Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poésie. Une soirée de la Femelle du requin. Le théâtre Molière dans le passage du même nom, la rue Saint-Martin. Paris où je viens d’arriver. Un vol sans histoire sinon l’attente sur le tarmac pendant une heure à CDG où je lis Jonathan Littell. Mais pas d’énervement. Des jours en ouragan entre le déménagement, l’emménagement, les ventes de maison, septembre et la chaleur, marcher une dernière fois le long de l’Hudson encore pleine de l’odeur de l’été. Paris est plus fraiche, humide. Philippe Jaenada donc et son humour, sa bonhommie, et ce texte dont il parle, la Désinvolture est une bien belle chose, un texte qui tourne autour de l’histoire de Kaki, jeune femme, mannequin chez Dior, habituée du café Chez Moineau où rôdait également Debord, et dont restent quelques photos en noir-et-blanc. Et une date, 1953, une époque, ce livre maintenant. Son suicide par défenestration. Comme toujours, le mot est trop chargé de jugement pour laisser surnager en lui la multitude des possibilités, l’accident – physique, mental –, la seconde qui pourrait ne pas avoir lieu, la fatigue, la dépression, une blague idiote – elle dira, lorsqu’on la ramasse sur le trottoir, ces deux mots : « c’est con » –, l’impossibilité ce matin là de penser les conséquences, la submersion dans les émotions, contradictoires forcément, attisées par la drogue, le manque – là encore, un mot buttoir sur lequel s’agglutine des peurs sociales, des interdits –, alors son suicide : un magma de raisons qui fait que la vie s’arrête là et que ce qui en reste s’amalgame, devient mystère pour la raison, crée l’obsession pour ceux qui restent. Et c’est de cela dont parle Jaenada. Il dit aussi qu’un sujet ne peut pas suffire à un livre, qu’il en faut une multitude qui se chevauchent (mon mot ici), que l’écriture doit rester un plaisir, la littérature aussi, au sens large du mot plaisir. Merci à vous, Philippe que je ne connais pas, pour cette bonne humeur de l’écriture… #philippejaenada #mialetbarrault #femelledurequin #maisondelapoésie