…
l’esquive sans cesse, le flux et le reflux, un plein s’évide
des textes, des mots, la roche se scinde,
produit le dédoublement, séparation des anti-corps en duel,
mes pas, l’errance des lieux de drague aux sanctuaires, mes pèlerinages sans fin
peuplés de démons apprivoisés, circonvenus
…
dés-
enfouir les pierres, gratter une terre qui m’a servi
à recouvrir les traces, Antigone luit, enfin conforme à mon désir pluriel,
des fondations émergent, cité des sables
qui attendait l’aurore, combien d’années, combien
de mètres cubiques de glaise épaisse
enveloppent encore l’épar-
pillé, l’estam-
pillé,
…
qui seront les moines ermites, les druides qui refusent
le cours inadapté
du temps ?
non pas les prêtres, non pas les hordes qui prient
selon des rites pour ne pas comprendre que
la mangeoire est vide, l’enfant est mort, la paille s’embrase et l’âne s’enfuit
(toutes les églises illuminées n’annuleront pas la nuit)
…
esquif filant sur la haute mer, des flots furieux mais le vent, la liberté,
co-
existence étrange des émotions, une innocence
bardée, je n’ai pas senti la chape qui retombe, glycine dont le bois se fond dans
l’enlacement, chaleur qui porte, me trompe
sur la froideur envahissante
combien d’années avant que je sache le chemin biaisé ?
combien d’années pendant lesquelles le bois mort s’entasse pour le bûcher
et brille dans la lueur de l’aube, un embrasement,
planètes éblouissantes qui masquent
l’astre
noir au ciel
….
souvent j’ai peur
que tout ce que j’ai caché pendant l’adolescence ne ressorte dans la vieillesse, un Alzheimer précoce qui ne tiendrait plus le secret de fantasmes dissimulés, d’idées pornographiques devenues fluides, insaisissables face à l’écluse qui laisse glisser le flot, les mots s’épandent, fosse débordante où tout pullule, trop-plein puant,
grouillant de fantômes, matière fécale de mon désir sali, taché, dé-
naturé
tu es l’odieux,
mes côtes se referment, se replient, contractent le torse, appuient, sécrètent
le pus de l’absolution, souffrir pour n’être rien qu’une masse de chair brûlante éteinte, une masse qui git au sol, devenue marbre d’église, la basilique embaume d’encens et m’asphyxie mais je respire, j’inspire, je bois sauvagement l’air, poison-poisson qui file, je cherche
l’échappatoire sans cesse, immer-
sion/submer-
sion/subvertissement des règles
le monde s’inverse, couloir sans fin de couleur grise où filtre un soleil pâle de Méditerranée, les faces troublées se penchent
sur moi, m’appellent, m’ignorent,
confiantes, in-
suspicieuces du monstre qui dort,
la mort sépare ce que je suis de ce qu’Il
était
TOUT
s’offre au TOUT-venant, à la famille, aux aides-soignants, tous ceux
qui seront là
dans mon naufrage
ma rédemption inévitable