Le week-end, notre visite au Guggenheim, l’exposition de Gego, les sculptures qui habitent l’espace sans l’habiter, la simplicité de l’objet qui se perçoit et qui s’efface dans le même temps, des tapisseries insaisissables dessinent des graphes, des courbes de niveau, des chutes (d’eau?), la pesanteur, une sphère dans une sphère, cheminement vers un abstrait qui joue avec la forme, avec le fantôme du volume, une géométrie qui ne contraint plus. Certains élans me rappellent ceux des dessins de Lebbeus Woods. Mais je crois que la juxtaposition avec le travail de Sarah Sze dessert l’exposition, son exubérance devient chaotique et incontrôlée, à la différence de la sophistication simple des oeuvres de Gego. En toile de fond, l’image de Caracas, de la modernité de Villanueva et le béton, encore, toujours.
Deux films sur Baldwin regardés hier soir avec Jonathan sur le Criterion Channel, l’un à Paris, l’autre à Istanbul, des entretiens dont la prescience fascine, la ligne s’annonce toute droite entre son insistance que le dialogue est impossible avec son interviewer qui ne peut pas penser l’enfermement noir et les mouvements contemporains, Black Lives Matter, la décolonisation de nos cultures, la fin d’une civilisation occidentale en perspective. Il avait déjà tout vu, tout pensé. Son refus de se laisser entraîner dans un dialogue dont le présupposé est biaisé est prophétique. Même si cela en agacera certains.
Aussi, traverser la ville puis Central Park à vélo. Soirée chez Bénédicte et Keith, rencontres, lectures de Racine que j’entreprends de relire in extenso. Violaine Bérot aussi, et Audrey Lorde.
Et film époustouflant de Sam Green vendredi soir au Film Forum avec Steve et Michael: 32 Sounds. En émerge la figure d’Anna Lockwood et la recherche de la musique. Lien à Bernie Krause aussi évidemment. Et puis le 4’33 de John Cage. Pensé à Philip Glass et Terry Riley dont je ne réussissais plus à me rappeler le nom. Vision d’In C. Toutes les recherches expérimentales sur la musique se chevauchent.