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Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
quand je vois Ursula van der Leyen signer l’acco… - Antoine Vigne

quand je vois Ursula van der Leyen signer l’accord sur le Mercosur : apparemment certains n’ont rien compris au film…
ailleurs, à New York, on assassine le dirigeant d’United Health Care, un gigantesque groupe d’assurance santé.
c’est ainsi que les révolutions commencent… par la colère qui devient violence.
tout est en équilibre instable et les institutions ne sont plus assez fortes pour empêcher la suite.
mais nous sommes tous coupables, nous tous qui vivons bien, qui voyageons sans nous poser de questions, qui acceptons le système parce qu’il nous privilégie, qui refusons de voir l’aberration de notre quotidien favorisé et ses liens au monde ayant créé cette situation, un monde pétri de colonisation économique, y compris dans nos propres pays.
je ne sais pas comment on lutte contre la colère de ceux qui n’ont pas assez, qui n’ont rien (une colère juste, mais la violence peut-elle être juste… je tend à penser qu’on peut au moins l’excuser, n’est-ce pas ce qu’on appelle les circonstances atténuantes?, avec tout ce que cela a d’inconfortable intellectuellement) mais ne pas voir que proner la stabilité, et les grands idéaux démocratiques quand ces idéaux ont été utilisé pour défendre un monde profondément inégalitaire, est une forme de violence, c’est être aveugle à ce qui se passe.
ceux qui veulent l’ordre et la paix aujourd’hui sont souvent les défenseurs d’un ordre ancien. et je comprends qu’on puisse avoir peur, qu’on puisse défendre la paix sociale parce qu’on sait que la déstabilisation du monde sera payée d’abord par ceux qui ont moins. mais l’équilibre a déjà été rompu. nous sommes dans l’après.

 

#après #logiquesdedomination #notretemps
7 décembre 2024
Abdellah Taïa à la Maison française de NYU, en … - Antoine Vigne

Abdellah Taïa à la Maison française de NYU, en conversation avec Laure Adler. Sublime quand il parle du doute, du sentiment d’illégitimité dans l’écriture, dans la vie. Il parle de stratégies de survie,
il parle de sorcellerie pour lutter pour la pauvreté, pour déjouer le sort, et, dans cette sorcellerie, il y a les mots, il y a le récit, tout inventer, tout raconter, tout devient histoire,
il dit: “il n’y a pas plus atroce que la solitude”, il parle de sa famille, évidemment, de sa vie, la mère, les soeurs, le père, il parle de Salé, de Rabat, l’air change de Salé à Rabat, on y est forcément différent, forcément illégitime
ses mains bougent lorsqu’il parle, continuellement, il est beau, magnifique, il est envoutant, il dit ne pas avoir peur des sorcières, d’être sorcière, d’être ce qu’on est, ne pas gommer les aspects sombres, l’homosexualité aussi, même s’il faut apprendre à ne montrer que ce qui permet de survivre, mais ne pas nier le reste, ne pas en avoir peur, il y a des contradictions, peut-être, ou pas, mais ce n’est pas grave, elles font parfois du territoire mouvant qu’est l’existence dans laquelle s’érigent des monticules infranchissables entre les êtres
alors il parle de l’approfondissement des voix en soi, les voix plurielles, parfois des djinns, mais le plus souvent simplement des voix, il met en garde contre l’individualisation à outrance, le grand danger dans l’occident et le monde contemporain, ne plus savoir écouter la pluralité des voix, leurs cris contradictoires, la poésie qui en émerge, l’individu sacralisé est trop monolithique, sa souffrance trop rationnelle, il parle du danger de l’auto fiction, du danger des stratégies communautaires aussi quand elles ne sont axées que sur les blessures et non pas aussi sur le socle commun, il parle de politique sans en parler, il y a une douceur extrême dans son discours
il parle beaucoup, sans s’arrêter, Laure Adler l’écoute, elle sait aussi pousser, sans pudeur, elle cherche l’origine de l’écriture, la trace du père, et Abdellah poursuit, il dit que l’écriture est un accident, comme une collision, mais elle ne doit pas prévenir le besoin de parler, de parler vraiment, avant la mort, se réconcilier même lorsque c’est impossible, dire pour déjouer, encore une fois, le sort, les sorts, aller au-delà du mot écrit donc, une stratégie de réconciliation, mais sans illusions, parce que certaines choses ne peuvent pas être dites et entendues dans le même temps, parce que le temps nous rattrape sans cesse, parce que nous sommes ses jouets
et il parle d’une nostalgie constitutive, comme organique, qui monte avec l’âge, le désir du retour qui n’est qu’une illusion
magnifique Abdellah Taïa

