Abdellah Taïa à la Maison française de NYU, en conversation avec Laure Adler. Sublime quand il parle du doute, du sentiment d’illégitimité dans l’écriture, dans la vie. Il parle de stratégies de survie,
il parle de sorcellerie pour lutter pour la pauvreté, pour déjouer le sort, et, dans cette sorcellerie, il y a les mots, il y a le récit, tout inventer, tout raconter, tout devient histoire,
il dit: “il n’y a pas plus atroce que la solitude”, il parle de sa famille, évidemment, de sa vie, la mère, les soeurs, le père, il parle de Salé, de Rabat, l’air change de Salé à Rabat, on y est forcément différent, forcément illégitime
ses mains bougent lorsqu’il parle, continuellement, il est beau, magnifique, il est envoutant, il dit ne pas avoir peur des sorcières, d’être sorcière, d’être ce qu’on est, ne pas gommer les aspects sombres, l’homosexualité aussi, même s’il faut apprendre à ne montrer que ce qui permet de survivre, mais ne pas nier le reste, ne pas en avoir peur, il y a des contradictions, peut-être, ou pas, mais ce n’est pas grave, elles font parfois du territoire mouvant qu’est l’existence dans laquelle s’érigent des monticules infranchissables entre les êtres
alors il parle de l’approfondissement des voix en soi, les voix plurielles, parfois des djinns, mais le plus souvent simplement des voix, il met en garde contre l’individualisation à outrance, le grand danger dans l’occident et le monde contemporain, ne plus savoir écouter la pluralité des voix, leurs cris contradictoires, la poésie qui en émerge, l’individu sacralisé est trop monolithique, sa souffrance trop rationnelle, il parle du danger de l’auto fiction, du danger des stratégies communautaires aussi quand elles ne sont axées que sur les blessures et non pas aussi sur le socle commun…
(Suite dans le post suivant)
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