Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne
Comme un fantôme qui vous hante.
Mais bienveillant. Et accueillant. Et magnifique dans son austère indifférence. Il n’y avait pas à lutter contre lui, juste apprendre à le connaître, et réaliser que c’était lui qui changeait, doucement, tranquillement, à un rythme qu’il était parfois impossible de percevoir mais dont le glissement rendait souvent flagrante la permanence de l’être.
Le Vent des plaines, 2018 (extrait)
peut-être as-tu raison de t’en aller
sans rien me dire
Luisance, (extrait)
Le bus partit et Juan le regarda s’éloigner vers l’autoroute dans un brouillard de poussière sèche. Il ouvrit le paquet, y trouvant une petite toile brodée où il reconnut immédiatement le mur frontière, les courbes de niveaux, les routes qui remontaient depuis Nogales et un écrou fracturé qui surplombait le tout et qui pouvait représenter à la fois la libération et la séparation. Ou peut-être les rêves brisés qui constituaient un nouveau départ à partir du moment où on le choisissait. Et, au-dessous de l’ensemble, Carmen avait placé quelques mots tout simples mais où il reconnut une phrase qu’il avait prononcée devant elle : « Les chauves-souris s’envolent vers les étoiles. » Et il se mit à pleurer.
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
la plage devant moi, la fin du territoire, la fin du continent, la terre qui devient sable, se fragmente, 
s’effrite, se désagrège puis disparaît sous l’eau, les vagues, l’écume, le mouvement perpétuel
j’ai toujours imaginé le début du monde ainsi :
des vagues qui s’abandonnent, la plage à perte de vue, le lien, le lieu de rencontre entre le liquide 
et le solide, l’échange et le reflux, l’union et la séparation, le soleil, l’astre, le silence, la lumière,
la non-conscience
l’être qui nait ne sait rien, il est attente, contemplation
désagrège, (extrait)
– J’ai dû changer, Abuelo.
– On ne change jamais tant que ça.
– Ça fait vingt ans. J’étais un enfant.
– Vingt ans, déjà ?
– Je suis désolé, Abuelo. »
Le grand-père posa sa main sur celle de son petit-fils.
« Je sais que tu vis loin. »
Il s’arrêta encore.
« Mais tu as eu raison de revenir. »
L’un et l’autre se turent pendant quelques instants.
« Tu veux un verre de mezcal ?
– À cette heure-ci ?
– On a bien le droit, une fois tous les vingt ans… »
American Dreamer, Éditions courtes et longues, 2019 (extrait)
« Cette histoire n’est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l’Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l’asphalte désagrégé des rues. Le rêve d’une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu’il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d’équilibre. Et au creux duquel nous inventons nos vies. »
Tout s’écoule, Éditions Bartillat, 2023 (extrait)
une photo sur Instagram,
ton fil qui s’évapore dans les montagnes fumeuses de Caroline du Nord
pourquoi l’as-tu postée au monde plutôt que de me la transmettre, à moi ?
quel égoïsme dans l’amour, quel égocentrisme (le mien)…
j’annule la possibilité de ton existence aux autres


te laisser reprendre ton souffle,
ne pas t’effrayer,
peut-être es-tu déjà mort à notre amour – quel droit ai-je de prononcer ce mot dans le doute –, à ce désir que tu inventes pour moi, je me laisse porter par le mirage
Luisance, (extrait)
Actualités
Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne
Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne
Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne
Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poés… - Antoine Vigne

Philippe Jaenada. Hier soir. La maison de la poésie. Une soirée de la Femelle du requin. Le théâtre Molière dans le passage du même nom, la rue Saint-Martin. Paris où je viens d’arriver. Un vol sans histoire sinon l’attente sur le tarmac pendant une heure à CDG où je lis Jonathan Littell. Mais pas d’énervement. Des jours en ouragan entre le déménagement, l’emménagement, les ventes de maison, septembre et la chaleur, marcher une dernière fois le long de l’Hudson encore pleine de l’odeur de l’été. Paris est plus fraiche, humide. Philippe Jaenada donc et son humour, sa bonhommie, et ce texte dont il parle, la Désinvolture est une bien belle chose, un texte qui tourne autour de l’histoire de Kaki, jeune femme, mannequin chez Dior, habituée du café Chez Moineau où rôdait également Debord, et dont restent quelques photos en noir-et-blanc. Et une date, 1953, une époque, ce livre maintenant. Son suicide par défenestration. Comme toujours, le mot est trop chargé de jugement pour laisser surnager en lui la multitude des possibilités, l’accident – physique, mental –, la seconde qui pourrait ne pas avoir lieu, la fatigue, la dépression, une blague idiote – elle dira, lorsqu’on la ramasse sur le trottoir, ces deux mots : « c’est con » –, l’impossibilité ce matin là de penser les conséquences, la submersion dans les émotions, contradictoires forcément, attisées par la drogue, le manque – là encore, un mot buttoir sur lequel s’agglutine des peurs sociales, des interdits –, alors son suicide : un magma de raisons qui fait que la vie s’arrête là et que ce qui en reste s’amalgame, devient mystère pour la raison, crée l’obsession pour ceux qui restent. Et c’est de cela dont parle Jaenada. Il dit aussi qu’un sujet ne peut pas suffire à un livre, qu’il en faut une multitude qui se chevauchent (mon mot ici), que l’écriture doit rester un plaisir, la littérature aussi, au sens large du mot plaisir. Merci à vous, Philippe que je ne connais pas, pour cette bonne humeur de l’écriture… #philippejaenada #mialetbarrault #femelledurequin #maisondelapoésie

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2 octobre 2024