 

 

#abdellahtaia #littérature #maisonsfrancaisenyu
6 décembre 2024
hier soir, l’hommage à Maryse Condé, Richard P… - Antoine Vigne
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hier soir, l’hommage à Maryse Condé, Richard Philcox parle avec une douceur infinie de sa vie à ses côtés, il emprunte pudiquement le territoire de la traduction pour parler de leur relation, des mots, des textes, de son respect pour l’oeuvre, de la fragilité de ce métier de translation, de réécriture à partir d’une langue vers une autre, le glissement forcément imparfait sur lequel on plaque trop souvent des impératifs politiques, idéologiques (un homme blanc pour traduire une femme noire, même s’ils vivent ensemble, forcément, ça coince, comme s’il ne devait y avoir qu’une seule version de la traduction, comme si telle traduction allait empêcher telle autre, suivante, d’advenir… où avons-nous hérité d’une telle rigidité, d’une telle peur du présent qui ne nie pas forcément l’avenir, d’autres idées, d’autres versions, on cherche tellement la justesse pour réparer toutes les injustices passées qu’on en oublie le temps auquel nous sommes tous soumis, la perspective qui se déroule sans fin).

mais la présence de Maryse Condé sur l’écran du documentaire perce, ses mots parfois difficilement prononcés, accrochés, est-ce l’âge qui tend la diction? elle se repose sur les textes, sur les portraits, le meurtre littéraire comme une nécessité pour déjouer le mauvais en nous, elle rit, elle parle de la Guadeloupe et de l’incompréhension du monde d’où elle vient, elle parle de l’exil nécessaire, de la rencontre comme antidote.

 

#littérature #maisonfrancaisecolumbia #marysecondé #richardphilcox
5 décembre 2024
un moment sombre 
“je n’ai aucune illusion sur… - Antoine Vigne

un moment sombre
“je n’ai aucune illusion sur ce qui vient”
le Sabbath Queen de Sandi Dubowski et la complexité de la réaction actuelle au monde qui se désagrège devant nos yeux
il dresse un portrait tortueux, tendre, ouvert, incertain de la spiritualité pour ceux qui se découvrent queer, qui cherchent un autre chemin, qui sont obligés de l’inventer parce que les modèles n’existent pas, parce que les religions se sont historiquement rigidifiées, codifiées, trahissant par là-même l’évanescent, le dieu de la brise, le feu du buisson, l’insaisissable. Amichai Lau-Lavie incarne le fleuve qui charrie les tempêtes, les berges, les sédiments accumulés, qui passe tous les barrages, qui s’infiltre dans les brèches causées par la douleur des injonctions, des rétrécissements imposés par le dogme, la loi, la lecture calcifiée des textes.
Pendant les questions/réponses qui suivent la séance à IFC, il navigue l’incertitude et la prudence (sagesse) avec une bonne dose d’humour, il choisit la tradition comme cadre tout en acceptant de le dilater sans cesse, de le torturer pour qu’il laisse de la place à l’humanité, ses humeurs, ses travers, ses émotions, l’errement comme une erreur et comme un chemin
beau film
belle figure
beau récit
l’intersection de l’histoire et du temps individuel, des nuages noirs qui s’accumulent sur nos démocraties,
et la collision du changement radical de prisme qu’amène/qu’impose l’époque avec la réaction/l’autoritaire qui cherche à préserver ce qui ne peut pas l’être: un monde passé et mort
“je choisis d’espérer quand même mais je n’ai aucune illusion sur ce qui vient, nous allons devoir survivre”
#sabbathqueen #amichailalavie #sandidubowski #religion #traditionetfanatisme #errer

