Des notes sur le Dialogue des Carmélites au théâtre des Champs Elysées la semaine dernière.
La musique de Poulenc d’abord. Des accents qui vont d’un mysticisme qui me rappelle Nadia Boulanger quand elle dirige le requiem de Fauré, les arches sombres des églises de la fin du XIXe et du début du XXe, de Montmartre au Saint-Esprit, des voutes en béton, la matière pèse, une école française de la musique, et jusqu’à Aaron Copland ou aux musiques d’Hollywood.
Le texte sublime mais je ne comprends pas pourquoi la première scène est-elle si plate, si pauvre dans l’écriture, elle n’ouvre à rien, elle se donne sans relief quand le reste du texte s’envole, manie le vide, le plein, le désir, la mortification, la violence – du temps, du corps, le refus de la sensualité,…
La voix de Véronique Gens (Madame Lidoine), Manon Lamaison (soeur Constance) et de Sathy Ratia (Chevalier de la Force).
La mise en scène d’Olivier Py, la justesse de la dernière scène malgré le son défaillant de la guillotine dans les hauts-parleurs qui nous surplombent et qui abime le moment, mais le mouvement des corps qui dansent leur mort et l’envolée mystique fonctionne. D’autres moments sont plus ambigus, notamment dans le rapport de Blanche avec son frère.
Mais l’ensemble est saisissant. Un monument encore. Le mysticisme de Poulenc me fascine dans sa relation troublée par l’homosexualité, la tension de l’émotion corporelle qui se sait ne pas pouvoir vivre l’intensité qui émane d’elle. Encore plus fasciné lorsque je pense aux discussions entre Poulenc et Samuel Barber, mêmes désirs, même élans, même secret douloureux que la musique exprime.
#dialoguedescarmélites #poulenc #georgesbernanos #opera #olivierpy #homosexualité #mysticisme #samuelbarber