Star Wars hier soir… et je me réveille en pensant à la valeur des grandes histoires épiques de notre époque, aux discours politiques qui se radicalisent, le bien et le mal comme deux camps opposés, deux camps entre lesquels on nous demande de choisir sans cesse, on n’appartient forcément à l’un ou à l’autre, Jedi ou Starship Trooper, fasciste ou allié, universaliste ou communautariste, pro et anti (avortement, trans, écologie, etc.). Même les immigrants sont classés entre bons et mauvais (légaux et illégaux). Et cela me ramène à héritage de l’idée de sainteté, l’idée de pureté, que toute demi-mesure nous rejette du côté de la tiédeur, qu’on doit être entier, certain de ses convictions, engagé dans le grand combat qui se joue pour rejoindre le camp des élus, des alliés (la même terminologie revient sans cesse dans les conflits contemporains). Alors que nous sommes l’inverse d’un roc, alors que nous vivons dans le temps qui nous pétrit et nous change en permanence, que nos émotions et nos jugements sont aussi la proie de nos états physiques, de la météo, de tant et tant de facteurs évolutifs. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de gouverne, de cap, de vérités, de convictions, de bien. Je dis simplement que, dans un monde où la radicalisation politique tient aussi à une conception du bien et du mal comme deux camps irréconciliables, il serait bon de ne pas se gaver de narrations qui abreuvent notre besoin de nous sentir “LE/LA” juste, de revenir à cette idée plus grecque de la tragédie où personne n’est véritablement bon, pas même les dieux. Qu’il n’y a pas de résolution finale, juste la poursuite d’une aventure chaotique où les moments d’illumination et d’apaisement coexistent avec des aspects plus sombres et nécessaires. Accepter ces aspects sombres en nous plutôt que chercher à les éradiquer, c’est mieux les contrôler, mieux vivre, moins mettre en danger l’autre de notre aspiration illusoire a une pureté qui n’existe pas. C’est refuser la guerre qui est toujours une manière de penser qu’il y a un bien et un mal évidents. Revenir à une échelle humaine, celle des vies à sauver plutôt que des camps à défendre.
#sainteté #sauverdesvies