#amichailalavie #errer #religion #sabbathqueen #sandidubowski #traditionetfanatisme
2 décembre 2024
La résistance au capitalisme actuel et toutes ses… - Antoine Vigne

La résistance au capitalisme actuel et toutes ses dérives et ses sécheresses (dont les ruptures démocratiques, le populisme, les tentations fascistes) passe par le marronnage intérieur, par la créativité intérieure. Le conte, la musique, l’exil, l’invention d’imaginaires relationnels. Patrick Chamoiseau à Albertine hier soir, lumineux sur les stratégies d’échappement, de contournement, de lutte, de résistance au monde actuel, aux tentations de la haine et de l’autocratie. Il parle des détours du marronnage intérieur, le marronnage de ceux qui ne quittent pas nécessairement la plantation mais vivent leur opposition dans un quotidien qu’ils réussissent à dépasser. Le marronnage devient alors un espace du détour, un exil intérieur qui compose les nouvelles formes de création. Et une exubérance en nait, ainsi que les fraternités (plus que les solidarités, dit-il), trouver des frères et soeurs d’âme, des partageurs d’expérience dans ce monde, des compagnons/lecteurs de signes. Il parle de ce vortex relationnel créé par la rencontre violente des cultures et des imaginaires dans un monde à la fois colonial, esclavagiste, capitaliste, leur collision créant des espaces que le capitalisme ne sait pas intégrer et qu’il ne contrôle pas. Et, en cela il offre une voix. Comme Tiago Rodrigues. Comme tant d’autres. Temps de la résistance donc.

#albertinebookstore #littérature #logiquededomination #marronnage #patrickchamoiseau #resistance
15 novembre 2024
aveuglesmais Trump ne peut pas faire que le monde… - Antoine Vigne

aveugles
mais Trump ne peut pas faire que le monde ne change pas, que notre perception de l’histoire avance, que #metoo, #blacklivesmatter ou le mariage gay n’aient pas eu lieu
il ne peut pas faire que les forêts ne brûlent pas, que les frontières ne s’effacent pas petit à petit même quand elles arborent de nouveaux murs, toujours plus hauts,
il peut accroître la souffrance, il peut représenter la peur, les peurs, et, en cela, il nous représente tous
mais il est le passé, la réaction, l’avenir qui ne sait pas se voir, l’enfant qui hurle, le monde avance, ses chaos effrayants, incompréhensibles évidemment, mais les vieux dogmes s’effritent, qui croit encore à la sainteté, à la virginité, à l’universalité (de la République), quand tous les idéaux ont été trahis, le temps d’une après-guerre qui aurait pu changer la donne, inventer la fin de la pauvreté, d’un monde plus équitable a failli, et nous nous réveillons dans un après qui tarde à se lever, qui se convulse, mais il y aura des matins, il y aura des luttes, il y aura des avancées et des reculs brutaux, il y aura un spectacle permanent, nauséabond, oui, tout cela, il y aura Elon Musk et sa folie dangereuse, il y aura les marchés imbéciles (ils montent déjà), le capitalisme qui se nourrit de la misère, qui rit des conséquences, qui avilit tout, nous le monde, la nature, tout ce qu’il touche, le consumérisme béat dont nous faisons tous partie,
mais, au-delà de nos peurs, il y aura aussi
quoi?
je n’en sais rien
mais je refuse de désespérer, nos peurs sont aussi ce qui nous fait humains (et oui, je suis inquiet, évidemment)

