marché tôt ce matin, vers 6h30, je voulais voir des dauphins que tout le monde réussit à apercevoir sauf moi mais rien, j’étais seul sur la plage, le soleil sortait de derrière un voile de brume grise mais le ciel était bleu, je me suis forcé à ne pas penser, à regarder sauf laisser les pensées occuper le territoire de mon cerveau, pure perception, le regard, l’oeil, les sens, j’ai attendu une silhouette pour me jeter dans les flots verts, les vagues de bord de plage, tête la première, c’était bon, température idéale, aucune gêne, ni l’impression de fraicheur ni celle de chaleur, juste la différence entre l’air et l’eau, entre les matières, j’aurais pu rester des heures mais je suis remonté, j’ai attendu que le soleil me sèche, je suis rentré
hier soir, je rejoins N. à la présentation des artistes de FIAR, je dois passer le prendre au Belvédère où il séjourne, je cours même depuis notre maison près de Fisherman, à l’autre bout des Pines pour ne pas être en retard, je travers le Meatrack en sueur, et il n’est pas là, je lui envoie quelques messages, j’attends, impossible de rentrer dans l’hôtel dont il faut avoir la clé, trois mecs arrivent, deux jeunes magnifiques dans des speedos qui moulent juste assez de leur nudité pour dire qu’ils sont beaux et désirables et qu’ils le savent, le troisième plus vieux, barbu, un appareil photo en bandoulière, je m’assied sur les sculptures de lion peintes en blanc devant le portail et, en me retournant, je les vois qui s’observent dans les miroirs derrière la fontaine d’accueil, puis, en me retournant une deuxième fois, je vois les fesses nues d’un des deux mecs dans la fontaine le long du corridor extérieur qui mène vers l’entrée, il a les pieds dans l’eau, il pose, je prends conscience que c’est un photo shoot
lorsqu’un client de l’hôtel passe avec des clés, je le suis pour aller voir si N. est prêt, je lance un « just like Van Gloeden » au photographe qui me répond « best compliment ever » et je pénètre dans l’hôtel
mais personne, ni à la réception ni dans le grand salon façon rococo kitsch, ni sur le côté baie,
alors je marche seul jusqu’au Community Center où je sais que N. me rejoindra après son coup…