Elle est là, elle a tenu. Elle est debout au cœur de Paris, en partie calcinée mais les traces disparaîtront. Comme nous tous, j’ai cru la perdre, j’ai passé des heures à suivre les images sur mon écran d’ordinateur, depuis les premières minutes ou quasiment. Il était une heure de l’après-midi à New York, je m’apprêtais à déjeuner et j’avais allumé les informations. Il n’a pas fallu longtemps pour comprendre que c’était dramatique. Les flammes montaient, avançaient. Elles dévoraient la toiture, le bâtiment. Il n’y pas d’autre mot. D’autres images défilaient dans ma tête, celles des heures passées dans les jardins du chevet à contempler la vue, à imaginer la cathédrale dans les champs de l’époque médiévale – c’est comme ça que fonctionne mon esprit, à toujours essayer d’embrasser un passé qui n’existe plus mais dont j’ai l’impression de sentir la présence, charnelle, presque matérielle, autour de moi – mais aussi les images fabriquées par mon angoisse, celles d’un immense terrain vide où n’auraient plus subsisté que des ruines noires dont on n’aurait su que faire. Les messages ont afflué, j’ai parlé à ma mère, à Jean, à Claire, à Isa, échangé avec des amis proches et lointains. C’était comme pendant cette journée lointaine de septembre 2001. Mais la nuit est tombée sur des nouvelles plus douces, sur une voûte qui avait tenu, sur une nef où l’on apercevait encore les murs, les chaires, les chaises, sur des rosaces miraculeusement encore debout, sur des orgues ayant échappé au sinistre. Et sur cette silhouette dressée dans les ténèbres. Des messages de tristesse et de deuil circulent encore mais je me sens heureux de savoir qu’on pourra reconstruire, de comprendre que les désastres font partie de l’histoire de ces monuments, qu’ils nous habitent comme nous les habitons. C’est pour cela que nous avons une histoire. Parce que nous sommes ancrés dans ce monde, dans ces pierres, dans ce réel. Parce nous savons l’aimer. #notredame #incendiedenotredame #notrehistoire #contemédiéval #récitdunenuit #france