#blacklivesmatter #metoo #notretemps
6 novembre 2024
Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne
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Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poésie. Une soirée de la Femelle du requin. Le théâtre Molière dans le passage du même nom, la rue Saint-Martin. Paris où je viens d’arriver. Un vol sans histoire sinon l’attente sur le tarmac pendant une heure à CDG où je lis Jonathan Littell. Mais pas d’énervement. Des jours en ouragan entre le déménagement, l’emménagement, les ventes de maison, septembre et la chaleur, marcher une dernière fois le long de l’Hudson encore pleine de l’odeur de l’été. Paris est plus fraiche, humide. Philippe Jaenada donc et son humour, sa bonhommie, et ce texte dont il parle, la Désinvolture est une bien belle chose, un texte qui tourne autour de l’histoire de Kaki, jeune femme, mannequin chez Dior, habituée du café Chez Moineau où rôdait également Debord, et dont restent quelques photos en noir-et-blanc. Et une date, 1953, une époque, ce livre maintenant. Son suicide par défenestration. Comme toujours, le mot est trop chargé de jugement pour laisser surnager en lui la multitude des possibilités, l’accident – physique, mental –, la seconde qui pourrait ne pas avoir lieu, la fatigue, la dépression, une blague idiote – elle dira, lorsqu’on la ramasse sur le trottoir, ces deux mots : « c’est con » –, l’impossibilité ce matin là de penser les conséquences, la submersion dans les émotions, contradictoires forcément, attisées par la drogue, le manque – là encore, un mot buttoir sur lequel s’agglutine des peurs sociales, des interdits –, alors son suicide : un magma de raisons qui fait que la vie s’arrête là et que ce qui en reste s’amalgame, devient mystère pour la raison, crée l’obsession pour ceux qui restent. Et c’est de cela dont parle Jaenada. Il dit aussi qu’un sujet ne peut pas suffire à un livre, qu’il en faut une multitude qui se chevauchent (mon mot ici), que l’écriture doit rester un plaisir, la littérature aussi, au sens large du mot plaisir. Merci à vous, Philippe que je ne connais pas, pour cette bonne humeur de l’écriture…

#femelledurequin #littérature #maisondelapoésie #mialetbarrault #philippejaenada
2 octobre 2024
Hier soir, les Noces de Figaro au festival de Litt… - Antoine Vigne
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Hier soir, les Noces de Figaro au festival de Little Island… Anthony Cortanzo, Dan Schlossberg, Dustin Willis. Wow. What a night… Anthony Costanzo tient tous les rôles ou presque, toutes les voix plutôt puisqu’il est accompagné de fabuleux artistes sur scène qui miment les mouvements, on ne sait plus toujours d’où vient la voix, d’où vient le jeu, tout se mélange, les genres, les êtres, l’intrigue, les corps, le cirque emporte tout ça dans une explosion permanente, de fausses portes claques et s’ouvrent et tournent, c’est un tour de force gigantesque, une farce qui enfonce toutes les possibilités de l’absurde, c’est une représentation alors n’hésitons pas, les costumes se graffent, se dégraffent, le temps est toujours trop court pour embrasser complètement un personnage mais ce n’est pas grave puisque l’idée est justement la fluidité, la fusion, l’inversion, le brouillage de lignes, des genres, le comte est la comtesse est vice-versa, les corps s’hybrident, se métamorphosent, se queer-isent avant de sauter d’un trampoline à une scène qui s’ouvre et se décharne elle-même. Autour, il y a la nuit, l’Hudson, l’eau de la rivière, l’automne, une ambulance surgit dans le spectacle, emporte Costanzo qui revient pour une exploration de son larynx en caméra vidéo projetée sur un écran, la voix devient organe étrange, gluant, l’image et le son se propulsent à toute allure dans des directions opposées, le séduisant et le répugnant, qu’importe. Et Dan Schlossberg conduit l’orchestre dans un accoutrement de pitre. L’irrévérence partout… c’est électrisant. Génial.

