Joshua Tree, en Californie. Le haut désert, le sable, les roches énormes posées partout, accumulées en formation étranges et fabuleuses, les maisons de loin en loin, entourées de bric-à-brac, de voitures rouillées, de sculptures qu’on appellerait d’art brut – il faut vivre dans son monde intérieur lorsqu’on s’établit dans le désert – les routes tracées dans le sable qui file comme de la soie sous les roues de la voiture. Tout est sensuel. Je lis Huysmans, À Rebours. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai jamais lu, pourquoi j’ai décidé de le lire ici. Ma mère m’a rappelé qu’il était l’un des auteurs préférés de Mamée, ma grand-mère qui a passé sa vie à lire et dont j’ai dû hériter le goût des livres. Les pages défilent, les descriptions incroyablement méticuleuses, précieuses des intérieurs créés par Jean des Esseintes puis celles de sa bibliothèque et de sa prédilection pour les auteurs latins, pour Pétrone, Aulu-Gelle, Apulée, Tertullien. Une description que personne ne pourrait plus écrire aujourd’hui, en décalage total avec ce qui m’entoure et qui ouvre un espace de jouissance absolue. Des images me reviennent, celles d’un été aux Lecques, dans le sud de la France. Ce doit être l’été 1987, celui de la mort de mon père. Je suis sur le sable, entouré de la foule estivale, des corps en train de bronzer, des cris de ceux qui lancent des ballons, jouent au racquet-ball au bord de l’eau. Je suis sur ma serviette, je sens la brulure du soleil, je lis Zola, L’Assommoir, et, là aussi, le décalage entre le monde autour de moi et celui qui s’ouvre dans les pages que je lis est total. C’est comme un vertige. La folie de la littérature. Et c’est exactement ce que décrit Huysmans. Tout est fantasme. #huysmans #arebours #joshuatree #désert #zola #assommoir #petrone #apulée #tertullien #aulugelle #leslecques #minirécit #littérature #literature #instabook #instalivre #bookstagram #livrestagram #livres #books #bookaholic #bookaddict #livreaddict #bookworm #booknerd #reading #lire #lecture