Memphis donc… une ville comme toutes ces villes moyennes américaines, endormies dans un passé dont ne subsiste que de grands immeubles vides et des autoroutes encerclant le centre de leurs grands arcs de bétons. On y perçoit la trace du XXe siècle, la richesse du début portée par l’industrie du coton puis l’explosion démographique, la ruée vers les gratte-ciels pour prouver la réussite, et, au tournant des années 1960, l’exode massif vers les banlieues, ce dernier porté par de grands axes dessinés pour convoyer les trajets quotidiens d’une population blanche aisée mais ayant laissé des cicatrices immenses dans le tissu urbain morcelé jusqu’à l’étranglement. De tout cela il émerge une friche urbaine mélancolique qui n’est pas sans attrait pour ceux qui, comme moi, aiment les paysages oubliés et couverts de signes: des rues bordées d’espaces en friche, de maisons à moitié démolies, de grillages qui ne gardent plus rien sinon une vague idée de propriété individuelle, et des quartiers qui s’étendent sans fin, sans limite, sur un territoire trop grand. Il y a aussi Beale Street bien sûr, et plus encore Graceland et le Lorraine Motel où fut assassiné Martin Luther King, témoins de la place de Memphis dans la mémoire collective, mais c’est le Mississippi qui domine tout, même cette pyramide aberrante et fabuleuse devenue un magasin de chasse et de pêche, le Mississippi qui, comme le Nil, donne sa raison d’être à la ville, qui l’habite et la hante et la charge d’histoires, des histoires de colons, de trappeurs, d’esclaves et d’oppression, de musique et de néons colorés dans la nuit. Le Mississippi qui coule, immense et magnifique, boueux et sauvage. L’âme de l’Amérique. #memphis #tennessee #mississippi #america #imagesdamerique #uneautreamerique #graceland #paysagesurbains #urbanisme #martinlutherking #mlk #lorrainemotel #elvispresley #esclavage #slavetrade #récit #minirécit #carnetsdamerique #histoiresdamerique