#anthonycostanzo #danschlossberg #dustinwillis #littleislandfestival #marriageoffigaro #musique #nocesdefigaro #operaqueer
21 septembre 2024
quand je vois Ursula van der Leyen signer l’acco… - Antoine Vigne

quand je vois Ursula van der Leyen signer l’accord sur le Mercosur : apparemment certains n’ont rien compris au film…
ailleurs, à New York, on assassine le dirigeant d’United Health Care, un gigantesque groupe d’assurance santé.
c’est ainsi que les révolutions commencent… par la colère qui devient violence.
tout est en équilibre instable et les institutions ne sont plus assez fortes pour empêcher la suite.
mais nous sommes tous coupables, nous tous qui vivons bien, qui voyageons sans nous poser de questions, qui acceptons le système parce qu’il nous privilégie, qui refusons de voir l’aberration de notre quotidien favorisé et ses liens au monde ayant créé cette situation, un monde pétri de colonisation économique, y compris dans nos propres pays.
je ne sais pas comment on lutte contre la colère de ceux qui n’ont pas assez, qui n’ont rien (une colère juste, mais la violence peut-elle être juste… je tend à penser qu’on peut au moins l’excuser, n’est-ce pas ce qu’on appelle les circonstances atténuantes?, avec tout ce que cela a d’inconfortable intellectuellement) mais ne pas voir que proner la stabilité, et les grands idéaux démocratiques quand ces idéaux ont été utilisé pour défendre un monde profondément inégalitaire, est une forme de violence, c’est être aveugle à ce qui se passe.
ceux qui veulent l’ordre et la paix aujourd’hui sont souvent les défenseurs d’un ordre ancien. et je comprends qu’on puisse avoir peur, qu’on puisse défendre la paix sociale parce qu’on sait que la déstabilisation du monde sera payée d’abord par ceux qui ont moins. mais l’équilibre a déjà été rompu. nous sommes dans l’après.

 

#après #logiquesdedomination #notretemps
7 décembre 2024
Abdellah Taïa à la Maison française de NYU, en … - Antoine Vigne

Abdellah Taïa à la Maison française de NYU, en conversation avec Laure Adler. Sublime quand il parle du doute, du sentiment d’illégitimité dans l’écriture, dans la vie. Il parle de stratégies de survie,
il parle de sorcellerie pour lutter pour la pauvreté, pour déjouer le sort, et, dans cette sorcellerie, il y a les mots, il y a le récit, tout inventer, tout raconter, tout devient histoire,
il dit: “il n’y a pas plus atroce que la solitude”, il parle de sa famille, évidemment, de sa vie, la mère, les soeurs, le père, il parle de Salé, de Rabat, l’air change de Salé à Rabat, on y est forcément différent, forcément illégitime
ses mains bougent lorsqu’il parle, continuellement, il est beau, magnifique, il est envoutant, il dit ne pas avoir peur des sorcières, d’être sorcière, d’être ce qu’on est, ne pas gommer les aspects sombres, l’homosexualité aussi, même s’il faut apprendre à ne montrer que ce qui permet de survivre, mais ne pas nier le reste, ne pas en avoir peur, il y a des contradictions, peut-être, ou pas, mais ce n’est pas grave, elles font parfois du territoire mouvant qu’est l’existence dans laquelle s’érigent des monticules infranchissables entre les êtres
alors il parle de l’approfondissement des voix en soi, les voix plurielles, parfois des djinns, mais le plus souvent simplement des voix, il met en garde contre l’individualisation à outrance, le grand danger dans l’occident et le monde contemporain, ne plus savoir écouter la pluralité des voix, leurs cris contradictoires, la poésie qui en émerge, l’individu sacralisé est trop monolithique, sa souffrance trop rationnelle, il parle du danger de l’auto fiction, du danger des stratégies communautaires aussi quand elles ne sont axées que sur les blessures et non pas aussi sur le socle commun, il parle de politique sans en parler, il y a une douceur extrême dans son discours
il parle beaucoup, sans s’arrêter, Laure Adler l’écoute, elle sait aussi pousser, sans pudeur, elle cherche l’origine de l’écriture, la trace du père, et Abdellah poursuit, il dit que l’écriture est un accident, comme une collision, mais elle ne doit pas prévenir le besoin de parler, de parler vraiment, avant la mort, se réconcilier même lorsque c’est impossible, dire pour déjouer, encore une fois, le sort, les sorts, aller au-delà du mot écrit donc, une stratégie de réconciliation, mais sans illusions, parce que certaines choses ne peuvent pas être dites et entendues dans le même temps, parce que le temps nous rattrape sans cesse, parce que nous sommes ses jouets
et il parle d’une nostalgie constitutive, comme organique, qui monte avec l’âge, le désir du retour qui n’est qu’une illusion
magnifique Abdellah Taïa

