Hier soir, à BAM, le LoveTrain2020 d’Emmanuel Gat. Un plateau vide, des ouvertures qui coulissent en hauteur sur le fond noir de la scène, des corps qui entrent, se placent, attendent, se regardent, puis la musique qui ouvre l’espace, entraîne les corps. De grands mouvements de l’ensemble comme un flot qui va et vient, les costumes sont riches, baroques, pleins d’étoffes, certaines moirées, certaines sombres, toutes comme des collages, qui tombent comme des guenilles mais volent, accompagnent les corps. Les mouvements de groupe alternent avec les duos, les solos, la musique (de Tears for Fears, entêtante, envahissante parfois parce qu’on la connait trop) habite la scène puis s’en retire de manière abrupte, revient. La lumière tombe parfois, blanche, éblouissante, mêlée à la fumée comme dans les clubs d’un autre temps, version 85-86, elle tombe, rebondit sur les dos, les corps. Margo et moi sommes sur le côté à BAM, les premiers rangs mais dans des sièges comme des alcôves, sous le plafond bas des loges, et c’est parfait, comme un théâtre contenu, un clip sur un écran, intime, une ode, l’offrande, électrisante, euphorique, chaque moment de la narration qui passe, ouvrant sur l’autre, d’autres rencontres, des corps qui bougent très vite, qui suivent le rythme, inventent des turbulences, l’ondulation, l’effervescence des bras, des jambes, des torses cherchant tous les possibles, l’essoufflement, tout attraper, ne rien laisser au temps qui passe, surtout. Dans la fluidité des identités (qui déborde sur celle des genres), je retrouve les sensations d’images (la lumière trouble sur les visages de Deneuve et Bowie dans The Hunger peut-être, tant d’autres…). Et la fièvre gagne la salle, on ne sait plus très bien, à un moment si c’est un concert ou un spectacle, mais c’est dans cette ambigüité aussi que se loge l’exubérance contagieuse, hypnotique qui lève la salle. Beau moment de vie. #emmanuelgat #lovetrain2020 #brooklynacademyofmusic #danse #tearsforfears #dansecontemporaine