Arriver, lire, comprendre, apprendre ce qui nous entoure. Je ne réussis plus à préparer les voyages. C’est en arrivant que je commence à prendre mes marques, lire les guides, chercher ce que je veux voir. Nous atterrissons tout près de Deshaies, une cabane accrochée dans les eucalyptus (sont-ce des eucalyptus d’ailleurs? Pas de certitude encore) en face de l’hôtel Fort Royal. Matinée à lire, envoyer quelques e-mails encore, préparer à la coupure, la suspension des habitudes pour les dix jours qui viennent. Valérie et son ami nous racontent longuement les manières locales, des histoires de luttes syndicales, de rapport à la métropole, de développements avortés, les noms fusent, des anecdotes. Je retiens celle de la trace du Boeing qui court juste au-dessus de nous, les restes de l’accident de 707 en 1962 dont on peut encore voir l’épave. Je retiens aussi le nom des vroum-vroums, ces gros insectes piscivores qui volent autour de nous en bourdonnant, celui de Coluche évidemment parce que sa maison était là. Jonathan travaille, nous déjeunons tranquillement. Plus tard je descends la trace qui part du gîte vers le Fort Royal, une longue barre blanche classique des années 60, des balcons alignés, là peinture qui s’écaille, l’odeur qui temps qui a terni la splendeur de l’époque mais qui laisse planer la nostalgie (pour moi) du fantasme. Je revois un monde de bande dessinée, les silhouettes d’immeubles dans des Achille Talon ou Tif et Tondu, mes premiers voyages vraiment… La houle bat la côte, Montserrat ne se devine dans le lointain que si l’on sait que l’île est là, avec sa soufrière que nous avons survolée en arrivant. Je suis bien. #guadeloupe #récitsdeslieux #laisserleshistoiresveniràsoi #deshaies#architectureetbandedessinée #architecturemoderne #tracedutemps