 

 

#abdellahtaia #littérature #maisonsfrancaisenyu
6 décembre 2024
hier soir, l’hommage à Maryse Condé, Richard P… - Antoine Vigne
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hier soir, l’hommage à Maryse Condé, Richard Philcox parle avec une douceur infinie de sa vie à ses côtés, il emprunte pudiquement le territoire de la traduction pour parler de leur relation, des mots, des textes, de son respect pour l’oeuvre, de la fragilité de ce métier de translation, de réécriture à partir d’une langue vers une autre, le glissement forcément imparfait sur lequel on plaque trop souvent des impératifs politiques, idéologiques (un homme blanc pour traduire une femme noire, même s’ils vivent ensemble, forcément, ça coince, comme s’il ne devait y avoir qu’une seule version de la traduction, comme si telle traduction allait empêcher telle autre, suivante, d’advenir… où avons-nous hérité d’une telle rigidité, d’une telle peur du présent qui ne nie pas forcément l’avenir, d’autres idées, d’autres versions, on cherche tellement la justesse pour réparer toutes les injustices passées qu’on en oublie le temps auquel nous sommes tous soumis, la perspective qui se déroule sans fin).

mais la présence de Maryse Condé sur l’écran du documentaire perce, ses mots parfois difficilement prononcés, accrochés, est-ce l’âge qui tend la diction? elle se repose sur les textes, sur les portraits, le meurtre littéraire comme une nécessité pour déjouer le mauvais en nous, elle rit, elle parle de la Guadeloupe et de l’incompréhension du monde d’où elle vient, elle parle de l’exil nécessaire, de la rencontre comme antidote.

 

#littérature #maisonfrancaisecolumbia #marysecondé #richardphilcox
5 décembre 2024
un moment sombre 
“je n’ai aucune illusion sur… - Antoine Vigne

un moment sombre
“je n’ai aucune illusion sur ce qui vient”
le Sabbath Queen de Sandi Dubowski et la complexité de la réaction actuelle au monde qui se désagrège devant nos yeux
il dresse un portrait tortueux, tendre, ouvert, incertain de la spiritualité pour ceux qui se découvrent queer, qui cherchent un autre chemin, qui sont obligés de l’inventer parce que les modèles n’existent pas, parce que les religions se sont historiquement rigidifiées, codifiées, trahissant par là-même l’évanescent, le dieu de la brise, le feu du buisson, l’insaisissable. Amichai Lau-Lavie incarne le fleuve qui charrie les tempêtes, les berges, les sédiments accumulés, qui passe tous les barrages, qui s’infiltre dans les brèches causées par la douleur des injonctions, des rétrécissements imposés par le dogme, la loi, la lecture calcifiée des textes.
Pendant les questions/réponses qui suivent la séance à IFC, il navigue l’incertitude et la prudence (sagesse) avec une bonne dose d’humour, il choisit la tradition comme cadre tout en acceptant de le dilater sans cesse, de le torturer pour qu’il laisse de la place à l’humanité, ses humeurs, ses travers, ses émotions, l’errement comme une erreur et comme un chemin
beau film
belle figure
beau récit
l’intersection de l’histoire et du temps individuel, des nuages noirs qui s’accumulent sur nos démocraties,
et la collision du changement radical de prisme qu’amène/qu’impose l’époque avec la réaction/l’autoritaire qui cherche à préserver ce qui ne peut pas l’être: un monde passé et mort
“je choisis d’espérer quand même mais je n’ai aucune illusion sur ce qui vient, nous allons devoir survivre”
#sabbathqueen #amichailalavie #sandidubowski #religion #traditionetfanatisme #errer

