Deshaies, troisième jour. Beaucoup de rencontres, une soirée avec Pascal et Rémy, le tour de Pointe-à-Pitre dans l’obscurité du jour le plus court de l’année, des ombres qui se dressent, les façades créoles et coloniales qui jouxtent les balcons en béton d’un modernisme indéterminé puis la silhouette illuminée de l’intérieur de l’église Saint-Pierre Saint-Paul avec ses poutrelles de fer qui répercutent une répétition de chants de Noël très classique, proche ou semblable à celles de mon enfance dans les quartiers de l’ouest parisien. La ville semble vide. De l’autre côté de la place, un le Palais de Justice abandonné d’Ali Tur, architecte du ministère des colonies pendant les années 30 dont je connaissais pas encore le nom mais que je découvre le lendemain dans un ouvrage acheté au Jardin Botanique de Deshaies. C’est généralement par l’architecture que je rencontre l’histoire des villes, des pays, par les bâtiments qui dorment, marqués du passage du temps, par les blessures, les injures, l’indifférence. Pointe-à-Pitre semble pleine de cette indifférence suspicieuse vis-à-vis de ses bâtiments, la vie s’est projetée ailleurs, écartelée entre ses jumeaux territoriaux, sa Grande et sa Basse Terre. J’écris tout cela sans vraiment savoir encore, à partir des bribes d’histoire que me livre Pascal, les textes parcourus ici et là, dans les guides trouvés au gite de Valérie, ailleurs: l’histoire de l’aéroport du Raizet, par exemple, dont la piste d’atterrissage est la plus longue des Caraïbes parce qu’il lui a fallu accueillir l’une des bombes atomiques utilisées dans les essais atomiques de Mururoa en 1967 (conduisant, par effet secondaire étrange, à la répression violente d’émeutes locales). Je suis des pistes, des traces dirait Chamoiseau quand il cite Glissant. J’attends qu’elles me racontent une terre, des gens. #alitur #architecturemoderne #artdéco #pointeàpitre #histoiresdarchitecture #aéroportduraizet #histoirestournéesetdétournées #écouterlevent #minirécit