemment, détour par les Situations de Sartre, les Arnolfini, le Grand Canyon, Los Angeles et les piscines, la prolixité du regard, je me demande quel est l’équivalent de l’esquisse, du travail quotidien sur le papier, la toile, la répétition du geste, en littérature, peut-on réécrire mille fois la même scène comme Hockney le ferait avec un paysage du Yorkshire ?
suis toujours préoccupé par Jacques Ellul, je lis sa Subversion du christianisme avec délectation et fascination, il lève tant de points qui ont toujours été mes points d’achoppement, l’incompréhension que toute la tradition religieuse se soit engouffrée dans une morale qui n’a pas de sens, qui nie l’élan de liberté absolue contenu dans l’idée d’amour, de respect, d’individualité de la pratique, de la vie, de l’élan vital, de la spiritualité justement, dans toute son exubérance folle, inquiète, joyeuse parfois mais liée au vent, aux éléments, au corps, les manifestations du monde, le passage du temps,
j’écoute Vivaldi, les concertos pour mandoline, effet ciselé des cordes qui appelle des images ensoleillées en moi, la chaleur sur la pierre, sur la poussière des chemins craquelés, des herbes folles,
je regarde des dessins de Jean-Luc Verna
je poursuis ma lecture du Journal sexuel d’Arthur, j’ai dit à Jean que cela me faisait plus penser à Pascal qu’à Renaud Camus, la fragmentation, l’exhibition
je travaille à mon bolide, à mes esquisses

#dimanche #carnetsintermittents

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16 février 2025
la grande erreur de cette idée de submersion migr… - Antoine Vigne

la grande erreur de cette idée de submersion migratoire, c’est de donner aux gens le fantasme d’un retour au monde d’avant, un monde qui n’existe plus, la France des années 70 n’existe plus, pas plus que l’Algérie ou l’Amérique des années 80, 90 ou même 2000. Rien de tout cela ne reviendra et les migrations se poursuivront parce qu’elles font partie du monde où nous vivons, du paysage instable, elles font d’ailleurs partie de ce monde que les multinationales utilisent à leurs fins, en rejetant les fautes sur les États, ce sont elles qui imposent leur dictature schizophrène de la stabilité tout en imposant l’instabilité qui vient avec la recherche du profit à tout prix, les sauts de côté, les pas de côté, les délocalisations sans cesse. Elles ne délocalisent pas parce qu’elles ne font pas de profit, mais parce qu’elles en demandent toujours plus. Il faut avoir le courage de dire au monde qu’il n’y a jamais eu autant d’argent qu’aujourd’hui. Il faut avoir le courage de dire que cet argent n’est pas pris par les migrants ni par les classes populaires mais par les multinationales, les banques, la tech, les classes dirigeantes de nos pays. Il faut avoir le courage de dire que la course en avant à la puissance est un leurre, la puissance qu’on nous vend n’est pas celle des peuples mais des oligarchies montantes. elle mène aux camps.

#campsarecamps #impuissancedelapuissance #lemondenerevientpas #logiquesdedomination #protectpeoplenotborders
30 janvier 2025
la haine que véhicule toutes ces mesures est bien… - Antoine Vigne

la haine que véhicule toutes ces mesures est bien réelle, elle est contagieuse, elle fait porter tout le poids du mal-être sur l’autre, toujours cet autre évanescent, le migrant, le trans, tous ceux qui contredisent l’ordre perdu, moral ou économique, tous ceux qui disent que le monde a changé. Et cette haine est dévorante.

Si nous ne faisons que jouer sur l’échiquier de la puissance, nous perdrons tous, il n’y aura jamais qu’un seul gagnant, de plus en plus isolé, de plus en plus oligarchique, de plus en plus autoritaire.

Nous parlons souvent de Churchill. Il ne s’est pas placé face au fascisme en disant qu’il protégerait les profits et les entreprises, non, il a parlé de démocratie, il a parlé d’honneur, il a parlé de droiture.

Il faut refuser de se placer là où se placent justement les fascismes, sur le terrain de la peur, la peur de la perte (d’identité, de culture, de profit, d’emplois, toutes les peurs…). Bayrou se plante lorsqu’il adopte le discours de l’extrême droite sur la submersion, même avec tous les garde-fous qu’il essaie d’y mettre. Les voies sans issues n’ouvrent sur rien. Que l’obscurité des allées sombres.

Écosystème/destins communs: ce n’est pas un hasard si Churchill peut rencontrer Bruno Latour. C’est l’opposé de ce que propose l’Amérique fasciste. C’est ce que pourrait inventer l’Europe et tous ceux qui désespèrent face au spectacle contemporain.

#notretemps #fightingfear

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28 janvier 2025
pourquoi se penser français ou américain ou ghan… - Antoine Vigne

pourquoi se penser français ou américain ou ghanéen ou israélien de manière exclusive? pourquoi vouloir interdire ou nier à quelqu’un le droit de se vouloir de quelque nationalité que ce soit comme le fait Trump, comme si nous avions le droit de choisir pour l’autre ce qu’ils sont ou ne sont pas. cela me rappelle la question du genre, de l’homosexualité. j’ai grandi dans un monde où on me disait que je n’étais pas homosexuel, que l’homosexualité n’existait pas, que j’étais fondamentalement enfant de dieu, naturellement hétérosexuel, perdu, troublé, on décidait pour moi, on plaquait sur moi une vision du monde. On pourrait libérer la question de la nationalité, la détacher de toutes nos peurs, de toutes nos rigidités, nous pouvons être ce que nous voulons si nous le désirons. si je souhaite me sentir islandais d’âme parce que cette culture m’attire, ou en partie allemand parce que cette langue me parle, ou arabe et musulman parce que les mondes d’Islam qu’on m’enseignait à l’Ecole du Louvre dans mes études d’histoire de l’art me fascinaient, qu’est-ce que cela peut-il retirer à l’autre? pourquoi est-ce un tel problème, une telle ligne de fracture? revenons, encore une fois, à la question de la justice, la seule vraie question, la seule question politique. il n’y a qu’une seule raison d’organiser la vie en société, c’est la justice. laisser à l’être la possibilité de devenir ce qu’il souhaite être découle de cette justice.

#cheminsdeliberté #logiquesdedomination #notretemps
24 janvier 2025