#amichailalavie #errer #religion #sabbathqueen #sandidubowski #traditionetfanatisme
2 décembre 2024
La résistance au capitalisme actuel et toutes ses… - Antoine Vigne

La résistance au capitalisme actuel et toutes ses dérives et ses sécheresses (dont les ruptures démocratiques, le populisme, les tentations fascistes) passe par le marronnage intérieur, par la créativité intérieure. Le conte, la musique, l’exil, l’invention d’imaginaires relationnels. Patrick Chamoiseau à Albertine hier soir, lumineux sur les stratégies d’échappement, de contournement, de lutte, de résistance au monde actuel, aux tentations de la haine et de l’autocratie. Il parle des détours du marronnage intérieur, le marronnage de ceux qui ne quittent pas nécessairement la plantation mais vivent leur opposition dans un quotidien qu’ils réussissent à dépasser. Le marronnage devient alors un espace du détour, un exil intérieur qui compose les nouvelles formes de création. Et une exubérance en nait, ainsi que les fraternités (plus que les solidarités, dit-il), trouver des frères et soeurs d’âme, des partageurs d’expérience dans ce monde, des compagnons/lecteurs de signes. Il parle de ce vortex relationnel créé par la rencontre violente des cultures et des imaginaires dans un monde à la fois colonial, esclavagiste, capitaliste, leur collision créant des espaces que le capitalisme ne sait pas intégrer et qu’il ne contrôle pas. Et, en cela il offre une voix. Comme Tiago Rodrigues. Comme tant d’autres. Temps de la résistance donc.

#albertinebookstore #littérature #logiquededomination #marronnage #patrickchamoiseau #resistance
15 novembre 2024
aveuglesmais Trump ne peut pas faire que le monde… - Antoine Vigne

aveugles
mais Trump ne peut pas faire que le monde ne change pas, que notre perception de l’histoire avance, que #metoo, #blacklivesmatter ou le mariage gay n’aient pas eu lieu
il ne peut pas faire que les forêts ne brûlent pas, que les frontières ne s’effacent pas petit à petit même quand elles arborent de nouveaux murs, toujours plus hauts,
il peut accroître la souffrance, il peut représenter la peur, les peurs, et, en cela, il nous représente tous
mais il est le passé, la réaction, l’avenir qui ne sait pas se voir, l’enfant qui hurle, le monde avance, ses chaos effrayants, incompréhensibles évidemment, mais les vieux dogmes s’effritent, qui croit encore à la sainteté, à la virginité, à l’universalité (de la République), quand tous les idéaux ont été trahis, le temps d’une après-guerre qui aurait pu changer la donne, inventer la fin de la pauvreté, d’un monde plus équitable a failli, et nous nous réveillons dans un après qui tarde à se lever, qui se convulse, mais il y aura des matins, il y aura des luttes, il y aura des avancées et des reculs brutaux, il y aura un spectacle permanent, nauséabond, oui, tout cela, il y aura Elon Musk et sa folie dangereuse, il y aura les marchés imbéciles (ils montent déjà), le capitalisme qui se nourrit de la misère, qui rit des conséquences, qui avilit tout, nous le monde, la nature, tout ce qu’il touche, le consumérisme béat dont nous faisons tous partie,
mais, au-delà de nos peurs, il y aura aussi
quoi?
je n’en sais rien
mais je refuse de désespérer, nos peurs sont aussi ce qui nous fait humains (et oui, je suis inquiet, évidemment)

#blacklivesmatter #metoo #notretemps
6 novembre 2024
Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne
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Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poésie. Une soirée de la Femelle du requin. Le théâtre Molière dans le passage du même nom, la rue Saint-Martin. Paris où je viens d’arriver. Un vol sans histoire sinon l’attente sur le tarmac pendant une heure à CDG où je lis Jonathan Littell. Mais pas d’énervement. Des jours en ouragan entre le déménagement, l’emménagement, les ventes de maison, septembre et la chaleur, marcher une dernière fois le long de l’Hudson encore pleine de l’odeur de l’été. Paris est plus fraiche, humide. Philippe Jaenada donc et son humour, sa bonhommie, et ce texte dont il parle, la Désinvolture est une bien belle chose, un texte qui tourne autour de l’histoire de Kaki, jeune femme, mannequin chez Dior, habituée du café Chez Moineau où rôdait également Debord, et dont restent quelques photos en noir-et-blanc. Et une date, 1953, une époque, ce livre maintenant. Son suicide par défenestration. Comme toujours, le mot est trop chargé de jugement pour laisser surnager en lui la multitude des possibilités, l’accident – physique, mental –, la seconde qui pourrait ne pas avoir lieu, la fatigue, la dépression, une blague idiote – elle dira, lorsqu’on la ramasse sur le trottoir, ces deux mots : « c’est con » –, l’impossibilité ce matin là de penser les conséquences, la submersion dans les émotions, contradictoires forcément, attisées par la drogue, le manque – là encore, un mot buttoir sur lequel s’agglutine des peurs sociales, des interdits –, alors son suicide : un magma de raisons qui fait que la vie s’arrête là et que ce qui en reste s’amalgame, devient mystère pour la raison, crée l’obsession pour ceux qui restent. Et c’est de cela dont parle Jaenada. Il dit aussi qu’un sujet ne peut pas suffire à un livre, qu’il en faut une multitude qui se chevauchent (mon mot ici), que l’écriture doit rester un plaisir, la littérature aussi, au sens large du mot plaisir. Merci à vous, Philippe que je ne connais pas, pour cette bonne humeur de l’écriture…

#femelledurequin #littérature #maisondelapoésie #mialetbarrault #philippejaenada
2 octobre 2024
Hier soir, les Noces de Figaro au festival de Litt… - Antoine Vigne
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Hier soir, les Noces de Figaro au festival de Little Island… Anthony Cortanzo, Dan Schlossberg, Dustin Willis. Wow. What a night… Anthony Costanzo tient tous les rôles ou presque, toutes les voix plutôt puisqu’il est accompagné de fabuleux artistes sur scène qui miment les mouvements, on ne sait plus toujours d’où vient la voix, d’où vient le jeu, tout se mélange, les genres, les êtres, l’intrigue, les corps, le cirque emporte tout ça dans une explosion permanente, de fausses portes claques et s’ouvrent et tournent, c’est un tour de force gigantesque, une farce qui enfonce toutes les possibilités de l’absurde, c’est une représentation alors n’hésitons pas, les costumes se graffent, se dégraffent, le temps est toujours trop court pour embrasser complètement un personnage mais ce n’est pas grave puisque l’idée est justement la fluidité, la fusion, l’inversion, le brouillage de lignes, des genres, le comte est la comtesse est vice-versa, les corps s’hybrident, se métamorphosent, se queer-isent avant de sauter d’un trampoline à une scène qui s’ouvre et se décharne elle-même. Autour, il y a la nuit, l’Hudson, l’eau de la rivière, l’automne, une ambulance surgit dans le spectacle, emporte Costanzo qui revient pour une exploration de son larynx en caméra vidéo projetée sur un écran, la voix devient organe étrange, gluant, l’image et le son se propulsent à toute allure dans des directions opposées, le séduisant et le répugnant, qu’importe. Et Dan Schlossberg conduit l’orchestre dans un accoutrement de pitre. L’irrévérence partout… c’est électrisant. Génial.

#anthonycostanzo #danschlossberg #dustinwillis #littleislandfestival #marriageoffigaro #musique #nocesdefigaro #operaqueer
21 septembre 2024